lundi, février 01, 2010

Repentance,conversion... C'était quand même plus facile


Comme beaucoup de mes lecteurs le savent, j’ai toujours un peu de mal avec les mots repentance, conversion.. D'abord parce en tant que psychologue, je passe du temps à essayer de lever le poids d'une fausse culpabilité avec certaines personnes que je rencontre pour qu'elles ne confondent pas "pas capables et coupables", et surtout parce que j’ai souvent l ‘impression que chaque événement de l’année liturgique est là pour se faire sermonner…

Tout est occasion à se convertir, à se reconnaître pécheur. Il m’est même arrivé de penser que le début de l’eucharistie, c’est comme un groupe de « pécheurs anonymes ».On ne se présente pas individuellement mais on pourrait se lever et dire Salut, je m’appelle X et je suis pécheur. Or compte tenu de ce que nous sommes (humus) notre réalité est de ne pouvoir faire le bien (et souvent de nous rendre compte que malgré notre bonne volonté ça dérape) mais de là à s’auto flageller, et bien non.

Dieu sait de quoi nous somme fait et s’il est comme l’annonce Jésus le Dieu de miséricorde, et si comme le dit Luther il suffit de tendre les bras vers Lui pour qu’Il vienne vous prendre dans ses bras (pécheur ou pas), alors pourquoi ne pas s’accepter avec ce que nous sommes, notre bon et notre mauvais, et quand nous prenons conscience du mal en nous, rectifier le tir (conversion) et nous en remettre au torrent d’amour qui est en Dieu pour nous purifier, car la purification oui nous en avons besoin chaque jour de notre vie.

J’ai aussi l’impression que selon les églises, on appuie plus sur la repentance ou plus sur la conversion. J’ai lu quelque chose qui m’a bien plu concernant le baptême de Jean. C’est parce que je me reconnais comme pollué par des pensées et des actes qui n’ont rien à voir avec ce que Dieu attend de moi que je demande par ce geste symbolique à être purifié. Il ne s’agit pas de quelque chose de magique qui me rendrait ma pureté originelle (en admettant qu’elle existe ce dont je doute compte tenu de l’évolution de l’homme) mais de la reconnaissance que j’ai un peu raté la cible ou que je ne me suis guère ajustée à ce que Dieu désire pour moi. Il faut se reconnaître « différent de qu’il faudrait » pour demander l’eau du baptême et recevoir l’Esprit saint qui nous fait enfant de Dieu.



Il n’en demeure pas moins que se battre la coulpe dans arrêt, ce n’est pas trop mon truc. Et puis je crois profondément qu’on ne perd pas la relation à Dieu si facilement que cela, même si on fait comme si on ne tenait pas compte de sa présence. C’est quelque chose que j’ai entendu fréquemment : s’en vouloir de faire ce que l’on à faire dans la journée sans se référer explicitement à Jésus, comme si on l’avait oublié exprès.

Et je ne peux pas être d’accord avec cela. Il existe en l’être humain quelque chose qui s’appelle « la permanence de l’objet » c’est à dire que même si on ne sait pas où est l’objet, il ne disparaît pour autant. Ce n’est pas parce que je ne pense pas que Dieu est en moi qu’Il ne l’est pas. Ma pensée n’est pas toute puissante, ce n’est pas moi qui Le fait apparaître et disparaître à volonté. Il est impossible d’effacer les identifications aux images parentales, il en de même de Dieu pour peu qu’on ait eu la chance de le connaître à un moment de son existence.

Tout ceci pour dire que l’un dans l’autre j’ai une vision plutôt optimiste du salut.

Le salut, aujourd’hui c’est de savoir que je suis incapable de me changer. Il y a des choses que je peux faire parfois, mais l’un dans l’autre la partie animale qui est en moi est très prégnante et me conduit à ne pas respecter et prendre soin de moi et de l’autre. Si je désire être un être vivant, (et c’est bien cela le salut, échapper à la mort), alors j’ai besoin de Jésus pour qu’Il me donne son Esprit pour que je sois dans la vie avec Lui et ce dès aujourd’hui. Ce qui se passera après ma mort n’est pas pour moi un moteur. Ce qui compte pour moi c’est que dès aujourd’hui la Vie soit là, que la lumière luise dans mes ténèbres, que mes yeux s’ouvrent.

