vendredi, juin 29, 2012

Symbole de Nicée-Constantinople..

Pour faire simple c'est le credo sous sa forme "compliquée". On le dit peu souvent, pourtant il est beau.

Aujourd'hui, en entendant la phrase qui parle de Jésus,:" Il est lumière, né de la Lumière", j'ai vu comme une sorte de tapis de lumière, une merveille de beauté. Un peu comme les robes de Peau d'Ane...

Et moi je me ressentais comme un tapis bien banal, bien lourd, bien sombre.

Et je me disais que ce que fait Jésus c'est de tisser dans ma trame à moi des fils lumineux, pour que mon tapis devienne lumière.

Laisser faire pour que ce rêve devienne réalité.

lundi, juin 25, 2012

Un homme fou à lier: Marc 5, 1-20


C’est l’histoire d’un homme qui était fou à lier…Marc 5, 1-20

Au chapitre 5 de l’évangile de Marc (Mc 5, 1-20), on trouve un épisode que j’ai toujours adoré parce que le visualiser me met dans la joie. Jésus arrive dans la Décapole. Il fait un miracle (il délivre un homme possédé) mais ce miracle coûte cher aux gens du cru, car un troupeau de 2000 têtes de porcs de précipitent dans le lac et se noient. 

Enfin c’est ce que raconte Marc qui comme parfois Luc est un peu fâché avec la géographie! Car de même que Nazareth n’est pas sur une hauteur, la ville de Gerasa ns surplombe pas une entendue d’eau, mais peu importe la réalité : les porcs impurs, reçoivent des esprits impurs qui retournent dans ce lieu impur (mauvais)  qu’est la mer. Celle ci (là il s’agit du lac de Galilée que l’on appelle parfois la mer) ne vient-elle pas  d’ailleurs dans le chapitre précédent de vouloir noyer la barque qui transporte jésus et ses disciples.

Alors au lieu de se réjouir de la guérison, on demande gentiment, mais à mon avis très fermement à cet homme venu de l’autre côté du lac de reprendre ses cliques et ses claques et de rentrer chez lui. On ne veut pas de lui sur cette terre là. Faut pas toucher aux sources de revenu.

Mais jusqu’à aujourd’hui je n’avais guère pensé à l’homme possédé par une Légion de mauvais esprits, ni à qui il était. Qu’est ce qui peut pousser un être humain à avoir un comportement de ce type ? Possession oui, mais par qui, par quoi est il possédé ? De qui a-t-il été dépossédé pour perdre son identité d’humain ? Quelle souffrance a-t-il vécu pour vivre ainsi ? Je ne veux pas me lancer dans la question de la maladie mentale, mais peut être réfléchir sur une souffrance psychique qui vous met hors de vous et qui ne peut cesser que quand un autre l’entend et vous rend la parole, votre parole.

Au passage il est intéressant de remarquer que le premier miracle rapporté par Marc dans la synagogue de Capharnaüm est une délivrance d’esprit mauvais (Mc 2, 21) et que arrivé en terre païenne, le premier geste de Jésus est de délivrer cet homme de cette cohabitation qui le transforme en animal fou furieux. Que ce soit en terre d’Israël ou en terre païenne, le mal est là, il pousse à la mort et Jésus le Vivant, ne le laisse pas faire. Ce sera d’ailleurs le premier pouvoir donné aux apôtres Mc 3,14) 

Quand Jésus débarque, il y a cet homme qui vit dans les tombes et qui vient vers lui. Cet homme aurait-il pressenti que Celui-là pourrait faire quelque chose pour lui ? En a t il le désir (pas si sûr quand on entend les esprits mauvais demander à Jésus de leur « foutre la paix » et de laisser les choses en l’état).
Ne peut-on pas dire que ces esprits mauvais ce sont ces forces qui résistent en nous quand il est question de changement, ces forces que nous ne pouvons pas vaincre tout seul, parce qu’elles font partie de nous envers et contre tout. Je ne suis pas sure que la posture de l’homme (il se prosterne) traduise une adoration mais la reconnaissance que Jésus est en train de les mettre « sur » les genoux dans le combat.

Ce qu’on nous dit ensuite (si on saute la description du comportement de cet homme versets  2 à 5) montre que Jésus a pris l’initiative de le guérir (il disait en effet alors que l’homme qui normalement ne parle pas mais pousse des cris : « sors de cet homme »). L’homme là dedans semble un peu une marionnette dont les fils sont tirés par les esprits : il se prosterne, et il parle d’une voix forte, alors que son comportement habituel est les cris, et l’agitation.  Que savons nous de cet homme ? En fait rien.

