mardi, septembre 29, 2009

Sculpteur ou modeleur?Un regard sur Dieu.







Je travaille à ce texte depuis déjà quelques jours, je n'en suis pas complètement satisfaite, mais il est préférable que je le publie, même si je compte y revenir. Alors ne m'en voulez pas trop si ce texte est très incomplet et très imparfait;

Sculpteur ou modeleur?

Quand on travaille de la glaise on peut choisir la quantité de terre que l’on va travailler et on la modèle, on la façonne on la pétrit de manière à obtenir l’œuvre que l’on voulait réaliser. Mais il me semble que le travail de la glaise ne permet pas d’obtenir de grandes œuvres, de grands volumes. Simplement une fois la quantité choisie, il n’y a pas de perte si l’on peut dire. Parfois on loupe et alors soit un défait et on réessaye. Si c’est durci, on casse. Dans la Genèse, il semble que ce soit ce Dieu potier qui soit montré. C’est ainsi que Adam est modelé à partir de la terre et reçoit le souffle de Dieu.




Le travail du sculpteur sur la pierre, est tout autre. A partir d’un bloc il doit faire surgir une forme et pour cela il va éliminer une grande partie de la pierre. C’est un travail plus physique, avec si je me permets de le dire ainsi de la casse, car il faut bien enlever une partie pour que l’œuvre puisse naître. Il semble bien que ceci soit la manière de fonctionner de ce Dieu du premier testament qui veut créer un peuple particulier, son peuple, à qui il donnera une terre, mais surtout une manière de vivre autre. Faire d’un ramassis d’humains un peuple différent n’est pas une mince affaire….


Si on admet qu’Abraham a vécu vers -1800, on peut penser que ces siècles qui nous séparent de la naissance de Jésus, ont permis à travers la sortie d’Egypte, l’installation en terre de Canaan, la royauté, l’exil, le retour de l’exil, de façonner un peuple « saint », c’est – dire séparé, qui a un mode vie particulier, des normes différentes, mais surtout d’en extraire la perle rare, celle qui sera l’écrin du Sauveur. Marie est d’une certaine manière le fleuron d’Israël, la choisie, celle qui dit oui, celle qui garde toutes les choses en son cœur, celle qui devient la mère d’une multitude.

Quand on travaille la bible en groupe, on est sans arrêt amené à comparer ce Dieu du premier testament qui fonctionne comme un dieu sculpteur, c’est à dire que travaille un bloc sans se soucier des débris, un Dieu qui travaille au niveau du collectif, un Dieu qui semble brutal et qui au nom de sa « jalousie » se permet des destructions sans nombres, au Dieu de Jésus qui est un Dieu d’Amour, un Dieu qui s’adresse à l’individu, qui le modèle en permanence pour le rentre de plus en plus semblable à Lui.




Quand Jean fait dire à Jésus que « tout homme qui porte du fruit sera émondé, pour qu’il en porte d’avantage » Jn 15, 2 il s’agit bien d’un niveau individuel. Mais il n’en demeure pas moins que le Dieu émondeur continue à œuvrer.


Pour revenir à ce que j’écrivais plus haut, Le travail de sculpteur de Dieu a donné naissance à un peuple, un peuple particulier qui devait révéler au monde ce qu’est la Sainteté de ce Dieu là. Pour fabriquer un tel peuple, il a fallu du temps. Ce peuple a été objet d’amour, comme un sculpteur aime le rocher qui va donner naissance à son œuvre d’Art, mais tout ce qui dans la pierre n’est pas bon doit être éliminé. Les épreuves qui ont fait de ce peuple ce qu’il est devenu, l’ont ciselé pour qu’il donne naissance à Marie (quand les temps furent accomplis) et donc à Jésus.

Aujourd’hui, ce Dieu du premier testament, ce Dieu qui dans des accès de colère tue le juste et le méchant est un Dieu que nous récusons un Dieu dont nous ne voulons pas. Et pourtant dans le premier testament, il s’agit aussi d’une relation d’amour, d’un amour souvent déçu, mais qui perdure dans les siècles ce qui est quand même étonnant.

Beaucoup de textes, y compris ceux des psaumes peuvent s’entendre aussi bien au niveau individuel qu’au niveau collectif.

Quand Esdras déchire son manteau et ses vêtements, il le fait car il est le grand prêtre qui représente le peuple qui ne s’est pas montré capable de vivre la Loi qui lui a été donnée. Il ne s’agit pas de lui en tant qu’Esdras, mais de lui en tant que représentant. Il en sera d’ailleurs de même pour Jésus quand il donne sa vie pour le Salut du monde. Quand Moïse intercède, il le fait pour le peuple, pour que Dieu cesse de manifester sa colère, colère que l’on peut comprendre au moins partiellement, car une des caractéristiques de Dieu c’est quand même s’Il nous dépasse, que Ses pensées ne sont pas nos pensées et que Sa vision n’est pas la notre.

