mercredi, novembre 24, 2010

Anne, Siméon, Marie: Présentation de Jésus au temple: Luc 2, 22-39


Je viens de participer à une retraite pour personnes de 70 ans et plus. J’étais la benjamine et j’ai été très admirative devant toutes ces personnes de plus de 80 ans qui ne paraissent pas leur âge, qui demeurent actives, même si toutes parlent de la fatigue  et de la lenteur.

A la fin de la session, on nous proposé de réfléchir soit sur des textes de Sœur Emmanuelle soit sur l’évangile de la présentation. J’ai choisi de lire cet évangile un peu comme si je ne le connaissais pas.

 Inutile de dire que je suis incapable de m’identifier réellement aux « deux vieux » qui me paraissent vraiment très très vieux. Enfin si Anne avec ses 84 ans ressemble à certaines personnes de ce groupe âgées aussi de 84 ans, je dois changer mon jugement.

Il est plus facile de s’identifier à Marie, même si c’est une jeunette de moins de 20 ans et se dire qu’elle n’a peut être pas aimé du tout qu’un vieux monsieur qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam lui prenne son fils des mains pour le prendre des ses bras à lui. Moi qui n’aimais pas que mon premier né soit touché par ses grands parents, je crois que je n’aurais pas laissé faire…

Quant à Joseph c’est le grand absent… Mais c’est celui qui rend possible. Il ne parle pas, mais « il est » et lui théoriquement n’est pas tout jeune.

Ce que je voulais en prenant ce texte, c’était le lire comme une première fois, je dirai l’accueillir comme lorsqu’on cueille un fruit sur un arbre  ou une fleur. C’est d’ailleurs ce que j’ai retiré de cette retraite, accueillir, c’est à dire recevoir, car je trouve qu’il est plus facile souvent de donner que de recevoir. Accepter n’est pas toujours facile.

J’ai lu ce texte d’abord en entier puis paragraphes par paragraphes et voici ce qui est venu.

22Puis quand vint le jour où, suivant la loi de Moïse, ils devaient être purifiés, ils l'amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur 23— ainsi qu'il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur — 24et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux petits pigeons.

En lisant ce paragraphe, je me suis dit que le Seigneur (YHWH) s’est peut être écrié dans sa cour céleste (je pense aux Midrashs) « Tiens celui là de bébé, il me semble bien que Je le connais, c’est mon garçon à Moi, mais Je vais faire comme si de rien n’était, car Mon fils sera comme tous les êtres de chair soumis à la Loi, mais son rôle à Lui ce sera d’en faire autre chose de cette loi. On me le rachète (Nb 8,17 : Oui, c'est à moi que revient tout premier-né chez les Israélites, homme ou animal : le jour où j'ai frappé tous les premiers-nés en terre d'Égypte, je me les suis consacré, Mais c’est lui ce petit homme qui rachètera ces humains. Aujourd’hui des oiseaux pour un humain, demain un homme dans toute sa plénitude pour sortir l’homme de son animalité. ».

Je me suis aussi interrogée sur le  « ils ». Car normalement c’est Marie qui était « impure » je ne pense pas que l’enfant ou Joseph l’étaient. De fait il y a deux actes qui se passent : la purification de la mère et le rachat de l’enfant.

Il y a aussi ce mot de loi, qui ouvre ce texte et qui le clôt: « quand ils eurent accompli tout ce que prescrivait la Loi du Seigneur…. »

25Or, il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d'Israël et l'Esprit Saint était sur lui. 26Il lui avait été révélé par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. 27Il vint alors au temple poussé par l'Esprit ; et quand les parents de l'enfant Jésus l'amenèrent pour faire ce que la Loi prescrivait à son sujet, 28il le prit dans ses bras et il bénit Dieu en ces termes :

