dimanche, février 27, 2005

A propos de la "Samaritaine". Jean 4

Catherine Lestang

Les premiers versets de cet évangile me paraissent aujourd'hui plus vivants, si je les regarde dans une perspective un peu différente.

Jésus est tout seul, fatigué. Je me le représente un peu allongé à côté de ce trou d'eau, qui n'est pas un puits au sens classique de chez nous. Je peux aussi le voir, un peu transpirant, un peu suant, bref un peu crade. Il n'a rien d'un messie... c'est juste un homme fatigué, qui a chaud et soif.

Arrive la femme qui elle, est chez elle, dans son village. L'étranger, l'autre, l'inconnu dans cette histoire c'est Jésus.

Jésus lui demande de l'eau. Peut-être ne l'avait elle pas vraiment remarqué. Peut-être est-elle un peu interloquée par sa demande, qui semble un peu manquer de s'il vous plait!Peut-être, le trouve-t-elle un peu gonflé, lui le juif, de lui demander quelque chose.

Sa réaction je l'entends comme " Tu es qui toi?" et quand Jésus se lance dans la première réplique sur l'eau!" si tu savais qui est celui qui te parle, c'est toi qui lui aurait demandé de l'eau...." Il y a dans sa réponse quelque chose qui me fait penser à "d'où est ce que tu causes?".
Presque ," pour qui tu te prends"...

Ce qui me frappe c'est que la samaritaine se fie à ce qu'elle voit, à l'extérieur "toi un juif tu me demandes quelque chose à moi?" et que la réponse de Jésus la décentre et la renvoie sur l'intérieur de celui qui est là. Et de cet intérieur là, elle passera au sien propre jusqu'à reconnaître en lui, le sale, le fatigué, l'affalé peut-être "le prophète" et même le "messie".

Regarder l'autre, se faire une idée sur qui il est, juste comme cela, c'est si facile, c'est tellement nous, même si nous nous en défendons.

Alors sortir ce ces jugements un peu hâtifs, aller plus loin, se laisser interroger par l'autre, passer du dehors au dedans et du dedans au dehors, me semble être pour moi, aujourd'hui, un moteur de ce texte.

On dit toujours qu'il ne faut pas penser que le raisonnement de l'évangéliste est un raisonnement grec, mais là c'est bien proche de la maïeutique. Et ce jeu du dehors au dedans et du dedans au dehors est bien un jeu propre à faire naître le sujet. En laissant toujours de l'ouverture.

27 fécrier 2005

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