dimanche, décembre 26, 2010

"Ceci est mon sang versé pour vous"Luc 22, 20

Quand le soir de la Cène Jésus dit: "ceci est ma chair, ceci est mon sang" cela évoque la phrase qu'Il dit à Pierre:Mt16, 19 "ce n'est ni la chair ni le sang qui te l'on révélé mais mon Père qui est dans les cieux." En d'autres termes Jésus se définit pleinement comme homme.

Quand un soldat meurt pendant une guerre, on dit qu'il a donné son sang pour sauver sa terre. Quand Jésus dit "ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude" il fait comprendre qu'il va mourir dans un combat contre le mal et que ce sang versé va donner à chacun de nous la liberté. Ce combat perdure encore, c'est pourquoi cette phrase s'adresse aujourd'hui à chacun de nous.

C'est pour moi que ce sang a été versé. Ce qui veut dire que oui j'ai du prix aux yeux de Dieu. Cela me confère une réelle dignité, car si Dieu (Jésus= Dieu sauve)  accepte de mourir pour "je", c'est que j'en vaux la peine.

La mort de Jésus (puis-je dire au champ d'honneur) rend la liberté (ou permet d'accéder) à la vie dans l'Esprit et c'est cela la renaissance. Elle me permet d'accéder au divin qui est enfoui en moi et de le vivifier pour qu'il se réalise dans l'Amour.

Noël 2010.

vendredi, décembre 17, 2010

Pouvoir dire "Abba" à Dieu



Il y a un certain nombre d'années j'ai écrit un texte qui s'intitulait: "Quand il est impossible de dire père à Dieu": http://www.portstnicolas.net/Quand-il-est-impossible-de-dire.html. Il m'arrive encore bien souvent de ne pas pouvoir donner ce nom à Dieu  et je connais beaucoup de personnes qui comme moi en sont incapables.

J'en connais d'autres qui ont une relation avec leur "Papa céleste", qui s'imaginent pouvoir aller dans ses bras, être sur ses genoux. Cela me pose question. Moi j'en suis incapable, car malgré tout Dieu est pour moi le Tout Autre, Celui qu'on ne peut posséder.

La prière du "Notre Père", que nous disons à chaque eucharistie, est précédée d'un texte qui si nous l'écoutons montre bien que dire "Père" au créateur des Univers n'est pas si simple.

Les mots utilisés sont:
- "Comme nous l'avons appris du Sauveur" (ce qui fait référence aux évangiles de Matthieu et Luc qui sont pourtant assez différents),
- "Et selon son commandement": là je me demande d'où sort cette phrase, car le seul commandement donné par Jésus est dans l'évangile de Jean: "Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés..."
Maintenant si la phrase utilisée par Jésus: "Quand vous priez, dites..." est un commandement, je trouve que c'est une manière curieuse d'interpréter cette phrase.
- "Nous osons dire": "oser" montre qu'il faut un certain culot et que d'une certaine manière on ne sait pas trop comment le Dieu tout puissant va réagir....

St Paul écrit dans la lettre aux Romains (8,15): "Aussi bien n'avez vous pas reçu un esprit d'esclaves pour retomber dans la crainte, vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait crier Abba! Père".
Il faut bien admettre que nous avons besoin de l'aide de l'Esprit donné par Jésus, cet esprit qui fait de nous ses frères pour pouvoir ainsi nommer Dieu. C'est bien "l'esprit qui vient au secours de notre faiblesse et qui intercède pour nous"(verset 26).

Dans le premier testament le terme Père (qui est un mot qui signifie littéralement"le père" ou "Ô Père!" n'est cité que 15 fois. Les termes utilisés pour s'adresser à Dieu renvoient davantage à la royauté. Ce mot utilisé par les enfants pour s'adresser à leur père et exprime à la fois un peu de l'intimité qui se dégage du terme "papa" et le respect que sous entend le mot père. Il est en même temps familier et respectueux. Mais c'est aussi un titre honorifique donné aux rabbins juifs des premiers siècles de notre ère.

Il me semble donc que pouvoir dire Père à Dieu n'est possible que si l'Esprit en fait parle en nous, ce qui montre que ce n'est pas si évident que cela.

Et pourtant....



J'ai vu il y a quelques temps un film qui racontait l'histoire d'un petit garçon asiatique qui avait perdu sa maman et qui pensait que s'il devenait moine il pourrait la retrouver, la voir. Je n'ai pas vu le début du film. Mais à un moment le moine qu'il nomme "Vénérable" et qui est un peu comme un père pour lui doit partir faire des provisions pour l'hiver et ne revient pas au moment prévu.

Ce qui est intéressant c'est que l'enfant qui se trouve abandonné et livré à lui-même est persuadé qu'il a fait quelque chose de mal et que cet abandon est une punition de sa supposée méchanceté. En d'autre termes le sens donné à la solitude est la punition. Il découvre un petit temple un peu en ruine dédié à la "déesse de la miséricorde". Il a comme un coup de coeur pour cette statue. Il commence par restaurer ce lieu et parle avec beaucoup de respect à cette déesse qui est certainement une figure maternelle. Un jour il quitte le temple en disant: "Ô déesse, je vous aime et je vous respecte, est ce que vous permettez que je vous appelle maman". Il s'incline et il sort.

J'ai trouvé cela très beau. Et je me suis dit que la partie infantile qui est encore vivante en moi pouvait parfaitement s'adresser ainsi à Dieu qui est aussi le Dieu de la miséricorde.

Laisser vivre ou revivre cette partie là ("si vous ne redevenez semblables à de petits enfants" disait Jésus), c'est une sorte de grâce. C'est découvrir cette joie et ce plaisir, mais en aucun cas ce n'est de la familiarité.

