samedi, juillet 23, 2011

I: Gn 3, 23"le seigneur Dieu l'expulsa du jardin de l'Eden pour cultiver le sol d'où il avait été pris";



Je propose dans les 4 billets (de longueur très inégale) une réflexion sur les chapitres 2 et 3 de la Genèse que nous connaissons tellement bien qu'ils ne posent plus aucune question.


Je crains que ma réflexion ne soit pas très organisée, mais j'espère qu'elle éveillera votre curiosité.


La mienne s'est éveillée à partir de la phrase suivante:  « Le SEIGNEUR Dieu l'expulsa du jardin d'Eden pour cultiver le sol d'où il avait été pris » qui clôt le chapitre 3. J'avais commencé à réfléchir sur la notion de peur dans la Bible et en particulier à la peur de Moïse après que le meurtre de l'égyptien soit connu de tous. Et de ce fait j'ai repensé à la peur d'Adam quand Dieu l'appelle. J'ai donc repris le texte en entier et ce petit morceau de phrase: "d'où il avait été tiré"m'a posé question. Le verset 8 dit: "Dieu planta en jardin en Eden à l'Orient et il y mit l'homme qu'il avait modelé" ce qui laisse à supposer que la terre qui a servi à faire l'homme n'est pas la même que celle du jardin, même si c'est le même pays. De quel sol parle-t- on? Est-ce que le sol donc Adam a été tiré n'est pas "bon sol", une bonne matière? Et une autre question quelle différence entre le sol du dedans (le jardin) et le sol du dehors (les champs, la poussière...)


Autrement dit: 
-Est ce que le sol du jardin est le même que le sol de l'extérieur, même si l'extérieur est nommé Eden? 
-Est ce que le matériel utilisé, cette poussière dont il est question, ne serait il pas si bon que cela ? 


Je sais que cela peut paraître un peu ridicule, mais pour nous la poussière est quelque chose de sale et utiliser la poussière pour faire quelqu’un c’est ne pas utiliser le meilleur matériel possible. Nous utilisons du marbre pour faire nos statues! 

Bien entendu nous ne savons rien de la poussière puisque nous sommes dans un récit mythique, mais la poussière est légère, elle n’a pas de poids, elle vole, elle recouvre et on ne l’aime pas. Il a fallu que Dieu lui donne une forme, un poids, qu’il mette en lui son haleine de vie, mais était ce suffisant ?

Du coup je me suis demandé si le fait de mettre cet homme fait de poussière, dans un bon environnement n’aurait pas eu pour but de lui permettre de s’épanouir et de pallier  la faiblesse d’origine, ce qui n’a hélas n’a pas fonctionné. Je pense bien sûr au livre de Bettelheim, « un lieu pour renaître »  où cet auteur fait l’hypothèse que pour sortir de l’autisme il faut qu’il existe un milieu suffisamment bon pour pouvoir ne plus avoir besoin de se scinder ou de se couper du monde. On peut dire que la qualité de l'environnement est fondamentale pour que le petit d'homme puisse entrer en relation avec les autres. 

En d’autres termes ce jardin qui est un lieu cultivé (de culture pourrait-on dire) va-t-il permettre à l’humain qui vient de l’inculture, du brut de se socialiser, de devenir capable de vivre en société, de respecter des règles ? 


J’ai longtemps cru que le jardin de l’Eden pouvait être considéré comme une sorte d’utérus, un lieu où tout était donné, mais une relecture verset par verset me pousserait à penser qu’il s’agit bien d’un lieu d’apprentissage, car l'homme reçoit une fonction: cultiver le jardin et le garder. Il a donc une responsabilité ce qui est bien différent de ce qui se passe en milieu utérin.

Je voudrais dans ce billet revenir sur les chapitres 2 et 3 de la Genèse puis peut être dans un second temps réfléchir sur la notion de l’environnement, car d’une certaine manière la terre promise à la sortir de l’Egypte est un creuset qui aurait du permettre par le biais d'une certaine culture (un mode de vie) de créer un homme nouveau en alliance et en relation avec le créateur. 


