mercredi, août 26, 2009

Des versets que j'aime.

En écoutant ce jour 26 Août) un petit bout du psaume 139, j'ai été comme étonnée par la beauté des mots.

Alors j'ai envie d'ouvrir une rubrique avec ces versets que je ne comprends pas toujours mais que je trouve si beaux, ces versets qui m'émeuvent...


Psaume 139
8 Je gravis les cieux, te voici !
Je me couche aux enfers, te voilà !
9 Je prends les ailes de l'aurore
pour habiter au-delà des mers,
10là encore, ta main me conduit,
ta droite me tient.
11 J'ai dit : « Au moins que les ténèbres m'engloutissent,
que la lumière autour de moi soit la nuit ! »
12 Même les ténèbres ne sont pas ténébreuses pour toi,
et la nuit devient lumineuse comme le jour :
les ténèbres sont comme la lumière !
13 C'est toi qui as créé mes reins ;
tu m'abritais dans le sein maternel.
14Je confesse que je suis une vraie merveille,
tes œuvres sont prodigieuses :
oui, je le reconnais bien.





psaume 68,
14 Resteriez-vous couchés au bivouac ?
Les ailes de la colombe sont lamées d'argent,
et son plumage d'or pâle
.
15 Lorsqu'en ce lieu le Souverain dispersa des rois,
il neigeait sur le Mont-Sombre.
16 Montagne divine, montagne du Bashân,
montagne bossue, montagne du Bashân,

lundi, août 24, 2009

"Dieu dépend il de nous"?



Il y avait autrefois un livre dont le titre était: "Dieu a besoin des hommes". Ceci est une affirmation, qui en soi pose question, une question un peu absurde mais qui se pose. Qu'est ce que l'homme face à Dieu? "Qu'est ce que l'homme pour que tu en prennes soucis" dit le psalmiste. S'il n'y a pas d'hommes pour parler de Dieu ( quelqu'Il soit ) est ce que Dieu existe? Spontanément je réponds oui, sauf que la question qui se pose alors est: "peut-on parler de la création" s'il n'y a pas d'yeux pour voir?

Un arbre qui tombe dans une forêt sans personne pour l'entendre, fait-il du bruit? Le bruit ou le non bruit est lié à une fréquence émise qui est perçue ou non par un appareil auditif. Pour que Dieu soit perçu, il faut que sa fréquence puisse être reçue et manifestement l'humain est équipé pour cela.

Toutes les mythologies racontent outre les mythes de création qui sont souvent à mettre en relation avec la géographie et le climat du pays, les relations entre Dieu ou les dieux avec les humains. Elles indiquent aussi ce qu'il faut faire ou ne pas faire pour se concilier la faveur de ces puissances supérieures, qui acceptent de se révéler à nous. Souvent elles montrent aussi quelles sont les conditions pour entrer en relation avec la divinité du lieu.

Winnicott, un psychanalyste anglais écrivait"un nourrisson sans sa mère, ça n'existe pas", c'est-à-dire que l'histoire de l'un ne va pas sans l'histoire de l'autre, et que d'une certaine manière le nourrisson crée la mère, car tant qu'il n'est pas né, la mère n'existe pas, même si bien entendu la femme existe. Est ce que Dieu a besoin de l'homme pour exister en tant que le Dieu du Credo?

Il est aussi un livre d'un auteur américain de sciences fiction: A.E.Van Vogt: le livre de Ptah. C'est un livre un peu curieux, mais qui part de l'hypothèse que si un Dieu est privé des prières de ses fidèles, il cesse d'exister, et un autre dieu ou déesse peut prendre sa place, à condition de veiller à ce que ce dieu là se perde dans le souvenir des humains. J'ai toujours pensé que quand Jésus dit à ses disciples: "faites ceci en mémoire de moi", c'est le moyen idéal pour qu'Il demeure dans notre coeur au fil des générations. Le faire mémoire permet de lutter contre l'oubli, contre la mort, contre l'absence. Même s'Il n'est plus là, Il est là ou comme on le chante parfois "Il est déjà là", car nous attendons son retour, même si souvent nous n'y pensons guère;

Pourquoi ce long préambule?

Au cours de l'homélie d'hier, le prêtre a parlé de l'amour du couple, et de la relation de dépendance qui se crée entre les deux partenaires. Je n'aime pas trop ce terme de dépendance, mais c'est sa manière à lui (le prêtre) de dire les choses; en fait il parlait je crois plus de la joie que l'on ressent quand l'être aimé est heureux, et de ce que l'on désire faire pour le rendre heureux; pour lui, ia dépendance c'était cette relation là. Puis il a embrayé sur Dieu, en disant que notre Dieu était un Dieu dépendant, qui attendait patiemment (enfin là je n'en suis pas si sûre) que l'homme se tourne vers lui.

Ceci revient à faire de Dieu le "très bas", celui qui se met presque en dessous de l'homme et qui attend en quelque sorte son bon plaisir.

C'est mettre Dieu en position d'attente. Mais de là, à en faire un Dieu implorant notre bon vouloir, ça ne colle pas en tous les cas pour moi. Que ça colle avec la gratuité du salut, certainement (C'est lui qui nous a aimé le premier). Cette représentation de Dieu ne me va pas.

Que le dieu qui a crée l'humain ait dû attendre des millénaires pour que celui ci soit capable d'entrer en relation avec Lui, certainement.

Mais ce que dit la premier Testament c'est que le Dieu créateur, est un Dieu très exigeant envers sa créature, je dirai presque qu'il a un peu surestimé l'humain et oublié d'où il sortait (que ce soit de la la glaise ou de l'évolution). J'ai souvent l'impression que le Dieu de la Bible (premier testament) a la main leste, qu'il est souvent décu par cette créature qui ne pense qu'à elle, qui ne pige rien, qui oublie si facilement d'où il vient. Dieu ne fonctionne pas du tout comme un parent "normal". Quel parent mettrait son fils à la porte à la première désobéissance et ce pour toujours? Quel parent noierait son fils si celui ci le déçoit?

Il y a aussi cette notion d'éternité qui interroge; certes Dieu Lui est éternel, mais l'homme ne l'est pas et une punition qui se veut éternelle, n'est elle pas disproportionnée? En tous les cas on peut supposer que c'est un bon moyen pour inculquer l'obéissance au moyen non pas de la crainte mais de la terreur, ce qui est bien autre chose.

Maintenant quand ce même Dieu décide d'envoyer son Fils pour ouvrir les yeux des hommes, alors là oui, un changement se fait. Mais est ce que cela fait de Dieu un Dieu dépendant?

C'est peut-être une manière plus séduisante de parler de Dieu, car c'est un Dieu père et mère qui est décrit, avec des attributs humains, mais n'est ce pas de la projection?

Je connais un certain nombre de personnes qui semblent en extase quand elles parlent de leur "papa céleste", pour moi c'est impensable. Et il me semble que le mot Abba est toujours accolé au mot Père, ce qui d'une certaine manière signifierait pour moi que Dieu le Père de jésus fait de nous des fils "adoptifs" mais parce que Jésus a donné sa vie pour cela. Il demeure une distance, jamais nous ne pourrons dire Abba tout court (comme jésus pouvait le dire) ou alors c'est l'Esprit saint qui s'exprime en nous, et nous sommes mus par autre chose.

En jésus le Dieu créateur s'est fait homme, oui c'est vrai, mais le Jésus des évangiles est une personne qui choisit, qui dirige, qui maîtrise. Il y a un projet pour Lui et ce projet il y a adhéré de toutes les fibres de son être, mais il n'est jamais passif: il reste Maître et seigneur. Le lavement des pieds n'est simplement le geste d'un abaissement car il s'agit d'un signe donc d'un projet.

Peut-être que Dieu a eu besoin des hommes pour inventer un type de relation réellement basé sur l'amour, pour que cette petite étincelle qui est en chacun de nous devienne un feu immense à la lumière duquel nous puissions enfin entrevoir et comprendre quel est cet être qui est là depuis toujours et qui guette nos changements (comme un parent se réjouit de la croissance de son enfant), qui attend que nous le reconnaissions et qui nous invite à entrer et partager la joie de sa trinité

Pour ma part j'aime aussi ces représentations de Dieu qui attend que l'humain fasse un geste de confiance avant de faire un miracle (en particulier lors de la sortie d'Egypte ce n'est que lorsque le peuple acculé par les égyptiens se met en route que la mer se fend) et ce Dieu là qui pour moi n'est pas un Dieu mendiant d'Amour, même s'Il attend que l'homme se tourne vers Lui pour agir, qui est le Dieu qui a ma confiance.


samedi, août 22, 2009

4 Si Dieu est pour nous qui sera contre nous: Rm 8, 31

Quatrième partie : La réponse du deuxième testament.

