dimanche, février 28, 2010

La transfiguration Lc 9, 28-38


L'évangile du 2° dimanche de carême est celui de la transfiguration. Lc 9,28-36

Il est rapporté que dans un premier temps les disciples dormaient:

"Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie."

Alors mon interrogation du jour est la suivante: comment Pierre a t il su qui était qui? Il n'y avait pas photos à l'époque, alors comment reconnaître Moïse? Comment reconnaître Elie? jésus a t ii fait les présentations? Jésus aurait il eu le temps de présenter Pierre comme son successeur? De toutes les manières son Père ne luyi en aurait pas laissé le temps... La mission, pas les papotages...

La théophanie prend le pas sur tout le reste. Jésus n'est ni Moïse, ni Elie, il est le Fils.

Mais on peut aussi imaginer à quel point Pierre a du se sentir tout petit: il vient de se réveiller pour voir non plus Jésus seul, mais jésus en train de parler avec les deux autres. Il a essayé de se donner une contenance en proposant de monter des tentes. Il est encore dans son idée (s'arranger pour que tout demeure dans l'état, comme si on pouvait mettre la main sur le divin), quand justement le divin se manifeste autrement :une nuée s'abat sur lui et surtout un voix lui coupe la parole (il n'avait pas fini de parler) .

On peut bien imaginer qu'après une telle expérience, le silence s'impose... "Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là".

vendredi, février 12, 2010

Jn6,57: "de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi".




Jn,6,57 "De même que le Père, qui est vivant, M'a envoyé et que Je vis par le Père, de même celui qui Me mange lui aussi vivra par Moi".

Une des difficultés avec le discours sur le pain de vie (Jn 6), c’est son côté cannibalique : manger la chair (la viande) boire le sang. D’ailleurs la fin du chapitre montre bien combien ce discours fut insupportable, même pour ceux qui se pensaient être des disciples.

Mais ne peut-on entendre du moins aujourd’hui et dans notre culture française les choses autrement ?

Mais ne dit on pas de quelque qu’un que l’on aime que l’on se « nourrit de sa présence » ?
Ne dit-on pas que « l’on boit » les paroles de quelqu’un ?

Les paroles ne sont elles pas ce qui sort comme un flot de la bouche de quelqu’un (un flot de paroles), un peu comme un fleuve ? Chacun sait que les paroles peuvent parfois tuer… les paroles qui sortent de la bouche de jésus sont porteuses de Vie et cela nous le savons, même si parfois elles sont difficiles à entendre et à mettre en pratique. Alors les paroles qui sont source sont aussi comme le sang (transfusion) qui donne la vie. Les paroles qui sortent de la bouche de Dieu, ne tombent pas sur le sol, mais en nous si nous ouvrons l’oreille et le cœur et elles nous font vivre : Es55,11 « ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j'ai voulu et réalisé l'objet de sa mission."

Quant à se nourrir de la présence de quelqu’un, c’est peut-être quand nous sommes confrontés à un deuil que nous nous rendons compte combien la présence de l’autre nous avait nourris et rassasiés jusque là. C’est aussi l’expérience de toute relation amoureuse (quand on a l’impression que l’autre juste quand il est là vous rend plus vivant, plus heureux. On se nourrit de l’autre quand on le regarde, quand on le sent, quand on le touche, quand on entend le son de sa voix (ne peut-on penser à Marie de Magdala qui est comme régénérée, vitalisée quand elle appelée par son prénom au matin de la résurrection ?). L’autre expérience que nous avons de nous nourrir du corps de l’autre c’est quand nous avons la chance d’avoir un bébé: il se nourrit de nous comme nous nourrissons de lui, quand nous nous émerveillons quand nous sommes comblés, rassasiés par le présence de cet être en devenir.

Alors bien au delà du cannibalique, il y a bien dans ces paroles de Jésus l’annonce de ce qui sera la symbolique de l’eucharistie : faire mémoire de sa présence par le rappel à la fois de ses paroles qui nous rendent vivants et de son amour qui a pris corps et qui nous donne paix et joie.

