samedi, mars 29, 2008

A propos de la relation entre David et Saül.

Notes de lecture. 1Sam 16-20

Nous travaillons en groupe le premier livre de Samuel et nous avons abordé le combat entre David et Goliath, et aussi la difficile relation entre le roi en titre et celui qui viendra le remplacer.

En fait, nous lecteurs, nous savons que Samuel a donné l'onction à David, mais Saül lui ne le sait pas (Samuel dans l'histoire qui nous est racontée raconte un bobard pour partir à Bethléem et ne ne pas se faire tuer par Saül...). Puisque Saül ne sait pas qui va le remplacer, il s'accroche comme tout roi à ses privilèges et toute personne susceptible d'avoir plus de succès que lui devient potentiellement dangereuse et doit être éliminée. 

L'histoire de David et de Goliath est très proche de nos contes de Grimm. il y a un géant (ou un dragon) qui terrorise toute une contrée.La description de Goliath, avec la taille énorme, sa cuirasse en écaille, sa lance, est tout a fait digne des descriptions des dragons de nos contes. Le roi au dire du peuple, promet à celui qui délivrera la contrée de ce fléau sa fille, la moitié de son royaume, et l'anoblissement pour la famille de ce dernier. C'est bien ce qui est promis dans ce texte. 

Comme dans les contes, le héros abat le monstre par une ruse et lui coupe la tête (parfois la langue), ce qui prouve qu'il est valeureux et qu'il a bien agi seul.  

Normalement l'histoire pourrait s'arrêter là, mais le roi qui se rend compte que ce "minable" est dangereux et va lui ravir sa place, l'oblige à une autre épreuve, ici les 100 prépuces des philistins. Normalement le héros ne devrait pas en sortir vivant, mais avec l'aide de Dieu, il accomplit sa tâche. 

Le roi ensuite se repent d'avoir donné sa fille, et veut mettre son gendre à mort. C'est alors la femme qui sauve son mari de la mort. Lui est alors condamné à l'exil, exil qui va finir de lui donner sa stature définitive de héros.

La folie meurtrière de Saül se comprend beaucoup mieux si on admet qu'il ne sait pas que David est l'Elu et que tout personne susceptible de le supplanter doit être éliminé. L'esprit mauvais n'est ce pas cela?

mardi, mars 25, 2008

Gn2,17 Oui, du jour où tu en mangeras, tu mourras, tu mourras

"Leurs yeux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus" Gn 3,7

"Leurs yeux s'ouvrirent et ils Le reconnurent... mais Il avait disparu de devant eux" Lc21,31


Une fois de plus je reviens au début de la Genèse. J'aime la traduction d'André Chouraqui, celle que j'ai retenue ici. C'est la question du sens à donner à "tu mourras" qui a donné du grain à moudre à ma réflexion. Et celle ci a dérivé sur cette ouverture des yeux, que je valorisais jusqu'à aujourd'hui.Et peut-être que mes propres yeux se sont ouverts à une autre approche. C'est cette approche qui fait l'objet de ce billet. 


On a l'habitude de dire que l'hébreu est une langue "concrète", presque terre à terre. Peut-être s'agit il de l'opposer à la langue grecque qui elle serait plus abstraite, plus conceptuelle. La langue parlée par un peuple le façonne, le structure. J'en veux pour exemple les indiens hopi qui ont un seul mot pour les couleurs bleue et verte, et qui de fait ne les distinguent pas alors que les longueurs d'onde sont pourtant différentes. La question que je me pose aujourd'hui est de savoir si ces mots "mort et vie" que l'on trouve dans Genèse 2 doivent être pris au sens littéral concret, ou si derrière l'avertissement à ne pas pas consommer, il y a une autre réalité, la mort étant autre chose que la mort physiologique et la vie éternelle plus que l'immortalité.


La phrase est au futur et de ce fait n'était peut-être pas suffisamment terrifiante pour fonctionner comme un interdit à ne pas transgresser. D'ailleurs Adam n'est pas mort mais il est devenu autre. De quelle mort s'agit-il? Mort physiologique ou mort spirituelle? De même quand on parle de la vie, de quelle vie parle-t-on? Celle qui ferait que l'homme ne connaîtrait pas de fin ou celle qui est présence et manifestation du divin en lui? 