En même temps il y a en moi une espèce de certitude, j’essaye de vivre le moins mal possible, donc le salut m’est donné. Un peu comme si je m’estimais « juste ».

A ce moment là m’est venue une pensée un peu étrange. Est ce que j’ai envie que réellement tous les hommes soient « sauvés » c’est à dire que tous les hommes si mauvais soient ils aient la chance d’entrer un jour (que ce soit ici mais surtout dans l’Au-delà) dans une vie avec Dieu, en d’autre termes qu’ils aient « un bon futur », puisque je ne sais pas grand chose de ce qui se passer après ma mort et que finalement c’est loin d’être ma préoccupation. Et c’est là où je me suis rendue compte ( sous-titre de ce billet) que avec le Dieu du premier testament les choses étaient bien plus simples.

Quand on compare le Dieu du premier testament avec celui du deuxième, on est souvent choqué par la violence ou du moins par les actes de violences qu’Il commet en personne mais le plus souvent par Ange ou par personne ou peuple interposé. On peut penser aux égyptiens tués au moment où la mer se referme sur eux, la mort de tous les premiers nés égyptiens, le peuple de Sodome ou le peuple élu (massacres des populations lors de l’installation en Canaan.

Ce Dieu là, ne fait pas de cadeaux, pas de détail. Il semble manquer de miséricorde; Il a la main leste et Sa colère s’enflamme pour un oui et pour un non. L’épisode du transfert de l’Arche 2Sam, 6-7 où le malheureux Uzza est foudroyé parce qu’il a osé toucher l’arche pour éviter qu’elle ne verse est assez impressionnant : « Alors la colère de Yahvé s'enflamma contre Uzza : sur place, Dieu le frappa pour cette faute, et il mourut, là, à côté de l'arche de Dieu ». Ce Dieu là fait penser au Zeus tonnant des grecs. Il n’est pas question de « poser la main sur Lui ».

Mais pourtant avec ce Dieu là d’une certaine manière les choses sont simples et faciles (même si dans la réalité tenir compte de Sa manière de voir n’est pas simple, les rois d’Israël en ayant fait le triste expérience).On obéit et tout se passe bien, on s’oppose et là tout peut arriver. C’est aussi ce qui est signifié dans le chapitre 28 du deutéronome où les malédictions peuvent faire frémir…

Si on simplifie à l’extrême, cela donne : le juste vivra et l’impie mourra. Le juste c’est celui qui met la loi de YHWH au centre de sa vie, l’impie (qu’il soit un membre de la communauté ou qu’il appartienne à un autre peuple) sera condamné. Il sera extirpé de la terre des vivants. Je fais là référence au psaume 51,6-7: « 5Tu aimes le mal plus que le bien, et plus que la vérité, le mensonge ; 6tu aimes les paroles qui tuent, langue perverse. 7Mais Dieu va te ruiner pour toujours, t’écraser, t’arracher de ta demeure, t’extirper de la terre des vivants ».

Là où les choses se compliquent un peu pour ne pas dire beaucoup c’est avec ce texte d’Ezéchiel 33,12_17« Toi fils d'homme, dis aux gens de ton peuple : La justice du juste ne le sauvera pas le jour de sa révolte et la méchanceté du méchant ne le fera pas trébucher le jour où il se détournera de sa méchanceté. Le juste ne pourra pas vivre de sa justice le jour où il péchera. 13Si je dis au juste qu'il vivra certainement et que celui-ci, fort de sa justice, commette un méfait, aucun de ses actes justes ne sera retenu, il mourra dans le méfait qu'il aura commis. 14Si je dis au méchant : “Tu mourras certainement”, et qu'il se détourne de son péché, pratique le droit et la justice, 15s'il rend le gage, restitue ce qu'il a volé, s'il marche selon les lois de la vie, en évitant de faire le mal, il vivra certainement, il ne mourra pas ; 16aucun des péchés qu'il a commis ne sera retenu contre lui ; il a accompli le droit et la justice ; il vivra »

Cette manière de voir les choses est très supérieure (si je puis dire) à ce qui avait été annoncé dans l’exode où Dieu est certes un Dieu de tendresse, mais qui retient les fautes sur 4 générations Ex 34,7 « qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché mais ne laisse rien impuni et châtie les fautes des pères sur les enfants et les petits-enfants, jusqu'à la troisième et la quatrième génération » ,mais elle choque quand même notre sens commun de la justice.