- On nous dit qu’il est possédé. 
Ce qui laisse à supposer qu’il y a un avant et un après (comme il y aura un après quand il sera libéré : ils trouvèrent l’homme habillé aux pieds de Jésus).  Qu’est ce qui a pu provoquer cela ? Quel traumatisme a t il vécu (c’est la question que l’on se poserait aujourd’hui)  pour en arriver là ?

- On nous dit qu’il vit dans les cimetières ou dans les montagnes. 
Curieusement sur le plan symbolique, cela évoque la psychose maniaco-dépressive : soit on est au seuil de la mort, soit on est exalté et on court sur les montagnes sans penser au risque. A un autre niveau, on peut penser que s’il est dans les tombes  (outre le fait que vivre dans ce lieu renvoie à l’impureté), c’est qu’il a perdu quelqu’un (le traumatisme lié à la perte, à l’abandon) et qu’il essaye de le retrouver jour et nuit. La montagne serait alors le lieu d’un suicide possible, lui permettant de la rejoindre. La montagne peut aussi être le lieu où réside le Dieu de ce pays là, et l’homme berné par ses mauvais esprits, cherche, mais ce qu’il trouve n’est qu’un leurre, un faux dieu. Comme on dit:  « il ne sait plus à quel saint se vouer » pour sortir de son malheur alors il cherche du côté des morts et du côté des dieux ce qui pour les juifs est péché. Parfois il est au quatrième dessous, parfois il est exalté et personne ne peut le contenir.

Pour en revenir à cet homme, il a subi quelque chose qui a permis que d’une certaine manière il ne soit plus humain mais une sorte d’animal dangereux : il erre, il attaque, il se fait du mal. Que lui est il arrivé, quel mal a  t il subi pour qu’il devienne ainsi. Il y a des expressions qui disent : fou de douleur, fou de chagrin, fou de rage, muet de chagrin. Il s’est exclu de la communauté. Il me fait penser  un chien enragé.

- On nous dit qu’il est impossible de le lier quand il a ses crises de folies. Cela m’a toujours fait penser à Hulk, mais la question subsidiaire est le pourquoi ? Qu’est ce qui le met ainsi en colère ? Pourquoi attaque t il ? Contre qui se défend il ? Si ses vêtements sont en lambeaux, est un signe de deuil ? 

- On nous dit qu'il se taillade avec des éclats de pierre (on dirait aujourd’hui qu’il se mutile), ne peut on penser que cette attaque contre lui même est le seul moyen qu’il ait pour lutter contre une douleur morale insupportable ?

Il est parfois plus facile de se faire souffrir parce que l’on maitrise la douleur que de subir une douleur sans nom que l’on ne peut faire cesser ? (Je crois profondément que les personnes qui s’auto-mutilent sont dans cette démarche : maîtrise d’une souffrance par une autre souffrance dont on connaît l’origine). 

Le fait de s’attaquer ainsi peut aussi avoir une autre signification : attirer sur lui l’attention des dieux (c’est ce qui est rapporté au livre des rois quand les prophètes de Baal essayent de le faire intervenir) et ces faux dieux qui l’habitent, qui sont censés venir à son aide en fait sont des dieux mauvais (les mauvais esprits) qui le mènent à la mort et non à la vie. Adorer les faux dieux, leur donner une place, une porte d’entrée est toujours très risqué, car ce sont eux qui dominent et entrent en vous, de plus en plus nombreux.

Une fois libéré, il devient capable de rester assis près de Jésus, dans son bon sens (j’aime ce « dans »), et vêtu. La vie sociale est redevenue possible. Il est redevenu humain. Ce qui me frappe surtout c’est qu’il accepte de ne pas suivre Jésus, en d’autres termes il accepte une séparation, ce qui me conforte dans l’idée que c’est une séparation insupportable qui l’a mis dans cet état là . Après tout il aurait pu piquer une colère terrible devant le refus de Jésus, mais il accepte les choses. Et maintenant il a une mission : proclamer ce que Jésus avait fait pour lui. Avoir un travail, une tâche, cela permet de se sentir exister.