J'ai souvent entendu dire que les rabbins pensent que de toutes les manières le fruit de la connaissance du bien et du mal aurait été donné à l'homme, mais à un moment où il aurait pu avoir cette connaissance sans être détruit par elle. 


Et c'est là que se porte aujourd'hui ma réflexion. 


Quand un enfant est séparé trop tôt de sa mère, il peut en mourir. Cela a été montré par les travaux de Spitz sur l'hospitalisme aux Etats Unis. Une séparation ne se fait pas n'importe quand, n'importe comment. Elle peut être dramatique pour le mental comme pour le somatique. Il est nécessaire d'avoir une certaine autonomie tant physique que psychique pour que le manque consécutif à la séparation ne crée pas une effraction traumatique. Et mon hypothèse d'aujourd'hui, c'est que dans ce récit fondateur, l'humain n'était pas prêt à ce que la connaissance se déverse en lui d'un seul coup. Le rôle des interdits est aussi un rôle de protection.


Dans le jardin il y a de fait l'un à côté de l'autre, au milieu, l'arbre de la vie et l'arbre de la connaissance. Vie et connaissance qui semblent être comme les attributs du Divin. Dieu connaît et Dieu est immortel. Que ne ferions-nous pas pour être comme Lui...


Connaître c'est savoir mais surtout savoir "discerner" ce qui est bon ou mal. Quand un enfant est petit, il doit faire confiance  à ses parents, et en fonction de ce qui lui a été transmis et de sa ou de ses propres expériences, il apprend aussi à raisonner et à choisir. Le choix est toujours quelque chose de difficile. 


Quand Dieu "interdit" ce fruit, c'est comme s'il disait à l'humain: "fais moi confiance (pour le moment), tu ne sais pas encore, tu es trop petit, et si tes yeux s'ouvrent trop tôt sur la réalité (qui n'est pas seulement celle du jardin) alors la peur entrera en toi et tu auras quitté l'innocence, tu te feras du mal, tu auras mal et le malheur sera présent et tu ne pourras pas y échapper".


Quand la connaissance tombe trop tôt sur un être qui n'a pas les capacités de faire face à ce qu'il perçoit, cela peut avoir des conséquences dramatiques. Une des hypothèses concernant l'autisme infantile (Frances Tustin), serait que si le tout-petit perçoit trop tôt qu'il est séparé de sa mère, celle ci ne peut alors lui donner l'illusion d'être en symbiose avec elle. Lui, l'enfant, perçoit son incapacité à faire des choses par lui-même (à cause de son immaturité physiologique) et  cela le plonge dans un état de désespoir qui le pousse à se refermer sur lui même pour lutter contre le vertige qui l'assaille (le repli) et le pousse à ,essayer de trouver des moyens (inadaptés) pour lutter contre cette peur (les rituels).


Quand la perception de la réalité est trop brutale et surtout quand on n'a pas les moyens pour l'élaborer en mots, alors il y a effraction, traumatisme.Et c'est peut-être cela qui nous est raconté dans ce mythe. 


La perte de la confiance va de pair avec la peur. Quelque chose meurt dans la relation, on se trouve seul et la peur et l'angoisse arrivent. La perte de cette relation qui donnait des assises fait le lit de la convoitise. En effet si on imagine, puisque désormais le doute est permanent, que l'autre a quelque chose que l'on n'a pas soi-même, alors on va essayer de le lui prendre pour avoir l'impression d'exister. 


Quand le couple humain a "consommé" la fruit, il est dit que leurs yeux s'ouvrent et qu'ils voient quelque chose qu'ils ne savaient pas d'eux, à savoir qu'ils étaient nus. J'ai déjà parlé ailleurs de cette nudité qui pour moi renvoie bien plus à la perception brutale de la faiblesse qu'à la différence des sexes. Cette perception ne peut être que traumatique. Elaborer un traumatisme peut prendre parfois toute une vie. Tout traumatisme provoque une certaine distorsion de la réalité et une peur qui ne permet plus la relation saine à l'Autre.


