mercredi, juillet 04, 2012

"Pas facile les guérisons" Marc 7 et 8

Je continue ma lecture de l'évangile de Marc et à la fin du chapitre 7, on lui demande de guérir un sourd qui a du mal à parler (ce qui en soit, est assez rare chez les sourds et qui ferait penser que ce n'est pas une surdité de naissance, qui elle entraine une impossibilité à parler). 

En fait ce n'est pas lui (le sourd qui parle difficilement) qui fait le demande de guérison, mais certainement des gens de son village, car l'évangile nous dit: et on le prie de lui imposer (poser dans d'autres traductions)  les mains sur lui. 

Mais Jésus va plus loin. Il l'entraîne à l'écart, il met ses mains dans ses oreilles (là on voit bien le geste, du moins je suppose moi qu'il met des index dans l'orifice d'entrée de l'oreille) et ensuite ça se complique, car il met sa salive sur la langue de l'infirme. Quand je dis que ça se complique, c'est que si Jésus maintient ses mains dans les (ou sur) les oreilles, comment s'y prend il pour mettre de la salive sur la langue de cet homme et pour lui faire comprendre qu'il doit ouvrir la bouche. Mais je suis une visuelle... Et je pense que l

Jusque là, il ne se passe apparemment rien. Puis il est dit: Mc7,34: "puis levant les yeux au ciel, il poussa un gémissement et dit ephphatha, ce qui veut dire ouvre toi". Si lever les yeux au ciel (référence au Père) se comprend, par contre "gémir" est plus difficile à comprendre.  

Cette formule on va le retrouver au chapitre 8, 12, quand après la multiplication des pains (que les disciples ne comprennent pas (surdité et aveuglement) les pharisiens demandent un autre signe plus éclatant: "Gémissant en son esprit il dit: qu'a cette génération à demander un signe...".

Quant à la gestuelle, on la retrouve presque à l'identique lors de la guérison d'un aveugle à Betsaïde: Mc 8, 25: prenant l'aveugle par la main (sympa Jésus) il le fit sortir du village, puis il lui met de la salive sur les yeux et lui impose les mains et lui demande s'il voit quelque chose. La guérison se passe en deux temps, mais l'aveugle est guéri.


Je me dis que si Jésus "gémit" c'est que quelque chose de douloureux se passe, pourquoi est ce si difficile de guérir ce sourd qui ne parle pas ou cet aveugle?

Alors je me suis demandée si ce sourd, ou cet aveugle ne sont pas des figures (représentations) soit du peuple (pharisiens compris) qui ne l'écoutent pas, ne le comprennent pas, et qui même s'ils parlent ne sont pas dans la louange et l'émerveillement devant le don de Dieu, soit des disciples qui tant que l'Esprit ne leur est pas donné, ont la "comprennette bien difficilette" soit nous-même (je veux dire  de moi).

Je trouve étonnant que l'on trouve au début du chapitre 7 la phrase: "qui a des oreilles pour entendre qu'il entende" et que ce chapitre se termine par la guérison du sourd muet, comme si cela se répondait un peu comme dans un morceau de musique. Les disciples ne comprennent pas ou mal l'enseignement de Jésus; et ils sont comme ce sourd dont la langue est "liée".

Au chapitre 8,  il y a la cécité des pharisiens devant le miracle des pains, la cécité des apôtres qui ne comprennent pas la phrase: "ouvrez l'oeil et gardez vous de levain des pharisiens" englués qu'il sont dans leur peur de manquer de pain ce qui leur vaut la réprimande de Jésus: Mc 8, 17: "Ne comprenez vous donc pas? Avez vous l'esprit bouché", puis: "avez vous des yeux pour ne point voir, des oreilles pour ne point entendre?"" et qui se termine par cette guérison de l'aveugle en deux temps: commencer à discerner des formes puis voir clairement.  