II partie:Gn 3,23:Et Yahvé Dieu le renvoya du jardin d'Éden pour cultiver le sol d'où il avait été tiré


Partie II.
Ce sur quoi je voudrais insister dans cette partie c'est sur la création de la terre en tant que telle et sur la place de l'homme. Car si dans le premier chapitre de la Genèse l'homme est comme le summum de la création puisque il est amené à dominer sur tout ce qui  a été crée avant lui, ici il est le premier, tout vient ensuite. Il a une sorte de rôle de serviteur peut être un peu analogue au rôle des humains de la mythologie sumérienne (servir les dieux pour que ceux ci puissent se reposer)... Mais la différence fondamentale avec cette autre mythologie est la place accordée à la relation entre le créateur et sa créature humaine: le créateur tient compte des besoins de celui qu'il a crée.

J'ai d'ailleurs longtemps pensé que ces chapitres 2 et 3 tiennent compte de la réalité dans laquelle vit l'humain et tente de répondre à la question du mal: pourquoi est ce que tout est si difficile en ce monde? Qu'avons nous fait?

       Quelques réflexions sur les mots: jardin, poussière, etc..
Le jardin.
J'ai lu que les potentats orientaux (au moment de l'exil du peuple juif) avaient l’habitude de faire créer de magnifiques jardins (des lieux de délices) où ils pouvaient se « re créer » si l’on peut dire. Les jardins qui entourent des palais existent de nos jours, mais il faut tout un personnel pour l’entretenir. Ce lieu on peut le considérer comme une sorte d’environnement parfait, un endroit « délicieux » où rien ne doit interrompre la quiétude de son propriétaire. On peut alors comprendre que l'écrivain de ces chapitres (qui connait peut -être la dure réalité de l'exil) ait imaginé que le créateur avait mis l'homme dans un tel endroit, un endroit où on est à l'abri, un endroit de bonheur.

Comme je l'ai déjà écrit, j’ai longtemps pensé que l’Eden était une sorte d’utérus, dont l’homme aurait dû de toutes les manières sortir, un lieu où tout est donné sans rien avoir à faire. Or ce territoire, ce jardin dans l’Eden, l’homme a quand même pour mission de le « garder et de l’entretenir ». Alors peut être faut il voir autre chose dans cet jardin qu’un lieu de délices. Peut être que ce lieu n’est pas une matrice, mais un terrain qui va permettre à l’humain de devenir ce qu’il a à devenir, une sorte de lieu où il va pouvoir s’expérimenter.
La poussière. 
J'y reviendrais car ce mot est utilisé 3 fois dans le chapitre 3. Mais la poussière nous n'aimons pas. Elle empêche de respirer... Il me semble qu'en latin on utilise le mot humus qui est est la racine du mot humilité. Peut être que l'insistance sur ce matériau est là pour rappeler à l'homme que même s'il est à l'image de Dieu, il n'a pas à s'enorgueillir car son origine est bien modeste.

Je me propose maintenant de commenter à ma sauce un certain nombre de versets (italique). 
 A : Ce qui est dit de la terre.

Verset 5 : « il n'y avait encore sur la terre aucun arbuste des champs, et aucune herbe des champs n'avait encore germé, car le SEIGNEUR Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n'y avait pas d'homme pour cultiver le sol ».

Au commencement la terre est désertique (nue, pas bonne). La pluie n’existe pas et comme c’est l’eau du ciel qui fait pousser (fécondation du haut si l’on peut dire) il n’y a rien de vivant. Nous  connaissons l’importance de la pluie dans les régions désertiques : quand elle tombe tout se met à croître. La pluie comme le créateur est source de vie. L’eau et la vie vont de pair.

