lundi, avril 16, 2012

Ça c'est une résurrection Ap 11, 8-13

Comme je l'ai déjà signalé, nous nous sommes attaqués (le terme n'est pas trop fort) à la lecture du livre de l'Apocalypse.

L'impression que j'ai aujourd'hui c'est que c'est du grand spectacle, même si parfois cela nous dépasse complètement. Il y a du combat dans le ciel, il y a du combat sur la terre, et d'une certaine manière les hommes en font les frais, même s'ils portent sur leur front le nom de l'Agneau. Si l'on peut faire constamment des parallèles avec les fléaux de l'exode et avec les autres apocalypses, il semble que ce qui est annoncé c'est que la peur renforcera les comportements mauvais et enfoncera au lieu de pousser à la conversion, mais que ceux qui ont reconnu (à travers d'autres signes moins tonitruants) que Jésus était le Fils de Dieu et qu'il était le Vivant n'ont pas à avoir peur.

Il me semble que le Jésus de l'Apocalypse est à la fois un Justicier qui va rendre chacun selon ses oeuvres, qui va enfin faire payer les dettes, et un guerrier, même si par ailleurs  il est l'agneau "égorgé". Je me suis d'ailleurs demandé si ce livre n'avait pas été bâti (dans son écriture) autour de certaines hymnes qui se chantaient dans les assemblées de cette époque. Il m'apparaît aussi que au travers de tous ces déchirements, de toutes ces destruction, de tous ce combats, est aussi l'histoire d'un enfantement, d'une mise au monde, d'un monde nouveau et que cet enfantement là se fait dans la douleur et dans les hurlements.

Par ailleurs, je trouve que ce fracas s'oppose à la simplicité des évangiles. Que de fois les pharisiens demandent des signes du ciel à Jésus, signes qu'il refuse de donner parce que justement il n'est pas le messie triomphant, le chevaucheur de nuées (du moins à ce moment là, dans ce temps là, à cette époque là). Il n'impose pas, il ne s'impose pas, et même la résurrection et l'ascension se font dans le relatif silence. Il faudra la Pentecôte pour que les choses s'animent.
Il s'éleva, et une nuée le déroba à leurs  yeux  Ac,1, 


De ce fait j'ai été un peu saisie par le texte suivant "Ap11, 11-13", qui rapporte la mise à mort des deux témoins (qui sont peut être des figures de Moïse et d'Elie) vaincus pas la Bête (le Mal), dont les corps sont  exposés sur la place publique d'une ville (qui peut être Jérusalem) pendant 3 jours et demi. Tout le monde se réjouit et se congratule de cette mort (comme peut-être le grand conseil s'est réjouit de la mort de Jesus).Ap11,11-13: Mais après ces trois jours et demi, un souffle de vie, venu de Dieu entra en eux et ils se redressèrent (résurrection). Alors une grande frayeur tomba que ceux qui les regardaient. Ils entendirent une voix forte qui du ciel leur disait: "Montez ici" (ascension). Et ils montèrent qu ciel dans la nuée, sous les yeux de leurs ennemis. A l'heure même, il se fait un violent tremblement de terre, le dixième de la cité s'écroula et sept mille personnes périrent dans cette catastrophe. Les survivants saisis d'effroi, rendirent gloire au Dieu du ciel.

Si l'on compare ce texte avec ceux des évangiles nous rapportent de la résurrection de Jésus et de son ascension, on ne peut qu'être surpris par la pauvreté des textes évangéliques. Tout se passe dans la discrêtion. Il n'y a pas de foule, il n'y a pas de manifestations dignes de l'Horeb et les compagnons de Jésus malgré le témoignage des femmes sont incrédules. Si la mort de Jésus a pu être constatée par le peuple, les événements qui suivent et qui sont l'essentiel de notre foi (il est ressuscité des morts et monté au ciel) ne sont vus que par peu de personnes, et même celles qui l'ont vu, bien que Jésus (Luc) leur ait ouvert l'intelligence à la compréhension des écritures (ils sont enfin devenus des rabbis) ne pourront témoigner qu'après la Pentecôte.

Certes l'évangile de Matthieu qui déjà au moment de la passion a fait ressusciter des morts dont personne ne sait ce qu'ils sont devenus en attendant la résurrection, parle bien de tonnerre, de gardes qui tombent au sol, d'un ange, mais on ne peut pas dire que cela ait effrayé qui que ce soit, ni surtout que cela ait entraîné une conversion. Tout le monde garde le silence. Même après que Jésus ait soufflé sur ses disciples (Jn20) ils continuent  rester entre eux...

Le Jésus de l'Apocalypse est peut-être là  pour donner de l'espoir à ceux qui sont persécutés parce qu'ils se réclament de son nom. Justice leur sera rendue. Mais ce Jésus, l'alpha et l'oméga, même s'il essuiera toutes larmes de leurs yeux reste très différent de ce Jésus qui n'est pas reconnu même par ses proches, qui est confronté à leur incrédulité et qui reste ce Jésus "doux et humble de coeur" qui n'a rien à voir avec le Christ triomphaliste (il vaudrait mieux triomphant) de l'Apocalypse.

Peut être faut il accepter que ces deux aspects puissent coexister et se compléter, mais je dois reconnaître que cela m'est difficile.




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