Alors oui, la naissance d'hommes et de femmes qui auront des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, peut bien provoquer des gémissements de l'enfantement chez Celui qui donne la vie en nous ouvrant à sa présence. 
    

dimanche, juillet 01, 2012

La guérison de la femme qui perdait du sang Marc 5, 29


Une source est toujours quelque chose d'important. Beaucoup de contes pour enfants parlent de sources qui se tarissent et du héros qui trouve le moyen de trouver ce qui vient perturber son fonctionnement. Une source c'est fait pour alimenter. N'est il pas terrible de perdre la source de l'inspiration pour un artiste? Quant à combler un puits, cela est source de guerre... Abraham ne reprorche t il pas à Abimélek d'avoir spolié un des puits qui lui appartient ?

Pourquoi ce préambule? Simplement parce que en lisant dans la Bible de Jérusalem l'épisode de la guérison de la femme qui perdait du sang, j'ai été séduite par la traduction du verset 29: " et aussitôt la source d'où elle perdait le sang fut tarie, et elle sentit dans son corps qu'elle était guérie de son infirmité.". Les autres traductions disent: " sa perte de sang s'arrêta aussitôt et elle fut guérie de son mal". Oe cette image de la source qui se tarit (parce que c'est presque de l'ordre de l'inimaginable me parait absolument remarquable.

Il y a bien entendu ce premier "aussitôt" qui sera repris comme en écho du côté de Jésus, qui sent aussitôt qu'une force est sortie de lui.

Nous avons l'habitude de penser que cette perte de sang est génitale parce que Marc nous dit que cette femme souffre depuis 12 ans et que Jésus va redonner la vie à une jeune fille de 12 ans (qui sort de l'enfance pour devenir capable de donner la vie) mais en fait nous n'en savons rien. Mais si nous imaginons qu'il y a un fibrome qui saigne, ce qui se passe là, ce n'est pas tant que ça arrête de saigner, mais que le fibrome (la source) disparait, est asséchée.

Ce que je veux dire, ou du moins ce que cette traduction suscite en moi, c'est qu'il ne s'agit pas de fermer un robinet, mais d'enlever la source de la maladie. Le corps de cette femme, en touchant avec foi le manteau de Jésus, devient capable de détruire cette tumeur qui était en elle. Ce n'est pas que la tumeur en saigne plus, c'est qu'il n'y a plus de tumeur. D'une certaine manière son corps est devenu capable d'éradiquer cet amas de cellules qui lui-même avait fabriqué. Son corps (malade, sale, mauvais) devient capable de créer de la vie, d'être dans la vie, de rentrer dans la création, dans la vie.

Il est ensuite écrit: Jésus eut aussitôt conscience qu'une force était sortie de lui". Il y a ces deux "aussitôt", qui montrent que si la femme ressent quelque chose, c'est que quelque chose est venu de Jésus pour entrer chez elle et pour lui donner à elle ce qu'il faut pour détruire (assécher) l'origine de son mal. elle est sortie de son statut passif pour devenir avec Lui participant à la guérison. Et c'est peut être pour "proclamer" cette participation que Jésus lui demande de dire ce qu'elle a fait, ce qui s'est passé et ce qu'elle a vécu. Je veux dire que Jésus la fait participer au mystère de la vie. Elle sort de l'exclusion, elle redevient vivante, mais elle participe à cela, même si elle ne sait pas comment.

Si j'aime cette formulation de la source qui se tarit, c'est que certes là il s'agit de sang, mais qu'il y a en nous bien des sources qui suintent, qui coulent, qui nous épuisent. Ces sources Jésus peut les guérir, les assécher, les cautériser, mais il fait pas de nous des êtres passifs qui sont des miraculés, mais des être de vie qui participent à ce qui se passe dans leur corps (ou dans le psychisme).

Ne peut -on pas dire (pour simplifier les choses) que dans les guérisons, ou bien Jésus assèche la source de ce qui nous rend malade, ou bien il  remet en circulation ce qui était bloqué, mais que pour que cela puisse advenir, la foi est nécessaire. Car ce qui se passe alors en nous avec Lui, fait de nous des vivants, des êtres renouvelés.