Verset 6 « mais un flux montait de la terre et irriguait toute la surface du sol ».
Il semble que si l’humidité existe, ce flux qui vient du dedans ne permet pas la croissance, mais une sorte de stabilisation. Dans une autre traduction on trouve le mot brume qui évoque une sorte de nuage de gouttelettes, comme si une terre chaude était en train de se refroidir et émettait de la vapeur, mais cette vapeur là, différente de la pluie ne donne pas la croissance. On sait simplement que la terre n’est pas désertique, mais elle est loin d’être accueillante.
Le rôle de l'homme comme cultivateur (et non comme éleveur-donc nomade-) est annoncé. 

B:  Ce qui est dit de l’humain.

Verset 7 « Le SEIGNEUR Dieu modela l'homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l'haleine de vie, et l'homme devint un être vivant »

C'est la fresque de Michel-Ange, mais on est loin d'un bouche à bouche... 

La plus part des textes que j’ai pu lire sur ce verset insistent sur l’haleine de vie, et peu sur la poussière. Or ce mot sera largement repris dans le chapitre 3 : le serpent mangera la poussière et l’homme redeviendra poussière. Cette insistance sur ce mot m’a posé question. Si la terre n’a pas encore produit de fruit, elle est stérile, pas bonne. Et pourtant c’est ce matériel que Dieu utilise. La poussière pour nous, c’est quelque chose de sale, de gris, de mauvais, qu’il faut traquer pour s’en débarrasser. La poussière n’est pas bonne. 
Alors peut être que l’auteur veut nous faire comprendre l’haleine de Dieu (le souffle dans d'autres traductions) fait du vivant avec du mort, du pur avec de l’impur, du saint avec de l’informe. L'image qui vient est celle du bouche à bouche qui permet de sauver quelqu'un qui ne sait pas ou ne peut pas respirer.

Il semble donc que le vivant crée par Dieu ait en lui du « pas bon ». Il me semble qu’il  a une grande différence entre la poussière et la glèbe (mot employé par Chouraqui). La glèbe, la motte de terre, renvoie à l’argile et elle a un poids, poids que n’a pas la poussière.

C: Ce qui est dit du  jardin.

Verset 8 : « Dieu planta un jardin en Eden en orient et y plaça l’homme qu’il avait formé ».
On est dans un pays l’Eden, en orient et dans ce pays Dieu dessine (plante) un jardin. Pour l’homme il y a donc un passage du dehors (pauvre, désertique) vers un dedans (riche et organisé). Mais on ne sait rien sur ce que ressent l’homme placé dans ce jardin, sauf que Dieu le met dans un environnement propice pour qu’il puisse se développer sans danger. On peut presque dire qu’il passe d’un monde inculte à un monde cultivé, civilisé lui qui sera appelé à être cultivateur. 

Verset 9 « Le SEIGNEUR Dieu fit germer du sol tout arbre d'aspect attrayant et bon à manger, l'arbre de vie au milieu du jardin et l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais ».

La question que l’on peut se poser est de savoir de quel sol d’agit il ? La terre devient elle capable à ce moment là de donner de la vie ? Ce qui est certain c’est que les arbres de la vie et de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais sont dans ce lieu différent de la terre. Ce qui est certain aussi c’est que ce lieu peut devenir source de convoitise. D’une certaine manière ce jardin peut évoquer le jardin des Hespérides avec ses pommes d’or ou la plante qui donne la vie dans le récit de Gilgamesh. Dans toutes les mythologies la plante qui donne la vie (l'immortalité) est objet de convoitise. En faisant des recherches sur le serpent (qui est une divinité dans beaucoup de récits mythiques) http://cosmobranche.free.fr/MythesSerpent.htm j'ai trouvé ceci: 

Dans la tradition sumérienne, NINGISHZIDA est une divinité liée au monde souterrain. Fils du dieu chthonien Ninazu, il est le Dieu de la végétation dont il assure la pérennité. Son nom signifie "Seigneur du bon arbre". Maître de l'Arbre de Vie, ce Dieu Serpent devint par la suite le dieu personnel de Gudea, roi de Lagash.