Mais surtout cette peur ouvre la porte au mal, au malheur. Et c'est bien ce qui est signifié dans la suite du texte: la fatigue du travail de la terre, la difficulté des naissances, la perte d'un lieu et d'une relation privilégiée, et la convoitise.


L'ouverture des yeux avec la perception de la fragilité, traduit d'une certaine manière l'effet traumatique d'une connaissance que l'humain n'était pas capable de porter. 


Mais le texte ne nous dit pas que l'être humain mythique était immortel. Il est plus glorieux pour nous d'imaginer que notre décrépitude physiologique, notre usure est liée à la punition d'une éventelle faute, plutôt que de reconnaître que par sa structure, l'homme est appelé à mourir. 


Dans la vision mythique, la mort est liée à la désobéissance ou comme dans la mythologie au fait de dérober quelque chose (le feu) qui n'est pas forcément bon pour l'homme. Le pas bon c'est le versant négatif, la destruction, la fermeture, et la mort spirituelle, celle qui nous rend aveugles; c'est bien cela: ne plus entrer en relation, utiliser l'autre pour soi. 


La désobéissance d'Adam a fait entrer la mort dans le monde dit  Paul et la mort est la conséquence du péché. Autrement dit, si l'humain ne fait pas confiance à celui qui sait, quel sera son destin?


Je veux dire que le "tu mourras certainement" est une phrase qui renvoie non à la mort physiologique, mais à une autre mort, qui est le repli sur soi, la peur des autres et de soi; bref la rupture de la relation. Cette mort, cette incapacité à tenir compte de l'autre, cette propension à la rivalité, à la jalousie, ne laisse pas vivre en nous ce qui est de l'ordre de la vie. Elle maintient ce qu'il y a d'animalité en nous, elle nous déshumanise.


Jésus est celui qui sauve, ce qui pour moi est synonyme de "rend vivant". 


Et pour conclure ce petit billet, je dirai que la vie éternelle ce n'est pas avoir un corps immortel, c'est dès aujourd'hui de vivre avec nos limites dans la relation amoureuse avec nos frères et avec celui que nous reconnaissons comme notre Seigneur et notre Dieu (évangile du 1°dimanche après Pâques).


C'est connaître cette autre ouverture des yeux qui est celle des disciples d'Emmaüs et de pouvoir comme eux ressentir nos coeurs brûlants d'amour et nous mettre en route. 

jeudi, mars 13, 2008

"Vois je t'ai gravée sur la paume de mes mains"Is49,16



Comme souvent, il m'arrive d'avoir "une idée" très claire au petit matin de ce que j'ai envie ou besoin d'écrire sur ce blog, et au fur et à mesure que le temps s'écoule, l'idée se perd, se dissout et je n'arrive plus à trouver une écriture claire et satisfaisante. C'est un peu ce qui s'est passé avec ce billet: comment passer d'une relation "collective" avec le Dieu d'Israël à une relation individualisée, individuelle avec le Dieu de Jésus, sans pour autant négliger la relation collective.

Cette phrase d'Isaïe qui sert de thème, est très souvent citée dans les assemblées charismatiques, et elle va souvent avec la phrase: "tu es mon fils -ma fille- bien-aimé". Elle est prise à un niveau individuel pour dire combien moi aujourd'hui je suis aimée. Mais quand elle a été écrite par le prophète Isaïe, elle s'adressait à une nation qui vivait le déchirement de l'exil et qui pouvait bien croire qu'elle avait été oubliée par son Dieu. 

Je sais très bien que j'ai une conception beaucoup trop individuelle de ma relation trinitaire. Je suis tellement formatée à entendre la parole de l'évangile comme une parole personnelle que je ne l'entends plus assez comme une parole collective. Finalement le "peuple de Dieu", ça ne me dit pas grand chose. Je n'en tiens pas assez compte, sauf maintenant pendant les eucharisties où il m'est possible de percevoir au travers des personnes présentes que je ne connais pas, l'image d'une véritable assemblée mue par la foi en ce Jésus mort et ressuscité. 
  
L'objet de ce billet est de réfléchir sur le passage du collectif à l'individuel et donc d'une certaine manière de l'apport du message évangélique, car le salut devient individuel. Passage du "nous au je", et du "je au nous"(sans jeu de mots: genou).

