mardi, décembre 27, 2005

"Car l'ancien monde s'en est allé" Ap 21

Catherine Lestang
25 décembre 2005

« Car l’ancien monde s’en est allé… »

"A vin nouveau, outres neuves."

Il s’agit aujourd'hui de mettre dans l'écrit ce qui s'est passé pour moi ce matin de Noël 2005. A l'origine, il y a des apports liés à la veillée de Noël à laquelle j’ai participée et au travail sur le livre du premier livre d’Isaïe. Cela a pris "corps"ce matin là. Sorte d’engendrement si l’on peut dire. Mais rendre compte de telles expériences dans un désir de transmission à d’autres qu’à soi (journal) reste un peu difficile.

Le premier mot qui m’est venu ce matin de Noël c’est le mot de Germe. Si quand Isaïe parle du « germe » on peut penser qu’il y a comme une annonce de Jésus ; il n’en demeure pas moins que pour qu’il y ait germe et germination, il faut la destruction du support nourricier qui permet au germe de naître et de croître. Le germe nécessite un support, qui l'alimente et lui permette de croître. Pour moi, si quelque chose doit germer en moi, doit naître en moi, cela veut dire aussi que je dois accepter une certaine destruction pour que du neuf puisse advenir.

Et alors autre chose est venue : il s’agit de la phrase de Paul « De deux peuples il n’en n’a fait qu’un par le sang de la croix ». Elle s’est éclairée autrement. La première image qui est venue est celle d’une intersection de deux ensembles : le « peuple juif » et les « nations ». L’intersection des deux ensembles donne quelque chose qui est différent qui n’est pas les morceaux de l’un et de l’autre, qui est du neuf. Quand l’ovule et le spermatozoïde se rencontrent, il y a « mort » d’une certaine manière de ces deux constituants et c’est un être neuf qui naît.


Il me semble aussi que le jour de la Pentecôte un nouveau peuple est né, un peuple fécondé par l’Esprit. C’est celui là, qui va faire intersection avec les gentils eux aussi fécondés par l’Esprit, et l’un et l’autre doivent abandonner quelque chose de leur histoire, de leur passé, pour que ça germe. Quelque chose doit être détruit, pour que le nouveau se mette en marche. « Mais à vin nouveau, outre nouvelle ». Il faut bien faire du neuf, du nouveau, pas un mélange de deux avec de l’hébraïque d’un coté et de l’hellénique de l’autre.

L’image de l’olivier des romains m’est alors apparue autrement : pourquoi ne serait ce pas un arbre neuf, un arbre nouveau qui apparaîtrait; au lieu d’avoir toujours cette référence à l’olivier franc qui donne la vie à l’olivier sauvage. L’olivier sauvage aussi a un potentiel de vie et il est important qu’il ne soit pas assimilé, dévoré par l’olivier franc.

Je me rends compte que ce qui m’intéresserait aujourd’hui ce serait de comprendre quel est le Dieu « père » conçu par Paul. Car ce Dieu là, me semble à première vue bien trop enlisé dans les représentations du premier testament et pas suffisamment dans celles du deuxième et de ce que Jésus annonce. Le Dieu du premier testament reste pour moi, beaucoup trop un dieu vengeur, à l’image de ce que nous sommes alors que le Dieu de Jésus est un Dieu qui certes juge, mais le jugement n’est pas la vengeance ! Le Dieu du jugement dernier,est presque toujours présenté non comme un Dieu de vengeance ou de colère, mais comme un Dieu de justice, même su la justice de Dieu, nous échappe, à nous qui n'avaons pas forcément les mêmes notions du bien et du mal.

Si Jésus parle -et cela se trouve dans les trois synoptiques- de « vin nouveau « et d’outres neuves, c’est bien que le monde ancien doit s’en aller et que du neuf doit advenir, et qu’il est nécessaire de créer d’autres contenants et cela c’est peut-être là où nous avons à être créateurs.