Dieu modèle certains (c’est très net pour les prophètes qui sont choisis spécifiquement et qui sont Sa bouche). Le rôle de
ceux là est de faire comprendre au peuple que ce qui se passe n’est pas du au hasard mais a un sens..

Les textes d’amour ne manquent pas, mais sauf celui du cantique des cantiques, ils sont collectif, ils s’adressent au peuple.

Avec Jésus, les choses changent. Et c’est la conversion, le changement de chaque individu, qui va permettre la manifestation
de la présence de l’Esprit de Dieu, Esprit donné par le Fils. Peuple de prêtres, peuple de rois assemblée des saints peuple de Dieu écrira Pierre. Mais là il s'agit d'un autre peuple, qui ne se caractérise plus par sa race, mais par sa manière de vivre dans et par l'Amour.

Tout l’accent mis pas l’église va dans le sens de l’imitation de Jésus et c’est la somme des individus qui fait naître un peuple
de modelés. Il ne s’agit plus d’une race spécifique, mais d’un autre ordre, apprendre à aimer comme un Dieu est capable d’aimer et cela ce n’est pas rien.

Ce que je crois, c’est que ces deux visions de Dieu ne sont pas exclusives mais complémentaires. Et dire que nous ne voulons pas du Dieu du premier testament parce qu’il est méchant et qu’il ne tient pas compte des individus c’est fonctionner avec une sensibilité d’un homme ou d’une femme du vingtième siècle (disons vingt et un nième pour faire bien).

La lecture que nous faisons des événements souvent dramatiques qui se jouent du notre planète, nous ne les attribuons plus à Dieu, car nous avons des explications (qui nous mettent souvent en cause). Nous ne considérons pas que Dieu soit responsable de l’épidémie de grippe A, du Sida, des tsunamis et que ces fléaux soient envoyés pour que nous tournions vers Lui et nous nous convertissions. Il me semble que les fléaux envoyés par les anges dans le livre de l’Apocalypse ont pourtant cette fonction…

Si nous ne réussissons pas dans notre vie, alors que nous avons tout pour réussir, nous faisons une thérapie, pour savoir et comprendre d’où vient cet échec, mais nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’un message adressé par Dieu pour nous faire comprendre que nous nous occupons trop de nous et que nous ne lui donnons pas la place qu’il devrait avoir.

Par contre si nous sommes chrétiens nous nous tournons vers Jésus ou Dieu ou Marie, pour que les épreuves nous soient épargnées, pour que nous guérissions de nos maladies, etc. Et d’une certaine manière nous nous sommes crées un Dieu à
notre service. Nous avons du mal à imaginer que ces épreuves peuvent avoir un sens, qu’elles sont peut-être là pour nous décentrer de nous et nous reconnaître la présence de « de Celui qui remplit l’Univers ».

Je crains aussi que nous nous sommes fabriqué un Dieu trop humain, qui répond à tous nos besoins, comme si cela c’était le rôle de Dieu. Il y a une relation à Dieu qui n’en fait plus le Tout Autre, celui dont nous pouvons connaître les plans, mais une sorte de Dieu à notre service. Je crois que si Dieu nous donne des dons ou des charismes c'est pour son service à lui, pour que son Nom soit connu sur toute la terre;

Ce que je crois c’est que Dieu nous modèle nous façonne à la manière du potier, mais aussi que parfois quand nous sommes confrontés à du collectif, à des guerres, Il a un projet que nous ne connaissons pas, qui est le sien qui sera peut-être décodé dans les siècles suivants, mais qui est à l’œuvre. Le combat entre le bien et le mal est une réalité, même si c’est une conception qui ne nous plait guère et parfois la mort de beaucoup est le seul moyen de gagner.

Etre saint, c’est se laisser travailler par l’esprit Saint pour suivre, c’est à dire imiter Jésus et se laisser façonner par son amour et apprendre à aimer comme Lui . Tous les saints sont des hommes et des femmes qui ont aimé passionnément jésus. Pour le peuple choisi la sainteté c’est ne pas se souiller avec les impies, c’est une certaine notion de la pureté qui n’est pas la notre, mais qui a permis à ce peuple de perdurer.

Alors Dieu sculpteur ou Dieu modeleur ? A nous de ne pas fonctionner dans cette dualité, mais d’accepter que nous ne comprenons pas toujours et que ce qui se passe, peut aller vers le bien ou vers le mal en fonction de la réponse que nous donnons.


jeudi, septembre 17, 2009

"Mets en oeuvre ta miséricorde"

Il s'agit là d'une phrase d'une des prières qui précède la Préface.

"Dieu, mets en oeuvre ta miséricorde" comme si Dieu attendait qu'on lui demande cela... Comme si cette phrase devait déclencher un action de sa part.

Je dois dire que je m'imagine Dieu, appuyant sur un levier ou sur un bouton et crac la miséricorde se met couler.

