lundi, septembre 30, 2013

Relecture du pauvre Lazare et du Riche sans nom

Quand Jésus raconte cette histoire, il prend tout le monde à contre sens, puisque d'une certaine manière la notion de "rétribution "existe toujours quand il enseigne. Le riche s'il est riche c'est qu'il est béni de Dieu et que logiquement c'est un juste. Quant à Lazare qu'a t il fait (lui ou son père) pour être dans cet état. Mais le prénom du pauvre n'est pas neutre: car Lazare signifie: "Dieu a secouru".

 Donc on peut bien s'attendre à quelque chose d'étonnant, comme cela arrivera lors de la résurrection de "celui que Jésus aimait" dans l'évangile de Jean.

Par ailleurs si Lazare est recouvert d'ulcères, si on se réfère au livre du Lévitique 13,  il y avait des lois très strictes concernant les maladies de peau. Certes l'ulcère n'est pas la lèpre, mais Job lorsque le malin lui inflige des ulcérations se retrouve bien hors de la ville, sur la cendre. Par certains côtés c'est déjà pas mal que le "riche" n'ait pas fait jeter "l'ulcéreux" en dehors de son domaine qui est une sorte de paradis (on y festoie tous les jours et on est vêtu de vêtements magnifiques).

Si on prend la conclusion de la parabole, on comprend que le riche qui apparemment est un "béni"est mis en terre et de là passe dans les lieux infernaux '(enfer) alors que le pauvre, le méprisé, le pécheur, monte sur les ailes des anges auprès d'Abraham, c'est à dire près de Dieu. Ce pauvre là, il évoque un peu ce qui se passera pour Jésus qui certes sera déposé dans un tombeau mais pas dans la terre et qui sera d'une certaine manière enlevé au ciel (ce qu'il dit à Marie: ne me retiens pas, je ne suis pas encore allé vers mon Père Jn 20, 17. ,

Suffit il d'être pauvre pour aller au paradis, pour y être consolé de sa vie terrestre? Je pense que ce serait un peu simpliste.

Dans un premier temps, je me suis dit que le pauvre avec ses ulcères, est un peu comme une figure de Job, le riche qui a tout perdu. Or Job et c'est cela l'important, jamais ne se détourne de Dieu. Il se met en colère, il pose des questions, mais la relation ne se coupe jamais. Alors peut être que le Lazare dont Jésus nous parle, cet homme dont les chiens lèchent les plaies, a su garder tout le  temps une relation à son créateur, ce qui n'est pas a priori le cas du riche, qui passe à côté de ce pauvre sans le voir (ce qui nous concerne tous plus où moins d'ailleurs). Si le riche est centré sur lui-même, il devient aveugle au monde, aveugle à Dieu, et c'est bien cela le problème. Il me semble aussi que l'on peut faire une sorte de parallèle entre ce pauvre et l'homme dépouillé sur la route de Jérusalem à Jéricho (le bon samaritain): les nantis, les purs passent à côté de lui sans voir sa misère et sa souffrance. or ce pauvre qui est à la grille, bien des invités devaient aussi passer devant lui sans le voir, un peu comme ces pauvres dans le métro ou aux portes de nous églises que nous regardons sans les voir.

 La phrase "il aurait bien voulu manger les miettes qui tombaient sous la table" évoque aussi le fils prodigue: il aurait bien voulu manger les caroubes que mangeaient les porcs, mais on ne les lui donnait pas Lc15,16. Les chiens de la parabole sont plus humains que les humains!

Le riche qui passe sa vie dans les festins, se remplit la panse si j'ose dire. Il ne fait que manger, il est un tube digestif, il ne dit pas merci à Dieu, il ne demande pas, et en cela, il est inhumain si l'on peut dire. Il s'est aveuglé, il s'est assourdit, il s'est coupé du monde et il s'est coupé de Dieu. C'est peut être en cela que l'argent est dangereux, quand il coupe la relation, quand il pervertit le regard.

Alors d'une certaine manière le riche est celui qui est "répugnant", et le pauvre "le sentant bon".

Que Jésus se serve de cette parabole pour faire comprendre qu'il ne faut pas juger sur les apparences, et que l'important c'est d'avoir en soi (écrit dans son coeur) la Loi et les Prophètes, cela parait évident.
Parle-t-Il de Lui en disant que "même un homme revenant de chez les morts ne sera pas entendu"? C'est une possibilité.

Mais ne peut-on pas penser que Jésus sur la croix est comme ce Lazare: couvert de plaies, répugnant, considéré comme un pécheur (Is53). Jésus ( (Dieu sauve) qui a accepté de perdre sa richesse pour devenir au regard du monde un malfaiteur, un malfaisant, un couvert de plaie, un pauvre qui pue...