Curieusement jésus a une position très différente par rapport au malheur qui frappe l’être humain. Il explique que la faute des parents ne rejaillit pas sur leurs enfants (aveugle né) et que les catastrophes (écroulement d’une tour, ou mise à mort pat l’occupant de juifs) n’est pas lié à leur faute, mais que cela doit nous faire réfléchir nous sur le sens que cela a pour nous.

Le retournement montré par Paul

Quand on regarde la bible, cette histoire d'un peuple choisi pour être le peuple "particulier" du Dieu de tous les Univers, du Dieu qui est au dessus de tous les Dieux, du Dieu dont on ne prononce pas le nom et dont on ne fait pas d'images, on peut trouver que ce Dieu là, a une manière bien à lui d'éduquer son peuple.

Chaque catastrophe, qu'elle soit individuelle ou collective est interprétée comme la manifestation de la colère de ce Dieu, qui ne supporte pas (ce qui se comprend) que ceux qu'il a choisi lui en préfèrent d'autres (d'autres Dieux) ou ne respectent pas les clauses de l'alliance, car celle ci a pour fonction d'un apprentissage d'un certain mode de vie où l'autre a sa place, non comme objet, mais comme sujet (bien sûr la place de la femme reste un peu hypothétique, mais rien n'est parfait).

Or au moment où jésus vient dans le monde, le peuple est encore sous la tutelle de Rome. D'une certaine manière, ceci peut s'entendre comme une punition et le comportement par exemple d'Hérode, peut indiquer si on suit la lignée des prophètes que tant que ce roi ne changera pas sa manière d'être (coucher avec la femme de son frère, et aussi faire ami ami avec les oppresseurs), rien ne changera.

Ce qui parait clair dans les évangiles c'est que le peuple attend que quelqu'un se lève (le Messie) pour chasser les romains, pour redonner au peuple la dignité. Seulement ce qui va se passer avec jésus n'est pas cet ordre là, même si sa mort et sa résurrection vont justement permettre de sortir de la logique de la rétribution et de la punition.

Car quelque chose s'est passé qui montre que la position de Dieu par rapport à son peuple a radicalement changé. On sort de l'éducatif (Dieu jaloux, Dieu de Colère) pour passer à l'Amour (Dieu de miséricorde) qui envoie son Fils.

A partir de ce moment là, comme le dit aussi l'apôtre Jean, l'Amour s'est manifesté et notre relation à Dieu le Père a complètement changé. :

31 Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
32 Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais l'a livré pour nous tous, comment, avec son Fils, ne nous donnerait-il pas tout

Désormais Dieu qui a tant aimé le monde, ne peut rien donner de plus, il a tout donné. Ce passage est très proche de ce que l'on trouve tant dans l'évangile de Jean que dans la première épître de ce dernier. Dieu ayant manifesté à quel point nous comptons pour Lui, montre qu'il est allié au sens fort du terme avec l'homme et que de ce fait, plus rien ne peut arriver à ce dernier.

33 Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu justifie !
34 Qui condamnera ? Jésus Christ est mort, bien plus il est ressuscité, lui qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous

Il y a désormais quelqu'un qui intercède pour nous (pour que nous ne soyons pas des victimes de notre péché) et aussi (1 Cor 15, 25: Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal.) qui lutte contre le mal et met à mort la mort, et de ce fait, la mort n'a plus d'emprise sur nous.

35 Qui nous séparera de l'amour du Christ ? La détresse, l'angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive

36 selon qu'il est écrit : A cause de toi nous sommes mis à mort tout le long du jour, nous avons été considérés comme des bêtes de boucherie.

Normalement cela voudrait que nous sommes abandonnés, or de par la résurrection du Christ, désormais il y a un renversement total. On n'est plus au temps de l'exil, même si apparemment vu de l'extérieur il s'agit de la même chose;
être emprisonné, battu cela ne veut pas dire que l'on est abandonné mais que l'on a été jugé digne d'être "comme" Jésus et que cela montre que l'homme a repris ou retrouvé sa dignité;

37 Mais en tout cela, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés.

38 Oui, j'en ai l'assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l'avenir, ni les puissances, 39ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur.


En d'autres termes ce qui dans l'histoire du peuple était signe de la colère voir du désengagement de Dieu vis à vis de son peuple s'est totalement inversé. Mais cela est rendu possible parce que par sa mort Jésus nous a affilié à Lui même et quand nous rendons témoignage, quoiqu'il arrive, quoiqu'il nous arrive, jamais Dieu ne nous laissera tomber, même si extérieurement cela pourrait d'interpréter comme cela;

3 SI Dieu est pour nous qui sera contre nous: Rm 8, 31

Deuxième partie : la catastrophe de la naissance.

Par ailleurs il y a bien une catastrophe que nous avons tous vécue, c’est la naissance, notre naissance. Même si cela se passe la mieux du monde, nous quittons pour toujours un environnement contenant, qui nous tient à l’écart du bruit, des variations de température et de lumière, qui nous apporte tout ce dont nous avons besoin , sans avoir à le demander. Nous somme confronté à une perte, qui peut bien ressembler à un cataclysme, à une catastrophe.

Que cette perte laisse des traces, cela paraît évident. Peut-être pas les mots pour le dire, mais il y a bien une mémoire du corps. Il y a pour tout humain un avant et un après et la nostalgie de cet avant. Et les expériences suivantes, (stade oral, anal phallique œdipien) qui sont bien souvent des expériences des frustrations et de perte, en s’étayent sur cette expérience princeps et sur une recherche de sens, peut conduire à « tout ce qui m’arrive de mauvais, c’est de ma faute, je n’ai pas été aimable, j’ai été méchant ». L’expulsion (donc d’une certaine manière l’abandon) est la punition mais la punition de quoi.

Les psychanalystes anglo saxons ont montré que durant les premiers mois de la vie, il existe des pulsions de destruction très violentes (il s’agit de la toute puissance de la pensée car dans la réalité le bébé est immature)qui donne naissance à une culpabilité. Si j’ai perdu, c’est que j’ai voulu détruire celle qui me donne tout, c’est que j’ai été jaloux et envieux. Mais dans le cas « normal » d’un environnement de bonne qualité où les besoins du bébé sont entendus cette culpabilité « normale » permet la mise en place d’un désir de réparation qui pousse le bébé à vouloir acquérir pour faire plaisir et qui est de l’ordre de la pulsion de vie.
Quand le discours familial et/ou le discours religieux vont dans le même sens, il devient facile de vivre dans un monde où pour éviter toute catastrophe, il faut obéir.

Troisième partie : le réflexe conditionné…

Je voudrais commencer par une petite histoire. J’entendais souvent ma mère dire une phrase de ce type : « il ne faut jamais dire qu’on se sent bien parce que si on dit cela, cela risque de provoquer une maladie ». En d’autres termes ne jamais se vanter, parce que… Parce que quoi ? Cela je l’ai appris à mes dépends si l’on peut dire . Moi j’avais 6 ans, je vivais dans le sud de la France, c’était le printemps, il faisait beau, j’étais heureuse, je rentrais de l’école, peut-être était il déjà possible d’aller nager, les amandiers étaient en fleurs, bref, je me suis dit que vraiment je me sentais vraiment bien. Le lendemain j’avais la rougeole. Il s’est fait un lien entre cette maladie (normale à cette époque) et ce sentiment de bien être qui m’avait envahie la veille. En d’autres termes, ne jamais dire ou même se dire qu’on se sent bien, parce que cela risque de déclencher des catastrophes.
De telles phrases nous en avons tous au fond de nous et bien souvent elles fonctionnent à notre insu. Mais il y a besoin de comprendre pourquoi du mauvais advient d’un seul coup, pourquoi une catastrophe nous tombe dessus. Dans mon cas il y avait « j’aurais mieux fait de tenir ma langue », donc ne pas dire, de garder les choses en moi. Et du coup il se crée une sorte de persistance de la toute puissance de la pensée qui permet (soit disant) de maîtriser les événements pathogènes. Si je ne dis pas, il ne m’arrivera rien de mauvais. C’est le fait d’avoir montré qui a provoqué la maladie. Il se crée donc un lien très fort entre ce que je pense (ou pas) et ce qui m’arrive.

