dimanche, janvier 20, 2013

De Cana à la croix

Dans l'évangile de Jean, Marie apparaît deux fois: à Cana et au pied de la croix. Là encore on pourrait parler d'une construction: au début de la vie publique et à la fin de celle ci.

Ce matin je me disais que à Cana, l'eau est transformée en vin, ce qui peut d'une certaine manière faire de Jésus le nouveau Moïse qui a transformé l'eau du Nil en sang, pour que Pharaon croit en l'existence de ce Dieu qu'il ne connaît pas. Ce miracle, fait à la demande de Marie (même si celle ci semble se faire rabrouer par son fils) est un signe fort pour les disciples qui croient en Lui. On peut dire que ce signe du vin crée d'une certaine manière l'église des disciples, de ceux qui vivront d'une manière différente.

Au pied de la croix, il y  a me semble t il une alliance qui se noue, une alliance qui se scelle dans le sang qui coule. On peut parler de noces de sang, noces entre le Fils qui représente le Père et l'humanité. Mais mon intelligence est complètement dépassée par cela, et je ne comprends pas (compréhension) ce qui se joue réellement, et il reste un mystère qui me dépasse.

Maurice Zündel dans la prière à Saint François écrit: "apprends moi à épouser ta croix, pour qu'au coeur de mon coeur, je puisse éprouver la douleur de Dieu". Ces quelques mots: épouser et éprouver sont été très éclairants pour moi. Regarder Jésus sur sa croix, c'est non pas aller dans le dolorisme mais regarder cet amour qui se donne et qui n'est pas reçu, ou par si peu.

Je me disais que les paroles adressées par Jésus à sa mère et au disciple sont des paroles qui déplacent complètement les liens de filiation et que cela peut avoir une signification pour moi, aujourd'hui.

Bien sûr, on peut penser que Jésus pense au triste avenir de sa mère, veuve et sans fils pour subvenir à ses besoins, car après ce qui vient de se passer, sera t elle acceptée dans sa famille? Cela c'est possible, mais il me semble qu'il s'agit d'autre chose. Dire à sa mère "femme voici ton fils", peut aussi vouloir dire que Marie devient comme la mère de tous ceux qui vivront dans l'Esprit comme son fils a lui même vécu, et qu'elle est dans un engendrement différent de celui qu'elle a vécu jusque là. Il y a une sorte d'universalité. Marie dépasse complètement (et c'est peut être un des fruits de la mort de son fils) la relation à un, pour passer à une autre relation, à tous. C'est peut être aussi l'éclatement de son coeur, qui devient comme celui de son fils.

Quant à ce qui est demandé à Jean, c'est aussi un changement. Car qui que ce soit cet homme, fils de Zebébée ou pas, il a bien eu ou il a peut être encore une mère biologique qu'il aime ou a aimé. Et là on lui demande en quelque sorte de changer de matrice. Il devient en quelque sort le prototype de tous ceux qui ce jour là sont engendrés au Père par la mort du Fils. Prendre soin de l'autre, de celui qui est dans la peine, dans l'abandon, dans le besoin.

Alors si Cana est dans la joie, on peut peut être penser que ce jour là, est aussi un jour de joie, même si c'est un jour de sang, car un nouveau monde est en train de se créer.

Maintenant que ce soit dans le sang, montre bien que rien n'est définitivement gagné et que la facilité n'est pas de ce monde, mais le vin nouveau est là et bien là.

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