vendredi, juin 26, 2009

La résurrection moment zéro.



Dans une hymne de l'office des lecture, il y a la strophe suivante:

Ouvrez la fente de vos coeurs,
Et voyez celle du Seigneur,
L'arbre de vie;
Rapprochez-les, restez greffés,
Buvez la sève désormais
Dont la plaie du Christ est remplie.

Cette strophe: approcher la blessure de son coeur de celle du coeur de Jésus m'émeut.

Mais une lecture de ces jours derniers (Sacré Coeur de Jésus) va plus loin. Elle commente l' évangile de Jean (le coup de lance) et dit que du coeur sort la source de vie (l'eau et le sang) que cette eau est à notre portée, qu'il suffit de s'approcher et de boire.

Bien entendu il il y a un geste à faire de notre part, mais on peut tout à fait s'imaginer comme mettant ses mains en coupe pour recevoir de cette eau (qui d'entre nous ne s'est pas désaltéré ainsi) ou aller carrément poser ses lèvres sur le corps de Jésus qui se laisse ainsi toucher par nous.



Cette possibilité pour moi, qui a souvent en tête le "ne me touche pas "signifié à Marie-Madeleine et qui me dit que Jésus est le Tout Autre et que je n'ai pas à porter la main sur Lui pour Le retenir, pour en faire "ma" chose, est une sorte de magnifique cadeau.

Oui Il se laisse toucher, oui je peux poser mes lèvres sur son corps là où le sang et l'eau coulent.

Mais il y a autre chose. Si on suppose que la mort de Jésus a eu lieu à trois heures de l'après-midi, et que les corps devaient être enlevés avant le coucher du soleil, on peut bien imaginer qu'il s'est passé environ deux heures entre la mort de Jésus et le coup de lance. Or il me semble que normalement rien n'aurait sortir de cette plaie, car la mort (rigidification) aurait déjà du faire son oeuvre.

Que l'eau et le sang jaillissent, est pour moi comme le signe que la résurrection est déjà à l'oeuvre et que le corps qui va être descendu de la croix et mis au tombeau n'est pas un corps en décomposition, mais un corps qui revient déjà à une nouvelle vie. Et c'est bien pour cela (en tous les cas pour moi aujourd'hui) que ce n'est pas vers un corps mort que je m'approche pour m'abreuver, mais un corps déjà vivant.

samedi, juin 20, 2009

"Ceci est mon corps livré pour vous"




Sur un forum évangélique,G je lis en ce moment un commentaire très intéressant sur l'homme possédé du pays des Géraséniens en Luc 6, 26 et svts). Je mets le lien: http://chretiens-partage.forumactif.info/mditations-chrtiennes-etudes-bibliques-exhortations-f20/libert-t3624.htm#45732

Ce texte qui est publié jour après jour,qui me fait parfois un peu réagir, a cependant un impact important sur moi. Le texte publié aujourd'hui (samedi 20/06) qui parle de tous ces liens qui nous tiennent captifs, de ces liens qui font que même à notre insu, nous ne sommes pas dans la liberté.

J'ai écrit il y a peu de temps que la notion d'un Dieu qui se fâche contre sa création au point de vouloir la détruire, et qui renonce à cette pulsion à cause du "sacrifice" de son fils ( alors qu'il n'a pas accepté celui d'Isaac,B) même si je la comprends dans le contexte de l'écriture de la Bible, me heurte encore aujourd'hui.

Et aujourd'hui, au moment où le prêtre a prononcé la phrase de la consécration sur le pain, j'ai entendu le mot "livré" et il s'y est aussitôt le mot "livré", et "libéré", comme si le fait de se livrer avait produit la libération, notre libération. En instant, j'ai pleinement compris que ce dont Jésus nous libère, c'est du mal qui nous possède.

Il nous libère de la convoitise qui, que nous le voulions ou non, est en nous, car la convoitise est inhérente à la condition humaine.