Il ne s’agit pas d’incorporer du sang et de la viande pour voler la force de celui qui se dit fils du Père, mais de recevoir ce dont nous avons besoin pour sortir de notre animalité, et de devenir des Vivants, des hommes debuts et ce même au moment de la mort.

lundi, février 08, 2010

La parabole de la graine de moutarde.Mat13, 31-32




"Le royaume de Dieu est semblable à un grain de moutarde qu'un homme a pris et semé dans son champ. C'est la plus petite de toutes les semences; mais quand elle a poussé, elle est plus grande que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel, viennent habiter dans ses branches"

C'est une parabole qui m'a toujours mise mal à l'aise, parce que le mini arbuste qui sort de cette graine n'est pas si grand que cela et globalement c'est bien rare que l'on voit des oiseaux dessus sauf pour peut-être se nourrir des graines puisque je suppose que les fleurs donnent les graines. Alors pour moi la pointe de la parabole n'est pas le développement du royaume, même si c'est le développement donné habituellement.



Ce qui me frappe (que ce soit la graine de moutarde ou la graine de sénevé) c'est qu'il ne s'agit pas de n'importe quelle graine. la moutarde comme le sénevé, on s'en sert entra autre dans les sinapismes et pour les personnes de ma génération qui ont connu les cataplasmes pour soigner les bronchites, c'est la notion de brûlure qui s'attache à ce mot.

Il me semble que c'est bien la notion de feu qui est sous jacente et qui est pour moi la "pointe" de cette parabole.Jésus ne dit-il pas, Lc 12, 49: Je suis venu pour allumer le feu sur cette terre et comme je voudrai qu'il fut déjà allumé".Il suffit d'une toute petite braise pour que le feu se propage. Et je pense que la couleur de cette fleur, jaune n'a pas été choisie au hasard;

Alors pour moi, cette parabole me dit qu'il faut un tout petit peu de feu, une petite graine d'amour pour que cela s'enflamme que cela pousse et que d'autres puissent venir s'y chauffer;

samedi, février 06, 2010

Abondance...

Jn 10, 10 « Je suis venu pour qu’on ait la vie et que vous l’ayez en surabondance ».


"Quand le silence devient créateur de plénitude"

Quand on lit les évangiles, on (je) est souvent frappé par la notion d’abondance. Jésus guérit « tous les malades, tous les possédés », il se laisse toucher (à la limite de l’étouffement) par tous, il nourrit toute la foule et il y a des restes, et il donne sa vie pour la multitude.

Or même si j’ai la chance d’être dans l’église du 21° siècle, souvent le rituel sacramentel ne me semble pas aller dans le sens de cette abondance qui symboliquement renvoie pour moi à l’ une des caractéristique de Dieu Père.

Je sais très bien que la communion quotidienne des laïcs n’est pas si ancienne que cela et je me réjouis de cette possibilité. Mais ce petit morceau qui colle parfois au palais, absolument sans saveur (je parle des hosties blanches par rapport aux hosties brunes qui ont du goût et un certain craquant) d’une certaine manière me laisse sur ma faim, même si je sais que ça n’a pas d’importance. Seulement je suis un être humain et les signes utilisés sont importants. Je voudrais relater ce que j’ai vécu lors d’une assemblée eucharistique du dimanche il y a quelques temps, et comment j’ai pu vivre cette divine abondance.

Au moment le la consécration, le célébrant a laissé un silence important s’installer entre « prenez et mangez », et « ceci est mon corps livré pour vous». En fait aujourd’hui je me demande même si le « et » de la première phrase n’a pas été remplacée par un premier silence (le temps d’un soupir en solfège).

Cette scansion et la manière dont ces deux mots étaient dits : « prenez »c’est à dire servez vous, il y en a pour tout le monde et « mangez » à savoir vous pouvez vous sentir remplis par ce pain, rassasiés en quelque sorte, m’a fait immédiatement penser à la multiplication des pains et à cette abondance donnée par Jésus (ils en remplirent 12 couffins), abondance qu’il nous a promise : Jn 10, 10 « Je suis venu pour qu’on ait la vie et que vous l’ayez en surabondance ». Cette image de surabondance, de plénitude étant fréquente dans le quatrième évangile. Je pouvais me représenter Jésus,disant cela à ses disciples.

Il me faut aussi dire que les frères bénédictins du prieuré d’Etiolles, ne consacrent pas une hostie, mais en général trois si ce n’est plus, et que celles ci seront rompues pendant le chant de l’agneau de Dieu. Il y a différentes tailles et chacun peut choisir ce qui lui convient et passe ensuite le plat à son voisin ce qui permet réellement d’être dans le partage. Il n’y a pas surabondance mais abondance et le fait de prendre son temps et pour choisir le morceau d’hostie consacrée et pour la présenter à son voisin étaye en quelque sorte cette manière de prononcer les paroles de la consécration.

