mardi, décembre 12, 2006

Evangile de Jean: chapitres 19 et 20

Catherine Lestang

Quelques réflexions sur les chapitres 19 et 20 de l’évangile de Jean.

À travailler en groupe les chapitres où apparaît la « figure » du disciple que Jésus aimait (je préfère cette périphrase au « disciple bien-aimé » qui évoque des « mal-aimés » des laissé pour compte, ce qui n’irait quand même pas bien avec l’Amour Agapé de Jésus) il m’apparaît que ce disciple a un rôle plus que particulier.

Sa présence provoque des retournements, des éclatements. Il change presque le cours de l’histoire. Le soir de la cène, c’est suite à sa demande que Judas passe à l’acte, le soir de l’arrestation, c’est lui qui introduit Pierre, le jour de la résurrection, il est le seul à avoir foi en la résurrection, et enfin il reconnaît le Seigneur lors de la dernière pêche sur le lac, avec ce que cela signifiera pour Pierre et pour l’Eglise.

Je voudrai reprendre dans cette optique les chapitres 19 et surtout20.

On pourrait dire que si cet homme qui reste « sans nom » n’avait pas pris la fuite, comme les autres disciples, Marie serait retournée chez elle, avec un statut de veuve sans fils (statut peu enviable dans cette culture). Jésus la confiant à Jean (qui la prend chez lui) lui permet de rester avec les disciples et donc de se trouver présente au cénacle lors de l’effusion de l’Esprit qui crée la communauté ecclésiale et donc d’avoir une position très particulière dans l’église des débuts.

En ce qui concerne le chapitre 20, il me semble que la foi de Jean en la résurrection, provoque comme un tremblement de terre. Tout d’abord, un peu comme dans la création, il y a le vide du tohu-bohu, la réalité de la vacuité, suivie de la présence du Fils qui instaure un autre ordre.

Le premier tableau, c’est le tombeau vide, le choc de Marie Madeleine, la course de Pierre, de Jean. Certes le tombeau est ouvert, la lumière y pénètre, ce qui symboliquement peut parler à celui qui manipule si bien la symbolique de la lumière et de la ténèbre. Mais le tombeau est désespérément vide, le corps a disparu. On est en plein dans le réel, un certain réel: qui a pris le corps ? Ne pas accomplir les rites funéraires est catastrophique. Et on peut bien penser que la peur de Marie-Madeleine est que là encore, ce soit un échec.

Pourtant, les bandelettes qui gisent sur le sol prennent sens pour le disciple. Peut-être fait-il le rapprochement avec Lazare : « déliez le » avait dit Jésus.

Il comprend (toutefois après que Pierre est entré et a constaté en bon témoin, les mêmes choses) que ces linges qui signent la mort et qui gisent au sol sont le signe que Jésus est le Vivant. Jésus est délié, la mort est vaincue et Jésus est bien ressuscité, non pas réanimé comme Lazare.

Il croit « sans avoir vu » et cette foi donne « corps » à ce qui suit. Car maintenant, la scène est libre pour que Jésus lui-même se révèle.

Quand Jean repart chez lui, sa foi en la résurrection donne à celle-ci sa réalité. Le « disparu » peut maintenant apparaître car « un parmi tous » a eu foi en Lui et en Sa parole. Il est bien le vainqueur de la mort, il est bien le Vivant.


Un changement radical se fait. Voilà que le vide se remplit, d’abord avec les anges qui semblent des copies des chérubins de l’arche de l’Alliance, puis avec Jésus, qui même s’il n’est pas identifiable devient présent et repérable.


Mais revenons à Marie-Madeleine. Elle a déjà vu qu’il n’y avait rien dans le tombeau. C’est sa réalité à elle, et il lui faut trouver le corps pour l’embaumer. C’est cela qu’elle « doit » à celui que son cœur aime. Au moins cela, puisque le reste elle n’a pu l’empêcher.

Et c’est bien pour cela qu’elle avait pris les jambes à son cou pour prévenir Pierre et Jean. Et maintenant (Jn 20, 11 et suivants), elle reste dehors, mais elle voit des anges. Le vide devient habité. Les anges lui parlent, mais elle ne peut dépasser sa compréhension de la disparition : on a enlevé mon Seigneur. Et voilà que le disparu se manifeste, même si Marie ne le sait pas. Sa question provoque la même réponse : « Dis- moi où tu l’as posé que j’aille le chercher ». C’est lui qui va permettre que ses yeux s’ouvrent (au son de sa voix) et qu’elle devienne le premier « grand témoin ». Mais je me demande si Jésus aurait pu ainsi se montrer avant comme il le dit « d’être monté vers le Père »si Jean en tout premier n’avait pas eu foi en Lui.

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