Jésus qui Lui n'est pas sous le poids du mal, puisqu'il est sans la marque du mal qui est le péché, accepte de se donner. Il porte sur Lui, comme le dit Isaïe au chapitre 53,J le mal qui nous possède, le mal qui est en nous, et cela le conduit à la mort. Il semble même que dans le duel qui se joue en permanence entre le bien et le mal, le bien perde et le mal (la mort) triomphe.

Jésus accepte de devenir l'otage du mal pour que nous en soyons libérés. La vie d'un seul est donnée (et c'est le mot donnée qui est important) en rançon pour la multitude. Autrement dit, Il se livre notre place pour nous rendre libres. Cette rançon c'est d'une certaine manière au mal qu'elle est versé. En contre partie il doit rendre ceux (la multitude), qu'il tenait dans ses filets.

Quand quelqu'un est prisonnier, et quand il faut verser une rançon, c'est bien à l'ennemi qu'il faut la verser. Ceci pour dire que cette rançon c'est le prix pour sortir de la puissance du mal.

L'alliance avec Dieu le Père devient possible parce que le mal est vaincu et que rien ne vient désormais s'interposer et ternir la relation d'amour.

En prenant sur Lui ce mal qui nous enchaîne, Il nous en libère totalement. Du moins il devient possible de sortir de cet esclavage en le suivant Lui, qui a vaincu le mal et la mort.

L'Esprit Saint reçu au baptême, c'est à dire par cet acte où nous plongeons symboliquement dans les eaux de la mort pour revenir à la source de la vie, nous donne la force de sortir de cet esclavage. Nous pouvons être reconnus par Dieu Père comme ses enfants aimés.

On peut appeler cela la réconciliation, mais il me semble qu'il s'agit de bien autre chose. Il s'agit de la création (ou de la re création) d'une relation entre Dieu et l'être humain qui permet à celui ci de devenir Vivant comme Dieu est Vivant.



Petit additif du 21/06/09.
On dit parfois que Jésus a découvert ce qu'Il devait faire au fur et à mesure. Peut-être que lorsqu'il énonce en Mathieu 6 la dernière demande du Notre Père: délivre nous du mal, peut-être ne sait Il pas encore comment Il va devoir faire pour que l'humanité soit enfin capable de résister à la tentation. Peut-être que la bascule après la transfiguration que l'on peut noter dans les synoptiques correspond au moment où Jésus sait que seule sa mort sur le croix permettra à l'homme de devenir fils de son Père.

lundi, juin 15, 2009

Additif ou rectificatif, les pleins et les déliés.




Dans le dernier billet où je parle de la phrase que nous prononçons en nous frappant la poitrine en signe de je ne sais pas trop quoi, disons d'humilité, avant de "devenir ce que nous recevons", c'est à dire le corps du Christ poussera peut-être certains à me taxer taxer d'un grand orgueil ou d'un sacré manque d'humilité.

Or je suis tout à fait consciente de la "distance" qui existe entre moi et le Tout Autre. La vision du prophète Isaïe au chapitre 6:"je suis un homme aux lèvres souillées", je peux la faire mienne surtout quand je me rends compte à quel point il est facile de juger l'autre simplement sur des présomptions ou parfois sur un simple regard. Qu'il est difficile parfois de voir en l'autre un frère ou une soeur en Christ surtout quand physiquement on ne le trouve pas beau du tout ou quand on n'apprécie pas sa manière d'être.

Je suis tout à fait consciente de toutes ces scories qui sont en moi et qui obstruent la source de Vie qui m'a été donnée. Mais comme je me sais incapable de me changer moi, alors je demande à L'esprit saint, celui qui transforme le rigide en souple, le brûlant en rafraîchissant, d'accomplir ce travail de titan. Du coup, je ne m'en veux pas, la seule chose dont je pourrais m'en vouloir serait de manquer de foi pour demander ces changements.

Il y a un certain temps de cela, j'ai eu la conviction (certitude) que lorsque je participais à l'eucharistie, d'une certaine manière en arrivant je revêtais un vêtement blanc, le vêtement de celui qui est invité à entrer dans la joie. Que cette vêture était un cadeau et qu'elle me permettait aussi de me décentrer de moi pour être dans le mouvement et la présence de ce qui se passait ici dans telle ou telle église.