Mais dans les eucharisties aux quelles je participe habituellement il n’en est rien, et du coup je me suis posée une question sur cette abondance que Jésus dit nous donner. J’ai parfois l’impression qu’il traîne une image de l’être humain qui est si mauvaise, (il est si pécheur, il est si mauvais) qu’il ne faut jamais lui donner quelque chose qui pourrait le rassasier parce qu’il pourrait s’y habituer et réclamer toujours plus. Loin de moi de faire l’apologie de la gloutonnerie, mais quand jésus se donne il ne retient rien et parfois les signes permettent de mieux rentrer dans le mystère.Parfois j'ai un peu l'impression que'il traîne dans une certaine église la peur de donner des perles à des cochons..

Bien sûr dans la célébration à laquelle je fais référence, il en a été de même pour le vin. Dans le « Prenez et buvez », il y avait cette idée qu’il n’y a pas à se restreindre, qu’il y en aura pour tous.

Quand Jésus se donne, Il fait totalement, Il ne retient rien par devers Lui (et c’est bien en cela aussi que sa divinité et sa différence se manifeste). Ce n’est pas la peine de se dépêcher, de vouloir être servi le premier, non Il se donne et même s’Il se donne et est détruit, il demeure « entier », Il ne diminue pas. Et là encore j’ai ressenti cette même impression de plénitude. Une sorte de permis qui s’oppose tellement au défendu (ne pas toucher, ne pas lever les yeux comme si on allait être foudroyé par cette présence qui se réduit juste à un morceau de pain et à un peu de vin coupé d’eau).

Même si nous le consommons, même s’il devient partie intégrante de nous, même si dans la réalité il est détruit comme son corps a été détruit sur la croix, Il demeure inchangé, lui le Ressuscité. Il y a une plénitude, une totalité que cette minuscule hostie, souvent si fine ne permet pas de restituer.

Et puis dans la réflexion qui a suivi cette perception de plénitude, je me suis dit que ce pain, ce pain azyme au moment du repas pascal devait être servi chaud, et qu’il devait y avoir de quoi se nourrir. Je veux dire que ce devait être « bon » même s’il ne s’agit pas de pain levé. Jésus est l’agneau pascal qui va être immolé le lendemain.

L’agneau de la Pâques (celle de la sortie du pays d'esclavage) d’après ce qu’on peut lire dans l’Exode entièrement consommé, il ne devait rien en rester. Quant au sang de l'agneau de cet agneau, contrairement à ce qui se passe dans les sacrifices des prêtres dans le temple où le sang de l'animal est laissé à Dieu, il devait servir (en enduire les linteaux des maisons)t de signe pour que l’Ange exterminateur ne s’en prenne pas aux premiers nés du peuple choisi.

Désormais le sang tout signe de la vie qu'il soit n'est plus interdit à l'être humain. La permission de prendre la coupe et de boire ce qui représente le sang de celui qui va se donner me semble très important. C’est à la fois la fin d’un interdit de la première alliance (ce qui montre peut être que l’ancien monde s’en est allé Ap 21, 4) et que le signe que le salut "couvre" tous les hommes et les mets en relation avec le Père.

Maintenant quand on prononce d’un coup, "prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous", ce que j’entends c’est " livré pour vous » parce souvent la voix du célébrant appuie sur la finale. Et peut être que je n’ai pas trop envie d’entendre cela parce que même si c’est vrai c’est un peu culpabilisant.

Je sais que j’exagère, mais je crois que je suis bien plus sensible à l’Amour de Celui qui donne et se donne qu’à me voir toujours de manière négative. Se savoir l’objet d’amour de quelqu’un change complètement aussi le regard que l’on porte sur soi.

Parfois j’aimerai que les mots de la consécration reprennent ceux de l’épitre aux corinthiens 1 Cor 11, « 23 « En effet, voici ce que moi j'ai reçu du Seigneur, et ce que je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, 24et après avoir rendu grâce, il le rompit et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous, faites cela en mémoire de moi. » 25Il fit de même pour la coupe, après le repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; faites cela, toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi. » 26Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. ».




Puis le temps passant il m’est apparu autre chose. A savoir que le fruit de ce corps donné et de ce sang versé ( la passion et la croix) c’est l’Esprit Saint et que cet Esprit Saint il nous suffit de le demander pour le recevoir en abondance.

