samedi, décembre 03, 2011

"Histoires de Noces": Jn2 et Jn 19.

Nous travaillons en groupe l'évangile de Jean, nous en sommes aux derniers chapitres, ceux de la passion et de la résurrection.  Si on admet (ce que je pense de plus en plus) que l'auteur de cet écrit a "bâti" son texte, je me suis demandée s'il ne faut pas mettre en parallèle les noces de Cana (premier signe de Jésus et début de sa vie publique) et la crucifixion où l'on trouve au pied de la croix Marie et Jean. Là il se fait un autre miracle: de la mort sort la vie et c'est la fin de la vie "publique" car désormais ses manifestations seront quand même de l'ordre du "privé".

Peut être peut on opposer le "bon vin" de Cana au "vin aigre" que boit Jésus juste avant de répandre son souffle et si l'on veut aller encore plus loin "au vin doux" que les apôtres auraient bu le jour de la Pentecôte.

Les noces renvoient toujours à l'amour entre deux êtres, à une alliance. Epouser quelqu'un c'est dire que c'est avec celui ci ou celle la que l'on veut passer toute sa vie et qu'il n'y en aura pas d'autre. Sceller cet Amour par un acte socialisé: s'engager de vive voix (ou par un acte écrit) et ensuite faire la fête, offrir un repas spécial où tous participent à la joie des deux et où l'on donne du bon, du très bon.

A Cana, d'une certaine manière il y a plusieurs personnages: Jésus, ses disciples,  Marie et le groupe des serviteurs sans parler du narrateur. La manière dont Jésus réplique à sa mère qui attire son attention sur le manque, reste curieuse pour nous: "femme quoi entre toi et moi" trouve son répondant "femme voici ton fils"avec la même impossibilité à trouver une répartie.

Si dans l'épisode de Cana, on peut avoir l'impression que Marie "pousse" son fils à se manifester,  à agir, là c'est Lui qui dit ce qu'elle doit faire pour devenir la nouvelle Eve, la mère de tous les vivants. Si on nous parle dans les personnes présentes de "la soeur de Marie" c'est bien que Marie comme toute veuve ayant perdu son fils aurait dû vivre dans "sa famille biologique". Or cela Jésus ne le veut pas.

La phrase de Marie "tout ce qu'il vous dira faites le" c'est  exactement ce que Jean va faire après que jésus lui ait dit "Voici ta mère". Jean est le serviteur qui obéit, qui a compris et cela c'est bien la place du disciple serviteur.

A Cana, l'eau est transformée en vin. Bien entendu les noces n'auraient pas été annulées si ce miracle ne s'était pas accompli, mais il est le signe de  la présence de Dieu sur la terre d'Israël, il est le signe pour les disciples que le temps est arrivé, que les noces sont là. Au delà des noces de ce jour là, il y a une autre noce qui se prépare celle du Fils (Je suis) avec nous.

Au Golgotha (puisque l'écrivain donne le nom du lieu) il y a la signature du contrat si je puis dire. Les noces sont scellées dans et par le sang. Le sang qui coule, qui se répand, ne peut-on peut le voir comme  symbole de l'Esprit qui va être répandu en en abondance (comme le vin à Cana).

Au premier signe, l'eau transformée en bon vin, répond le dernier signe, le corps et le sang transformés en nourriture et ce en abondance, car il me semble que l'abondance est bien ce qui caractérise la présence du Fils qui répand son Esprit sur tous.


4 commentaires:

AlainX a dit…

J'aime bien ton texte.
Le rapprochement que tu fais de ces deux événements.
Je pense qu'à Cana, Jésus était heureux d'être témoin de l'amour et de sa fécondité. Ça méritait qu'on ne boive pas de la piquette !

Au Golgotha, difficile peut-être de parler d'un bonheur de Jésus… Et pourtant… Est-ce que la fécondité qu'il inaugure n'a pas totalement transcendé sa souffrance de l'instant ?

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C'est un peu autre chose : tu dis :
« Jean est le serviteur qui obéit »
oui bien sûr…
Mais, et ce n'est pas pour ergoter, le verbe obéir me gêne quelque peu.
L'esclave obéit.
Jean engage toute sa vie, un engagement libre. Peut-être est-il surpris sur l'instant. Encore que, il pouvait très bien en avoir l'intuition.
S'il n'engage pas sa vie librement, rien ne peut vraiment réussir…
Mais je pense que nous sommes d'accord sur ce point.

Giboulee, a dit…

Je vais répondre un peu à côté de la plaque. Quand quelqu'un est sur son lit de mort , ses dernières volontés font un peu force de loi... Difficile de les transgresser.

Le mot obéir n'est peut être effectivement pas le bon, mais la parole de Jésus a fait loi dans son coeur et c'est peut être cela l'important.

D'après ce que j'ai pu lire, l'esclavage n'a pas d'autre choix que d'obéir, le serviteur prend des risques s'il n'obéit pas, mais c'est possible et Jésus a dit peu de temps avant: je ne vous appelle plus serviteurs mais amis.

AlainX a dit…

En réalité, ce que j'aime, c'est le mot disciple.
au sens de continuateur, d'héritier.
c'est-à-dire quelqu'un qui devient lui-même transmetteur, et non pas imitateur.

Jésus : ami ?
Cela suppose une réciprocité.
Que lui dise qu'il considère ses serviteurs comme des amis. C'est sa liberté !
Mais moi (imaginons…) Ami de Jésus ?
Je ne sais pas… Cela a quelque chose d'un peu trop « égalitaire »…
OK, quand on est enfant, Et même ado...

Jésus reste pour moi un maître.
Un maître de proximité, certes.
Mais un ami ?…

Mais sans doute n'ai-je pas compris le sens de ses propres paroles…

Giboulee, a dit…

j'ai découvert que Chouraqui emploie le mot adepte. Je l'ai trouvé insolite et interessant.

Oui pour passer dans la transmission et non l'imitation. Peut être faut il passer comme l'enfant petit par un stade d'imitation pour passer ensuite à la transmission qui pour moi nécessite une certaine métabolisation.

Jésus a été pour moi (parce que je l'ai découvert à 10 ans et pas dans ma famille le grand frère que je n'avais pas,donc d'une certaine manière l'Ami. Mais quand je me suis réessayée à la pratique, jésus était pour moi un inconnu qui avait perdu toute épaisseur (un peu comme les hosties à la messe). L'épaisseur revient petit à petit avec le souffle.

Maintenant est il "mon ami" je ne me pose pas la question; Il est celui qui donne l'Esprit qui souffle où il veut.