Et si je suis invitée à entrer et à demeurer avec quelqu'un, ce n'est pas pour me frapper la poitrine en signe de deuil.

Oui je suis heureuse d'être là, oui, j'ai faim et soif de celui qui donne la vie et si je désire faire un avec Lui ce n'est pas pour ma battre la coulpe. Le Seigneur est venu pour la multitude, Il sait que poussière je suis, et Il sait aussi que son Esprit me rend un peu plus vivante de Sa vie.

Et ceci me conduit parler d'une expérience qui a été importante pour moi, et que je nomme mon expérience des "pleins et des déliés".

Je suis d'une génération où l'on apprenait à écrire avec un porte plume, des plumes sergent-major, et de l'encre violette. Etant gauchère, l'écriture n'était pas quelque chose de facile pour moi et j'ai longtemps béni le "corrector" qui permettait de faire disparaître les pâtés. J'avais de très mauvaises notes en écriture et une position des doigts très crispée sur le porte plume.

Il m'a fallu pour écrire correctement les majuscules, apprendre à faire les "pleins et les déliés". J'en ai essayé des plumes pour essayer de faire quelque chose de correct, mais je dois dire sans beaucoup de succès et j'ai béni l'apparition des premiers bics.

En principe délier s'oppose à lier et c'est Christ qui délie l'homme de ses péchés qui pèsent sur lui et qui ne lui permettent pas la relation à Dieu. C'est la notion de déliaison qui fonctionne dans cette approche est un allégement, une libération. Cette déliaison n'a rien à voir avec celle dont parle la psychanalyse où les forces de déliaisons sont des forces de mort qui s'opposent à pulsion de vie.

La déliaison du poids du mal qui nous entrave, permet au contraire à la pulsion de vie de reprendre ses droits, d'être libérée.

Or quand on maîtrise bien la technique de l'écriture à la plume, la main devient adroite, elle s'allège, elle dirige le trait, elle elle devient capable de faire du beau. Il y a bien une déliaison qui se fait au niveau du geste au niveau du contrôle du geste. La main prend une certaine autonomie, une liberté.On acquiert un geste délié.

Cette liberté je l'ai ressentie au niveau du regard, dans une manière nouvelle de regarder une piste de ski. Je me suis rendue compte que je pouvais la regarder "autrement" avec un un regard plus vaste,plus large ce qui me permettait l'aborder autrement. J'ai ressenti alors en moi cet allégement du regard. Mon regard d'une certaine manière sortait de ses habitudes, il était autre, il s'était délié.

On parle beaucoup de changement de cadre en psychologie de la communication. Là cela s'était fait tout seul (peut-être aussi que ma manière de skier est plus souple) et il m'a semble que cette nouvelle acuité, allait aussi fonctionner dans ma vie spirituelle.

Ce qui est étonnant c'est que depuis que j'ai publié le billet où je manque d'humilité, je ressens une immense envie de rire quand je prononce cette phrase et que je suis joyeuse; ce qui est normalement l'attitude de celui qui va partager un repas de fête. Alors j'espère que je n'ai peut-être "pas si faux que cela".

samedi, juin 13, 2009

Il y avait longtemps.


Il y avait longtemps que je n'avais pas eu d'idées curieuses. En écoutant jeudi 11 Juin, pour la fête de saint Barnabé l'évangile Mathieu 10, 9-11,

"Dans chaque ville ou village où vous entrerez, informez-vous pour savoir qui est digne de vous accueillir, et restez chez lui jusqu'à votre départ.
En entrant dans la maison, saluez ceux qui l'habitent. Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle.
Si elle n'en est pas digne, que votre paix retourne vers vous".

J'ai entendu le mot "digne"; Choisissez une maison digne de vous accueillir, ce qui peut vouloir dire que pour Jésus ceux qui sont ses messagers, ses annonceurs sont remplis de Lui et qu'il faut donc une maison qui reconnaisse que c'est un honneur que d'accueillir ces personnes qui le représentent.