L’esprit saint désormais n’est plus l’apanage de certains qui seraient appelés à une fonction particulière comme les premiers rois d’Israël (1 exemple les premiers rois d’Israël,: 1 Sam 13,9-10 ou 1SAM 16 13 ou l’esprit de Dieu, fond sur les futurs Rois. Certes cet Esprit les prophètes en parlent mais il s’agit d’un futur.

Aujourd'hui, Il est là pour tous ceux qui reconnaissent que Jésus est l’Oint, celui qui nous permet d’être vivants même si la mort physique reste la butée. La vie éternelle est déjà commencée aujourd’hui et maintenant. Désormais l’Esprit Saint nous est donné, nous pouvons avoir ses dons en abondance, alors tant pis si nous ne sommes plus rassasiés physiquement par le petit morceau de pain azyme. L’esprit qui unit le père et le Fils nous est donné en plénitude et nous rend ministres, participant à cette Vie qui est celle qui nous a été promise et donnée.

Jésus ne dit Il pas: Lc 11, 13 " Combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient".Et là, nous retrouvons bien le Dieu qui donne et se donne en abondance. A nous d’ouvrir les yeux et de comprendre les signes et de ne pas hésiter à demander ce qui nous proposé gratuitement...

lundi, février 01, 2010

Repentance,conversion... C'était quand même plus facile


Comme beaucoup de mes lecteurs le savent, j’ai toujours un peu de mal avec les mots repentance, conversion.. D'abord parce en tant que psychologue, je passe du temps à essayer de lever le poids d'une fausse culpabilité avec certaines personnes que je rencontre pour qu'elles ne confondent pas "pas capables et coupables", et surtout parce que j’ai souvent l ‘impression que chaque événement de l’année liturgique est là pour se faire sermonner…

Tout est occasion à se convertir, à se reconnaître pécheur. Il m’est même arrivé de penser que le début de l’eucharistie, c’est comme un groupe de « pécheurs anonymes ».On ne se présente pas individuellement mais on pourrait se lever et dire Salut, je m’appelle X et je suis pécheur. Or compte tenu de ce que nous sommes (humus) notre réalité est de ne pouvoir faire le bien (et souvent de nous rendre compte que malgré notre bonne volonté ça dérape) mais de là à s’auto flageller, et bien non.

Dieu sait de quoi nous somme fait et s’il est comme l’annonce Jésus le Dieu de miséricorde, et si comme le dit Luther il suffit de tendre les bras vers Lui pour qu’Il vienne vous prendre dans ses bras (pécheur ou pas), alors pourquoi ne pas s’accepter avec ce que nous sommes, notre bon et notre mauvais, et quand nous prenons conscience du mal en nous, rectifier le tir (conversion) et nous en remettre au torrent d’amour qui est en Dieu pour nous purifier, car la purification oui nous en avons besoin chaque jour de notre vie.

J’ai aussi l’impression que selon les églises, on appuie plus sur la repentance ou plus sur la conversion. J’ai lu quelque chose qui m’a bien plu concernant le baptême de Jean. C’est parce que je me reconnais comme pollué par des pensées et des actes qui n’ont rien à voir avec ce que Dieu attend de moi que je demande par ce geste symbolique à être purifié. Il ne s’agit pas de quelque chose de magique qui me rendrait ma pureté originelle (en admettant qu’elle existe ce dont je doute compte tenu de l’évolution de l’homme) mais de la reconnaissance que j’ai un peu raté la cible ou que je ne me suis guère ajustée à ce que Dieu désire pour moi. Il faut se reconnaître « différent de qu’il faudrait » pour demander l’eau du baptême et recevoir l’Esprit saint qui nous fait enfant de Dieu.



Il n’en demeure pas moins que se battre la coulpe dans arrêt, ce n’est pas trop mon truc. Et puis je crois profondément qu’on ne perd pas la relation à Dieu si facilement que cela, même si on fait comme si on ne tenait pas compte de sa présence. C’est quelque chose que j’ai entendu fréquemment : s’en vouloir de faire ce que l’on à faire dans la journée sans se référer explicitement à Jésus, comme si on l’avait oublié exprès.

Et je ne peux pas être d’accord avec cela. Il existe en l’être humain quelque chose qui s’appelle « la permanence de l’objet » c’est à dire que même si on ne sait pas où est l’objet, il ne disparaît pour autant. Ce n’est pas parce que je ne pense pas que Dieu est en moi qu’Il ne l’est pas. Ma pensée n’est pas toute puissante, ce n’est pas moi qui Le fait apparaître et disparaître à volonté. Il est impossible d’effacer les identifications aux images parentales, il en de même de Dieu pour peu qu’on ait eu la chance de le connaître à un moment de son existence.