Puis, m'est revenu une phrase de l’apocalypse:"voici que l’ancienne terre s’en est allée".Une nouvelle terre est née, des cieux nouveaux sont là, avec cette présence de ce petit enfant qui vient dans le monde.

Pour que cette terre advienne quelque chose doit partir, doit mourir, puisque c’est comme cela que cela se passe dans notre" ici bas". Mais l'important est de faire de" l'un" qui soit différent, qui soit autre, à partir d'un deux qui est finalement appelé à mourir pour se transformer ou pour être transformé, transmuté. Dans le" ici haut", on ne sait pas quelles sont les règles, mais j’aimerai bien les connaître.!

21 1Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer, il n'y en a plus.

21 2Et je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu; elle s'est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux.

21 3J'entendis alors une voix clamer, du trône: "Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu.

21 4Il essuiera toute larme de leurs yeux: de mort, il n'y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n'y en aura plus, car l'ancien monde s'en est allé."

21 5Alors, Celui qui siège sur le trône déclara: "Voici, je fais l'univers nouveau." Puis il ajouta: "Ecris: Ces paroles sont certaines et vraies."

21 6"C'en est fait, me dit-il encore, je suis l'Alpha et l'Oméga, le Principe et la Fin; celui qui a soif, moi, je lui donnerai de la source de vie, gratuitement.

21 7Telle sera la part du vainqueur; et je serai son Dieu, et lui sera mon fils.

vendredi, décembre 16, 2005

"la fatigue ou la lassitude de Dieu". Esaïe chapitre 43

Catherine Lestang

Réflexions « en vrac » sur le début du "second Isaïe".Musique du texte et lassitude de Dieu.

Nous lisons en petit groupe ce livre d’Isaïe, composé en principe au temps de l’Exil.

Après la lecture des deux premiers chapitres, j’avais noté en lisant le début du chapitre 42, le premier chant du serviteur, que la « tonalité » changeait brusquement. Et j’ai pensé à une espèce de version orchestrale avec des musiques correspondant à des thèmes différents. D’ailleurs ce mot même de « chant » renvoie bien à une autre musique. Je l’entendrai bien comme une flûte ; avec peut-être un peu de violoncelle… Cette conception musicale de ces textes est importante et riche pour moi.

Car on peut comme entendre d’autres mélodies beaucoup plus vigoureuses et violentes, plus symphoniques, qui représentent différents aspects souvent opposés et même déconcertants, du Dieu présenté et raconté dans cet écrit. Les tonalités se suivent et s’opposent : tantôt brutales, tantôt douces, tantôt chaleureuses, tantôt glaciales. Mais elles reviennent comme des leitmotive musicaux. Il y a un Dieu créateur, majestueux, mais il y a aussi un Dieu qui dévaste tout, qui punit, qui se venge sur Israël et sur les autres peuples, et un dieu qui n’oublie pas le passé et la filiation avec ce peuple qu’Il s‘est choisi.

On trouve un Dieu qui se plaint, qui tempête, qui promet la pluie et le beau temps, qui change d’attitude d’une manière très rapide, qui promet des lendemains qui chantent, mais aussi la destruction, la famine, la sécheresse. Il souffle le chaud et le froid, comme s’il essayait de faire comprendre quelque chose sur Lui à ceux qu’Il a choisis, élus !

Ayant regardé récemment un reportage sur certains miracles, j’ai été frappé par une phrase prononcée par une jeune femme hindoue : « On attend de Dieu qu’Il nous protège, alors pour obtenir sa protection, on lui donne des offrandes et on le nourrit » Et de fait, même si nous ne le disons pas, si nous nous tournons vers un Dieu quand ça ne va pas c’est bien parce que au fond de nous, comme des enfants, nous attendons un protection d’un être qui est dit tout puissant et qui nous doit sa protection, si nous avons fait « alliance » avec lui. On peut bien penser qu’à l’époque où le livre prophétique a été rédigé, l’exil pouvait sembler signer l’échec de ce rôle !