Dans le film, cet enfant est le premier enfant à avoir connu l'Eveil. Pour moi retrouver le contact avec l'enfant qui est en moi est un très beau cadeau. A moi de l'utiliser....

mercredi, décembre 15, 2010

"Des réflexions sur le lâcher prise"



Cette nuit j'ai fait un rêve, un vrai rêve, pas un rêve éveillé. J'étais dans une maison et il me fallait descendre pour rejoindre d'autres personnes. Mais voilà il n'y avait pas d'escalier. Je devais sauter et me lâcher. Je pouvais quand même descendre en me laissant tomber d'abord d'un palier sur l'autre en lâchant la rampe car s'il n'y avait pas marche il y avait une sorte de rambarde, qu'il me fallait enjamber puis me laisser tomber un peu plus bas. 
Puis pour aller au rez de chaussée, c'était plus compliqué, il fallait que je me laisse tomber le long d'une très grande armoire. M'accrocher au sommet de l'armoire et me laisser glisser le long des portes sans pouvoir m'accrocher à quoi que ce soit.

Dans le rêve il y avait l'impression de glisser, un peu comme sur des skis... (il faut peut être que l'on retrouve dans le rêve des sensations diurnes). 

Ce rêve je pense l'avoir fait deux fois la même nuit. Il s'agit bien au sens fort de lâcher prise, de ne pas se cramponner soit à la rampe soit à l'armoire pour aller là où je dois aller, à la limite pour retrouver les autres

Dans ce type de rêve, l'impression de descendre presque en volant est très agréable. Mais il faut que le désir de descendre soit suffisamment important pour que la peur de lâcher soit vaincue. Je sais que j'avais à retrouver des objets qui avaient été mis à tort dans un camion de déménagement et que j'étais avec beaucoup d'autres à attendre que le camion soit suffisamment vidé pour que je puisse récupérer ce qui y avait été mis par erreur.

Ce que je veux dire, c'est que pour me lancer comme cela dans un certain vide, il fallait que je me sente attendue et l'envie de réaliser quelque chose soit plus forte que la peur.

Il me semble aujourd'hui que pour pouvoir arriver à ce lâcher prise dont on parle tant (étape avant le pardon), pour ne ne pas se cramponner au passé, ne pas se cramponner aux souvenirs, même s'ils sont destructeurs, il est important non seulement de ne pas être seul, mais aussi d'avoir un but, quelque chose d'autre à faire.

On ne peut lâcher prise comme ça, tout seul. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui vous attende, et qui d'une certaine manière vous réintroduise dans un autre monde, un monde qui a existé mais qui a été comme oblitéré par le vécu de la petite enfance.

Cet autre peut être un thérapeute, un ami, Dieu, mais on ne peut pas se lancer dans le vide s'il n'y a personne pour vous accueillir. Il faut pouvoir déposer auprès de quelqu'un sa peur, sa trouille, son possible vertige, sans être jugé, pour pouvoir se lancer dans ce qu'on croit être le vide, mais qui ne l'est pas vraiment.

Quand un bébé vient au monde, il y a en lui un réflexe dit "archaïque" que l'on nomme le "grasping réflexe", la capacité de s'accrocher et de ne pas lâcher prise. C'est ce qui permet aux bébés singes de rester accrochés à la fourrure de leur mère pendant qu'elle se déplace. Ce réflexe il est en nous et je me demande si quand un traumatisme intervient dans la petite enfance ou dans l'enfance, quand les repères sont perdus en particulier quand les limites ne sont pas respectées, ce  réflexe (s'accrocher à quelque chose envers et contre tout, en particulier à une représentation mauvaise de soi et à la culpabilité) ne permet pas, malgré la douleur de la crispation de se sentir un peu exister.

Le travail de lâcher cette image est extrêmement difficile et ne peut se faire que si un autre est là, un autre qui comprenne que cette crispation a crée une manière d'être au monde qui n'est peut être pas la bonne, et qui peut aussi créer dans tout le corps des douleurs. Je me demande d'ailleurs si la fibromyalgie que l'on trouve si fréquemment chez les personnes ayant vécu une ou des agressions sexuelles dans leur enfance ne peut pas avoir aussi  une origine psychique.

Dans un billet ancien sur le lâcher prise, je disais que lorsqu'on peut se débarrasser de la haine, qui est dirigée contre celui qui vous a fait du mal, alors la vie change car le lien inconscient ou conscient qui demeure entre soi et l'agresseur est enfin détruit: on détruit enfin la relation avec la personne qui vous a fait du mal qui vous a tuée. J'employais l'image du ballon que l'on laisse partir.

Aujourd'hui je dirai que l'important c'est de se dégager de la haine de soi, de la honte de n'avoir pas pu, pas su résister à l'agression, c'est de sortir de la culpabilité car la faute est du côté de l'autre or l'autre quand il est un parent, il y a toujours une partie de soi qui aime. Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas pour cela qu'il est si difficile de se dégager de l'emprise que l'agresseur a toujours sur sa victime. 

Reconnaître cette haine est quelque chose de difficile, parce que ce n'est pas bien de haïr ou de détester et que l'on reste persuadé que si l'autre vous a fait telle ou telle chose c'est qu'on l'a mérité parce qu'on a été méchant.

C'est une pensée infantile dont il est difficile de se débarrasser, et cela fait presque peur de la lâcher parce qu'elle a donné une sorte de sens (je dirai de non-sens) à l'existence que l'on a vécu jusque là.

Pour lâcher ces références, la présence d'un autre est nécessaire car cet autre réintroduit dans un monde de vie. Il est indispensable de s'appuyer sur quelqu'un pour faire le saut, pour lâcher tout un  système de pensée qui même s'il est un système parasite,est connu donc malgré tout sécurisant. 

On parle beaucoup de blessures, de guérison à l'heure actuelle. A la limite celui qui ne guérit pas de ses blessures reste un mauvais, un qui n'a pas pris les moyens de se libérer.Je ne crois pas que ce soit si simple. Il y a blessure et blessure: les blessures d'amour propre, les blessures dites narcissiques, les blessures liées à la maladie, au handicap mais aussi ces blessures qui ont détruit toute l'estime que l'on pouvait avoir pour soi, ces blessures qui font de vous des personnes mauvaises et honteuses. Il s'agit là des blessures liée à une agression sexuelle dans la petite enfance par quelqu'un en qui on avait toute confiance. Ces blessures là, il ne suffit pas de parler pour qu'elles soient guéries.

Certes il est important de savoir que l'on n'est pour rien dans ce qui est advenu, que l'on est victime que l'on n'est pas le mauvais, le nul. Mais si cette étape est importante, elle n'enlève pas magiquement les flash back, elle ne permet pas de s'aimer à nouveau soi-même. 

