vendredi, février 12, 2010

Jn6,57: "de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi".




Jn,6,57 "De même que le Père, qui est vivant, M'a envoyé et que Je vis par le Père, de même celui qui Me mange lui aussi vivra par Moi".

Une des difficultés avec le discours sur le pain de vie (Jn 6), c’est son côté cannibalique : manger la chair (la viande) boire le sang. D’ailleurs la fin du chapitre montre bien combien ce discours fut insupportable, même pour ceux qui se pensaient être des disciples.

Mais ne peut-on entendre du moins aujourd’hui et dans notre culture française les choses autrement ?

Mais ne dit on pas de quelque qu’un que l’on aime que l’on se « nourrit de sa présence » ?
Ne dit-on pas que « l’on boit » les paroles de quelqu’un ?

Les paroles ne sont elles pas ce qui sort comme un flot de la bouche de quelqu’un (un flot de paroles), un peu comme un fleuve ? Chacun sait que les paroles peuvent parfois tuer… les paroles qui sortent de la bouche de jésus sont porteuses de Vie et cela nous le savons, même si parfois elles sont difficiles à entendre et à mettre en pratique. Alors les paroles qui sont source sont aussi comme le sang (transfusion) qui donne la vie. Les paroles qui sortent de la bouche de Dieu, ne tombent pas sur le sol, mais en nous si nous ouvrons l’oreille et le cœur et elles nous font vivre : Es55,11 « ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j'ai voulu et réalisé l'objet de sa mission."

Quant à se nourrir de la présence de quelqu’un, c’est peut-être quand nous sommes confrontés à un deuil que nous nous rendons compte combien la présence de l’autre nous avait nourris et rassasiés jusque là. C’est aussi l’expérience de toute relation amoureuse (quand on a l’impression que l’autre juste quand il est là vous rend plus vivant, plus heureux. On se nourrit de l’autre quand on le regarde, quand on le sent, quand on le touche, quand on entend le son de sa voix (ne peut-on penser à Marie de Magdala qui est comme régénérée, vitalisée quand elle appelée par son prénom au matin de la résurrection ?). L’autre expérience que nous avons de nous nourrir du corps de l’autre c’est quand nous avons la chance d’avoir un bébé: il se nourrit de nous comme nous nourrissons de lui, quand nous nous émerveillons quand nous sommes comblés, rassasiés par le présence de cet être en devenir.

Alors bien au delà du cannibalique, il y a bien dans ces paroles de Jésus l’annonce de ce qui sera la symbolique de l’eucharistie : faire mémoire de sa présence par le rappel à la fois de ses paroles qui nous rendent vivants et de son amour qui a pris corps et qui nous donne paix et joie.

Il ne s’agit pas d’incorporer du sang et de la viande pour voler la force de celui qui se dit fils du Père, mais de recevoir ce dont nous avons besoin pour sortir de notre animalité, et de devenir des Vivants, des hommes debuts et ce même au moment de la mort.

1 commentaire:

TOURNESOL a dit…

J'aime bien le commentaire...
Se "nourrir" de la présence ou de la pensée d'un frère nous aide à vivre.