« Je n’ai pas de nom et pourtant j’en avais un, mais on me connaît comme le possédé de Gérasa. On me décrit comme un fou furieux, un homme qu’on ne peut lier alors que j’étais lié en moi par des démons qui étaient si nombreux qu’on ne pouvait pas les dénombrer. Pourquoi sont ils entrés en moi ? Peut être parce que à un moment de ma vie, ma souffrance a été telle que pour y échapper je me suis laissé happer par un vide qui était en moi et que eux sont venus occuper. J’étais comme un chien enragé. Un jour l’homme que l’on appelle Jésus a mis dehors cette partie malade de moi et m’a rendu à la vie socialisée. Il a su dialoguer avec cette partie malade de moi et la mettre dehors ce que j’étais incapable de faire, pris ma souffrance. J’aurais aimé passer ma vie auprès de lui, à ses pieds, mais il n’a pas voulu. Et je crois que ce geste là, a été un geste salvateur, car au lieu de vivre dans l’adoration ou la dépendance, je suis devenu son héraut et le héraut d’un Dieu qui donne la vie ».

samedi, juin 16, 2012

Bénédiction et Mutualité

Récemment j'ai trouvé un texte que j'ai trouvé magnifique et dont je donne la référence: http://www.fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/520396/jewish/La-bndiction-des-Cohanim.htm sur un certain rituel de Bénédiction.

Je pense que c'est un texte à lire et peut être même à méditer.

Mais ce que j'en retiens, outre le fait que le "célébrant prêtre" est un canal en D.ieu et les frères, c'est surtout ceci qui est pour moi réalisation de la mutualité (concept chez à Bettelheim).

Il s'agit de sortir du  "Je répondrais à tes besoins que je connais, quand toi tu auras satisfait mes désirs" et de le remplacer par:" Toi D.ieu tu as envie de donner (désire) , moi j'ai envie (besoin) de recevoir". Que la  la convergence de ces deux désirs devienne bénédiction. Tous les deux, nous avons en quelque sorte besoin de l'autre, toi pour donner ce dont j'ai besoin car cela est chez toi en abondance et moi pour recevoir ce que toi tu brûles de me donner. Et la mutualité c'est cela. Pas l'un sans l'autre, pas l'autre sans l'un;

Mais lisez ce texte et laisser le résonner.

mercredi, juin 13, 2012

La veuve de Sarepta et la Samaritaine

La liturgie de semaine propose en ce moment la lecture de la "geste" du prophète Elie, (1R, 17-19) personnage que Jésus rencontrera lors de la Transfiguration.

Mais en entendant la phrase adressée à la femme de Sarepta: "peux tu me puiser un peu d'eau avec ta cruche pour que je puisse boire," j'ai pensé à Jésus qui demande lui aussi de l'eau à la femme de Samarie.  Et j'ai été frappée par la similitude du comportement de ces deux hommes.  D'ailleurs la femme de Samarie dira bien à Jésus: "tu dois être un prophète"..

L'un comme l'autre sont fatigués: Elie vient de quitter le torrent du Kérith pour arriver en territoire païen, ce qui fait quand même une certaine distance et Jésus lui est fatigué quand il arrive en Samarie.

Les deux lieux où ils se rendent sont des lieux occupés par des non juifs, des lieux où peut être les juifs n'ont pas bonne presse.

Les deux ont soif et entrent ainsi en relation avec des femmes qu'ils ne connaissent pas. Certes YHWH a dit à Elie qu'une veuve prendrait soin de lui, mais des veuves, il y en a certainement beaucoup.

Quant à Jésus, c'est une femme qu'il n'a jamais rencontrée et qui sera surprise de ce que ce Juif lui adresse la parole. La réaction est d'ailleurs similaire chez la veuve qui dira "je te jure sur ton Dieu" ce qui montre que son Dieu à elle n'est pas le même que le Sien à lui (même si apparemment elle en a entendu parler) et la samaritaine sera surprise qu'un juif juif, lui parle à elle qui certes reconnait le même Dieu mais pas la primauté de Jérusalem.

Une autre similitude est celle de la foi de ces deux femmes dans la parole adressée. Elles font confiance, elles tiennent pour vrai ce qui est dit.

C'est parce que la veuve qui entendu une promesse qui pour nous fait très ritournelle de comptine:  "Jarre de farine point ne s'épuisera, vase d'huile point ne se videra, jusqu'au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre." et qu'elle y croit, qu'elle accepte de faire cuire du pain pour Elie avant d'en faire pour elle, et que la promesse se réalisant, elle peut comprendre que l'homme qui va habiter chez elle un homme de Dieu. 


C'est aussi parce que la samaritaine comprend que celui là qui lui promet de l'eau vive et qui lui dit qui elle est,  qu'elle va en laissant sa cruche sur place annoncer que Celui la pourrait bien être le Messie. 

Deux femmes, deux actes de confiance, qui permettent de reconnaitre "le Dieu Vivant".