Cette haine de soi est tenace. Et le pardon pour moi, ce serait que ces personnes cessent de se haïr elles-mêmes.Ce n'est pas un pardon accordé à l'agresseur, c'est d'abord un pardon adressé à soi et peut être que ce pardon là ne peux exister que si un Autre est capable de vous regarder avec amour. C'est peut être pour cela que les "groupes" sont devenus tellement important dans de telles démarches;  

Quand Jésus dit:

" Mt  11  28« Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai le repos. 29Prenez sur vous mon joug et laissez-moi vous instruire, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vous-mêmes. 30Le joug que je vous invite à prendre est facile à porter et le fardeau que je vous propose est léger. »

 il propose de lâcher un poids que l'on connaît très bien, de l'enlever de ses épaules, (et là je pense qu'on a besoin de l'aide d'un autre quelqu'il soit) pour le remplacer par un autre fardeau qui cette fois n'est pas fait pour mettre au sol, mais pour pouvoir cheminer sur cette terre qui est là notre. Il s'agit de remplacer un joug de mort par un lien de vie, mais cela n'est possible que parce qu'un Autre est là. 

On peut pour certaines choses lâcher prise tout seul, mais lorsque la blessure a détruit en profondeur la notion même d'existence, je pense que la présence d'un d'un Autre est nécessaire. Je ne suis pas sûre que l'on puisse renoncer à un lien pathologique parce qu'on sait qu'il est pathologique. Il faut que quelqu'un puisse se réjouir que ce lien soir rompu et qu'un nouvel enfant vienne au monde. C'est peut être cela la Joie.




A suivre.... 

lundi, décembre 06, 2010

Marie de Magdala: Matthieu 28.


Nous avons terminé la lecture de l’évangile de Matthieu et je me suis rendue compte que je connaissais peu le dernier chapitre. Que ce chapitre vienne étayer celui de Marc, certainement, mais la figure de l’Ange du Seigneur assis sur la pierre roulée m’a interrogée, m’a peut être permis de relire ce texte autrement.

Je dois dire qu'il  m’a fait penser à l’Ange qui parle à Gédéon dans le livre des Juges : "Salut à toi vaillant guerrier". Vision ou réalité, peu importe, l’important c’est que quelque chose s’est passé, quelque chose qui ne rentre pas dans notre logique. Il aurait pu me faire penser à l'ange qui se manifeste à Joseph, mais cet ange là est bien proche des anges du premier testament, de l'Ange de YHWH. 

Alors je me suis mise dans la peau de Marie de Magdala et voilà comment elle raconte.







« Inutile de dire que je n’ai pas beaucoup dormi et que ce sabbat, il n’en finissait pas de finir.

Dès que les étoiles qui annoncent le jour nouveau se sont levées, moi et mon amie Marie, nous sommes parties vers l’endroit où Joseph avait déposé le pauvre corps de mon Seigneur. Dans quel état ils l’ont mis ce corps. Joseph l’a mis tel quel dans un drap, mais ce n’est plus un corps. Ce n’est que plaies.. Nous allons lui rendre sa propreté, sa dignité et nous ferons ce que les femmes doivent faire pour un mort. Nous avons apporté ce qu’i faut pour l’embaumer.

Nous nous demandions un peu comment nous ferions pour déplacer la pierre et si les gardes qui ont été postés devant nous laisseraient faire.

Avant hier, nous avions passé du temps devant cette « bouche » qui avait avalé Celui en qui nous mettons encore aujourd’hui notre foi; nous attendions je ne sais quoi, mais derrière la pierre roulée par Joseph, il y avait le silence coupé par le bruit des gardes qui ne se gênaient pas pour faire du bruit. Et nous avons dû partir, préparer le sabbat, faire comme d’habitude…

Quand nous sommes arrivées il s’est passé quelque chose d’inimaginable. Il y a eu comme un tremblement de terre, nous avons eu l’impression que la terre s’ouvrait sous nous, comme pour laisser sortir quelque chose. Nous avons vu la pierre se déplacer comme si une main la faisait rouler. Nous avons vu comme une figure de lumière (et nous nous sommes demandées si ce n’était pas cela la résurrection, Jésus qui serait devenu l'Ange du Béni)  qui a pris possession de la pierre en s’asseyant dessus.

Les gardes qui nous inquiétaient tellement ont du voir la même chose que nous, car une crainte sacrée les a comme renversés et ils sont tombés au sol. Si nous n’avions pas été aussi surprises, peut être que cela nous aurait fait rire, voir ces hommes en armes, morts de peur.

Puis celui qui était assis sur la pierre nous a parlé. Sa voix qui aurait pu être violente était douce à nos oreilles. Elle nous disait de ne pas avoir peur, que Jésus était ressuscité comme il l’avait dit, que son corps n’était plus là. 

Il nous a même invitées à entrer pour voir qu’il n’y avait plus de corps. Du coup cela faisait de nous, les femmes, des témoins. 

Il nous alors dit d’aller prévenir rapidement sans repasser par chez nous tous les autres que le Maître était vivant et qu’Il les attendait en Galilée. Là malgré tout, nous nous demandions s’ils nous croiraient ou non, car à part notre parole quel signe avions nous à leur donner et la parole des femmes tout le monde sait qu'elle n'a pas beaucoup de valeur. Pour Jésus oui, elle en avait mais pour les autres…

Nous avons obéi et voilà que le Maître est venu lui-même au devant de nous. Il nous a saluées, Il s’est laissé touché et nous avons touché de vrais pieds, un vrai corps. Il faut être deux pour avoir un  témoignage valide et là nous étions deux. Il nous a redit la même chose : aller en Galilée où Il nous attendrait.