Tout ceci pour dire que l’un dans l’autre j’ai une vision plutôt optimiste du salut.

Le salut, aujourd’hui c’est de savoir que je suis incapable de me changer. Il y a des choses que je peux faire parfois, mais l’un dans l’autre la partie animale qui est en moi est très prégnante et me conduit à ne pas respecter et prendre soin de moi et de l’autre. Si je désire être un être vivant, (et c’est bien cela le salut, échapper à la mort), alors j’ai besoin de Jésus pour qu’Il me donne son Esprit pour que je sois dans la vie avec Lui et ce dès aujourd’hui. Ce qui se passera après ma mort n’est pas pour moi un moteur. Ce qui compte pour moi c’est que dès aujourd’hui la Vie soit là, que la lumière luise dans mes ténèbres, que mes yeux s’ouvrent.

En même temps il y a en moi une espèce de certitude, j’essaye de vivre le moins mal possible, donc le salut m’est donné. Un peu comme si je m’estimais « juste ».

A ce moment là m’est venue une pensée un peu étrange. Est ce que j’ai envie que réellement tous les hommes soient « sauvés » c’est à dire que tous les hommes si mauvais soient ils aient la chance d’entrer un jour (que ce soit ici mais surtout dans l’Au-delà) dans une vie avec Dieu, en d’autre termes qu’ils aient « un bon futur », puisque je ne sais pas grand chose de ce qui se passer après ma mort et que finalement c’est loin d’être ma préoccupation. Et c’est là où je me suis rendue compte ( sous-titre de ce billet) que avec le Dieu du premier testament les choses étaient bien plus simples.

Quand on compare le Dieu du premier testament avec celui du deuxième, on est souvent choqué par la violence ou du moins par les actes de violences qu’Il commet en personne mais le plus souvent par Ange ou par personne ou peuple interposé. On peut penser aux égyptiens tués au moment où la mer se referme sur eux, la mort de tous les premiers nés égyptiens, le peuple de Sodome ou le peuple élu (massacres des populations lors de l’installation en Canaan.

Ce Dieu là, ne fait pas de cadeaux, pas de détail. Il semble manquer de miséricorde; Il a la main leste et Sa colère s’enflamme pour un oui et pour un non. L’épisode du transfert de l’Arche 2Sam, 6-7 où le malheureux Uzza est foudroyé parce qu’il a osé toucher l’arche pour éviter qu’elle ne verse est assez impressionnant : « Alors la colère de Yahvé s'enflamma contre Uzza : sur place, Dieu le frappa pour cette faute, et il mourut, là, à côté de l'arche de Dieu ». Ce Dieu là fait penser au Zeus tonnant des grecs. Il n’est pas question de « poser la main sur Lui ».

Mais pourtant avec ce Dieu là d’une certaine manière les choses sont simples et faciles (même si dans la réalité tenir compte de Sa manière de voir n’est pas simple, les rois d’Israël en ayant fait le triste expérience).On obéit et tout se passe bien, on s’oppose et là tout peut arriver. C’est aussi ce qui est signifié dans le chapitre 28 du deutéronome où les malédictions peuvent faire frémir…

Si on simplifie à l’extrême, cela donne : le juste vivra et l’impie mourra. Le juste c’est celui qui met la loi de YHWH au centre de sa vie, l’impie (qu’il soit un membre de la communauté ou qu’il appartienne à un autre peuple) sera condamné. Il sera extirpé de la terre des vivants. Je fais là référence au psaume 51,6-7: « 5Tu aimes le mal plus que le bien, et plus que la vérité, le mensonge ; 6tu aimes les paroles qui tuent, langue perverse. 7Mais Dieu va te ruiner pour toujours, t’écraser, t’arracher de ta demeure, t’extirper de la terre des vivants ».