J’ai tendance à appeler cela une sorte de réflexe conditionné. Si je pense telle chose, il arrivera ceci ou cela Et faire du sens c’est un besoin fondamental de l’être humain. Seulement il peut arriver que des interprétations faites pendant l’enfance soient complètement erronées, mais continuent à fonctionner à notre insu.

Un des buts de l’éducation est de créer en nous des reflexes qui nous permettent d’échapper finalement à la mort. Mais certains reflexes d’une part évoluent avec le temps (ne pas poser sa main sur quelque chose de brulant est modifié si on met un gant anti brûlure) et peuvent être pathogènes. Par exemple faire croire à un enfant que tout ce qui arrive de mauvais est de sa faute, va créer chez lui la pensée réflexe : si quelque chose ne va pas, c’est que je suis nul et si je suis me permettre mettre cela dans la tête et le cœur d’un enfant, c’est nul.

Il y a une expérience faite sur des rats qui m’a toujours paru fort intéressante. Si on crée dans le territoire de l’animal un endroit où il prend des chocs électriques quand il veut y aller, très vite, il s’en abstiendra, quitte à vivre dans une zone « trop petite pour lui » ce qui renforce l’agressivité entre congénères. Mais même si le courant est enlevé, il n’ira plus jamais dans cette zone, identifiée définitivement comme dangereuse alors qu’elle ne l’est plus, et que ce réflexe conditionné l’oblige à ne pas utiliser sa curiosité et sa créativité et l’oblige aussi à vivre dans des conditions qui ne sont pas bonnes pour lui. Il crée une sorte d’amputation. Il se prive de quelque chose. Curieusement c’est une attitude que nous avons aussi : quand il nous est arrivé une fois, un accident quelque part, nous avons tendance à éviter cet endroit et ce pour toujours. Or ce qui est arrivé une fois, certes peut se reproduire, mais avec quelle probabilité ? N’empêche que la peur crée des réflexes de ce type et que ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux. Le pire étant : « je t’avais interdit d’aller là, tu y es allé et tu as eu un accident, donc la désobéissance est la source de tous les maux ».

Les travaux d’Alice Miller, et son livre phare : « C’est pour ton bien », montrent à quel point dans certains familles il est possible de créer des réflexes conditionnés liés aux punitions (chocs électriques) qu’elles soient physiques ou psychologiques, réflexes qui poussent l’enfant à une auto destruction, qu’il reproduira ensuite sur sa propre descendance.

Ces écrits montrent aussi que ce conditionnement donne une vue déformée de la réalité du monde et qu’il est très difficile de réajuster sa vision. Il est très difficile de dire que la famille a eu tort, que c’est elle qui est folle et pas vous. D’une certaine manière la question qui peut se poser est : qui est fou ? Moi que l’on traite de fou ou eux qui me le font croire parce que cela les arrange.

La formulation de ce réflexe serait : je vis quelque chose qui me fait mal, c’est que je l’ai mérité. Le mal est la conséquence d’un acte délictueux, il est ma punition. L’association entre le manque et la faute est extrêmement fort. Il est renforcé par le discours familial, mais aussi par le discours religieux, en particulier dans le premier testament (j’y reviendrai) et comme pour le rat de laboratoire, il crée finalement une attitude pathogène. Croire que tout ce qui fait mal est conséquence de sa propre incurie, alors qu’il s’agit aussi d’une possibilité qui nous est donnée, pour apprendre à agir sur l’environnement, fait de nous des êtres qui vivent dans la culpabilité et qui deviennent très manipulables.

Au lieu de dire : si quelque chose de mauvais arrive (perte), c’est parce que j’ai fait quelque chose de mal (péché) ne faudrait il pas dire : quelque chose de mauvais arrive, c’est un fait, comment puis je le combattre et éviter dans la mesure de mon possible que cela ne recommence. Si cela recommence, je peux me poser des questions sur mon rôle et ma responsabilité là dedans,(mais seulement à partir du moment où je deviens acteur de ma vie, c’est à dire bien au delà de la petite enfance). Et même cette attitude là, permet de devenir acteur dans sa vie. On n’est plus le sujet d’une sorte de malédiction. Il est possible de devenir acteur de sa vie, de ne plus être le jouet d’une sorte de malédiction. Dans le premier cas, je suis passif devant le fait, dans l’autre cas je deviens acteur et cela change les choses.

2 SI Dieu est pour nous qui sera contre nous: Rm 8, 31

Première partie : la place de la volonté de Dieu dans ce qui nous arrive.

J’ai choisi ce court passage du livre de Jonas, livre récent dans la bibliothèque biblique, pour montrer comment dans l’univers antique, tout cataclysme est mis en lien avec une faute. Ici, il s’agit du refus de Jonas d’obtempérer à l’ordre d’aller à Ninive.
4Mais le SEIGNEUR lança sur la mer un vent violent ; aussitôt la mer se déchaîna à tel point que le navire menaçait de se briser. 5Les marins, saisis de peur, appelèrent au secours, chacun s'adressant à son dieu, et, pour s'alléger, ils lancèrent à la mer tous les objets qui se trouvaient à bord. Quant à Jonas, retiré au fond du vaisseau, il s'était couché et dormait profondément. 6Alors le capitaine s'approcha de lui et lui dit : « Hé ! quoi ! tu dors ! ... Lève-toi, invoque ton dieu. Peut-être ce dieu-là songera-t-il à nous et nous ne périrons pas. »
11« Qu'allons-nous te faire, pour que la mer cesse d'être contre nous ? » lui dirent-ils, car la mer était de plus en plus démontée. 12Il leur dit : « Hissez-moi et lancez-moi à la mer pour qu'elle cesse d'être contre vous ; je sais bien que c'est à cause de moi que cette grande tempête est contre vous. » 13Cependant les hommes ramaient pour rejoindre la terre ferme, mais en vain : la mer de plus en plus démontée se déchaînait contre eux. 14Ils invoquèrent donc le SEIGNEUR et s'écrièrent : « Ah ! SEIGNEUR, nous ne voulons pas périr en partageant le sort de cet homme. Ne nous charge pas d'un meurtre dont nous sommes innocents. Car c'est toi SEIGNEUR qui fais ce qu'il te plaît. » 15Les hommes hissèrent alors Jonas et le lancèrent à la mer. Aussitôt la mer se tint immobile, calmée de sa fureur. 16Et les hommes furent saisis d'une grande crainte à l'égard du SEIGNEUR, lui offrirent un sacrifice et firent des vœux.

Ceci se trouve au chapitre 1 du livre de Jonas. On peut en déduire que tout catastrophe (ici la tempête) est attribuée à la colère d’un dieu qui a été offensé et qui se venge ; il faut donc l’apaiser ici en jetant à l’eau Jonas (qui dort tranquillement comme jésus dormira alors que la mer menace de remplir la barque). Quand Paul se rend à Rome par bateau, les marins sont prêts à le jeter à l’eau pour apaiser la tempête qui menace, car pour eux il est évident que ce prisonnier est la cause de tous leurs ennuis.

D’une manière très générale, les catastrophes ont pour origine la colère d’un Dieu, et si on lit le premier testament avec cette optique là, on se rend très vite compte que la dérive consiste à dire tout malheur est la conséquence d’une faute, voire d’une désobéissance.

Dans ce même livre de la Genèse, les catastrophes qui touchent le genre humain ( perte du jardin des origines, errance de
Caïn, Babel, le déluge, et plus tard la destruction de Sodome) sont des punitions. Dans le livre de l’exode, les récriminations du peuple (manque de confiance alors qu’il a vu ce que « son » Dieu a fait à pharaon, sont punies très sévèrement. La suite de l’histoire (juges) montre que lorsque le peuple renonce aux idoles (et aux femmes) des peuples environnants tout se passe bien : victoire et main mise sur les habitants de ces contrées. Quand le roi s’appuie sur YHWH et lui seul, alors la victoire lui est donnée, même parfois dans des conditions étonnantes. Le discours des prophètes renforce cela; les catastrophes qui arrivent sont dues à un manque de confiance. L’exil est du à la fois au roi qui n’a pas écouté les prophètes, mais aussi au péché des impies qui mettent leur confiance dans eux-mêmes et non en YHWH et qui font du mal à leurs frères. Dieu seul permet la vie pour son peuple à deux conditions : le reconnaître pour le seul Dieu et avoir une relation de non convoitise avec les frères de race) :. Si vous ne me tenez pas vous ne vous maintiendrez pas !Is 8 )

Il s’agit toujours d’interpréter la catastrophe qui vous prive d’un territoire ou même de la liberté comme une punition. Dieu est certes un Dieu jaloux mais avec la théorie de la rétribution il se crée une logique du malheur : le malheur arrive si l’homme fait le mal. La perte est la conséquence d’une faute, donc peut-être comprise comme une punition.
Le livre de Job, le livre de Quohélet, certains psaumes montrent qu’il existe un questionnement par exemple on peut lire dans
le psaume 44 qui manifestement est un psaume post exilique et une réflexion sur le pourquoi d’un tel échec, d’une telle souffrance.