Nous avons alors annoncé la nouvelle aux autres, à tous les autres, mais même s’ils se sont mis en route, ils ne nous croyaient pas vraiment. Mais nous, nous étions dans la joie, car Il était revenu de la mort, Il avait vaincu la mort et il était la Vie. Nous l’avions entendu, touché. Notre joie était parfaite, nous étions entrés dans la joie qu’Il nous a avait promise.







mercredi, novembre 24, 2010

Anne, Siméon, Marie: Présentation de Jésus au temple: Luc 2, 22-39


Je viens de participer à une retraite pour personnes de 70 ans et plus. J’étais la benjamine et j’ai été très admirative devant toutes ces personnes de plus de 80 ans qui ne paraissent pas leur âge, qui demeurent actives, même si toutes parlent de la fatigue  et de la lenteur.

A la fin de la session, on nous proposé de réfléchir soit sur des textes de Sœur Emmanuelle soit sur l’évangile de la présentation. J’ai choisi de lire cet évangile un peu comme si je ne le connaissais pas.

 Inutile de dire que je suis incapable de m’identifier réellement aux « deux vieux » qui me paraissent vraiment très très vieux. Enfin si Anne avec ses 84 ans ressemble à certaines personnes de ce groupe âgées aussi de 84 ans, je dois changer mon jugement.

Il est plus facile de s’identifier à Marie, même si c’est une jeunette de moins de 20 ans et se dire qu’elle n’a peut être pas aimé du tout qu’un vieux monsieur qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam lui prenne son fils des mains pour le prendre des ses bras à lui. Moi qui n’aimais pas que mon premier né soit touché par ses grands parents, je crois que je n’aurais pas laissé faire…

Quant à Joseph c’est le grand absent… Mais c’est celui qui rend possible. Il ne parle pas, mais « il est » et lui théoriquement n’est pas tout jeune.

Ce que je voulais en prenant ce texte, c’était le lire comme une première fois, je dirai l’accueillir comme lorsqu’on cueille un fruit sur un arbre  ou une fleur. C’est d’ailleurs ce que j’ai retiré de cette retraite, accueillir, c’est à dire recevoir, car je trouve qu’il est plus facile souvent de donner que de recevoir. Accepter n’est pas toujours facile.

J’ai lu ce texte d’abord en entier puis paragraphes par paragraphes et voici ce qui est venu.

22Puis quand vint le jour où, suivant la loi de Moïse, ils devaient être purifiés, ils l'amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur 23— ainsi qu'il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur — 24et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux petits pigeons.

En lisant ce paragraphe, je me suis dit que le Seigneur (YHWH) s’est peut être écrié dans sa cour céleste (je pense aux Midrashs) « Tiens celui là de bébé, il me semble bien que Je le connais, c’est mon garçon à Moi, mais Je vais faire comme si de rien n’était, car Mon fils sera comme tous les êtres de chair soumis à la Loi, mais son rôle à Lui ce sera d’en faire autre chose de cette loi. On me le rachète (Nb 8,17 : Oui, c'est à moi que revient tout premier-né chez les Israélites, homme ou animal : le jour où j'ai frappé tous les premiers-nés en terre d'Égypte, je me les suis consacré, Mais c’est lui ce petit homme qui rachètera ces humains. Aujourd’hui des oiseaux pour un humain, demain un homme dans toute sa plénitude pour sortir l’homme de son animalité. ».

Je me suis aussi interrogée sur le  « ils ». Car normalement c’est Marie qui était « impure » je ne pense pas que l’enfant ou Joseph l’étaient. De fait il y a deux actes qui se passent : la purification de la mère et le rachat de l’enfant.

Il y a aussi ce mot de loi, qui ouvre ce texte et qui le clôt: « quand ils eurent accompli tout ce que prescrivait la Loi du Seigneur…. »

25Or, il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d'Israël et l'Esprit Saint était sur lui. 26Il lui avait été révélé par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. 27Il vint alors au temple poussé par l'Esprit ; et quand les parents de l'enfant Jésus l'amenèrent pour faire ce que la Loi prescrivait à son sujet, 28il le prit dans ses bras et il bénit Dieu en ces termes :

29« Maintenant, Maître, c'est en paix, comme tu l'as dit, que tu renvoies ton serviteur.
30Car mes yeux ont vu ton salut, 31que tu as préparé face à tous les peuples :
32lumière pour la révélation aux païens et gloire d'Israël ton peuple. »

Ce qui m’a frappée dans le texte ce sont les mots que Syméon emploie pour parler de cet enfant de 6 semaines. Il est la « consolation », il est le Christ c’est à dire le messie l’envoyé (le nouveau roi David), il est le Salut, il est la Lumière,  il est la Gloire.
Tous ces mots sont des attributs du très Haut . Anne y ajoutera le "Libérateur" 

Il bénit Dieu et cela je ne sais pas si c’est quelque chose que je fais  ou ferais. Comment peut on appeler du bien sur le créateur ? Il me semble que c’est louange et reconnaissance de la fidélité de Dieu.

Syméon en quelque sorte voit ce que personne ne peut voir sur ce petit bout d’homme, il dit des choses qui comme le dit la suite du texte ont dû pour le moins étonner ses parents. Il est un visionnaire et sa vision le met dans la joie. Il est une sorte de découvreur de Dieu dans l’homme.

33Le père et la mère de l'enfant étaient étonnés de ce qu'on disait de lui.

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y a de quoi... 

34Syméon les bénit et dit à Marie sa mère : « Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté 35— et toi-même, un glaive te transpercera l'âme ; ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs. »

Ce petit texte est pour le moi, le « morceau » difficile de cette narration. Car tout ce qui vient d’être dit et qui a dû remplir Marie de joie est comme annulé. Il lui est dit que même si son fils est figure du tout Puissant, il ne sera pas reconnu comme celui qui est. Il sera « contesté » et cela pour une mère c’est une souffrance. J’avais toujours pensé que le glaive qui transperce l’âme de Marie devait être mis en parallèle avec la lance qui transperce  le cœur de Jésus, mais aujourd’hui je crois que cette souffrance a dû habiter Marie bien avant le mort de son fils. Comment a t elle vécu le départ de Jésus, ses démêlés avec les uns et les autres, la non reconnaissance de ce qu’il était ? Peut être que l’évangile des noces de Cana est une bonne indication de ce qu’elle a pu vivre. Elle, elle sait, mais les autres doutent, n’essayent pas, condamnent, attaquent. La mission ne sera pas facile. Oui il sera contesté au point d’être mis à mort. Et annoncer cela à jeune Maman, cela ne doit pas être facile.






