samedi, janvier 19, 2008

"Du lépreux au paralytique".

Dans la liturgie des messes de la semaine dernière ces deux textes de guérison se suivent.

Pour le premier texte,(Mc 1,40-45) le célébrant faisait remarquer que d'une certaine manière le lépreux est "purifié" mais peut-être pas guéri au fond de lui. En n'allant pas se montrer aux prêtres et donc en refusant de servir de signe (tu rendras témoignage) il "instrumentalise " Jésus en en faisant un guérisseur, un simple guérisseur. Ceci pouvant être mis en parallèle avec la prise de l'arche par les Philistins dans le livre de Samuel (première lecture de ce jour). L'arche ne fonctionne pas de manière magique. Or il peut y avoir un  risque pour nous aujourd'hui d'utiliser le nom de Jésus pour essayer d'obtenir des miracles, alors que le miracle est là pour servir de signe à la présence active de Dieu dans notre monde. Cette guérison devait être une interrogation pour les prêtres: qui est -Il celui là qui peut rendre pur ce qui est impur?

Si je suis une certaine logique dans l'évangile de Marc, au chapitre 2, il me semble que le lépreux condamne Jésus à rester un guérisseur, que tous viennent voir, à tel point qu'il doit se cacher pour prier. 

Lors de l'incident du paralytique, il est de retour à la maison, il y a foule et à nouveau Jésus se doit de guérir encore et encore. 

Je ne sais pas pourquoi quand on parle de cet homme, on dit qu'il est paralysé depuis toujours, comme pour magnifier le "miracle".

Pour moi, j'ai toujours imaginé que cet  homme a fait un mauvaise chute, par exemple en tombant d'un toit. Peut-être avait-il bu un coup de trop, peut-être a-t-il voulu comme on dit faire le mariole, mais il a chu et depuis il ne peut plus marcher. Il est certain que lorsque ses compagnons ont entendu parlé de ce Jésus qui guérit, ils se sont dit que peut-être cet homme pourrait bien guérir leur ami et qu'ainsi ce dernier pourrait reprendre la vie là où elle s'était arrêtée pour lui.

Les porteurs sont des compagnons, pas des gens de la famille, ce qui aurait peut-être été le cas si la paralysie avait été donné dès la naissance.

Je me suis souvent identifiée à cet homme, et à l'épreuve de la descente. Je l'imagine entrain de se cramponner à son brancard, mort de peur, lui qui est déjà tombé.

Quand je travaillais auprès d'enfants handicapés moteurs, j'ai voulut tester un lève-malade qui venait d'être installé dans une des chambres. Je dois dire que je n'ai pas aimé du tout. Je n'ai pas eu réellement peur, parce que les sangles étaient bien en place et surtout parce que j'avais confiance dans la personne qui faisait la manipulation, mais je n'ai pas trouvé cela agréable.
Etre dépendant n'est jamais facile à vivre. 

Se retrouver ensuite au centre et le point de mire de tous les regards ne doit pas non plus être évident: tomber comme un  cheveu sur la soupe. 

Et la phrase qui tombe "tes péchés te sont remis" quel sens peut-elle avoir quand on espère une guérison pure et simple. Déception (c'était bien la peine d'avoir risqué ma vie pour m'entendre dire cela....), ou guérison invisible pour les yeux?

Ce qui a été nouveau pour moi, c'est cette phrase et la réaction des scribes. Il me semble en effet que Jésus par cette simple phrase donne "un signe" extrêmement fort, mais que ce signe est dénié par cet auditoire.

Car Jésus se positionne autrement que comme un simple guérisseur ou un simple prophète. Il prend quelque chose qui normalement appartient au dieu d'Israël. Or cela aurait du ouvrir à un interrogation et non pas une condamnation. 

Et là je me sens partie prenante: c'est si facile au nom d'un certain savoir de se boucher les oreilles de se fermer, de refuser la question qui ouvre, même si elle dérange. 

Comment être attentif aux signes qui nous sont donnés. Je veux dire par là que comme les scribes, bien souvent je passe à côté de choses qui devraient me faire réagir. 

Alors la guérison cet autre signe, ce complément de signe, c'est comme si Jésus devant mon incrédulité, m'acceptait avec ma pesanteur, ma lourdeur et me donnait un signe irréfutable, un signe que je ne peux refuser de voir.

Alors de ces deux petites séquences du début de l'évangile de Marc, je retiens le risque d'instrumentalisation (réduire à une seule dimension) et le risque de la surdité (dénier ce que j'entends parce que cela me dérange et ne rentre pas dans mes catégories) comme comme des risques toujours présents. 

Que mes yeux et mes oreilles s'ouvrent à cet autre langage, voilà quel est mon désir de cette soirée.

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