18Tout cela est venu sur nous sans que nous t'ayons oublié : nous n'avions pas trahi ton alliance.
19Notre cœur ne s'était pas détourné et nos pieds n'avaient pas quitté ton chemin
20quand tu nous poussais au milieu des chacals et nous couvrais de l'ombre de la mort.
21Si nous avions oublié le nom de notre Dieu, tendu les mains vers un dieu étranger, 22Dieu ne l'eût-il pas découvert, lui qui connaît le fond des coeurs ?

Le verset 23 « C'est pour toi qu'on nous massacre sans arrêt, qu'on nous traite en bétail d'abattoir sera repris par Paul dans l’épître aux romains mais dans un contexte différent (je cite tout le passage)

31Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais l'a livré pour nous tous, comment, avec son Fils, ne nous donnerait-il pas tout ? 33Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu justifie ! 34Qui condamnera ? Jésus Christ est mort, bien plus il est ressuscité, lui qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous ! 35Qui nous séparera de l'amour du Christ ? La détresse, l'angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? 36selon qu'il est écrit : A cause de toi nous sommes mis à mort tout le long du jour, nous avons été considérés comme des bêtes de boucherie. 37Mais en tout cela, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. 38Oui, j'en ai l'assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l'avenir, ni les puissances, 39ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur.

Il arrive au juste de se plaindre, mais comment faire comprendre que ce qui vous arrive n’est pas lié à votre péché quand toute le théologie est bâtie la dessus et quand d’une certaine manière elle renforce ce vécu de la naissance : perte du ‘environnement idéal.

Si on s’enferme dans la culpabilité, elle peut devenir dévastatrice d’autant qu’elle maintient la toute puissance de la pensée (je suis responsable de ce qui arrive, j’ai pensé et c’est arrivé) qui crée aussi un environnement très menaçant : l’univers se venge sur moi de ma méchanceté.

Qu’est ce que Dieu attend de l’humain ? Que veut il lui faire comprendre en se comportant comme cela envers lui ? La crainte du seigneur conduit elle à la vie ou à une certaine mort ?

Il peut alors se créer en nous un raccourci : il m’arrive un vilain truc, c’est que j’ai fait quelque chose de mal. Si on lit l’histoire du peuple juif, sous cet angle on peut penser que ce lien augmente considérablement le sentiment de culpabilité et peut pousser à une vision déformée de monde. Bien sûr cela peut donner du « sens » mais le sens donné est celui que trouve un enfant tout petit qui ne dispose pas de mécanismes intellectuels suffisants pour comprendre par exemple que le sevrage n’est pas une punition parce qu’il se sert de ses dents toutes neuves pour agresser physiquement (morsure) mais aussi mentalement (elle ne me donne pas ce que je veux, alors je la mets en morceaux et je la perds) celle qui est la source du bon.

1 SI Dieu est pour nous qui sera contre nous: Rm 8, 31

Méandres d’une réflexion.

Introduction.

Il s'agit d'une réflexion liée à ce que dit l'apôtre Paul dans la lettre aux romains: Si Dieu est pour nous qui sera contre nous, avec l'idée que ce qui peut arriver de mal n'est pas punition (changement radical d'avec ce qui est véhiculé par le premier testament), mais un signe que désormrais Dieu est avec nous et non pas contre nous.

Aujourd’hui, il ne viendrait plus à personne (enfin en principe) d’attribuer à un Dieu vindicatif les différentes épidémies qui nous tombent dessus ou les dérèglements climatiques et leurs conséquences ; nous n’avons rien fait de « mal » (encore que pour le dérèglement climatique il y a une part de responsabilité lié à la convoitise donc au péché), mais nous sommes conscients de notre responsabilité et de notre (ou de nos) fautes. Simplement nous n’allons pas nous tourner collectivement vers un Dieu pour faire amende honorable et implorer qu’il nous délivre de ce ou de ces fléaux. Or cette attitude est relativement récente. Le texte du vœu qui a permis l’édification du sacré cœur est parlant. Il date de 1870, année de la commune.
« En présence des malheurs qui désolent la France et des malheurs plus grands peut-être qui la menacent encore. En présence des attentats sacrilèges commis à Rome contre les droits de l'Église et du Saint-Siège, et contre la personne sacrée du Vicaire de Jésus-Christ nous nous humilions devant Dieu et réunissant dans notre amour l'Église et notre Patrie, nous reconnaissons que nous avons été coupables et justement châtiés. Et pour faire amende honorable de nos péchés et obtenir de l'infinie miséricorde du Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ le pardon de nos fautes ainsi que les secours extraordinaires, qui peuvent seuls délivrer le Souverain Pontife de sa captivité et faire cesser les malheurs de la France. Nous promettons ne contribuer à l'érection à Paris d'un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus. »
Ce changement d’attitude qui va de pair avec le recul de la représentation d’un dieu de vengeance est en contradiction avec le message véhiculé par l’ancien testament et une partie du nouveau (Apocalype). Cela doit nous permettre d’accéder à une spiritualité centrée sur l’amour et non sur la peur. Je n’emploie pas le mot crainte, car pour moi ce mot est différent du mot peur : je peux craindre de faire du mal à quelqu’un que j’aime et la crainte est une relation dans la quelle je désire ne pas faire de mal à l’autre parce que je l’aime. Le moteur n’est pas la peur, mais l’amour.
Cependant l’idée véhiculée par le Pentateuque et les livres historiques : désobéir entraine la mort reste malgré tout très prégnante. Toute perte (que ce soit l’Eden ou la terre promise) est interprétée dans le sens d’une punition. Et l’homme malgré sa tête dure et sa nuque raide, finit bien, à croire cela ? à savoir toute catastrophe est conséquence d’un acte mauvais de sa part.

Ce qui renforce le pouvoir de cette interprétation négative, c’est que tous nous avons au plus profond de nous fait l’expérience de la perte d’un lieu où nous étions bien, que nous avons du abandonner et qu’il est impossible de retrouver. Je veux parler ici de l’expérience de la naissance. Quitter un lieu sécurisant où tout est donné, pour avoir à se battre (à travailler) pour vivre, peut compte tenu des sentiments très peu différenciés qui sont en nous pendant les premiers mois de la vie (amour et haine, désir de destruction, envie, mais aussi culpabilité et désir de réparation) nous conduire à imaginer que cette perte et toutes celles qui ont suivi sont des conséquences de quelque chose de mal. Or l’enfant petit confronté au « non » parental, comprend très vite que la sanction est liée à quelque chose qu’il n’aurait pas du faire. Il ne peut comprendre que souvent le non est là pour son bien.

Une grande partie de l’éducation va renforcer cette croyance, d’autant que l’enfant n’a pas les moyens intellectuels de remettre cela en cause. Il se crée un véritable réflexe conditionné, qui crée des liens de causalité (qui devraient être remis en cause), qui surtout dans les familles pathologiques crée une sorte de perversion de la pensée : comment sortir du « c’est de ma faute » ou éventuellement si la paranoïa s’en mêle, pourquoi m’en veut-il ? .

Le message véhiculé par jésus est très différent : le malheur est une donnée qui oblige à ouvrir les yeux sur soi et sur le monde et à se convertir, c’est à dire à changer d’attitude. Avec lui arrive normalement un changement total de regard : Dieu qui a donné son fils ne nous veut pas de mal, le temps de la punition est passé, le monde nouveau est déjà là, mais nous laisserons nous convaincre ;

Le dernier billet suivant : Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous, Rm8, 31 est en fait la réponse à : comment sortir de ce conditionnement.