Je dois dire que j'ai toujours trouvé curieux ce Dieu qui a besoin de graver sur ses paumes l'image de la ville de Jérusalem pour ne pas l'oublier, comme un élève qui a une anti-sèche sur la paume de sa main ou comme quelqu'un qui note un numéro de téléphone pour pouvoir le retrouver un peu plus tard. 

Je sais bien que dans la loi mosaïque il est demandé aux hommes de porter sur eux des signes qui permettent de ne pas oublier leur Dieu, mais ce Dieu a-t-il lui besoin de signes concrets pour ne pas oublier le peuple qu'il s'est choisi? 

Cela me fait penser un peu au signe de l'Arc-en Ciel donné en Gn10,14 "Lorsque j'assemblerai des nuées sur la terre et que l'arc apparaîtra dans la nuée, je me souviendrai de l'alliance qu'il y a entre vous et moi... et les eaux ne viendront plus en déluge pour détruire toute chair". 

Je sais très bien que c'est une lecture extrêmement littérale, mais d'une part j'aime bien cette approche qui n'exclue pas  l'approche symbolique et d'autre part elle humanise parfois ce Dieu du premier testament qui est souvent un Dieu bien destructeur.

J'en viens d'ailleurs à me poser une autre question sur l'interprétation donnée par les prophètes à certains événements. Prenons le cas de David qui a envoyé le malheureux mari de Bethsabée se faire tuer, pour pouvoir prendre sa femme et en fait il n'a fait que répéter ce que Saul a tenté de faire avec lui. Le fruit de leur union meurt. La mort de cet enfant (et pourtant la mortalité infantile devait être considérable) est comprise comme étant le signe d'une faute, car toute atteinte de la descendance montre que Dieu se détourne. Cet événement banal en soi, devient le signe que David a péché et le rôle de Nathan qui est ici la "conscience de David" est peut-être postérieure à l'événement et non pas antérieure. Il y a toujours une manière de raconter les faits quand on veut leur donner une signification.

Quand le roi David est "puni" d'avoir fait le recensement du peuple, c'est tout le peuple qui
trinque si je puis dire. Il y a donc un lien très fort entre le péché de celui qui représente le peuple et le peuple. Ceci étant très important je crois pour la christologie: un homme Jésus assurera la libération spirituelle de tous les humains si ceux-ci le veulent bien.

Quand Esdras se rend compte que les fils d'Israël ont épousé des femmes étrangères, alors que lui, n'est pas coupable, il parle au nom de tout le peuple et se sent solidaire de la faute commise. Beaucoup de prières sont sur ce modèle là : nous avons péché contre toi, nous reconnaissons notre faute, alors ne nous reprends pas dans ta colère,(ne nous détruis pas) parce que c'est ainsi que tu manifestera la Gloire de ton nom.
 
C'est d'ailleurs comme cela que Moïse manoeuvre si je puis dire YHWH: "qu'est ce que les égyptiens penseront de toi, si tu anéantis le peuple que tu as fait sortir d'Egypte?".  

En d'autres termes quand une catastrophe tombe sur le peuple d'Israël cela signifie que le peuple ou quelqu'un dans le peuple s'est détourné de l'alliance et que la foudre de Dieu (la colère) se déchaîne. 

Jésus dira bien que l'accident qui a coûté la mort d'un bon nombre d'hommes lors de la chute d'une tour n'est pas conséquence de leur péché. 

Que ce sens ait eu finalement un effet très positif de spiritualisation (être attentif aux signes extérieurs donnés) c'est certain, mais en ce qui me concerne un Dieu dont il faut apaiser le "courroux" ne me satisfait guère. 

Mais dès le premier testament il y a des progrès (si je puis dire), puisque la faute du fils ne sera plus imputée à son père et celle du père ne retombera plus sur son fils. 

En d'autres termes, au moment de l'exil qui peut s'entendre comme la fin du peuple, et la punition suprême, Ezéchiel fait comprendre qu'il y a en fait deux saluts. Le salut collectif: le peuple reviendra à Jérusalem et sera le peuple "consacré" et un salut individuel, ce qui renvoie à une rétribution après la mort. La difficulté étant de ne pas trouver très juste que le "pratiquant" soit malmené par la vie alors que l'impie, le méchant prospère dès ici bas.  