Celui qui révèle ce qu’il y a dans les cœurs en général n’est pas le bien venu… Et cela pour une mère ce ne peut être que souffrance.

36Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle était fort avancée en âge ; après avoir vécu sept ans avec son mari, 37elle était restée veuve et avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'écartait pas du temple, participant au culte nuit et jour par des jeûnes et des prières. 38Survenant au même moment, elle se mit à célébrer Dieu et à parler de l'enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem.

Elle au moins elle ne touche pas à l’enfant, ce que j’apprécie. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle a quand même une sacrée santé... Elle me fait penser un peu à la prophétesse Débora (Jg 4,8) dans le livre de Juges, qui sait voir en Barac le « libérateur » . Libérer Jérusalem c’était mettre dehors les occupants, mais est ce de cette libération là dont elle parlait ?

Ce qui est beau, et que je n’avais jamais vu jusque là, c’est que l’âge permet de voir autrement de deviner ce que les yeux plus jeunes ne voient pas et d’être prophète, d’avoir une parole qui peut être entendue et aussi de bénir.  

39Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.

Et le rideau tombe sur ce qui s’est passé durant l’enfance.






Petite Conclusion personnelle: si l'Esprit Saint me conserve en aussi bonne forme  à un âge avancé, pourquoi pas. Mais mon aujourd'hui c'est d' apprendre à vivre un jour après l'autre et de m'en réjouir et de l'accueillir comme s'il devait être le dernier; sans crainte et avec joie.








jeudi, octobre 21, 2010

Une histoire de rendez-vous: les vierges sages et les vierges folles...

Les vierges sages et les vierges folles.Mt 25, 1-9



On peut dire que la bible dans son entier est une histoire de rendez vous entre Dieu et celui qu’il a tiré de la glaise en lui donnant son haleine. Il y a des rendez vous réussis (Abraham, Moïse, David...) il y a des rendez vous manqués (c’est ce que racontent les livres historiques et les livres prophétiques).

Dans les évangiles il est aussi question de rendez vous. Dans notre petit groupe qui lit en ce moment l’évangile de Matthieu, on peut dire que le chapitre 24 parle de ce qui va se passer avant le rendez vous définitif (fin du monde ou fin des temps) et que le chapitre 25 montre que ce rendez vous qui est unique (pas de rattrapage comme à une session d’examen), peut être loupé ou au contraire réussi. 

On peut dire que ce chapitre essaye de donner une description de qui sera admis dans le royaume, qui sera dans la présence, qui sera dans la joie. « Il en sera du royaume de Dieu comme… ». C’est aussi d’une certaine manière le dernier chapitre de la vie « publique » de Jésus puisque après ce sera son rendez vous à Lui avec la mort.

Une des conditions de la réussite est certes la fidélité  qui est une  béatitude : 24,46-47: "Heureux ce serviteur que son maître en arrivant trouvera en train de faire ce travail. En vérité, je vous le déclare, il l'établira sur tous ses biens", mais pas seulement. 


L’autre condition est de s’occuper de ceux qui n’ont pas et pour cela de devenir créatif. Si on schématise beaucoup ce chapitre 25 on pourrait dire que les élus (partition entre les moutons et les chèvres ou entre les brebis et les boucs) sont ceux qui ont utilisé leur « talents » pour le mettre au service des petits. Ils l'ont donné sans compter et c'est cela qui sera retenu. En faisant ainsi ils ont porté du fruit, alors que les autres qui n'ont pas accepté que le grain de blé ne meure (mettre le talent dans la terre, enveloppé d'un linge), meurent à leur tour.

La première parabole qui ouvre ce chapitre reste un peu plus difficile, car la phrase qui la clôt "je ne vous connais pas" et aussi dure qu'une autre phrase prononcée par Jésus pour rejeter ceux qui disent avoir "mangé avec lui" et celle adressée aux "boucs": "éloignez vous de moi maudits" verset 25. 

Elle montre bien qu’il ne suffit pas de se targuer de sa virginité (de son état de vie) pour entrer dans la vie. Il faut quelque chose de plus, il faut que quelque chose brûle en nous, il faut que ce quelque chose éclaire. Serait ce feu que Jésus désire ardemment allumer ?  

Voici le texte dans la traduction de la TOB.

1« Alors il en sera du Royaume des cieux comme de dix jeunes filles qui prirent leurs lampes et sortirent à la rencontre de l'époux. 2Cinq d'entre elles étaient insensées et cinq étaient avisées. 3En prenant leurs lampes, les filles insensées n'avaient pas emporté d'huile ; 4les filles avisées, elles, avaient pris, avec leurs lampes, de l'huile dans des fioles. 5Comme l'époux tardait, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent. 6Au milieu de la nuit, un cri retentit : “Voici l'époux ! Sortez à sa rencontre.” 7Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et apprêtèrent leurs lampes. 8Les insensées dirent aux avisées : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent.” 9


Les avisées répondirent : “Certes pas, il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous ! Allez plutôt chez les marchands et achetez-en pour vous.” 10Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et l'on ferma la porte. 11Finalement, arrivent à leur tour les autres jeunes filles, qui disent : “Seigneur, seigneur, ouvre-nous ! ” 12Mais il répondit : “En vérité, je vous le déclare, je ne vous connais pas.” 13Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure.

J’ai souligné les mots qui dans ce texte me semblent importants, car cette parabole me fait un peu penser à un conte. Dans cette histoire il y a dix jeunes filles, un Epoux, des lampes à huile, des vases pour contenir de l’huile, la nuit, une voix dans la nuit, un marchand d’huile ouvert la nuit, une maison et une porte. On peut dire que c’est finalement une histoire de rendez vous.

Il me semble que traditionnellement (je pense au psaume 44-45) les jeunes filles font partie de l’entourage de la future reine : « 14Majestueuse, la fille de roi est à l'intérieur en robe brochée d'or. 15Parée de mille couleurs, elle est menée vers le roi ; les demoiselles de sa suite, ses compagnes, sont introduites auprès de toi. 16En un joyeux cortège, elles entrent dans le palais royal ».