Je voudrai donc présenter une sorte de genèse de ce sentiment lié à notre humanité (naissance et prématurité du bébé qui reste dépendant) qui étant renforcée par le discours religieux va conduire à une sorte de réflexe conditionné : il m’arrive quelque chose de mal, donc c’est de la faute, j’ai offensé quelqu’un et je dois reconnaître ma faute (éventuellement en inventer une) et expier. Or si jésus est venu pour montrer le chemin, pour être le chemin, peut-être que ce fonctionnement aurait du changer depuis fort longtemps ; peut-être aurions nous du lier obéissance et amour et ne pas tout centrer sur l’obéissance et la peur.

jeudi, août 13, 2009

Les Signes et les Oeuvres Jn 6, 28-32

Des signes et des œuvres.

Lors de la célébration eucharistique du dimanche 9 août, il était encore question de signe, puisqu’il s’agit de la suite du chapitre 6 de l’évangile de Jean. Cette fois ci ma réflexion est partie sur l’espèce d’opposition entre signes (miracles) et œuvres et au dialogue de sourds entre Jésus et son auditoire. Il m’est revenu en mémoire la traduction de Marc 8, 11-13 (Bible Bayard) de la réponse de Jésus aux pharisiens qui réclament des « signes » « Plutôt crever ! » et de me dire que cette réponse considérée comme scandaleuse est pourtant une réponse prophétique : c’est bien parce que Jésus est mort (crevé) que le miracle de la résurrection a pu advenir et la propagation du christianisme.

J’ai recherché quelques définitions de ce mot signe (qui dans l’évangile est souvent synonyme de miracle).

Le sens premier serait : Chose, phénomène perceptible ou observable qui indique la probabilité de l'existence ou de la vérité d'une chose, qui la manifeste, la démontre ou permet de la prévoir. Signe évident, perceptible, visible.
On peut donc dire que d’une certaine manière, derrière le signe visible, il y a autre chose. Ce que les psy appellent aussi contenu manifeste, contenu latent.

Dans le domaine de la linguistique le signe est une unité linguistique constituée d'une partie physique, matérielle, le signifiant, et d'une partie abstraite, conceptuelle, le signifié.

Dans le domaine de la sémiotique le signe est un objet matériel, perceptible, valant pour une chose autre que lui-même qu'il évoque ou représente à titre de substitut.

On peut se demander à lire ces définitions si Jésus ne se situe pas dans le domaine de la sémiotique, ce qui pour des auditeurs juifs, devait forcément provoquer une incompréhension massive.

Il est intéressant de noter que ce débat (technique chère l’auteur du 4° évangile) autour de ces deux mots : signe et œuvre, va permettre à Jésus d’annoncer son identité de Fils de Dieu et de nourriture pour la salut du monde (comme cela est rappelé à chaque eucharistie) et provoquer un clivage entre ceux qui peuvent entendre et ceux qui ne le peuvent pas.

Si on revient au contexte de ce chapitre, le signe que Jésus vient de faire (œuvre ?) c’est la multiplication des pains. Cette œuvre (ouvrage, fait matériel) fait est censé être un signe qui aurait un sens différent de celui que la foule lui donne.

Jésus veut nous pousser à aller au delà du matériel (avoir l’estomac bien rempli) pour désirer que cette plénitude advienne aussi à notre esprit. La nourriture matérielle permet de vivre, la permanence de la présence de Jésus en nous, permet aussi de vivre : « un jour en tes parvis, vaut mieux que mille ailleurs », mais elle fait grandir ce qu’il en est du divin en nous, elle nous conforme à l’image de Dieu.

Je reprends quelques versets de ce dialogue entre Jésus et son auditoire (Jn 6 26-31)
26 Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, ce n'est pas parce que vous avez vu des signes que vous me cherchez, mais parce que vous avez mangé des pains à satiété.

Ici Jésus emploie un pluriel : (les pains), ce qu’il semble leur reprocher c’est leur quête de nourriture, qui renvoie à l’avidité orale (petite table couvre toi des contes de Grimm) qui d’une certaine manière ne tient pas compte de celui ou de celle qui recouvre la table de nourriture. En d’autres termes, que cherchez vous et non pas qui cherchez vous ? (Ce qui évoque la question que jésus posera aux gardes venu l’arrêter et que les anges poseront au matin de Pâques : qui cherchez vous ?.

27 Il faut vous mettre à l'œuvre pour obtenir non pas cette nourriture périssable, mais la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que le Fils de l'homme vous donnera, car c'est lui que le Père, qui est Dieu, a marqué de son sceau. »

Qu’est ce que Jésus entend par se « mettre à l’œuvre « ? Manifestement un changement radical, ce que les synoptiques appellent peut-être une conversion. Se mettre à l’œuvre, c’est se mettre en mouvement. Certes les foules se sont mises en mouvement pour le retrouver au bord su lac, mais c’est pour être ensuite reprise par un immobilisme : se faire nourrir. Or ce n’est peut-être pas cela que Jésus attend de ses disciples. Il y a aussi le mot demeurer, mot cher à l’évangéliste. Ici il est signifié que cette nourriture ne disparaît pas (ce qui était le propre de la manne que l’on ne pouvait mettre en réserve). Il y a là une autre promesse, mais il y a un futur. La condition pour obtenir cette nourriture c’est bien de reconnaître en Jésus le fils (et cela est loin d’être gagné).

Le reconnaître comme celui qui est marqué du sceau c’est le reconnaître comme Messie (comme David jadis) et c’est là que les choses se compliquent. Voir en Jésus un guérisseur ou un thaumaturge oui, voir en Lui le Fils, non. Et pourtant dans la genèse au chapitre 4, Dieu, met bien un signe sur Caïn le meurtrier, pour qu’il ne soit pas mis à mort. Quel est le sceau posé par Dieu sur le Fils ? Est ce le sceau du cantique des cantiques : chap. 8, 6 : « Pose-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras. Car l'amour est fort comme la Mort, la passion inflexible comme le Shéol, Ses traits sont des traits de feu, une flamme de Yahvé ». Est cela le sceau dont Jésus est porteur ?Au delà du signe du pain en abondance, peut-on voir le signe de l’amour ?

28 Ils lui dirent alors : « Que nous faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? »
29 Jésus leur répondit : « L'œuvre de Dieu c'est de croire en celui qu'Il a envoyé. »

On a l’impression que quelque chose a été entendu, seulement il y a un pluriel (les œuvres, ce qui renvoie certainement à la loi mosaïque et au faire) alors que jésus renvoie à un singulier, qui renvoie à un autre faire qui est celui de la foi. La foi serait alors un acte (et d’une certaine manière c’est un acte que nous avons à poser) mais cet acte, n’est pas le fruit de la volonté.
Et face à cette demande de Jésus : ne faites pas pour faire, mais laissez vous faire par ce que vous voyez (ce qui fait penser à l’aventure de thomas qui voit et croit enfin), à nouveau la polémique reprend.

30 Ils lui répliquèrent : « Mais toi, quel signe fais-tu donc, pour que nous voyions et que nous te croyions ? Quelle est ton œuvre ? 31 Au désert, nos pères ont mangé la manne, ainsi qu'il est écrit : Il leur a donné à manger un pain qui vient du ciel. »
On revient bien au « voir pour croire » et l’opposition entre cet homme qui est là, dont on connaît la filiation et le Dieu tout puissant qui a donné la manne. En d’autres termes : "Tu te prends pour qui toi, qu’est ce que tu racontes" ? Et d’un coup ce qui s’est passé sur la montagne est comme minimisé. D’ailleurs d’autres avant lui comme Elisée (l’homme de dieu) ont déjà fait de tels signes, et n’en n’ont pas fait tout un fromage.

32 Mais Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel, mais c'est mon Père qui vous donne le véritable pain du ciel. 33Car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »

Et là, on revient dans le ici et maintenant. Il y a eu un passé : c’est à la demande de Moïse que le peuple qui récriminait a eu la manne. Maintenant c’est à la demande du Fils qu’ un autre pain est donné, un pain qui est nourriture non plus du corps biologique, non plus d’un peuple choisi, mais nourriture spirituelle de tous ceux qui reconnaissant que Jésus est Dieu.

Or ce dialogue entre Jésus et ceux que Jean appelle les Juifs, il existe aussi en nous, que nous le voulions au non. Comment passer du contenu manifeste au contenu latent ? Peut-être est ce le travail (l’œuvre de l’Esprit Saint) de nous permettre de comprendre ce qui est parfois au delà du visible.

mardi, août 11, 2009

Des Signes (de piste).