Cette conception collective je dois parfois faire un effort pour me convaincre qu'elle est importante, seulement effectivement elle ne correspond pas vraiment à ce Dieu révélé par Jésus et qui me sonde et me connaît et qui devient un dieu "individuel". 

Alors il est important pour moi de ne jamais oublier que pour moi, aujourd'hui, dire que j'essaye de vivre de l'amour et dans l'amour n'a pas de sens s'il ne s'agit que de ma petite personne. C'est une illusion et le seul bénéficiaire étant mon mon "petit ego".Si je veux que cet ego qui ne disparaîtra jamais, devienne moins puissant, il me faut accepter que j'ai besoin des autres et que les autres ont besoin parfois de moi. 

mardi, mars 11, 2008

Une vidéo

Il a neigé toute la journée, les sapins s'ébrouaient sous les rafales pour faire tomber la neige, et ce soir c'est une petite neige fine qui tombe. Retour demain.

mardi, mars 04, 2008

"L'aveugle-né" Jn9,1-40

J'ai écouté avec beaucoup d'attention avant-hier dimanche ce chapitre de l'évangile de Jean (fort bien lu ce qui ne gâte rien) et j'ai été un peu surprise par l'anonymat de cet homme qui est d'une certaine manière réduit à son handicap, à sa pathologie . Dans les synoptiques on connaît des noms: Zachée, Bartimée l'aveugle de Jéricho, Lévi. Pourtant chez Jean cet anonymat est fréquent, je pense à la samaritaine, à l'officier qui demande une guérison, à la femme adultère.

Et ce qui m'a le plus étonnée c'est que ce mendiant qui est assis là ne demande rien, il est le signe pour que soit manifestée la gloire de Dieu. Il est une sorte de vecteur et ce rôle de vecteur il l'assumera parfaitement.Ne va-t-il pas essayer d'ouvrir les yeux de ces aveugles que sont parfois les pharisiens?

Je pensais aussi en arrière plan à la phrase de la Genèse: "Leurs yeux s'ouvrirent et ils virent qu'ils étaient nus", ce qui veut dire qu'il y a peut-être voir et voir...

Il m'a semblé que dans les "signes" retenus par Jean il y a cette constante: une guérison qui se fait en deux temps (va te laver pour l'aveugle, rentre chez toi pour l'officier qui demande une guérison, et même l'eau changée en vin goûtée par le majordome, rentre chez toi et ne pèche plus pour la femme adultère). Le paralytique de la "belle-porte" manifeste sa guérison en se levant, mais aurait-il été guéri s'il ne s'était pas chargé de son grabat comme le lui demande Jésus?  

Et cela m'a beaucoup interpellée: la confiance n'est pas seulement dans le fait de demander en sachant que l'on va être entendu, mais dans cet "entre deux" qui est entre la demande et la réalisation et durant lequel on a quelque chose à faire, on est actif, donc d'une certaine manière pour moi, co-créateur de la guérison. Il peut y avoir des signes que l'on refuse de voir dans cet entre deux, et de ce fait on imagine que l'on n'est pas exaucé alors qu'on n'a pas entendu ce qui était demandé. 

Si j'avais été cet aveugle, si un inconnu m'avait mis quelque chose sur les yeux, si on m'avait dit que ce quelque chose était un mélange de salive et de boue, j'aurais été dégoûtée, je me serais frotté le visage, mais je ne pense pas que je serais allée me laver en transgressant par dessus le marché la loi du jour du sabbat. Je serais restée à ma place et la guérison n'aurait pas eu lieu; j'aurais continuer à mendier et peut-être à pleurer sur moi: j'aurais laissé passer ma chance.

Heureusement que cet homme dont nous ne connaissons même pas le nom, et qui est un peu le prototype de ce que nous sommes -des aveugles dont les yeux ne sont pas ouverts- a été capable de faire confiance.

Sa guérison lui a permis de reconnaître en "l'homme" Jésus  (qui avait disparu à son regard), Celui que les yeux ne peuvent pas voir mais seulement contempler.