Dommage que je ne sache pas dessiner...

mercredi, septembre 09, 2009

A vin nouveau outre neuve.

C'est en Marc chapitre 2 verset 22: " Personne non plus ne met du vin nouveau dans des outres vieilles ; autrement, le vin fera éclater les outres, et le vin est perdu aussi bien que les outres. Mais du vin nouveau dans des outres neuves !" .

En fait ce texte m'a posé des questions. Le vin nouveau quel est-il? S'agit il du vin que l'on vient d'obtenir d'une nouvelle récolte et qui n'a pas eu le temps de vieillir, donc qui est comme on dit un peu vert? Chez nous (je suis allée regarder )le vin nouveau, le beaujolais nouveau pour ne pas le nommer, est un vin qui se fait dans des conditions de vinification particulières et je doute fort qu'il s'agisse de cela.

On dirait plutôt qu'il s'agit d'un vin de l'année, qui n'a pas terminé sa fermentation et qui de ce fait peut faire éclater l'outre ancienne, qui elle a déjà vécu (si je puis dire) le contact avec le vin ancien, vieilli selon les règles de l'art. Ce vin est donc dangereux si l'on peut dire à deux titres: il lui faut un récipient neuf, sinon il détruit l'ancien, et il a un goût inattendu. Peut-être aussi qu'il monte plus vite à la tête et que l'on peut s'enivrer plus facilement. En général on imagine le vin dans des amphores, pas dans des outres. peut-être s'agit-il là d'une coutume de nomades, de bergers?

Or Jésus semble se définir comme ce vin nouveau, ce vin au goût inconnu, ce vin qui va agacer d'une certaine manière (et c'est bien ce qui se passe avec les pharisiens) et il demande que ce vin ne soit pas mis dans de veilles outres. Il dit même qu'il y a danger. Et pourtant je crois que les disciples eux, s'enivrent de sa présence puisqu'ils ne suivent plus les préceptes.

SI Jésus est le vin nouveau, il y a donc un risque à suivre son enseignement. Il lui faut un contenant approprié; car on ne peut pas le mettre dans une outre qui a servi au vin ancien.

Or il extrêmement facile quand on a goûté à quelque chose, quand on aime cette chose, de ne pas vouloir changer sa manière de voir, de goûter, de comprendre.

Quand on a des certitudes, on s'y accroche. On n'a pas du tout envie d'essayer quelque chose qu'on ne connaît pas. Et on va même penser que le nouveau est dangereux (pour notre sécurité). Cela se vit bien aujourd'hui dans nos églises:il est si difficile de changer sa manière de voir et même de renoncer à s'approprie la parole.

La finale de cette péricope (enfin pas tout à fait, car là je fais référence à l'évangile de Luc: Lc 5,39 , dit que celui qui a goûté au vin vieux ne veut pas de vin nouveau. En d'autres termes, il n'est  pas facile de quitter ses certitudes, de se laisser interroger renouveler par une parole que l'on croit connaître et maîtriser.

Il n'est pas facile d'être une outre neuve. Mon désir d'aujourd'hui, est que ce vin nouveau fasse exploser la vieille outre que je suis, pour qu'une nouvelle se crée et soit apte à conserver ce vin nouveau. Que ce mouvement de renouvellement soit un mouvement incessant. Pour moi le vin nouveau est d'une certaine manière un vin qui pétille, et a de la vie en lui. Le vin vieux a certes sa valeur, mais il faut pour qu'il mûrisse le conserver dans un certain immobilisme je ne suis pas sûre d'avoir cette patience.

Il y a deux versets de psaumes que j'aime et qui parlent du vin. Il s'agit du psaume 4, verset 8: "tu as mis en mon cœur plus de joie qu'aux jours ou leur froment, leur vin nouveau débordent" et du psaume 104 verset 15: "et le vin qui réjouit le cœur de l'homme, pour que l'huile fasse luire les visages et que le pain fortifie le cœur de l'homme".

Ces versets surtout le premier me disent que vivre avec Dieu apporte encore plus de joie que celle donnée par le vin. Et cette joie, c'est ce que que Jésus est venu apporter: Jn15, 11:" Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète".

Avec Lui on quitte une loi de contrainte pour entrer dans une loi d'amour. Mais il y a un risque à entrer dans ce type de loi, car elle ne présente pas la sécurité de la loi des règles. Jésus fait exploser les règles et en cela il est le vin nouveau qui donne la joie.

Cette réflexion a pour moi débouché aussi sur autre chose. Lors de la Cène, Jésus donne le vin à ses disciples en disant "Prenez et buvez, ceci est le sang de la nouvelle alliance...". Et plus que le sang, je me représente aujourd'hui Jésus comme l'homme nouveau, qui nous donne le vin nouveau qui fait entrer dans la Vie. Il est le vin nouveau qui me réjouit.

Alors que la parole soit toujours neuve pour moi et si elle doit faire exploser la vieille outre, ma foi tant mieux.