vendredi, juin 20, 2008

"L'olivier sauvage"



                              Un Olivier sauvage

Ceux qui connaissent les écrits de Paul     savent qu'il compare (épître aux Romains chapitre 11) les nouveaux convertis  d'origine non juive, à des rameaux d'olivier sauvage, qui seraient greffés sur le tronc de l'olivier franc qui représente Israël. Outre le fait que la technique de greffe m'a toujours parue très curieuse (mais je veux bien admettre que cela soit voulu par l'auteur), il m'a souvent semblé que le sang neuf pouvait avoir du bon... 

On peut dire aussi que Paul met en garde contre un certain orgueil, voir un certain mépris à l'encontre du peuple qui a donné naissance au Messie. 


En lisant tout à fait par hasard dans le premier livre des Rois les chapitres consacrés à la construction du Temple, j'ai trouvé quelque chose qui m'a profondément réjouie, quant au choix du bois choisi pour façonner les chérubins entre les ailes desquels la gloire de Dieu résidera.

 Si dans l'Exode on parle beaucoup du bois d'acacia (qui est un bois dur et résistant, dont on dit qu'il serait aussi le bois de la Croix), Salomon a choisi pour l'aménagement du Saint des Saints (le Débir), de façonner les chérubins entre les ailes desquels réside la Gloire de Dieu en bois d'olivier sauvage recouvert d'or. La porte du Débir est elle aussi en olivier sauvage.

Alors pourquoi de l'olivier sauvage? Bien sûr il s'agit peut-être d'une problème de traduction et je ne suis pas experte en la matière, mais dans ce bois sauvage, j'entends un bois fort, qui n'a pas été domestiqué, qui est là dans toute sa vitalité, qui n'a jamais non plus subi des coups de serpes, qui n'a pas été taillé ni entaillé. 

 Les païens sont peut-être ainsi à l'état brut, pas taillés (polis comme une pierre est polie par le joaillier) par la pratique de la loi (dont on sait quand même ce qu'en dit Paul), mais ils, deviennent à leur tour des temples du Dieu vivant. 

 Alors, vive l'olivier sauvage et ses fruits...

 

Quelques informations sur l'olivier sauvage, dont le bois se travaille en ébénisterie.




mercredi, juin 18, 2008

"L'arbre de la vie".


"Il bannit l'homme et il posta devant le jardin de l'Eden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l'arbre de la vie".Gn3,24

Si je laisse fonctionner mon imaginaire en l'étoffant par ce que j'ai lu de contes et de la mythologie, je peux imaginer qu'il existe quelque part, dans un jardin un trésor, un arbre merveilleux qui donne l'immortalité. Mais l'accès est défendu par un dragon qui veille jour et nuit et qui met à mort tout être humain qui tenterait de pénétrer dans le jardin pour s'emparer de l'arbre de la vie. 

Cet arbre, il a ses racines dans la terre, ses ramures dans le ciel, sur le plan symbolique, il est enraciné dans l'humain et il va vers le divin. Ses fruits (ou ses feuilles) sont très désirables pour le mortel. Encore faut il se mettre d'accord sur ce que l'on entend par vie éternelle.  

Si je suppose que la vie éternelle est une vie de Dieu, (et non pas une vie qui ne connaît pas la mort finitude) alors s'emparer de cet arbre peut signifier devenir Dieu. Mais ce n'est pas en s'emparant de cet arbre par la force ou la violence que la vie divine sera transmise. 

Jésus, certes est censé sauver l'être humain du péché qui l'a rendu inapte à voir Dieu en prenant sur lui le péché (cf serviteur souffrant, Is 53), mais aujourd'hui, j'ai envie de me représenter Jésus comme le héros qui vient en combattant le dragon qui barre l'accès au jardin, ouvrir le chemin perdu et permettre à l'humain de devenir à l'image et à la ressemblance de Dieu. 
 
Le dragon, ce n'est pas par la force ou la violence qu'il est vaincu, parce que ces armes là, il les connaît trop bien.Il est vaincu par ce que celui qui vient se laisse brûler par le feu de l'amour et le feu de la violence et de la haine disparaît et le chemin, le passage, la Pâque peut advenir et l'homme est sauvé. 

Voilà le fruit de ma distraction pendant l'homélie de ce jour.

J'aime tant cette iumage du passage qui est rétabli ou ouvert et qui permet à l'homme d'accéder à son désir le plus profond, être non pas Dieu, mais être comme Dieu: "j'ai dit: vous êtes des fils du très haut, vous tous" Ps 82,6. 

lundi, juin 16, 2008

"Comme quoi"


Comme quoi, on n'a jamais fini de remâcher l'écriture, même des textes que l'on croit bien connaître. 

Ce matin je repensais à l 'Eden tel qu'il est décrit dans la Genèse, et je me disais que le fait qu'il y ait des anges et un glaive de feu qui barrent l'accès à l'arbre de la vie montre bien la force de l'interdiction de retourner dans ce lieu qui peut être lieu de convoitise pour l'humain. 