Des Signes.

Quand on commence à demander au Seigneur qu’Il fasse quelque chose pour soi-même, ou pour un proche ou pour quelqu’un dans le besoin, et que la demande semble mettre du temps à être exaucée, il y a un risque de lassitude. On se décourage, on a presque envie d’arrêter de demander. Et il y a les phrases qui reviennent : Votre Père sait de quoi vous avez besoin.. Demandez et vous recevrez etc. Or ce n’est pas parce que apparemment on ne voit rien qu’il ne se passe rien. Simplement on aime avoir de signes et les signes ce sont comme des clins d’œil, et les clins d’œil il faut pouvoir aussi les saisir.

Ce qui est signe pour moi ne le sera pour un autre et ce que j’aime dans le signe (le tout petit) c’est qu’il est personnalisé. Dans l’évangile de Matthieu il est dit dans une des traductions que Marie fut « accordée » en mariage à Joseph. J’aime ce mot « accordée », car cela met fait penser à un instrument de musique. Il y a une telle union entre l’instrumentiste et son instrument que parfois on a l’impression que cela fait un tout. Le signe pour moi c’est un peu cela : des choses disjointes qui font union et sens. Le signe est surtout dans le domaine du spirituel relativement subjectif et c’est peut-être pour cela que la notion d’accompagnateur est importante.

J’aime bien prier en marchant : cela me donne un rythme, une sorte d’assise. En priant de manière un peu répétitive pour une amie, j’ai brusquement vu des gentianes rouges qui venaient de s’ouvrir. Jusque là, toutes celles que j’avais vues n’étaient pas écloses. Ces fleurs ont crée pour moi une sorte de zone de silence, d’admiration, de présence. Elles étaient comme un signe pour moi qui me disait : ça ne se passe pas comme tu veux toi, mais quelque chose se passe. Et cela m’a aussi conduite à me dire que ce que je demandais au niveau matériel n’était peut-être pas le plus important. Avoir un toit c’est indispensable, mais pouvoir être à Tu et à Toi avec Dieu, c’est peut-être mieux. C’était comme un signe que ma demande devait et pouvait tenir compte de ces deux aspects.
Ces fleurs ont été comme un signe pour moi. Je ne dis pas que j’ai entendu une parole, ou que j’ai été transportée dans un ailleurs. Non ces simples fleurs de montagne m’ont permis un temps de rencontre et avec mon amie absente et aussi avec le tout Autre. Ces fleurs ont donc un sens pour moi. Et ce sens elles le garderont ? Du moins je le crois. Il y a des fleurs que nous appelons en français les « pensées », pour moi ces gentianes rouges sont associées à un lieu, à une présence et aussi à une certitude que je tairai.

Puis presque tout de suite après, il m’est venu l’idée qu’il y a un temps pour demander des signes et un temps pour ne pas en demander. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a une partie de soi qui en a besoin (c’est rassurant) et c’est humain, mais qu’il y a aussi en soi une partie qui a besoin d’apprendre à se taire, à faire silence à faire confiance.
D’une certaine manière cela revient à lâcher les mots, pas tous mais certains et simplement reprendre le début du Notre Père.: « Que ta volonté soit faite ». Je ne sais pas ce que veut Dieu, qui suis-je pour le vouloir. J’ai besoin de dire, de parler, de confier, et de laisser faire, de laisser agir. Et cela ce n’est pas si simple.

Certes je demande, mais je ne suis pas certaine que ce soit cela qu’il faille demander et la seule chose qui demeure, c’est juste quelque chose comme « Manifeste toi comme Toi tu le veux. C’est aussi (et cela sera peut-être sujet d’un autre blog) vivre non pas dans le présent, parce que d’une certaine manière le présent devient passé, mais accepter les choses comme elles sont aujourd’hui.

Il y a des moments de la vie où sur le chemin qui est le notre on a besoin de signes de piste. Il y a des moments où le balisage se fait autrement. Peut-être que l’on a plus confiance en soi parce que l’on a plus confiance en Dieu. Je sais qu’il y a des groupes de chrétiens où on exerce sa foi (comme on s’exerce à la pratique d’un instrument) à demander des choses précises, du style place de parking, ce qui permet de louer Dieu de vous accorder cette petite chose, signe qu’Il en accordera de plus grandes. J’admire les personnes qui font cela, mais moi je ne m’y retrouve pas. A chacun sa spiritualité je suppose.
Ce que j’apprends en ce moment c’est que même si ma demande ne semble pas être exaucée, cela ne veut pas dire qu’elle ne l’est pas. Mes yeux ne sont pas suffisamment ouverts. J’ai l’impression que faire ainsi peut-être en ne formulant pas explicitement ma demande est pour moi une sorte d’acte beaucoup plus plein, beaucoup plus accordé si je puis dire.

Apprendre à ne pas demander, apprendre à faire confiance dans le silence. Ce n’est absolument pas un manque de confiance, je dirai que c’est juste l’inverse. J’accepte de ne pas savoir demander comme il faut, j’accepte d’être dans un non savoir, j’accepte d’ouvrir les yeux et mon cœur, mais surtout j’accepte ce qui semble être du vide pour moi et qui est peut-être du plein pour Dieu.

Et puis cela n’empêche pas les clins d’œil d’être là, il faut aussi ouvrir les yeux : Dieu demande que l’on s’abandonne, pas que l’on marche sans ouvrir les yeux et sans regarder où l’on met les pieds. Car hier j’ai eu une autre petite joie, j’ai vu ma première gentiane jaune, et c’était un petit cadeau.




« Simplement je m’abandonne…
Pour aujourd’hui… »

vendredi, août 07, 2009

ET SI...



Des fois j'ai envie de rire, alors comme on parle beaucoup de pardon, je me suis demandée pourquoi Adam a oublié d'employer ce petit mot magique auprès de son créateur au lieu de se cacher comme un malpropre.

Peut-être que Dieu ne le lui avait pas appris ce petit mot, et c'est bien dommage. Alors là ce serait à qui la faute? Il y a des mots que les enfants ne peuvent pas inventer.

Car si au lieu de se cacher et de balancer la faute sur sa copine, il avait parlé, peut-être que nous n'en serions pas là où nous en sommes aujourd'hui, et peut-être même que l'arbre de la connaissance, nous y aurions eu droit.

Si Adam avait reconnu qu'il était un peu goinfre sur les bords et un peu trop curieux et qu'il ne savait pas résister à sa compagne, si Eve avait reconnu qu'il ne faut pas manger n'importe quoi, même si on vous dit que ça ne fait pas grossir...
Si elle avait dit qu'elle avait oublié qu'il ne faut jamais accepter un bonbon de quelqu'un qu'on ne connaît pas, et si ce quelqu'un avait reconnu que tout ça c'était de sa faute à lui, parce que ça ne lui plaisait pas du tout d'habiter dans la zone, alors peut-être que...

Peut-être que la "chute" n'aurait pas eu lieu


Peut-être que nous aurions fait de ce mot "pardon" un mot magique comme le mot "merci". Et peut-être que le mot de punition ou d'expiation n'aurait pas fait partie de notre vocabulaire.

On peut bien rêver non?

jeudi, août 06, 2009

Quand deux ou trois sont réunis en mon nom... Mt18,20



« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom Je suis au milieu de vous»


Curieusement ce verset m’est venu en mémoire pendant que j’écoutais au festival de musique de chambre des Arcs de la musique dite de chambre de Brahms. En regardant ce petit groupe de personnes réunies pour nous donner le plaisir de découvrir ces œuvres, pas toujours tellement connues et jouées, je me suis demandée (et c’est une question qui me taraude toujours) comment fait-on pour jouer sa partie, pour jouer à l’unisson et ce à la perfection sans pour autant perdre son individualité. Et je me demandais aussi, Qui est au milieu d’eux ? Brahms, Schumann
..
Une réponse non sur le Qui, mais sur « ce qui unit » a été apportée par un compositeur contemporain qui a crée de courtes œuvres pour instrument seul pour ce festival. Il disait que ce qui caractérise tous ces musiciens qu’ils soient interprètes ou compositeurs, c’est l’amour de la musique et le désir d’aller toujours plus loin c’est à dire de découvrir des possibilités nouvelles que ce soit dans la technique que dans la composition. Il y a une sorte de curiosité et c’est peut-être cela le moteur. Il me semble donc que ces deux mots amour et curiosité sont importants.