Alors naturellement j'ai pensé à la phrase que nous répétons à chaque eucharistie: "je ne suis pas digne" et j'avais un peu l'impression -pardonnez moi- d'un marchandage oriental. Je suis déclarée heureuse parce que je participe au festin qui me donne des aujourd'hui la vie éternelle, et moi, je me rétracte en disant: "mais non mais non, je n'ai pas le droit d'être là. Je ne suis qu'un pauvre petit ver de terre". Et Le seigneur s'il respecte la règle du jeu, devrait dire, "mais si mais si", tu es digne. Et moi je devrais reprendre... En fait j'avais aussi en tête le marchandage auquel se livre Abraham pour obtenir un morceau de terre qui lui appartienne pour enterrer son épouse, c'est à dire une manière de penser et d'agir qui est différente de la mienne.

Tout ça pour dire que je ne crois pas que le mot digne soit un bon mot. SI finalement on utilise la phrase prononcée par le centurion c'est beaucoup plus par sa finale: dis une parole et mon serviteur sera guéri.Un des problèmes que j'ai avec cette phrase, c'est que je connaissais une jeune fille qui était IMC (infirme moteur cérébral) et qui avait une main recroquevillée, qu'elle cachait en permanence. Et quand elle parlait de cette main elle disait"ma main est pourrite" alors souvent je me surprends à dire:"guéritte";

Autre dérive.

aujourd'hui, lecture du chapitre 24 du livre de l'exode: l'alliance au Sinaï. D'une part je compatis à ces jeunes gens qui sont censés égorger des taureaux, car je doute que ces bêtes se laissent faire si facilement que cela et je me demande si au sang des taureaux il n'y a pas un autre sang qui se mêle. Ensuite il y a Moïse qui asperge le peuple avec le sang et au fond de moi, ça dit berk.

Et du coup, je me dis que Jésus qui lui faire ingérer (boire le vin qui est symbole de son sang) a une approche très différente. il ne s'agit plus de faire alliance avec un geste extérieur, mais avec quelque chose qui engage de l'intérieur, car incorporer, c'est mettre en soi, c'est mettre au dedans pour que le dedans soit transformer et là il s'agit bien d'une nouvelle alliance. Il ne s'agit plus de faire alliance pour être protéger par dieu, mais de faire alliance pour devenir un avec.

Quant à la troisième dérive elle est bien pire. C'est la réconciliation. Dans l'évangile de Marc qui a été lu aujourd'hui, il est dit: « Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, répandu pour la multitude. Bien entendu quand on connaît le 4° chant du serviteur en Isaïe 53, on ne pas penser au rachat. Mais dans ce texte il est question du sang répandu (comme du souffle répandu dans l'évangile de Jean quand jésus remet son esprit) et pour moi au delà du marchandage de la réconciliation. Il y a quelque chose d'universel, d'immense, de gratuit. il y a une voie qui se crée, un chemin qui s'ouvre parce que Jésus se donne entièrement et ne garde rien pour lui. Alors le sang féconde l'univers et l'homme trouve en Jésus et par jésus véritable relation avec Dieu. .

Je ne peux m'empêcher de penser et de croire qu'un Dieu qui se dit être Amour (même si nous sommes loin de comprendre ce que peut-être l'amour pour Dieu) ne doit pas être suffisamment stupide pour désirer écraser et éliminer cet être qu'il a laissé advenir dans l'univers que nous connaissons. Bien entendu Il a ce pouvoir ou du moins nous aimons à le croire. Que Jésus soit aussi celui qui vient en nous libérant du mal vient nous sauver de cette menace, pourquoi pas. Mais l'important est bien cette délivrance du mal (dernière demande du Notre Père, donc pour moi la plus importante) et que du coup nous puissions suivre le chemin qu'Il nous montre et qui est celui qui permet comme le dit Paul de Le laisser vivre en nous pour que nous devenions LUI et entrer dans l'amour.





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