dimanche, décembre 23, 2007

"L'ange du Seigneur, majuscule ou minuscule à ange?"

                                   Ange au sourire, cathédrale de Reims

En cette période de Noël, on parle beaucoup des anges, que ce soit celui qui apparaît à Manoa dans le livre des juges, l'ange qui apparaît à Zacharie, qui donne son nom: Gabriel, puis qui va à Nazareth pour délivrer un autre message. Il y a celui qui qui apparaît à Joseph, et celui qui annoncera aux bergers une naissance un peu particulière.
 
On oublie parfois que cet ange qui est dans nos représentations un être ailé, "gentil" peut bloquer la parole pour 9 mois chez le pauvre Zacharie qui a eu un doute bien compréhensible. Je me demande d'ailleurs si cette mutité n'a pas valeur de signe pour le peuple comme la mutité à laquelle a été condamné Ezéchiel pour faire signe durant la chute de Jérusalem. 

Ceci pour dire que lorsque nous écrivons "ange" avec une minuscule, d'une certaine manière nous l'amputons de la puissance d'un autre ordre, que nous ne connaissons pas et qui peut  être terrifiante.

Les anges étant des messagers de ce qui est censé se passer au dessus de notre tête, nous avons pris l'habitude de nous les représenter avec des ailes comme des oiseaux, mais les anges, les Anges du Seigneur  ne sont pas décrits de cette manière. Ils sont autrement impressionnants.

Ces anges avec un a minuscule, on en rencontre beaucoup dans les évangiles. Les hommes en blanc qui s'adressent aux apôtres après l'ascension ou qui se tiennent dans le tombeau sont caractérisés par une autorité venue d'ailleurs et par ce que j'appellerai une luminosité (la blancheur). Ils se déplacent d'un lieu à l'autre, ils se font comprendre et ils comprennent. Ils délivrent un message et ils disparaissent. De même ceux qui agissent dans les actes.

Dans le premier testament, on les rencontre aussi, mais souvent ils ne sont pas que des messagers, ils ont explicitement une aura de puissance qui est reflet de la gloire de Dieu.

Dans le livre des juges, l'être qui est sous un térébinthe et qui s'adresse à Gédéon ,en lui disant "Salut à toi vaillant guerrier" provoque une certaine stupeur, à défaut d'une certaine terreur chez ce fils qui essaye de soustraire la blé familial à la rapacité des Madianites. Dans la bible de Jérusalem, il est l'Ange du Seigneur, avec une majuscule. Je ne sais pas si Gédéon ressent de la peur ou de la crainte, puisqu'il discute familièrement avec lui, mais l'être qui se manifeste là est un être autre. En travaillant ce texte, j'ai été étonnée par la manière dont s'enflamment les offrandes apportées par Gédéon: ce n'est pas le bâton d l'Ange qui met le feu aux aliments, mais le rocher qui s'enflamme et qui consume, ce qui me semble autrement terrifiant: un petit volcan à portée de main. 

Cet Ange là n'est pas très éloigné de l'Ange qui s'adresse à Moïse dans le buisson qui brûle sans se consumer. Et le passage de" l'Ange de YHWH" à" YHWH" (Ex 3) monte bien que ces êtres qui se manifestent ainsi ont une force et une puissance autre celle des angelots joufflus que nous connaissons. 

Nous sommes finalement tellement dans l'imagerie un peu lénifiante des anges gardiens, que nous oublions que ces personnages qui sont des symboles de la puissance d'un Dieu qui se veut communication, ne sont pas à notre portée. Ils sont eux aussi parole agissante de Dieu. 

Ps147, 15-18
Il envoie son verbe sur terre, rapide court sa parole,
il dispense la neige comme laine, répand le givre comme cendre.
Il envoie sa parole et fait fondre, il souffle son vent, les eaux coulent

 

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