mardi, janvier 22, 2013

Reflexions sur Cana, suite.

Le prêtre des Arcs (un ancien êveque qui a repris du service à Bourg Saint Maurice) m'a donné du grain à moudre par son commentaire de cet évangile. Il a repris beaucoup de "détails" en insistant par exemple sur  Marie qui est celle qui regarde (et on peut remplacer le "ils n'ont pas de vin" par d'autres choses, comme le travail, un toit etc.) et qui aurait beaucoup "évolué" depuis la fugue de Jésus à laquelle elle n'avait rien compris, puisque maintenant elle peut dire aux serviteurs: tout ce qu'il vous dira faites le, ce qui montre l'intensité de sa confiance.

Je me suis rendue compte que j'ai toujours imaginé que le miracle de Cana avait lieu en fin de journée, pour moi, or rien n'est moins sûr, puisqu'un mariage peut durer plusieurs jours. Et curieusement pour moi, le fait que ce signe (miracle) puisse se passer en plein jour et non pas en fin de journée, au moment où tous les chats sont gris, me semble intéressant. Ce n'est pas quelque chose qui est fait à la sauvette.

Il a aussi rappelé que ces cuves de pierre qui servaient à la purification de fait ce sont des espèces de baignoires. Il a employé le terme de lavabo, qui pour moi a fait image, car demander aux serviteurs de prendre de l'eau dans un lavabo, de le mettre dans une cruche et de l'apporter au maître de cérémonie, cela nécessite de leur part une sacrée dose de foi.

Je me suis dit aussi que ces cuves il fallait les remplir et qu'il n'y avait pas d'eau courante. Peut être une citerne, mais cela a dû demander un certain travail aux serviteurs qui obéissent à une femme qui leur a juste dit: ce qu'il vous dira faites le.

Les serviteurs prennent donc de l'eau, ils savent d'où elle vient. Ils remplissent une amphore et la présentent au maitre de cérémonie. Et là, il s'est passé quelque chose en chemin: l'eau s'est transformée en vin. Et je ne peux m'empêcher de penser que celui qui a apporté l'amphore ou la cruche au maître de cérémonie, ne devait pas être très à l'aise. Imaginez le dire à cet homme qui dirige tout: "il y a ce Jésus qui nous a demandé de vous apporté cela... Et le serviteur lui, sait très bien que ce qu'il apporte c'est de l'eau. Il se demande comment il va se faire recevoir et de fait il donne l'objet et disparait. . Or pendant le transport, l'eau s'est changée en vin. Peut être que le serviteur ou les serviteurs connaissaient Jésus de nom et le pensaient capable de faire des miracles. Mais ce qui est important pour moi, c'est que ce miracle se fait en deux temps. Il se passe quelque chose sur le chemin. Certes ensuite l'eau des cuves est transformée en vin, mais tel que les choses sont racontées, c'est après. Et cela repose sur la confiance, sur la foi. Cela évoque les 10 lépreux qui sont guéris en chemin, mais il me semble que c'est bien une caractéristique des signes de l'évangile de Jean.

 C'est le cas du le fonctionnaire romain dont le serviteur est malade Jn 4 (retourne chez toi), de l'aveugle-né Jn9 (va te laver à la piscine de Siloé) de la multiplication des pains Jn 6 (car il faut d'abord que les disciples trouvent un petit peu de pain), et même la résurrection de Lazare Jn 12, car Jésus en quelque sorte attend la proclamation de foi de Marthe.

Cela m'a amenée à me dire que pour qu'un miracle se passe, il nécessite la foi de celui qui le demande ou de celui qui sert d'instrument. Jésus n'est pas un magicien. Il a certes le pouvoir de faire, mais pour que cela se réalise ou prenne sens, il faut la confiance, la foi de celui qui demande.

Et je me disais que quand le prêtre prononce les paroles "ceci est mon corps" pour que cela devienne réellement le corps, il faut que celui qui va le recevoir, puisse reconnaitre dans ce morceau de pain qui est présenté, autre chose que le pain, qu'il fasse confiance à celui qui a dit: ceci est mon corps livré pour vous. Et cela ne concerne pas seulement le célébrant mais les participants.

Et si on voit les choses comme cela, on sort du côté magique du miracle.

Pour que quelque chose se passe, il faut que cela se passe entre deux personnes. Il y a celui qui pron
once une parole (lève toi, rentre chez toi, va te laver) et celui qui au fond de son coeur, reconnait que cette parole fait sens pour lui, ou qu'il a suffisamment confiance en celui qui prononce pour l'accepter et la faire sienne.

Il y a un verset de psaume 14, 4 que j'aime beaucoup:"Eux ils dévorent mon peuple comme on mange le pain". Cela renvoie à des occupants (ou aux méchants)  qui vivent sur le dos des habitants (de leurs frères) , qui leur prennent tout ce dont ils ont besoin pour vivre. Comparer le peuple a du pain, du pain que l'on peut dévorer, m'a toujours fait penser à Jésus.  Quand Jésus dit que son corps est le pain, cela pour moi signifie qu'il donne absolument tout, qu'il  ne garde rien pour lui. Mais cela ne se réalise que lorsque les disciples consomment ce pain, car c'est à ce moment là par leur foi en celui qui va bientôt disparaître que se joue le changement.

Mais pour que cela se réalise aujourd'hui, il est important que moi, je puisse dire quand je reçois ce morceau de pain que ce pain est bien plus que cela. C'est peut être cela le sens de cet Amen qu'il nous est demandé de prononcer quand nous recevons le pain qui est corps.

1 commentaire:

Béatrice a dit…

Bonsoir Giboulée,
Je vous avouerez que je n'ai pas tout compris, mais il me semble que la confiance en l'autre, la foi en sois , et surtout que il y est un sens, que tout ne se produit pas sans raison, j'ai retenue cela dans ce texte que rien ne peux se faire en étant seul...
un plaisir ce partage merci.