On peut donc imaginer que les jeunes filles ont été sélectionnées sur un critère certainement la beauté, Mais nous, nous savons que ce critère n’est pas suffisant. Il y a une autre beauté qui ne joue pas sur l’extérieur mais sur l’intérieur : la prévoyance, ce qui renvoie à l’image donnée par le livre des proverbes de la « femme avisée » pr 31, 10-31 avec par exemple cette phrase : « de la nuit, sa lampe ne s'éteint »

Elles sont 10 (les 10 paroles de la création, les 10 commandements…). Le nombre 10 est un symbole de plénitude, on peut penser que cela représente l’humanité ou du moins la partie de l’humanité qui reconnaît l’existence de Dieu. Il y a ensuite ce clivage entre les prévoyantes et les autres.

On peut aussi penser que en chacun d’entre nous il y a de sagesse et de la folie ou plus tôt un certain laisser aller. On compte sur les autres, on se dit qu’on se débrouillera toujours et qu’il n’y a pas de raison que avec tout ce qu’on a fait en ce bas monde le Seigneur se détourne de nous. D’accord on n’est pas parfait, mais personne ne l’est, sauf les saints et ça ce n’est pas donné à tout le monde .  Et puis le palais est grand, alors il y aura de la place pour tout le monde. Alors prenons le temps de vivre…

La vierge sotte ou niaise c’est celle qui vit au jour le jour (ce qui en soit n'est pas une mauvaise chose), mais qui est sûre d'être "sauvée" simplement parce qu'elle a une lampe (un évangile ?). Mais une lampe sans huile, cela ne sert pas à grand chose. 

Maintenant aller chercher chez le marchand, est ce que cela veut dire, aller voir ceux qui ont en dépôt chez eux les réserves? Mais peut on faire des réserves de foi, d'espérance ou de charité? Je ne le pense pas. Est ce aller (un peu tardivement) demander un petit coup de sacrements au prêtre pour remettre de l’huile, pour rétablir la relation qui s’est un peu distendue entre Dieu et nous ?

Dans l’évangile de Jean, au chapitre 11 qui rapporte la résurrection de Lazare il y a une phrase curieuse : 9Jésus répondit : « N'y a-t-il pas douze heures de jour ? Si quelqu'un marche de jour, il ne trébuche pas parce qu'il voit la lumière de ce monde ; 10mais si quelqu'un marche de nuit, il trébuche parce que la lumière n'est pas en lui. »

En d’autres termes pour marcher dans la nuit sans trébucher il faut avoir une lampe, c’est à dire quelque chose d’extérieur à soi, quelque chose qui permet d’y voir, mais quelque chose qui doit être plus fort que la ténèbre. Jésus ne dit il pas qu’il est la lumière ?

Si j’emploie te terme de la « ténèbre » et non de « ténèbres » c’est que Jésus sait que la ténèbre va vouloir s’emparer de lui comme elle va s’emparer de Judas et que seule la lumière de l’amour sera plus forte qu’elle.

Pour que la lampe ne s’éteigne pas, il faut lui donner à manger, il faut l’alimenter… Une lampe ça consomme de l’énergie. Je ne crois pas que l’énergie soit en nous, ni qu’on puisse en faire des provisions, mais l’Esprit nous a été donné en abondance, et la source n’est pas tarie, à nous de nous laisser remplir par elle.

Parfois nous trouvons comme le fait remarquer Françoise Régnier dans le commentaire qu’elle fait de cette parabole ((http://www.portstnicolas.net/Parabole-des-vierges-sages-et.html) les vierges sages sont bien égoïstes et que le marié est bien mal élevé d’être tellement en retard. Mais ce que Jésus veut peut être nous faire entendre c’est la relation que nous avons avec lui, c’est notre relation et nous ne pouvons pas la partager avec les autres.

Il est possible que la lampe représente aussi la vie qui brûle un certain temps et qui s'éteint à la mort. L'huile permet de faire durer, de donner de la lumière aux autres, Jésus ne se décrit il pas comme être Celui que les ténèbres n'ont pas retenu, n'ont pas dévoré. Il est la lumière qui luit dans les ténèbres; sa parole est lumière pour notre route. La parole est nourriture et d'une certaine manière on peut en faire un peu provision.

Et c'est certainement ce que fait la vierge avisée. Elle ne se contente pas de lire la parole, elle fait comme Marie, elle la garde dans son cœur, ce qui fait que même si elle dort, son cœur veille comme dit le psalmiste.

Quand la voix retentit, elle est prête, elle peut s’avancer et aller à la rencontre sans trébucher, car en elle il y a la lumière. Il ne suffit d’être une bonne jeune fille il faut quelque chose en plus et ce quelque chose c’est la présence de l’Amour pour l’époux.

Tous nous sommes confrontés à la nuit, à la durée. Tous nous veillons et puis nous dormons. L'épreuve c'est sur la durée. Quand l’époux va t il faire ouvrir les portes ? 

Jésus parle de la rencontre finale, mais je pense que notre vie est faites de multiples rencontres, de toutes ces « chaque fois que vous avez fait cela pour le plus petit d’entre les miens », qui nous permettent justement d’avoir l’huile qui lors de la dernière rencontre nous permettra d’entrer et de contempler l’aimé. Espérons que les "chaque fois vous avez fait" l'emporteront sur "les chaque fois que vous n'avez pas", sur ces rendez vous manqués pour un tas de bonnes raisons et que la porte sera ouverte et le restera. 






mercredi, octobre 20, 2010

Prière de louange?

Je suis allée hier soir à la soirée FOI(1). Comme toutes ces soirées elle a commencé par un temps dit de louange, ou de merci: merci de t'occuper de nous, merci de te faire connaître, merci de ....

Et moi  même si je peux remercier pour beaucoup de choses (par exemple d'avoir le plaisir de déguster un bon café le matin, d'avoir une maison, un toit, des enfants, des amis et de pouvoir m'adresser à Dieu,je me sentais complètement à côté de ce qui se disait.

J'avais l'impression d'assister à un exercice de style: il FAUT louer et moi les il faut je m'en méfie comme de la peste.

