vendredi, juillet 12, 2013

Matthieu l'apôtre.

J'ai toujours été frappée en lisant l'appel de Matthieu, tel que lui-même (ou quelqu'un écrivant en son nom) le rapporte, par la sobriété du texte; ce qui tend à prouver peut être à quel point ce qui s'est passé ce jour là a bouleversé sa vie. 

Le chapitre 9, qui est le chapitre qui raconte cet événement, montre ce que fait Jésus après "le discours sur la montagne", mais surtout comment il commence à poser question aux une et aux autres, puisque chaque miracle, chaque fait, est source de discussion, soit avec les scribes (guérison du paralytique), soit avec les pharisiens (repas pris avec les publicains), soit avec les disciples de Jean (question du jeune), voire avec la foule qui se moque de lui (résurrection de la fille du notable). 

Mais j'en reviens à l'appel de Matthieu:Mt 9,  9Comme il s'en allait, Jésus vit, en passant, assis au bureau des taxes, un homme qui s'appelait Matthieu. Il lui dit : « Suis-moi. » Il se leva et le suivit. 10Or, comme il était à table dans sa maison, il arriva que beaucoup de collecteurs d'impôts et de pécheurs étaient venus prendre place avec Jésus et ses disciples.  

Si on compare avec l'évangile de Luc:Lc 5,  Après cela, il sortit et vit un collecteur d'impôts du nom de Lévi assis au bureau des taxes. Il lui dit : « Suis-moi. » 28Quittant tout, il se leva et se mit à le suivre.
29Lévi fit à Jésus un grand festin dans sa maison ; et il y avait toute une foule de collecteurs d'impôts et d'autres gens qui étaient à table avec eux.  

Il y a deux différences notables: dans un cas le prénom qui veut dire "don de Dieu"; dans l'autre cas le patronyme Levi  (ce qui n'est pas rien quand on connait la place des lévites dans le service du temple et qu'ils sont en quelque sorte des donnés à Dieu). Il y a aussi le repas donné soit dans la maison de Jésus mais que l'on peut comprendre comme un repas de fête (pour un nouvel adepte), soit dans la maison de Matthieu qui avant de tout quitter fait la fête pour Jésus et tous ceux qui veulent venir et voir. 

Alors m'est venu l'envie de raconter.....

"Je m'appelle Matthieu, en principe je suis un "don de Dieu", mais tout le monde me regarde avec mépris, tout le monde même me fuit, refuse de me regarder comme si j'étais transparent, comme si je n'existais pas, parce que pour gagner ma vie, j'ai repris le métier de mon père: collecteur d'impôts. Et cela pour les "autres" pour les "purs" c'est comme être possédé. Je travaille pour l'envahisseur, je prends l'argent de mes frères pour le leur donner. Eux bien souvent ils prêtent à leur frères à des taux exorbitants, mais ça, ça ne les gêne pas et pour récupérer leur argent ils n'ont pas peur d'aller devant les tribunaux. 

Ma tribu, c'est la tribu de Lévi. Les lévites, ce sont ces hommes de la tribu de Moïse qui doivent participer  tous les jours au culte de notre Dieu, et moi, je suis là, à ma table, à réclamer de l'argent et même si chaque jour comme mes frères je célèbre l'Unique en récitant les psaumes, je n'ai pas de place. 

Comme tout le monde à Capharnaüm, j'avais entendu parlé d'une sorte de prophète du nom de Jésus, peut être une sorte de nouveau Josué qui nous ferait sortir de la soumission que nous devions aux romains. Par des amis, j'avais su qu'il avait raconté des choses très étonnantes, comme par exemple dire que regarder une femme c'est déjà de l'adultère, que se mettre en colère contre son frère, c'est passible de la géhenne. Il m'intéressait bien cet homme avec son radicalisme, seulement moi, j'étais bloqué là à ma table, à réclamer des sous qui ne m'appartenaient pas, à récolter des regards mauvais. J'avais aussi entendu parlé de miracles et là j'ai commencé à me dire: si seulement il pouvait passer devant moi, et me regarder, simplement me regarder. 

Et voilà que c'est arrivé. 

Il sortait de la ville, il avait (je l'ai su après) guéri un paralytique qui s'était mis à marcher et il est passé par la porte de la ville devant mon bureau. Moi je savais que c'était lui parce qu'il y avait une petite foule autour de lui. Je savais que je devais lui demander de l'argent, mais en avait il? J'étais prêt à le lui avancer cet argent, à lui et aux siens, je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. 

Il s'est arrêté devant ma table, il m'a regardé, oui regardé et là quelque chose a explosé en moi. Enfin j'avais du poids, enfin j'existais. Il m'a dit "suis moi' et là je n'ai pas même pas réfléchi, je me suis levé de ma chaise, je me suis mis debout (comme si je commençais enfin à vivre, parce que cette chaise, c'était une vraie croix pour moi), et oui je l'ai suivi et je ne suis jamais revenu en arrière. 

Je ne sais plus tellement j'étais heureux si on a mangé chez lui ou dans ma maison. Ce que je sais c'est que tous ceux qui comme moi sont "transparents" aux yeux des bien pensants étaient là et qu'ils étaient heureux parce qu'ils avaient une place. Ce que je sais c'est que bien sûr les pharisiens de ma ville ont critiqué, ont essayé d'abîmer notre plaisir, mais Il a pris notre défense, il a dit qu'il était là pour nous, pas seulement pour eux, il a dit que c'était les malades qui avaient besoin de médecin qu'il était venu appeler les pécheurs et que la miséricorde il était venu pour "leur" montrer ce que c'était. 

Après, parce qu'il y a eu un après, j'ai été choisi pour faire partie des apôtres, moi le lévite, je crois que j'avais vraiment ma place: j'allais pouvoir témoigner et montrer comment en lui les écritures s'étaient accomplies.

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