Nous les chrétiens quand nous nous réunissons avons nous ce même amour et ce même désir d’aller au delà ? Qu’est ce qui nous réunit, que nous soyons en assemblée dominicale ou en groupe ?




Il me semble donc que le moteur qui constitue tout groupe et qui lui permet de prendre corps c’est bien l’amour de quelque chose (ou de quelqu’un) et le désir de dépasser ce que l’on sait, ce que l’on fait. Simplement, mais est ce si simple que cela, ceux qui se disent chrétiens sont mus par une source qu’il n’est possible de localiser : je veux dire l’Esprit Saint. Car c’est bien cette présence là, qui nous permet de faire corps.

Ces interprètes permettent à la musique de prendre corps, car eux font corps. Et nous qui écoutons, nous devenons le corps des « mélomanes », corps qui a une existence éphémère puisqu’il n’existe plus dès la fin du concert. Est ce au corps ecclésial de faire de nous le corps des croyants ? Ceci peut poser la question de la transmission et aussi de la hiérarchie, mais cela c’est une autre histoire.


Je suis revenue au verset, Mt18, 19-20« Je vous le déclare encore, si deux d'entre vous, sur la terre, se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. 20Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. »

Et comme souvent je me suis rendue compte que ce verset, même si cette fois ci je ne l’avais pas tronqué, venait compléter une affirmation que nous évacuons quand nous utilisons ce verset. Jésus est présent « au milieu » comme le cœur au milieu de corps, parce qu’il y a prière adressée au Père, au nom de son Fils.

Et ce verset succède à un questionnement sur ce qu’il faut faire quand un frère a un comportement qui risque de le faire exclure de la communauté. On retrouve la phrase « tout ce que vous lierez sur terre sera lié au ciel. » qui donne un pouvoir énorme à la nouvelle communauté crée par Jésus.



S’il s’agit de la force donnée aux disciples de lier les forces du mal, mais pas la personne qui est en proie à ces forces, alors c’est superbe, car il s’agit alors de délivrance et Jésus est venu pour cela. Mais s’il s’agit de condamner un frère que l’on considère pécheur (sans que le péché soit nommé dans le texte retenu par la tradition) frère qui semble être devenu aveugle et sourd, et que la condamnation soit pour l’éternité, cela me semble dramatique, et presque contraire à ce qu’a pu écrire le prophète Ézéchiel sur le Juste qui se détourne et du Méchant qui se convertit. (Ez 18 23. Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant - oracle du Seigneur Yahvé - et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre ? » Jésus ne dit –il pas, « Je suis venu pour que tous aient la vie et l’aient en abondance ».

Jésus a pratiqué pour son compte la prière « individuelle ». S’Il insiste sur la présence de deux ou trois, c’est peut-être que la demande se situe dans du juridique : que faut il faire pour le frère qui « offense » soit un autre frère, soit la communauté ?

Il faut aussi se référer au premier testament et à ce que la loi dit sur les témoins et le témoignage : à savoir que le témoignage d’un seul n’est pas suffisant pour condamner quelqu’un à mort. Dt 19.15 « Un seul témoin ne suffira pas contre un homme pour constater un crime ou un péché, quel qu'il soit; un fait ne pourra s'établir que sur la déposition de deux ou de trois témoins. »

La première des choses est déjà de passer dans l’objectif: ce n’est pas mon propre ressenti qui compte, ce n’est pas ma sensibilité. Ce que moi je pense être mauvais, est ce que d’autres l’ont aussi vu ainsi? Et je pense que cela est important, car nous avons bien souvent tendance à faire cavalier seul. Quand on veut noyer son chien on l’accuse de la rage et Jésus qui connaît bien l’être humain, sait à quel point il faut parfois se méfier de ce que nous croyons être la poutre chez l’autre.
Ce verset est inséré dans toute une réflexion sur ce que doit faire l’église quand il s’agit justement de condamner quelqu’un.

Pour en revenir au verset 20, je trouve que ce verset nous l’utilisons souvent, en particulier quand nous nous réunissons entre chrétiens. Mais parfois durant ces réunions, on parle de tout autre chose, ça dérive, on (je) s’ennuie pendant ces réunions, on (je) se demande ce que l’on fait là, et quand on pense à cette petite phrase : « je suis au milieu de vous », on a un support, une sorte de récompense : non on ne perd pas son temps ni celui des autres ; Mais Jésus est Il là comme avec les les disciples d’Emmaüs, je suis loin d’en être certaine.

Car si on remet la phrase dans le contexte, ce que je vais faire maintenant, il ne s’agit pas simplement d’être ensemble au nom de Jésus, mais de demander quelque chose de précis au Père qui est au ciel. Il s’agit d’être ensemble et de prier, et si je fais le lien avec le verset du prophète Ézéchiel, ne s’agit il pas de prier pour celui qui semble pécheur change, mais de demander que cette force mauvaise qui semble être en lui, soit « lié » pour qu'il en soit délivré. Que cette force ne le ligote plus, qu'elle l’empêche plus de laisser vivre Christ en lui. Alors cette demande là sera entendue au ciel.


Si on se réfère encore au premier testament, pour être entendu de Dieu, il faut bien souvent (permettez moi l’expression) faire un sacré ramdam. Il s’agit des fêtes rituelles, avec ses sacrifices, ses chants, son cérémonial.



Là Jésus annonce quelque chose de différent. Pas besoin de battre du tambour ou de la trompette, si deux sont d’accord pour demander une chose au nom de Jésus (au nom de Seigneur) alors Jésus lui –même est au milieu d’eux.

Si on fait une recherche sur ce mot « au milieu », indépendamment du sens géométrique Jésus est au milieu de deux malfaiteurs, un à droite, l’autre à sa gauche, il y a ces expressions ou YHWH dit être au milieu de son peuple . Il y a toujours cette impression qu’il faut qu’il y ait un rassemblement pour que Dieu soit présent (ce qui ne l’empêche pas d’entendre le cri du malheureux).

Je reprends maintenant les versets de 15 à 20 ;
18 ,15 « Si ton frère vient à pécher, va le trouver et fais-lui tes reproches seul à seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère.

Attitude première : si tu te rends compte qu’il y a déviance chez ton frère, va le voir, dis lui ce que tu ressens et peut-être que cela aura un effet, mais avant de faire un scandale, va le voir et parle. Ce qui insiste sur la force de la parole. Pas si facile comme attitude, parce que on prend aussi un risque de se faire jeter.


16 S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins.

Attitude deux : constituer un petit groupe, ce qui fait que la parole prend du poids. Et à nouveau discuter avec lui. Il ne s’agit plus de le prendre en quatre z yeux, mais de convoquer une réunion où les autres peuvent aussi trouver que le premier s’est trompé dans son jugement.


17 S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Eglise, et s'il refuse d'écouter même l'Eglise, qu'il soit pour toi comme le païen et le collecteur d'impôts.

Troisième temps, la communauté large qui a le droit d’exclure, de mettre dehors. Il me semble intéressant de noter que Matthieu qui était collecteur d’impôt à du vraiment souffrir de l’exclusion de la synagogue. Peut-être a t il commencé à vivre quand jésus l’a appelé.. (Ceci est un commentaire personnel).


18 En vérité, je vous le déclare : tout ce que vous lierez sur la terre sera lié au ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié au ciel.

On retrouve ici la phrase donnée à Pierre, mais dans un sens plus large et surtout avec un pouvoir considérable ; on pourrait presque dire d’une manière triviale : "ce que tu as fait là, ne t’imagines pas que ça va en rester là. Tes actes ont une portée éternelle et tu ne l’emporteras pas au paradis". C’est peut-être oublier la miséricorde de Dieu, mais une église qui se construit a peut-être besoin de règles simples.

Vient alors le verset au quel j’ai fait allusion, Mt 19-20« Je vous le déclare encore, si deux d'entre vous, sur la terre, se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. 20Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. »

Je préfère scinder ces versets en trois, car la notion même de « être au milieu » n’est pas si simple.

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19 « Je vous le déclare encore, si deux d'entre vous, sur la terre, se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux.

Les mots terre et ciel font certainement lien avec ce pouvoir du lien donné à l’église.