Par ailleurs dans cette journée, je savais qu'une de mes amies enterrait son beau frère âgé de 48 ans, mort d'un cancer. Dans cette journée j'avais écouté une jeune femme qui a pu parler d'angoisses d'abandon, j'avais passé du temps avec une amie blessée par la vie, complètement à vif, j'avais écouté les informations et ce qui se passe dans notre pays, ne peut me laisser indifférente. Je savais aussi que d'autres réunions avaient lieu dans la paroisse, que d'autres essayaient à leur manière de faire advenir le Règne...

J'avais envie de demander à Dieu qu'il bénisse ces personnes en souffrance, qu'Il se manifeste, qu'Il envoie son esprit pas seulement en moi mais partout, bref de ne pas être coincée dans un petit cocon où l'on fait comme si le reste du monde n'existait pas. Quand je fais cela, je reconnais que Dieu est présent, que je lui fais confiance, qu'Il sait que j'ai besoin de Lui, mais à ce moment là je ne me sens pas coupée en deux, je ne me sens pas obligée d'être schizophrène.

Je peux comprendre qu'il est important de se décentrer, mais si je lis les psaumes, dans beaucoup d'entre eux, il y a du cri et il y a de la demande et il y a de la louange. Cela fait un tout.

Quand je chante "O Seigneur tu es grand tu remplis l'univers, que ta gloire brille sur la terre" là oui je suis dans la louange parce qu'une partie de moi, contemple un peu de cette présence que mes sens par moments détectent un peu mais que partiellement et je peux à la fois m'extasier devant cette présence mais aussi de ce cadeau qui m'est fait de le percevoir. Et j'espère que un jour mes yeux s'ouvriront autrement et que je serai encore plus dans la joie de cette découverte.

Mais que cela ne ferme pas mon regard sur ce qui se passe autour de moi et en moi, que cela ne me coupe pas en deux, la louange d'un côté et le reste je ne sais pas où...

(1) Soirée organisée par la communauté du chemin neuf qui vise à créer une sorte de monastère spirituel. Il y a projection d'un DVD, discussion et pour le mois qui vient, les participants prient pour la même demande.

vendredi, octobre 01, 2010

Prière du serviteur inutile

L'évangile de dimanche prochain Lc 17, 5-10 nous invite à nous considérer comme  des serviteurs "inutiles, quelconques, simples, interchangeables". 

« Lequel d'entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : 'Viens vite à table' ? 
Ne lui dira-t-il pas plutôt : 'Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour. 
Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d'avoir exécuté ses ordres ? 
De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : 'Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir. ' » 


En fait je me demande si ce que Jésus veut faire comprendre à ses apôtres et disciples c'est qu'ils n'ont pas à se croire supérieurs aux autres parce qu'ils sont près de lui. Ne pas s'en croire, ne pas (pardonnez moi l'expression) péter plus haut que son cul. Ne pas s'en croire, se rappeler que comme Lui nous sommes non des maîtres mais des serviteurs.

Mais pour en revenir au titre que j'ai choisi avec beaucoup d'impertinence je le reconnais, je peux imaginer la prière suivante: 

"Seigneur, permets à mon maître de gagner suffisamment d'argent grâce à mon travail pour qu'il puisse embaucher un deuxième serviteur parce que moi je n'en peux plus de tout faire et dedans et dehors. 

D'accord c'est un bon maître. D'un côté il dit que je suis son ami(Jn 15,15 :"je ne vous appelle plus serviteur,mais ami parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître" et je reconnais que ce qu'il peut me communiquer donne un sens à mon obéissance) , d'un autre il dit que s'il me trouve en train de veiller quand il rentrera tard, qu'il se mettra lui en habits de service et me servira  à table (Lc 12, 36), ce qui est un moyen aussi de me stimuler pour que je m'endorme pas; mais là il me dit que ce que je fais c'est normal et que je n'ai pas à me plaindre. 

C'est normal mais c'est quand même bien dur de tout faire dans les champs et dans la maison, de soigner les bêtes de labourer et de m'occuper de lui au lieu de pouvoir souffler un peu et d'être sans arrêt sur le pied de guerre. Bien des fois je suis moulu, et je n'en peux plus et il fait comme s'il ne le voyait pas. 

Seigneur ouvre lui un peu les yeux à mon maître, fais qu'il me laisse un peu souffler. J'aimerai bien ne plus avoir à porter le poids du dedans et dehors. 

Mais Seigneur si tu juges que cela est bon pour moi, alors qu'il en soit fait comme tu le désires et apprends moi à continuer à aimer mon maître qui me fait confiance dans les petites comme dans les grandes choses".

mardi, septembre 28, 2010

Judas






Au cours d’une célébration de semaine où on lisait l’évangile de Luc, les versets suivants (Luc  9, 1-2)  « Jésus convoqua les Douze, et il leur donna pouvoir et autorité pour dominer tous les esprits mauvais et guérir les maladies ; 
il les envoya proclamer le règne de Dieu et faire des guérisons » m’ont posé question par rapport à Judas.


Je m’explique : je me suis demandée qu’est ce qui pu arriver à cet apôtre qui a reçu un tel pouvoir pour que la confiance se perde, pour qu’il se détourne de celui qui un jour l’a regardé, appelé, choisi comme disciple puis comme apôtre, car Juda est l’un des douze, un de ceux qui sont là depuis le tout début.


 Par ailleurs dans son livre « Paroles pour chacun » E. Cuvilier rappelle que Judas a livré Jésus et non trahi (ce mot n'est pas dans les évangiles)  et que le Jésus qu’il a livré était en fait le Jésus non conforme à son imaginaire. Or là nous pouvons nous y reconnaître. Combien de fois avons nous envie (ou même plus que cela) de laisser tomber ce Dieu qui ne répond pas à nos demandes, qui n’est pas conforme à l’image que nous nous sommes fait de Lui. Je crois d’ailleurs très profondément que ce que l’on appelait autrefois « les crises de foi » sont nécessaires (même si elles doivent durer des années) pour nous déprendre d’un Dieu que nous avons nous crée à notre image et à notre ressemblance.


Je suis aujourd’hui incapable de dire d’où vient mon questionnement sur Judas.
  