Là où les choses se compliquent un peu pour ne pas dire beaucoup c’est avec ce texte d’Ezéchiel 33,12_17« Toi fils d'homme, dis aux gens de ton peuple : La justice du juste ne le sauvera pas le jour de sa révolte et la méchanceté du méchant ne le fera pas trébucher le jour où il se détournera de sa méchanceté. Le juste ne pourra pas vivre de sa justice le jour où il péchera. 13Si je dis au juste qu'il vivra certainement et que celui-ci, fort de sa justice, commette un méfait, aucun de ses actes justes ne sera retenu, il mourra dans le méfait qu'il aura commis. 14Si je dis au méchant : “Tu mourras certainement”, et qu'il se détourne de son péché, pratique le droit et la justice, 15s'il rend le gage, restitue ce qu'il a volé, s'il marche selon les lois de la vie, en évitant de faire le mal, il vivra certainement, il ne mourra pas ; 16aucun des péchés qu'il a commis ne sera retenu contre lui ; il a accompli le droit et la justice ; il vivra »

Cette manière de voir les choses est très supérieure (si je puis dire) à ce qui avait été annoncé dans l’exode où Dieu est certes un Dieu de tendresse, mais qui retient les fautes sur 4 générations Ex 34,7 « qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché mais ne laisse rien impuni et châtie les fautes des pères sur les enfants et les petits-enfants, jusqu'à la troisième et la quatrième génération » ,mais elle choque quand même notre sens commun de la justice.

Mais trouvons nous normal que celui qui a fait le mal soit sauvé comme nous qui avons essayé de ne pas le commettre ? Ce que je veux dire, c’est qu’il y a en nous une sorte de balance. La justice est d’ailleurs représentée comme cela. Si le juste se détourne (moment de faiblesse, trop d’épreuves) le bon qu’il a fait doit être compté pour rien ? Cela reste un peu choquant. Quant au méchant dans le texte d’Ezéchiel. il est question de réparation ce qui est différent d’une simple repentance. le mal qu’il a commis est il gommé purement et simplement ? Pas facile.

Et si on passe au Dieu de Jésus, alors cela se complique encore.

Admettre que Dieu fait pleuvoir pour les bons comme pour les méchants pourquoi pas. Mais …

Admettre qu’il y a plus de joie au ciel pour un méchant qui se repend que pour 100 justes qui n’ont pas besoin de repentance, pas facile non plus. ,

Savoir que le Fils de Dieu est venu pour tous les hommes, pour que tous aient la vie et qu’ils l’aient en abondance, oui certainement mais…

Je peux accepter de ne pas me venger, de laisser la vengeance au tout Puissant (et encore) mais qu’il soit sauvé exactement comme moi, qui n’ai pas commis d’actes vraiment délictueux (du moins c’est ce que je peux imaginer dans ma candeur naïve) cela ce n’est pas du tout évident. Je sais que je n’ai pas à m’occuper des autres, mais je ne peux fermer les yeux.

Et là vient une interrogation… Et si moi finalement je n’étais pas si bien que ça. Et si moi j’avais un peu tendance à ne pas voir la poutre qui est dans mon œil ? Et si moi finalement je fais partie de ceux qui vivent dans le mal et le laissent faire.
Alors je dois reconnaître en moi que même si je ne commets pas le mal exprès pour faire le mal, il y a en moi une partie qui n’a pas du tout envie que le méchant ait droit à la plénitude.

Cette partie là, elle est liée à ma structure d’homme, parce que animal je suis et malgré tout animal je reste. Je n’ai pratiquement pas de pouvoir sur cette partie là. Et c’est bien l) où moi aussi j’ai besoin de miséricorde et où sans misérabilisme je peux me reconnaître pécheur (enfin pas si bon que ça).

Personne, ni moi ni les autres ne peut se considérer comme juste, même si j’essaye de m’ajuster au mieux à ce que je crois
être le désir de Dieu.

Cette partie n’est pas bonne mais si Dieu me fait miséricorde à moi qui du coup ne fait pas partie des justes mais des pécheurs, alors pourquoi ne ferait il pas de même pour tous les hommes ?
.
Et c’est en réfléchissant à cette partie de moi qui n’est pas vraiment d’accord que le regard que je porte sur moi s’est mis à changer. Il existe quelque chose en moi qui est de l’ordre de la mort et même si ce n’est pas facile de mettre des mots sur ce que c’est, j’ai pu enfin approcher de ce que l’on appelle la repentance. Il ne s’agit pas tant d’actes mauvais commis en toute connaissance de cause que de me rendre compte qu’il y a en moi tout une partie qui ne va pas vers le bien qui n’est pas assouplie par l’esprit, et que c’est pour que cette partie là ne m’entraîne pas vers la morts que Jésus est mort et ressuscité

Alors oui « je ne suis pas digne que tu viennes chez moi, mais dis une parole et je suis sauvée ».

Ps un futur, mais un présent....