Mais ce qui transparaît, c’est que ce Dieu, qui semble avoir abandonné son peuple, même quand Il « attaque » et détruit, reste présent. Il veut que ces événements prennent sens. Autrement dit, qu’Il protège ou qu’Il ne protège pas, qu’Il console ou qu’Il détruise, Il demeure présent dans l’histoire de son peuple. Son but c’est que ce peuple choisi apprenne à le connaître, à le reconnaître, à ne pas l’assimiler aux dieux des autres nations ou aux dieux « domestiques », et à reconnaître que Sa loi est une loi qui peut faire vivre; même si on vit des conditions de vie dramatiques.

S’il crée le bonheur et le malheur, ce n’est pas qu’il crée le mal, mais le mal advient parce qu’il espère qu’ainsi son peuple comprendra e que cela ne sert à rien de s’adresser à des faux dieux, bâtis de mains d’homme !

Dieu est un peu comme un parent qui cherche par tous les moyens à faire comprendre à son fils qu’Il est là, même si le fils refuse d’ouvrir les yeux, et les oreilles.

Mais dans ce texte il y a un mot qui m’a interpellé, c’est le mot «fatigué», qui est un adjectif qui concerne Yahvé. Dans d’autres bibles, le mot employé est «lassé».

Is 42, 24 Tu n’as pas acheté pour moi à prix d’argent du roseau aromatique et tu ne m’as pas rassasié de la graisse de tes sacrifices ; mais tu m’as astreint à l’esclavage par tes péchés, tu m’as fatigué par tes fautes.

J’ai pensé à la phrase « fatiguer la salade », qui évoque l’image de tourner et retourner la salade dans la vinaigrette, pour bien l’imprégner ! Et il m’a semblé que Dieu ; comme une salade été mis en contact très proche avec le « péché » de son peuple, que ce soit la non reconnaissance de lui comme Le dieu ou le non respect de l’autre (le courbé, le faible, le pauvre).

Quand nos enfants ont des comportements ou des attitudes qui nous obligent à réagir, ne dit on pas qu’ils nous fatiguent. Fatigue de répéter toujours la même chose, face à quelqu’un qui n’en tient pas compte, fatigue due à l’usure, fatigue équivalent parfois de tristesse ou de dépression !

Si on regarde dans le deuxième livre de rois ou le deuxième livre des chroniques, le comportement du roi Achaz, on peut bien comprendre la « lassitude » ou la fatigue de Yahvé (ou de son prophète) face à ce roi offre ses enfants en sacrifice, qui déplace le temple de Jérusalem à Damas et qui utilise les richesses du temple pour son usage personnel ! Il n’en fait qu’à sa tête, et le peuple le suit ! « Est-ce trop peu pour vous de lasser les hommes que vous lassiez aussi le seigneur votre Dieu » Is 7, 33. Cette phrase s’entend alors bien.. Un Dieu fatigué, lassé de ce rejet. Car en sacrifiant à d’autres divinités, on lui fait comprendre qu’Il n’est pas capable de protéger son peuple. On doute de sa force et de sa puissance. Peut-être y a t il de quoi se mettre en colère ! Et comme cette attitude est assez générale tant en Samarie qu’en Juda, il y a bien « une fatigue ».

On dirait que Yahvé essaye tout ce qui est en son pouvoir pour sortir son peuple de ces détournements. Le malheur, les défaites, les déportations, ne servent qu’à cela : obliger les gouvernants et le peuple à réfléchir. Dans cette optique là, c’est bien Yahvé qui crée le bonheur et le malheur (Is 45, 7) ce qui veut dire que quels que soient les événements, Il est présent, il ne se « fatigue « pas, il reste attentif aux motions de ce peuple.

L’alternance de promesses de restauration et de destruction me pose quand même question. Car à chercher dans tout élément négatif qui m’arrive une punition d’une éventuelle offense me dérange considérablement. Cela crée une sorte de culpabilité latente dont je ne veux pas.

Comment se dégager de cette vision trop humaine de Dieu ? Comment passer du Dieu protection au Dieu relation ?

A suivre….