dimanche, mai 20, 2007

La femme qui perdait du sang: Mc 5,15-25

Catherine Lestang

Marc5,25-35 : La femme qui perdait du sang.

Aujourd’hui, il y a du monde dehors, beaucoup de monde. J’aurais bien aimé aller voir ce qui se passe, mais à cause de ce sang qui sort sans cesse de moi, qui me souille et qui me vide, je n’ose pas. Impure,je suis, impure je reste car aucun de ces hommes qui ont fait des études et qui se disent médecins n’ont pu me guérir. Et ce n’est pas faut d’avoir cherché. J’ai tant cherché, tant payé, que je ne sais plus de quoi demain sera fait et si je ne serai pas obligée de mendier.

Mais dans une foule, je peux passer inaperçue. Qui se souciera d’une femme ? Alors j’ai quitté ma maison. Dehors, c’est un véritable flux humain. Comme il y a beaucoup d’inconnus dans cette foule, j’ai pu demander ce qui se passait. On m’a répondu que Jésus, ce nouveau guérisseur qui vit à Capharnaüm a été appelé par le chef de la synagogue Jaïre. On m’a dit aussi que la fille de ce notable religieux est très malade, qu’elle est en train de se vider de sa jeune vie, un peu comme moi, je me vide de la mienne, et que Jésus a été appelé pour lui imposer les mains et la sauver.

Alors là, j’ai eu la certitude, qui s’il pouvait faire quelque chose pour elle, il pouvait aussi le faire pour moi. Seulement qui suis-je moi ?

La réponse, je la connais que trop bien : je suis une femme impure, je suis comme une intouchable. Comment m’approcher de cet homme ? Comment va-t-il me regarder ? Je ne sais trop quoi faire. Pourtant il est là, pas trop loin de moi.

Si je me fais prendre, peut-être qu’ils me lapideront, mais de toutes les manières vivre comme cela ce n’est pas une vie. Si j’arrive à l’approcher, à le toucher, peut-être que ça me guérira. Alors je vais me faufiler, et puis je verrai bien. Peut-être toucher juste la frange de son manteau, puis me fondre dans la foule. Ce ne devrait pas être trop difficile. Bref, l’approcher sans être vue..

Voilà, c’est fait, et ... Et j’ai senti dans mon ventre une douce chaleur, comme si la vie reprenait. J’ai senti en moi une vie qui m’envahissait et j’ai senti que le mal était parti, j’ai compris que je revivais.

Et c’est juste à ce moment-là qu’il a demandé qui l’avait touché, qu’il avait senti une force sortir de lui. Avant que je ne dise ou fasse quoique ce soit, les hommes qui étaient à côté de lui, ont essayé de lui faire comprendre qu’il y avait plein de monde, qu’il ne fallait pas en s’arrêtant perdre du temps pour aller guérir la petite fille, parce que le temps pressait et qu’on ne fait pas attendre un chef.

J’aurais bien aimé qu’il les écoute, qu’il ait du bon sens, seulement je savais bien que ça ne pouvait pas en rester là. Alors j’ai senti en moi cette nouvelle force, celle qu’il disait avoir senti sortir de lui, qui me poussait à sortir de la foule et à parler. Et j’ai pu dire qui j’étais, et qui j’étais devenue à cause de cette maladie, de ce démon qui était entré en moi. Il m’a juste dit : "va ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix, sois guérie de ton infirmité". Et il a repris son chemin.

Je savais bien que j’étais guérie, mais c’est ce mot de fille qui m’a émue profondément. Je pourrais être sa mère, mais c’est ainsi que les rabbis parlent à leurs disciples, un lien de paternité. Et il m’a fait naître aujourd’hui.

J’ai su qu’il a aussi fait re-naître la fille du chef de la synagogue. Quel est-il celui-là qui commande à la maladie et à la mort ? Je ne sais pas encore qui il est, mais moi aujourd’hui, moi qui étais comme morte, je suis devenue une vivante. Peut-être que mon histoire sera un jour racontée. Moi je serai la femme sans nom, la femme impure qui perd du sang, la femme qui a osé toucher Celui qui un jour dira à une autre femme « ne me touche pas».

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bsr, je vs ecris des usa;suis tombe par hasard sur votre blog et franchement la presentation du recit de la femme qui perdait le sang me laisse sans mot!
Que Dieu vs benisse pr cette approche, qui pr moi ce soir, est plus qu'une source d'inspiration!

Shalom

Svte Dan