De par la présence de Jésus, il y a comme une ouverture et les deux lieux communiquent. Cela évoque un peu pour moi la prière de Daniel dans la fournaise, où le lien entre la terre et le ciel est manifeste. Je sais que c’est un peu elliptique. Mais ces hommes sont sur la terre dans un lieu de mort, et le ciel sous la forme d’un ange est aussi présent. La louange permettant cette jonction de deux univers qui sont disjoints.

Si on admet que l’on est dans un contexte juridique qu’est ce que ces deux ou trois (ces témoins d’une action d’un frère) vont demander au Père dans la prière ?

Ce n’est pas toujours si simple de se « mettre d’accord » et c’est peut-être déjà cela (œuvre pour moi de l’esprit saint) qui fait que ces deux là deviennent quelque chose de plus que un plus un. Le « quoique ce soit » est très vague. Est-on dans la démarche précédente de demander que le frère reconnaisse ses erreurs, ou prier pour lui pour qu’il se convertisse, ou pour que cet incident ne soit pas cause de division, ou encore pour que l’ennemi soit lié je ne sais. En général ce verset est entendu dans le cadre d’une prière de demande, d’intercession et il insiste sur le fait que prier ensemble pour demander la même chose a du poids.

C’est le fait d’être réuni au nom de Jésus qui permet que le ciel s’ouvre et que la demande soit exaucée. Cela change considérablement des sacrifices qui devaient être offerts à date régulière et en nombre non négligeable, pour que Dieu s’occupe de son peuple et en quelque sorte manifeste sa présence. Il y a donc quelque chose de radicalement nouveau la foi en Jésus libère du poids d’une certaine tradition sacrificielle.

20 »Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, Je suis au milieu de vous»
Le « car « est important. il se passe quelque chose d’autre. Ce n’est pas du « je+ je » c’est du nous et ce nous incluse Jésus qui est notre centre. Jésus est présent et si le Père et Lui ne sont qu’Un alors notre prière prend une autre dimension, mais les pensées de Dieu ne sont pas les pensées des hommes alors peut-être que l’exaucement aura lieu, mais pas du tout comme nous l’avions prévu.

Quant à cette notion de milieu, aujourd’hui je la ressens non comme une présence de quelqu’un lui serait là parmi nous (un parmi d’autre) mais comme une présence à la fois interne et singulière pour chacun et en même temps unifiante. Il est en nous, il est au milieu de nous, mais c’est lui qui décide, ce n’est pas nous qui le tenons.

Comme je l’ai noté ce chapitre est presque uniquement consacré au pardon. Il est dit à Pierre de pardonner à l’infini et que vient ensuite la parabole du roi qui remet une dette qui ne peut être remboursée.

Petites réflexions sur le pardon.

Il m’arrive souvent de penser que pardonner systématiquement à quelqu’un qui soit refait sans cesse la même chose qui vous irrite, soit qui trouve plus facile de vous demander de pardonner que de changer de comportement, c’est stupide, et tant pis si ce n'est pas évangélique.

Ce que je veux dire, c’est qu’il me semble que dans l’écriture, le pardon va de pair avec la conversion. La pardon pour le pardon, ça ne me va pas

Alors parfois je trouve qu’il est bien plus thérapeutique de dire non, surtout si l’autre s’attend à un pardon automatique. Je peux ne pas pardonner un acte ou une parole, mais continuer à aimer et à éprouver de la compassion. Et dire non cela me permet aussi de dire ce que moi je ressens et vis.

Il y a des non qui de mon point de vue, peuvent provoquer une prise de conscience, un changement et si ce non est prononcé avec respect et amour, alors il a bien plus de profondeur qu'un pardon accordé comme cela, avec oui faut bien que je le fasse, si je veux être chrétien.

Normalement le fait de pardonner devrait provoquer le changement, mais si ça ne marche pas, alors pourquoi ne pas essayer autre chose. Je veux dire que si l’on s’attend à un pardon automatique, il y a quelque chose qui est perverti.

Mais au fond de moi (peut-être changerai-je) je refuse de faire comme si ça ne m’avait rien fait. Bien sûr ce que je dis concerne un adulte, pas d’un enfant. Je peux dissocier l’acte de la personne, mais je n’ai pas envie de dire, je vais faire comme si tu ne m’avais rien fait, alors que j’ai été blessée par ce que tu as dit ou fait. Cela reviendrait à nier ce que je vis pour te donner bonne conscience.. Il faut du temps pour qu’une blessure guérisse et Jésus sur la croix n’a pas pardonné mais à demandé à son Père de pardonner.

Si mon « Je » ne peut pas accorder le pardon demandé, il peut comprendre pourquoi on en est arrivé la dans la relation, il peut se mettre en cause et demander à l’Esprit Saint d’agir.

Et peut-être que là si deux ou trois sont avec moi pour demander que j’apprenne à pardonner, alors la présence de Jésus parmi nous rendra possible l’impossible.

lundi, août 03, 2009

Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? Jn6,25


En écoutant la lecture du début de l'évangile de ce dimanche Jn 6, 24-35, j'ai été un peu estomaquée par la brutalité de la question posée à jésus: "Quand es-tu arrivé ici?" Cela fait penser à des parents pas contents qui engueulent leur progéniture, ce qui pourrait d'ailleurs faire penser que les pharisiens considéraient (à ce moment là) Jésus comme un des leurs.

je cite les premiers versets qui vont ensuite provoquer la controverse sur les signes, mais ce n'est pas mon propos dans l'immédiat.

24. Quand donc la foule vit que Jésus n'était pas là, ni ses disciples non plus, les gens s'embarquèrent et vinrent à Capharnaüm à la recherche de Jésus.
25. L'ayant trouvé de l'autre côté de la mer, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »

Il est donc question d'une disparition (zut celui qui donne à manger gratis à disparu), d'une recherche, mais où est il passé celui là, et enfin d'une sorte de soulagement: on l'a trouvé, on a remis la main sur lui, et pas question qu'il recommence une chose pareille.

Il me semble que cette phrase qui aurait pu commencer par" pourquoi" traduit quelque chose. Car si on reprend le texte de Jean, on se rend compte que jésus leur a échappé car ils voulaient le faire roi, qu'il s'est sauvé dans la montagne (pour prier) et que normalement c'est là qu'on aurait du le retrouver.

Nous savons nous qu'Il a rejoint les disciples alors que la tempête soufflait, mais normalement cette tempête justement interdisait tout déplacement par cette voie. Alors si je peux dire, bien feintés les pharisiens qui voulaient en faire leur chose.

On aurait pu s'attendre à une question sur le "comment as tu réussi à faire cela," qui aurait permis de reconnaître Jésus comme quelqu'un qui est différent, autre. Mais non la question posée est beaucoup plus à une mise en demeure, avec certainement une autre question non formulée: Qui es-Tu toi pour faire des choses pareilles et pour te jouer de nous?

La main mise sur Jésus n'est pas possible et il va bien le signifier dans la suite du texte avec le débat je dirais presque le dialogue de sourds sur les signes et les oeuvres. Car en fait Jésus vient de leur donner un signe fort de qui il est, mais ce signe là, ile ne peuvent l'entendre parce que cela les mettrait dans la position des "pauvres de coeur", et du coup ils jouent presque aux parents ulcérés qui savent et auxquels on doit obéissance.


Peut-être est il possible de comparer ce texte avec celui de Luc au chapitre 2, quand Marie retrouve son fils dans le temple. Là aussi il s'est échappé, la aussi il montre qui il n'est pas que le jeune adolescent soumis mais là, la compréhension de Marie fait que la tempête s'apaise. Elle comprend le signe qu'il a donné là et même s'il y a souffrance, elle ne possède pas son fils. Il revient librement à Nazareth.

Luc: 2, 48 "En le voyant, ils furent frappés d'étonnement et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous ? Vois, ton père et moi, nous te cherchons tout angoissés. » 49Il leur dit : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être chez mon Père ? »

Jésus qui est présent avec nous jusqu'à la fin des temps n'a pas de compte à nous rendre.

Il est vrai que même si nous n'osons pas demander des signes prouvant qu'il est le Fils, nous sommes friands de petits signes, de petits clins d'oeil qui nous fortifient dans la foi, car la foi n'est pas chose facile.

Il nous faut renoncer à demander à Jésus de nous rendre des comptes quand nous ne comprenons pas. Je ne dis pas qu'il est défendu de poser des questions, mais parfois il est nécessaire de ne pas comprendre, d'être dans le noir du ventre de la baleine (signe de Jonas) et faire confiance envers et contre tout.