La présence du serpent dans le chapitre 3 n’est peut être pas fortuite. Peut être veut il récupérer ce qui lui appartient ?Je veux dire que si de nombreuses traditions considèrent le serpent comme gardien de l'arbre de vie, on peut penser que si cet arbre lui échappe, il va vouloir le récupérer et que comme il est astucieux il va utiliser un être qui l'est beaucoup moins.
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D- Regard sur le monde le monde extérieur.

Verset 10-12 « Un fleuve sortait d'Eden pour irriguer le jardin ; de là il se partageait pour former quatre bras. 11L'un d'eux s'appelait Pishôn : c'est lui qui entoure tout le pays de Hawila où se trouve l'or 12— et l'or de ce pays est bon — ainsi que le bdellium et la pierre d'onyx. 13Le deuxième fleuve s'appelait Guihôn ; c'est lui qui entoure tout le pays de Koush. 14Le troisième fleuve s'appelait Tigre ; il coule à l'orient d'Assour. Le quatrième fleuve, c'était l'Euphrate ».
Il faut donc admettre que l’Eden est un lieu de la terre, comme les autres pays qui sont nommés (Hawila, Koush,et les pays arrosés par le Tigre et l’euphrate). Et que de ce lieu nait un fleuve qui va irriguer le jardin que Dieu a voulu inventer. Ce fleuve ensuite irrigue le reste du monde.
J’aime l’image du fleuve qui entoure un pays, un peu comme les bras d’une mère. Je dois dire que sur un plan symbolique cette représentation me séduit. C’est un peu comme si sortait de Dieu une force vive (eau) qui va donner la vie à un jardin (l’âme, l’homme) mais que cette vie ne se cantonne pas à un endroit donné, qu’elle va partout, qu’elle vivifie tout. Cela évoque Ez 47, le torrent qui sort du temple et qui assainit tout sur son passage. 

E: La place de l’humain dans le jardin.

Versets 15 et 16 « Le SEIGNEUR Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden pour cultiver le sol et le garder16Le SEIGNEUR Dieu prescrivit à l'homme : « Tu pourras manger de tout arbre du jardin, 17mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir ».

 On peut noter qu’il y a un redoublement car l’homme a déjà été placé dans le jardin, mais il a maintenant une fonction importante : le cultiver et le garder. Ce qui veut dire ou qui peut vouloir dire que ce jardin peut être menacé de l’extérieur et que l’homme protège le bien de Dieu. Peut être que l’interdit qui est donné indique justement ce qui est convoitable dans le jardin et le travail de l’homme est de veiller à ce que personne ne s’en empare. Il me semble parce que cela c’est un peu le propre de l’homme que chaque fois qu’il y a un dehors et un dedans, l'un ou l'autre devient objet de convoitise..

Je passe sur la création des animaux et sur la création de la femme pour arriver au chapitre 3. 

Mais en ce qui concerne la création de la femme, elle est tirée du côté d’Adam, qui lui est déjà empli de l’haleine de la vie. Si Adam la nomme "la mère des vivants, la vivante" c'est peut être parce qu'il perçoit cette force de vie qui est déjà là. Peut-être que d'emblée elle est plus à l'image de Dieu que lui Adam qui a d'abord été que poussière. Quand dans le chapitre 3 elle prendra la parole sa phrase: "le serpent m'a séduite et j'ai mangé" me semble beaucoup plus adulte que celle de l'homme qui lui accuse Dieu de l'avoir trompé sur la marchandise: "c'est la femme que tu m'a mise près de moi, qui m'a donné de l'arbre et j'ai mangé"..