Mais trouvons nous normal que celui qui a fait le mal soit sauvé comme nous qui avons essayé de ne pas le commettre ? Ce que je veux dire, c’est qu’il y a en nous une sorte de balance. La justice est d’ailleurs représentée comme cela. Si le juste se détourne (moment de faiblesse, trop d’épreuves) le bon qu’il a fait doit être compté pour rien ? Cela reste un peu choquant. Quant au méchant dans le texte d’Ezéchiel. il est question de réparation ce qui est différent d’une simple repentance. le mal qu’il a commis est il gommé purement et simplement ? Pas facile.

Et si on passe au Dieu de Jésus, alors cela se complique encore.

Admettre que Dieu fait pleuvoir pour les bons comme pour les méchants pourquoi pas. Mais …

Admettre qu’il y a plus de joie au ciel pour un méchant qui se repend que pour 100 justes qui n’ont pas besoin de repentance, pas facile non plus. ,

Savoir que le Fils de Dieu est venu pour tous les hommes, pour que tous aient la vie et qu’ils l’aient en abondance, oui certainement mais…

Je peux accepter de ne pas me venger, de laisser la vengeance au tout Puissant (et encore) mais qu’il soit sauvé exactement comme moi, qui n’ai pas commis d’actes vraiment délictueux (du moins c’est ce que je peux imaginer dans ma candeur naïve) cela ce n’est pas du tout évident. Je sais que je n’ai pas à m’occuper des autres, mais je ne peux fermer les yeux.

Et là vient une interrogation… Et si moi finalement je n’étais pas si bien que ça. Et si moi j’avais un peu tendance à ne pas voir la poutre qui est dans mon œil ? Et si moi finalement je fais partie de ceux qui vivent dans le mal et le laissent faire.
Alors je dois reconnaître en moi que même si je ne commets pas le mal exprès pour faire le mal, il y a en moi une partie qui n’a pas du tout envie que le méchant ait droit à la plénitude.

Cette partie là, elle est liée à ma structure d’homme, parce que animal je suis et malgré tout animal je reste. Je n’ai pratiquement pas de pouvoir sur cette partie là. Et c’est bien l) où moi aussi j’ai besoin de miséricorde et où sans misérabilisme je peux me reconnaître pécheur (enfin pas si bon que ça).

Personne, ni moi ni les autres ne peut se considérer comme juste, même si j’essaye de m’ajuster au mieux à ce que je crois
être le désir de Dieu.

Cette partie n’est pas bonne mais si Dieu me fait miséricorde à moi qui du coup ne fait pas partie des justes mais des pécheurs, alors pourquoi ne ferait il pas de même pour tous les hommes ?
.
Et c’est en réfléchissant à cette partie de moi qui n’est pas vraiment d’accord que le regard que je porte sur moi s’est mis à changer. Il existe quelque chose en moi qui est de l’ordre de la mort et même si ce n’est pas facile de mettre des mots sur ce que c’est, j’ai pu enfin approcher de ce que l’on appelle la repentance. Il ne s’agit pas tant d’actes mauvais commis en toute connaissance de cause que de me rendre compte qu’il y a en moi tout une partie qui ne va pas vers le bien qui n’est pas assouplie par l’esprit, et que c’est pour que cette partie là ne m’entraîne pas vers la morts que Jésus est mort et ressuscité

Alors oui « je ne suis pas digne que tu viennes chez moi, mais dis une parole et je suis sauvée ».

Ps un futur, mais un présent....

1 commentaire:

TOURNESOL a dit…

"C'est parce que je me reconnais pollué par des pensées et des actes qui n'ont à voir avec ce que Dieu attend de moi que.....purifié"

Cette approche "d'être pécheur" me plaît. Nous sommes en effet pollués
de mille pensées qui nous éloignent de la paix intérieure....