jeudi, mars 12, 2009

Réconciliation.

Le passage de Matthieu 5, 23 et svts, est me semble-t-il souvent utilisé par nos frères évangéliques pour dire que s'il n'y a pas d'expression verbale de pardon entre l'offenseur et l'offensé, si l'offenseur refuse de demander le pardon, il n'est pas nécessaire de lui accorder un pardon inconditionnel.

Ceci peut aussi vouloir dire que l'offensé peut parfaitement refuser de pardonner (ce qui se conçoit parfaitement dans certains cas et dans une logique humaine). Mais c'est un peu antinomique avec la demande que nous faisons à Dieu quand nous lui disons:" Pardonnes nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux nous ont offensés."

Seulement ce texte est à la suite des béatitudes et dans ce qu'on appelle je crois les "conseils évangéliques" de perfection. MIl suit directement le commentaire de Jésus sur la mise à mort: "Vous avez entendu qu'il a été dit aux ancêtres : Tu ne tueras point ; et si quelqu'un tue, il en répondra au tribunal" et moi je vous dis:......

Car Jésus commence bien par dire celui qui "maudit" son frère est passible d'une peine éternelle très lourde: la géhenne éternelle.

En d'autres termes si tu meurs après avoir maudit ton frère, même si tu crois être en règle avec Dieu parce que tu te comportes comme un bon juif pratiquant (un bon chrétien pratiquant), ne crois pas que ce soit si facile. Le mal que tu as fait, ne peut pas être effacé parce que tu tournes vers ton Père (relation verticale), tu as une dette (relation horizontale avec ton ou tes frères) et cette dette il te faut la payer.

Voici le texte (B.J.)

Mat 5 22 Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal ; mais s'il dit à son frère : «Crétin ! », il en répondra au Sanhédrin ; et s'il lui dit : «Renégat ! », il en répondra dans la géhenne de feu.
23. Quand donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
24. laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande.
25. Hâte-toi de t'accorder avec ton adversaire, tant que tu es encore avec lui sur le chemin, de peur que l'adversaire ne te livre au juge, et le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison.
26. En vérité, je te le dis : tu ne sortiras pas de là, que tu n'aies rendu jusqu'au dernier sou.

On peut noter que les versets 22 et 25 se répondent: la justice divine et la justice humaine: tribunal sanhédrin géhenne(pour le divin), juge garde prison remboursement (pour l'humain).

Or je crois que très souvent l'offenseur a soit oublié purement et simplement ce qu'il a fait (il était jeune, c'était autrefois, depuis il a changé), soit tendance à minimiser l'impact de son acte (si ça a eu un tel impact c'est que l'autre n'était pas bien costaud et qu'il ne devrait pas en faire toute une histoire).

Il y a comme un aveuglement devant le mal qu'il a fait subir (et que souvent il a lui-même subi).Et l'idée qu'il puisse y avoir une sanction lui est étrangère: je ne savais, je ne me rendais pas compte, je n'ai pas fait exprès, ce n'est pas de ma faute. Or un acte reste un acte, quelle que soit l'intention sous-jacente.

Il me semble que ce que disent les frères évangéliques c'est quelque chose comme: si tu as été l'offensé et que tu ailles voir ton offenseur et que celui ci refuse de te demander pardon, tu n'as pas à lui pardonner si tu estimes que tu as été trop détruit par le mal qu'il t'a fait subir.Tu as fait ce que tu estimais juste, lui signifier sa faute. Maintenant cela se réglera entre lui et Dieu, car il y aune justice de Dieu, ce n'est plus ton problème, mais ton cri a été entendu par Dieu et Il en tiendra compte;

Dans le texte, c'est bien de l'offenseur dont il est question. Se reconnaître offenseur est loin d'être facile, car se voir comme un mauvais objet est toujours un sale coup pour son orgueil et on se trouve bien souvent des excuses pour se justifier et expliquer son geste.

Ce texte je l'entendrai aujourd'hui comme une prière pour que je sorte de mon aveuglement, mes fausses justifications et que je devienne capable de demander pardon à ceux que j'ai pu blesser, sans souvent le vouloir, parfois en le voulant, mais que je ne cache pas derrière "ma " pratique.

Dans le billet que j'ai écrit sur le lâcher-prise, j'ai parlé de l'amour de Dieu qui est en moi et qui permet de pardonner totalement même à des personnes décédées.

La question qui se pose quand même reste la suivante: si je me reconnais pécheur et agresseur seulement devant Dieu, est-ce suffisant pour être sauvé?

Si comme le dit Paul, dans l'épître aux Romains, c'est la foi en Jésus qui me sauve, est ce que pour autant la faute contre mon frère est effacée si je ne pose pas dans un acte envers lui.