mardi, octobre 07, 2008

Dialogue.

Au cours de la célébration eucharistique, on peut parler d'un dialogue entre le célébrant et l'assemblée. Si aujourd'hui, parce que la messe est en français et si les choses ont changé depuis Vatican 2, il est possible de s'associer pendant les prières eucharistiques aux prières dites par le prêtre ( encore que pour moi qui ai connu la messe en latin, beaucoup de phrases sont spécifiques du prêtre et ne concernent pas l'assemblée) il n'en demeure pas moins que dans les dialogues, le peuple est sans cesse rappelé à sa condition de "pécheur", de pas beau, de mauvais, de pas capable.

Il m'est arrivé de dire sur un mode de boutade que le début de la célébration, c'est un peu comme dans les groupes d'alcooliques anonymes, où chacun dit qu'il est alcoolique. Là chacun se dit "pécheur" et cela c'est sa fonction, sa caractéristique.

Pourtant, il me semble que l'accent porté sur cette relation de pécheur, de mauvais (même si elle montre l'impact de Jésus "Sauveur"), place quand même l'être humain dans une position singulière, un peu comme si tout en lui est mauvais.

Je veux dire par là, que les phrases prononcées par l'assemblée, démarrent réellement avec le "confitéor", qui même s'il est aussi induit et prononcé par le célébrant, il ne laisse pas beaucoup de place à la possibilité de faire "bon". .Je veux dire que si on reconnaît que l'on a péché par pensée, par action et par omission, reste-t-il un domaine où l'homme serait "juste"?

Dieu sait qu'il est difficile de maîtriser ses pensées, de s'en sentir responsable (même si ce sont les nôtres) et coupable (c'est à dire pas bon, mauvais, pécheur) , alors qu'on n'est pas capable de les empêcher d'affleurer. Je me permets de penser que parfois il est nécessaire (à défaut de bon) que l'agressivité puisse se prononcer surtout quand elle ne passe pas dans les actes et que une fois reconnue elle permette de prier pour l'autre qui nous a énervé.

Les actions peuvent être mauvaises, mais elles sont aussi le moyen de nous exprimer. Alors qu'il y ait des loupés, oui, mais parfois une action même si nous n'en sommes pas fiers, peut aussi avoir du bon. Quant à l'omission, s'il faut entendre par là, "tout ce que j'aurais du faire et que je n'ai pas fait", je trouve pour ma part que c'est redoutable.

Reconnaître ma fragilité, mes échecs, oui, mais me regarder comme incapable de faire quoique ce soit de bon alors que mon désir le plus profond est que l'Esprit travaille en moi, pour me permettre de répondre à son désir à Lui sur moi, cela me semble très différent.

Ensuite on passe au" Kyrié," et les mots de l'assemblée sont la demande de la Pitié. Ce mot de Pitié est quand même un mot très fort. A quelle image renvoie-t-il? Pour moi à celle de la personne qui est en train de mourir, et qui attend que celui qui passe là, le sauve.

Ce mot de pitié est repris dans l'Agnus.

Aujourd'hui je m'interroge sur la phrase que nous prononçons en réponse à celle du prêtre au moment de la communion. Je veux dire que le célébrant nous adresse une béatitude: "Heureux ceux qui sont invités au repas du Seigneur" et pour cela il y a de quoi se réjouir, puisque c'est d'une certaine manière la promesse du futur qui se réalise dans le ici et maintenant. Et au lieu de nous réjouir, on nous dit encore et toujours que nous ne sommes pas dignes de le recevoir (comme le dit à juste titre le Centurion),et on demande là une guérison. Peut-être que cette parole devrait nous purifier, mais cette parole personnelle je reconnais être un eu sourde mais je ne sais pas l'entendre. Mais du coup on perd tout la joie d'être invités au festin et je trouve cela bien dommage.

On pourrait remplacer pitié par miséricorde (comme cela est dit après le chant du kyrié) , mais curieusement, même si je sais le sens de ce mot, cela ne ma va pas, car on fait miséricorde à quelqu'un qui est dans la misère en levant sa dette, et cette représentation de Dieu pour moi, est réductrice.

On n'est pas avec Dieu dans une sorte de donnant donnant. Avec Dieu il y a surabondance. Et si je remplace dans ma tête et dans mon coeur, ce mot par "torrent d'amour" alors oui, là je suis en relation avec un Dieu qui est rempli d'un amour brûlant, débordant, pour moi. Cet amour un peu comme un torrent d'eau, entraîne loin de moi certaines scories, et aussi comme un torrent de feu, les brûle et en moi vient le désir que ce torrent détruise, brûle, ce qui me sépare de celui que j'aime.

Je ne peux certes pas au cours d'une célébration, me dissocier de l'assemblée en remplaçant pitié, miséricorde, par torrent d'amour, parce que cette assemblée est le "corps" dans le quel je suis et que je contribue à créer, mais chaque fois que c'est possible j'ai en moi cette image vitale un peu comme le buisson ardent de Moïse, qui me révèle ce qu'est l'Amour inconditionnel.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci, Giboulée, pour cette approche si positive et déculpabilisante