III. Gn3,23"Et Yahvé Dieu le renvoya du jardin d'Éden pour cultiver le sol d'où il avait été tiré.

Le chapitre 3

Ce chapitre qui répond à des questions: pourquoi autant de femmes meurent en mettant au monde un enfant, pourquoi la terre contient elle autant de pierres et donne-t-elle autant de chardons dont on ne peut rien faire, pourquoi la mort est-elle notre lieu commun, renvoie certes à une cause: la désobéissance, mais surtout au Mal, qu'il soit ou non personnifié par le serpent. Car finalement qui est il celui là? A-t-il été crée après Adam ou était il préexistant à l'arrivée de l'humain? Ne serait il pas (et c'est de fait ce que nous croyons une incarnation du Mal? 

F: L'attaque du serpent

Versets 1-7 Je voudrais juste commenter ces versets en me centrant sur les versets 1 et 2. 1Or le serpent était la plus astucieuse de toutes les bêtes des champs que le SEIGNEUR Dieu avait faites. Il dit à la femme : « Vraiment ! Dieu vous a dit : “Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin” ... »

Le serpent n’est pas dans le jardin. Il vit au dehors dans la partie que l’on peut qualifier d’inculte, de non civilisée. Il vit dans les champs et curieusement Caïn entrainera Abel dans les champs pour se jeter sur lui et le tuer. Le champ est semble-t-il une zone où le mal rode. Mais le dehors et le dedans communiquent, ce n’est qu’à la fin de ce chapitre que la porte sera close et défendue . On peut penser à une certaine jalousie de la part de cet animal qui dans beaucoup de mythologies a un rôle capital. 

Chez les Egyptiens le cobra royal, le serpent dressé a un rôle protecteur : il protège pharaon. Alors peut être que le serpent de la bible réduit à vivre dans les champs n’apprécie guère que son rôle lui soit volé par l’homme qui vient de la poussière. 

Si comme le montre certaines mythologies le serpent est aussi le maître de l’arbre de la vie, il doit être furieux d’en avoir été dépossédé et le fait de faire condamner le couple pourrait peut être lui redonner le pouvoir qu’il a perdu. 
Les séraphins ont 6 ailes: Isaïe 6,1-13

Le serpent ne prend pas le fruit pour lui, lui il a la connaissance du bon et du mauvais, il n'en a pas besoin, mais qu’il s’arrange pour que la femme le trouve désirable. Certes il crée au début une certaine confusion (sur laquelle beaucoup d’auteurs ont écrit) entre tous les arbres et cet unique arbre, mais quel est son bénéfice à lui dans cette histoire ? Veut il montrer qu’il est « plus fort » que Dieu, qu’il est devenu lui le déchu le maître de l’être humain?

Mais ce serpent qui est-il? Si Lucifer est un séraphin, et séraphin veut dire serpent brûlant, on peut brûler d'amour comme de haine. Une fois vaincu par Dieu, une fois privé de ses ailes, il continue certainement à brûler de haine pour celui qui l'a mis dehors. Les séraphins, les anges les plus haut placés dans la hiérarchie sont décrits comme ayant un corps de serpent et des ailes [1] On peut comprendre son désir de démolir ce que Dieu essaye de construire : une humanité capable de le reconnaître. La perversion va avec la haine. Mettre le doute chez l’autre c’est s’emparer de lui, entrer en lui et le posséder. Et pour cela le serpent, figure du mal est très "astucieux". Mais en d'autre terme, le mal est préexistant à l'humain et le combat entre bien et mal va utiliser l'homme comme un pion dans le combat. Lequel aura le plus d'adeptes? Dieu ou le Satan? 

[1] La plupart des historiens de la Bible considèrent que les seraphim bibliques sont dérivés des uraei égyptiens, ces cobras dotés d'ailes symbolisant la fonction protectrice2. Les premières traductions de la Bible hébraïque en grec traduisaient d'ailleurs le mot par « serpents ». Mais, progressivement, la référence aux serpents a été occultée, car les serpents ont une connotation négative dans le monde grec (la Méduse et sa chevelure de serpents, qui faisait mourir d'effroi ceux qui la regardaient). C'est particulièrement vrai concernant le livre d'Isaïe, où les sune

2"La femme répondit au serpent : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin, 3mais du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n'en mangerez pas et vous n'y toucherez pas afin de ne pas mourir.”  »

L’interdit est intégré… Elle sait que la mort (mais sait-elle ce qu’est la mort?) est associée au « manger » de ce fruit là. D’une certaine manière ne pas en manger empêche de mourir donc donne la vie, ce qui pourrait faire penser que ces deux arbres n’en sont qu’un… 

G : le jugement.

