jeudi, mars 10, 2005

Qui parle... Qui fait -on parler Ex 32/7-14

En lisant ce texte de l'exode, il m'est venu une idée curieuse.

En effet, c'estYahvé qui prévient Moïse que des choses "pas très catholiques" se jouent en bas, et c'est Lui qui veut tout détruire. C'est la prière de Moïse qui empêche l'éradication du peuple, qui suspend la "colère".

Moïse intercède beaucoup, il est un peu le prototype de "pontife", qui fait le lien.

Je cite le texte:

Le Seigneur lui dit : « Va, descends, ton peuple s'est perverti, lui que tu as fait monter du pays d'Égypte.
Ils n'auront pas mis longtemps à quitter le chemin que je leur avais prescrit ! Ils se sont fabriqué un veau en métal fondu. Ils se sont prosternés devant lui, ils lui ont offert des sacrifices en proclamant : 'Israël, voici tes dieux, qui t'ont fait monter du pays d'Égypte.' »

Le Seigneur dit encore à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple à la tête dure.
Maintenant, laisse-moi faire ; ma colère va s'enflammer contre eux et je vais les engloutir ! Mais, de toi, je ferai une grande nation. »

Moïse apaisa le visage du Seigneur son Dieu en disant : « Pourquoi, Seigneur, ta colère s'enflammerait-elle contre ton peuple, que tu as fait sortir du pays d'Égypte par la vigueur de ton bras et la puissance de ta main?

Pourquoi donner aux Égyptiens l'occasion de dire : 'C'est par méchanceté qu'il les a fait sortir ; il voulait les exterminer dans les montagnes et les balayer de la surface de la terre' ? Reviens de l'ardeur de ta colère, renonce au mal que tu veux faire à ton peuple.

Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Jacob, à qui tu as juré par toi-même : 'Je rendrai votre descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel, je donnerai à vos descendants tout ce pays que j'avais promis, et il sera pour toujours leur héritage.' »

Le Seigneur renonça au mal qu'il avait voulu faire à son peuple."

Or, l'idée qui est là, c'est que quand Moïse redescend et trouve le peuple en train de se divertir, (et ce détournement vers un autre dieu sera le prototype du comportement des rois qui gouverneront Israël et Juda), c'est lui qui vit une immense déception, c'est lui qui a envie de tuer ce peuple.


Après tout, il a bien tué un égyptien autrefois.

Et c'est sa propre déssillusion, qui provoque la violence, projetée alors sur Dieu qui par définition doit être un Dieu devant lequel il est impossible de résister, de se rebeller.
Dieu, devient un Dieu violent, destructeur. Mais ce Dieu là, n'est Il pas à notre image à nous, à notre ressemblance?

Est ce là vraiment Dieu? certes ce Dieu là est le Dieu de l'Exode, celui qui a fait sortir son peuple de l'esclavage, mais ce Dieu violent, tonnant, rugissant ,est il le Tout Autre ou une projection de notre propre violence?

Car, cette violence qui nait en nous quand quelqu'un fait le contraire de ce que nous avions prévu (pour son bien) qui peut la nier?
Cela c'est la réaction humaine à l'état brut. Détruire ce qui résiste.
Puis, heureusement un deuxième temps presque simultané en général arrive: la réflexion.
Si je le tue, qu'est ce qu'on va penser de moi? Surmoi dirait Freud...
Et puis, "ce n'est peut-être pas totalement de sa faute". Mais je vais lui apprendre à ne pas recommencer...
Et c'est bien ce que raconte la suite du texte, que ce soit la poussière d'or que le peuple doit avaler ou la mise à mort par les lévites des 3000 opposants.

Cette projection de notre comportement sur Dieu,- ce qui est facile et peut-être "normal" à certaines époques tant historiques que dans notre propre évolution-, montre à quel point il est facile de créer un Dieu à notre image, un Dieu de violence,de destruction, un Dieu coléreux, susceptible, terrible.

Or aujourd'hui, je crois que derrière ce Dieu du premier testament, il y a déjà en filigrane le Dieu de second testament, "le fils", qui ne répondra pas à la violence par la violence, parce que ce n'est pas comme cela qu'Il pourra asseoir son autorité.



Peut-être que le Moïse qui contemple la "gloire " de Yahvé dans le creux de la grotte, apprend alors que son Dieu n'est pas un dieu de violence, mais un Dieu amoureux. Et c'est de cet amour que rayonnera son visage...

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