Au fond de moi je me dis que si j’avais reçu le pouvoir de soulager définitivement les personnes qui sont en souffrance je n’aurais pas pu me détacher de la source, mais est ce si sûr ?


Alors je livre un peu en vrac des questions…


Est ce que ce qui suit dans l’évangile de Luc à partir de ce chapitre 9, à savoir les annonces de la souffrance, de la passion et de la résurrection ont fait que ce pouvoir n’était rien si le Maître ne chassait pas les Romains et ne renversait pas la situation politique et finissait comme un propre à rien ? A quoi ça sert... Déception ?


Est ce le fait qu’il n’était pas dans le groupe des trois, des préférés : Pierre, Jacques et Jean ? Jalousie ? Comment lui Judas se sentait il avec ce « disciple que Jésus aimait » ? Se sentait il désaimé ? Car l’auteur du quatrième évangile ne lui fait pas de cadeau : c’était un voleur écrira t il..S'est il senti trahi par Jésus, lui qui l'avait suivi dès le début? 


Etait ce le fait que ce pouvoir de guérir ne marchait pas à tous les coup ? Faisait il partie de ceux qui ont essayé de guérir sans succès l’enfant épileptique ? Doute ?


Etait ce le fait de s’occuper des finances ? Est ce qu’il se serait senti visé par la parabole de l’intendant qui doit rendre sa gérance parce qu’il se sert de l’argent de son maître ? L’argent serait il devenu plus important pour lui. Si on admet que Iscariote veut dire peut être sicaire (porteur de poignard donc zélote alors peut être peut on penser que l’argent aurait servi à acheter des armes ? Humiliation ?


Est ce le fait que Jésus était tout sauf commode et qu’on imagine mal Judas allant voir Jésus et lui faisant part de ses états d’âme. Car Jésus est brutal avec des apôtres ; ne traite il pas Pierre de Satan ? Ne doit-on pas marcher derrière lui. Quand il réprimande Jacques et Jean qui veulent faire tomber la foudre sur un village Samaritain, on peut supposer qu’Il n’a pas dû faire dans la dentelle pour les dissuader. Là encore la même question : Il ne va mettre les Romains dehors. Alors Judas a t il comme Jérémie pensé "tu m'as séduit et je me suis laissé séduire, mais tu as été comme des eaux trompeuses..."Il est alors possible d'imaginer la souffrance de cet homme.
   
Qu’est ce qui s’est passé le soir du jeudi saint ? Est ce que le lavement des pieds a été le geste que Jésus n’aurait pas du faire ? Lui le maître faire l’esclave ? Pouvait il encore lui faire confiance ? Et puis peut être la peur de ce qui allait se passer. Et si les  prêtres et les anciens allaient s’en prendre à eux puisque de toutes les manières le sort de Jésus semblait scellé, inéluctable ? Alors il y a une peur insidieuse de devient de plus en plus forte. L’argent permettra de survivre après. Bien sûr l’argent cela colle aux écrits prophétiques, mais si Judas l’a demandé c’est bien que cela devait lui servir. 
Nous avons la chance d’être dans un pays où il n’y a pas de persécutions religieuses mais que ferions ailleurs ?
Ces interrogations là ne sont pas aussi les nôtres de temps en temps ?

Alors d’une certaine manière on peut dire (je peux dire) que Judas est une sorte de miroir de nos doutes de nos interrogations. Et même s’il avait reçu le pouvoir sur les Esprits mauvais (qui n’auraient pas du faire de lui leur maison) il n’en demeure pas moins que ses frères n’ont compris le sens de la mort de Jésus qu’après avoir reçu l’Esprit Saint.


Je voudrais aussi revenir sur la mort de Judas, car il a eu deux fins possibles. L’une que l’on retient est la mort par pendaison (Matthieu), l’autre est une mort peu glorieuse (Luc, actes des Apôtres) où son corps se serait en quelque sorte fendu (comme s’il avait reçu un coup d’épée) et se serait répandu sur le sol. Cette mort est   semblable à celle du roi Hérode le Grand qui d’une certaine manière « crève » de l’intérieur. C’est le sort réservé aux impies et c’est un moyen de stigmatiser Judas qui de juste (choisi) est devenu impie et qui peut être n’a pas dû profiter su salut donné à tous les hommes par la mort sur la croix.


Pour en revenir à l’évangile de Matthieu, il est étonnant de voir toute la place accordée à cet épisode : la discussion des prêtres pour savoir ce qu’il faut faire avec l’argent rendu par Judas, comme s’ils n’avaient que ça à faire dans cette journée où ils devaient trouver des arguments pour que les romains condamnent Jésus. Mt 27,3-10.


Maintenant se pose la question de ce suicide. Pour Mathieu la mort par pendaison est en quelque sorte programmée dans l’écriture ; « malheur à celui qui pend au bois de l’arbre ». Elle en quelque sorte le pendant de la mort de Jésus. Mais la mort de Jésus donne la vie et l’arbre de la croix devient source, et cela Judas n’a pas eu le temps de le comprendre.


Et puis je me demande  pourquoi Pierre qui avait une épée ne lui a t il pas foncé dans le lard lors de l’arrestation ? Pourquoi trancher l’oreille d’un pauvre diable,  alors que le mauvais c’est quand même Judas ?

Pourquoi ne pas imaginer que les yeux de Judas se sont ouverts, qu’après ce baiser qui a été un contact physique avec Jésus (et il suffit de toucher la frange de son manteau pour être guéri) . A-t-il compris que celui que malgré tout son cœur aime, va mourir et que rien ne peut empêcher cela ? Ce qu’il a fait est un échec (même si cela accomplit les écritures). Je crois pour ma part que bien souvent le suicide est la seule réponse possible a une souffrance trop grande et j’espère que c’est cela qui a poussé Judas à cet acte et que comme le bon larron il s’est retrouvé au Paradis .
En fait qui sommes nous pour juger Judas comme pour juger ceux qui ont mis à mort Jésus ?


Curieusement aujourd’hui un judas est un œilleton qui permet de voir ce qui se passe dehors sans être vu. Un  judas cela nous protège. De quoi Judas nous a t il protégé ? Peut-être de nous croire à l’abri de la tentation alors qu’elle est toujours là.