Je peux noter que si l’homme et la femme prennent la parole, le serpent lui ne la prend pas. Devant Dieu le serpent se tait, ne se justifie pas et accepte la sentence qui est une déchéance : ramper sur le ventre et manger la poussière. Ne dit on pas à un adversaire : je vais te faire mordre la poussière, c’est à dire te faire tomber la face contre terre ?Comme si le serpent s'avouait vaincu une fois de plus, mais peut-être pas tant que cela, parce que l'homme sorti de son "jardin" devient une proie beaucoup plus facile. 

14Le SEIGNEUR Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit entre tous les bestiaux et toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. 15Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre son lignage et le tien. Il ‘écrasera la tête et tu l’atteindras au talon ». 

La seconde partie de la condamnation me paraît très difficile à interpréter. D’un côté il y a aurait la descendance de la femme des humains et de l’autre une descendance du serpent, une descendance animale. Il y a comme un combat entre la femme et le serpent. Si quelqu’un est mordu par un serpent il en meurt.

Si on reprend la mythologie, on remarque que chez les égyptiens, le soleil Ra est menacé par un serpent monstrueux qui chaque nuit tente de l’étouffer mais qui chaque jour est vainqueur.Si on voit en Jésus le Soleil qui vient éclairer et donner vie à tout homme, certes le serpent l’a mordu au talon et l’a fait mourir mais il est redevenu le Vivant et le Mal a eu la tête écrasée. Je dois dire que cette représentation prophétique de la victoire sur la mort et le mal me plait beaucoup.

Maintenant en ce qui concerne la descendance du serpent, ne peut –on pas dire qu’en tout humain il y a de l’animal et que cet animal veut prendre le dessus par tous les moyens ? Le serpent devient figuration du mal et dans l’évangile de Jean, Jésus ne traite il pas les pharisiens d’enfants du diable : Jn 8, 44 : Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir. Il était homicide dès le commencement et n'était pas établi dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui : quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu'il est menteur et père du mensonge. La lutte entre les descendances serait alors la lutte contre le Mal personnifié par le serpent.

Je passe sur la sentence donnée à la femme pour réfléchir à celle de l’homme :

Il dit à Adam :17.  « Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais formellement prescrit de ne pas manger, le sol sera maudit à cause de toi. C'est dans la peine que tu t'en nourriras tous les jours de ta vie, 18il fera germer pour toi l'épine et le chardon et tu mangeras l'herbe des champs. 19A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu'à ce que tu retournes au sol car c'est de lui que tu as été pris. Oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras. »

tel que l'auteur s'exprime (et cela va dans le sens de ce que Paul écrit dans l'épitre aux Romains: Rm 8, 19-22 la terre tout entière gémit dans les douleurs de l'enfantement) c'est de la faute de l'homme si la terre est dure avec lui. Là on est dans le mythe, mais l'intérêt c'est la notion de combat: pour vivre il faut que l'homme combatte la terre (qui se dresse contre lui en faisant germer l'épine et le chardon) et que d'une certaine manière, la terre finisse par reprendre ce qui lui a été pris (la poussière). Mais, et je trouve cela magnifique, dès que l'homme reçoit cette sentence, il nomme sa femme "Eve", c'est à dire "la Vivante",il montre à quel point la puissance de vie est forte envers et contre tout. 

Peut être que désormais le rôle de l'homme est de cultiver (peut être de socialiser) l’humus dont il vient. Peut-être doit il transférer dehors ce qu’il a connu dans le jardin où il régnait un ordre.

IV: Gn 3,23: et Dieu le renvoya pour cultiver le sol d'où il avait été tiré.