J'ai toujours pensé que ce lieu pouvait aussi symboliser la relation primitive avec la mère toute bonne et toute puissante, relation qui ne peut durer et dont l'enfant doit s'extraire avec un regret qui perdurera toute sa vie et le poussera (et c'est cela l'important) à explorer tout l'extérieur qui lui est donné. 

Et du coup j'ai repensé au texte dit de la tentation (peut-être pourrait-on dire de l'épreuve) et il m'a semblé (ce dont je ne m'étais jamais rendue compte, comme quoi...) que durant toute cette séquence, Adam est présent et c'est effectivement ce que dit le narrateur: 

Gn3,6.  La femme vit que l'arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu'il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea.


La position d'Adam, est assez ambigüe assez étonnante. Le héros de la Genèse, celui autour duquel tout tourne, c'est Adam. Eve est certes issue de son côté, mais j'ai l'impression qu'elle fonctionne plus en "faire valoir" que comme personne. Et peut-être que son rôle dans cette séquence était de permettre à Adam d'exister, de parler, de s'interposer, de dire non, de faire respecter le Nom de son créateur, de Le faire exister au travers de sa parole. Cela c'est peut-être le travail de l'humain (et cela aujourd'hui me plaît assez comme idée du rôle de l'humain).

Adam, s'il est présent, écoute, regarde, mais n'agit pas, ne parle pas, se tait. Il attend...

Eve mange et il ne se passe rien. Elle teste d'une certaine manière, elle est le goûteur. Et parce qu'il ne se passe rien, parce que à ce moment là, le ciel ne lui tombe pas sur la tête, alors Adam mange et c'est quand lui mange, (se remplit la bouche)  leurs yeux à tous les deux s'ouvrirent.

Gn3,7. 
Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus; il cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes.

L'épreuve n'a pas été réussie et les autres épreuves vont commencer, à commencer par l'exclusion de ce jardin, qui restera toujours dans le coeur de l'homme comme un lieu à reconquérir.

Ce qui me semble aussi important c'est que à partir de cet échec (désobéissance) deux sentiments apparaissent: la peur et la honte et ces deux affects signent bien souvent l'échec d'un système éducatif où l'enfant est porteur de tout le mauvais. Mais ceci est une autre histoire et j'y reviendrais peut-être.




dimanche, juin 01, 2008

"Bâtir une maison sur le roc ou sur le sable" Mt 7,21-27

J'aime bien cet évangile, surtout la fin qui pour moi, fait un peu ritournelle et qui se retient bien. 

"Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s'est abattue sur cette maison ; la maison ne s'est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un
homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison s'est écroulée, et son écroulement a été complet."»


Ces versets m'ont toujours fait penser à l'histoire des trois petits cochons. La morale de ce conte étant que pour se défendre contre le souffle du loup (qui symbolise le mal, la violence, la destruction la dévoration), il faut avoir pris la "peine" de construire une vraie maison, une maison bâtie sur le roc et non sur le sable. Et pour avoir cette maison là, il faut certes prévoir que la tempête peut arriver, mais surtout dépenser du temps et de l'argent., c'est à dire que "pratiquer", mettre dans sa vie ce que Jésus demande, si humble et si doux soit-Il n'est pas facile. Isaïe reproche au peuple de "fatiguer" Doei, mais nous, il faut bien nous fatiguer, même si nous avons la force de l'Esprit Saint en nous. 

Mais je me disais aussi, que la maison peut certes s'entendre comme un contenant, mais aussi dans la dimension temporelle:  (la maison de David par exemple). Pour qu'une maison tienne, (et cela n'a pas été vraiment le cas de lignée davidique) il est indispensable de s'appuyer sur les commandements et les préceptes et de ne pas se détourner du Dieu Unique. Construire sa maison sur le roc, c'est pratiquer ce que Jésus vient de dire dans les deux chapitres précédents. D'une certaine manière c'est aussi faire entrer le psaume 119 dans sa vie. 

On peut évoquer les psaumes qui comparent Dieu à un rocher sur lequel on peut et doit d'appuyer. Cela c'est un des thèmes récurrent des psaumes et des livres de Sagesse: celui qui s'appuye sur YHWH, celui là se maintiendra ( je parodie un peu la phrase de Isaïe 6,9: si vous ne me tenez pas, vous ne vous maintiendrez pas"). 


Mais ce qui m'a aussi frappée, mais vraiment dans l'après coup, ce sont les mots de prévoyant et de insensé qui sont les mots utilisés par un autre évangéliste  (Luc) pour la parabole des vierges sages et des vierges folles. Pour entrer dans le royaume, car c'est bien cela la fin de la parabole, il faut allumer sa lampe à la parole, lui donner de quoi se rallumer et ne pas croire que appeler Jésus par son nom sera suffisant. "Il ne suffit pas de me dire Seigneur Seigneur pour être sauvé mais de faire la volonté de mon Père".