29« Maintenant, Maître, c'est en paix, comme tu l'as dit, que tu renvoies ton serviteur.
30Car mes yeux ont vu ton salut, 31que tu as préparé face à tous les peuples :
32lumière pour la révélation aux païens et gloire d'Israël ton peuple. »

Ce qui m’a frappée dans le texte ce sont les mots que Syméon emploie pour parler de cet enfant de 6 semaines. Il est la « consolation », il est le Christ c’est à dire le messie l’envoyé (le nouveau roi David), il est le Salut, il est la Lumière,  il est la Gloire.
Tous ces mots sont des attributs du très Haut . Anne y ajoutera le "Libérateur" 

Il bénit Dieu et cela je ne sais pas si c’est quelque chose que je fais  ou ferais. Comment peut on appeler du bien sur le créateur ? Il me semble que c’est louange et reconnaissance de la fidélité de Dieu.

Syméon en quelque sorte voit ce que personne ne peut voir sur ce petit bout d’homme, il dit des choses qui comme le dit la suite du texte ont dû pour le moins étonner ses parents. Il est un visionnaire et sa vision le met dans la joie. Il est une sorte de découvreur de Dieu dans l’homme.

33Le père et la mère de l'enfant étaient étonnés de ce qu'on disait de lui.

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y a de quoi... 

34Syméon les bénit et dit à Marie sa mère : « Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté 35— et toi-même, un glaive te transpercera l'âme ; ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs. »

Ce petit texte est pour le moi, le « morceau » difficile de cette narration. Car tout ce qui vient d’être dit et qui a dû remplir Marie de joie est comme annulé. Il lui est dit que même si son fils est figure du tout Puissant, il ne sera pas reconnu comme celui qui est. Il sera « contesté » et cela pour une mère c’est une souffrance. J’avais toujours pensé que le glaive qui transperce l’âme de Marie devait être mis en parallèle avec la lance qui transperce  le cœur de Jésus, mais aujourd’hui je crois que cette souffrance a dû habiter Marie bien avant le mort de son fils. Comment a t elle vécu le départ de Jésus, ses démêlés avec les uns et les autres, la non reconnaissance de ce qu’il était ? Peut être que l’évangile des noces de Cana est une bonne indication de ce qu’elle a pu vivre. Elle, elle sait, mais les autres doutent, n’essayent pas, condamnent, attaquent. La mission ne sera pas facile. Oui il sera contesté au point d’être mis à mort. Et annoncer cela à jeune Maman, cela ne doit pas être facile.






Celui qui révèle ce qu’il y a dans les cœurs en général n’est pas le bien venu… Et cela pour une mère ce ne peut être que souffrance.

36Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle était fort avancée en âge ; après avoir vécu sept ans avec son mari, 37elle était restée veuve et avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'écartait pas du temple, participant au culte nuit et jour par des jeûnes et des prières. 38Survenant au même moment, elle se mit à célébrer Dieu et à parler de l'enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem.

Elle au moins elle ne touche pas à l’enfant, ce que j’apprécie. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle a quand même une sacrée santé... Elle me fait penser un peu à la prophétesse Débora (Jg 4,8) dans le livre de Juges, qui sait voir en Barac le « libérateur » . Libérer Jérusalem c’était mettre dehors les occupants, mais est ce de cette libération là dont elle parlait ?

Ce qui est beau, et que je n’avais jamais vu jusque là, c’est que l’âge permet de voir autrement de deviner ce que les yeux plus jeunes ne voient pas et d’être prophète, d’avoir une parole qui peut être entendue et aussi de bénir.  

39Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.

Et le rideau tombe sur ce qui s’est passé durant l’enfance.






Petite Conclusion personnelle: si l'Esprit Saint me conserve en aussi bonne forme  à un âge avancé, pourquoi pas. Mais mon aujourd'hui c'est d' apprendre à vivre un jour après l'autre et de m'en réjouir et de l'accueillir comme s'il devait être le dernier; sans crainte et avec joie.