Quatrième partie.


Le jardin de l’Eden peut être vu comme un lieu crée pour que l’homme soit dans un environnement favorable, environnement qui aurait pu lui permettre de se construire et peut-être comme le pensent les rabbins d'avoir le droit de goûter au fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Or cela n'a pas fonctionné. Bien sûr le serpent est venu contrecarrer le projet de Dieu, mais pourquoi l'humain s'est il laissé séduire? 

On sait aujourd'hui que pour se développer le plus harmonieusement possible, le bébé puis l’enfant a besoin d’un environnement dans lequel ses besoins élémentaires sont comblés mais aussi dans lequel il a son content de relation.


Or dans le début du chapitre 2 de la Genèse, Dieu est très présent (comme un bon père). Dès que l’homme respire, Dieu lui parle et lui donne sa tâche : cultiver le jardin, et des interdits : disposer de tout sauf de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Puis il crée les animaux, mais c’est l’homme qui crie leur nom. Ensuite c’est la création de la femme, et c’est là semble-t-il que Dieu s’absente un peu trop vite, ce qui donne le champ libre au serpent, puisque le jardin et le monde extérieur communiquent.



Pour qu’un petit d’homme devienne autonome, il faut du temps, beaucoup de temps et la présence des parents est indispensable. Il y a un moment où le bébé devient capable de rester seul sans peur d’abandon car il y a en lui une représentation des parents. Mais pour cela il faut du temps et peut-être que c’est là où il y a eu méprise. La femme donnée à Adam ne pouvait pas compenser l’absence de Dieu.Il y a la relation à Dieu et la relation avec le semblable, mais la relation est différente et l'une ne peut se mettre à la place de l'autre. 

Ce que je veux dire c'est qu'entre le premier homme et Dieu la relation de filiation n'est pas allée assez loin (peut-être que justement Satan voulait que cette relation ne se fasse pas). La filiation crée la lignée, l'appartenance, l'identité. Or curieusement Adam est mis dans le jardin pour cultiver et garder, pas comme fils. Et sa réaction quand Dieu l'appelle, peut aussi se comprendre comme celle d'un serviteur qui sait qu'il a désobéi autant que comme celle d'un enfant qui sait qu'il a fait une grosse bêtise. .  

Je me demande donc si Dieu s’est absenté trop tôt. Peut être a-t-il pensé que puisque l’homme avait un alter ego, lui pouvait s’absenter… Or le problème de l’absence c’est la peur de l’abandon. Dire à la femme que manger de ce fruit ferait d’elle comme un Dieu, c’était justement lui faire croire qu’elle ne se sentirait plus abandonnée, qu’elle serait toute puissante et  si on croit le récit, elle est seule quand le serpent vient éveiller en elle la convoitise.. 



Il me semble que l’ouverture des yeux (conséquence de la transgression)qui permet la différenciation des sexes, indique que dans un premier temps cet homme et cette femme n'étaient pas réellement différenciés:qu'ils étaient comme des petits enfants qui se savent de la même famille, issus des mêmes parents, un peu de la même portée si j’ose m’exprimer ainsi.


L'environnement privé (même partiellement) de la présence de Dieu n'est pas suffisant pour permettre à l'humain de résister à la convoitise. Autrement dit, est ce que donner à un être humain un environnement parfait va stopper la convoitise qui est en lui. La réponse est non tant que l’humain n’a pas en lui une représentation forte de celui qui l’a mis dans ce lieu.


Or ce qui est frappant c’est que tout le cheminement du peuple choisi sera de rendre Dieu présent à chaque instant et cela quelle que soit la qualité de l'environnement. petit à petit chaque membre du peuple choisi va apprendre (et cela prendra du temps) que son Dieu est un père pour lui. En Jésus cela sera porté à la perfection et il nous est possible aujourd'hui par le don de l'Esprit de devenir pleinement frère du Christ et enfants du Père.Peu importe la qualité de l'environnement si on devient "demeure".