Seulement lui, il a choisi cette place et du coup nous les sentant pas bons, les pleins de plaies nous pouvons entrer dans le royaume.

Et là, malgré l'apparente dureté de cette parabole (après tout le riche qui veut mettre ses frères à l'abri des tourments montre de l'amour pour eux), il y a bien de la miséricorde dans cette histoire: nous sommes tous des riches, trop centrés sur nous même, mais parce que Jésus est devenu l'un d'entre nous, et a envoyé son Esprit pour nous ouvrir les yeux et le coeur, alors nous aussi nous pourrons comme Lazare "être secourus par Dieu"

jeudi, septembre 26, 2013

Le Mal dehors, le Mal dedans.,

En repensant une fois de plus au texte qui rapporte la guérison de l'enfant possédé par un esprit sourd et muet, (Mc 9, 17-29) je me suis rendue compte que Jésus en chassant le démon muet et sourd qui est dans l'enfant, met le mal dehors.

Si Jésus met le mal dehors, c'est que le mal (même si on suppose qu'il est venu de l'extérieur pour posséder l'enfant et le rendre malade), est bien au dedans.

Cela m' a permis de me rendre compte que je dis la dernière phrase de la prière donnée par Jésus: "délivre nous du mal", j'ai toujours pensé au Mal (au malin, au mauvais) qui rode dans le monde, cherchant qui dévorer, comme à un mal extérieur.

Là, je me dis que ce dont Dieu doit nous libérer, c'est du mal qui est au dedans de nous (le péché) qui nous possède, nous aveugle, nous domine. Et seule sa force à Lui peut nous en libérer.


mercredi, septembre 25, 2013

"La femme pécheresse: Luc 7, 36-49


Luc 7,34-39 " la femme pécheresse"
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"Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. Survint une femme de la ville, une pécheresse. Elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, et elle apportait un vase précieux plein de parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, à ses pieds, et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum.
En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu'elle est : une pécheresse. »
Jésus prit la parole : « Simon, j'ai quelque chose à te dire. — Parle, Maître. »
Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d'argent, l'autre cinquante. Comme ni l'un ni l'autre ne pouvait rembourser, il remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l'aimera davantage ? »
Simon répondit : « C'est celui à qui il a remis davantage, il me semble. — Tu as raison », lui dit Jésus.
Il se tourna vers la femme, en disant à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi, et tu ne m'as pas versé d'eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas embrassé ; elle, depuis son entrée, elle n'a pas cessé d'embrasser mes pieds. Tu ne m'as pas versé de parfum sur la tête ; elle, elle m'a versé un parfum précieux sur les pieds. Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c'est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d'amour. »
Puis il s'adressa à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. »
Les invités se dirent : « Qui est cet homme, qui va jusqu'à pardonner les péchés ? »
Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t'a sauvée. Va en paix ! "





Si on fait abstraction de tout ce que l’on a pu lire sur cette femme qui verse du parfum contenu dans un vase de prix, sur les pieds de Jésus au cours d’un repas, si on reste dans l’évangile de Luc en essayant d’aborder ce récit comme un texte neuf, la première chose qui frappe, c’est que cette femme, comme la femme qui perdait du sang, n’a pas de nom, mais une étiquette (un qualificatif) et une origine : un lieu lui aussi sans nom : la ville.

Il y a comme cela dans les évangiles un bon nombre de personnages qui ne sont connus que par une épithète : la femme adultère, le paralytique de Capharnaüm, la veuve du temple etc. Cette femme la, porte juste une étiquette : elle est pécheresse et on nous dit qu’elle habite en ville.

Dans la Bible, la ville est souvent un lieu « mauvais » : Ps 55, 10-12 « Car je vois dans la ville la violence et les querelles ; jour et nuit elles en font le tour sur les murailles ; le mal et l'oppression sont en son sein ; en son sein il n'y a que ruine ; la violence et la tromperie ne s'éloignent pas de ses places ». La ville d’où vient cette femme, est certainement une citée porteuse d’un nom grec et dans lesquelles les habitants vivent « librement » sans respecter les préceptes de la Torah. C’est un endroit « sale », impur, impie. Dans le langage biblique c’est un endroit où règne le péché, c’est à dire où Israël se livre à l’idolâtrie et à la prostitution. (Adorer d’autres dieux c’est de la prostitution).

En d’autres termes cette femme ne vit pas comme une « bonne juive », elle est impie, donc impure, donc elle doit être considérée comme une pestiférée et être exclue. Si j’insiste là dessus, c’est que dire que cette femme est une prostituée comme cela est fréquemment traduit, n’est peut être conforme à la réalité, car majore encore plus négativement le terme de pécheresse.

 On peut toute fois dire que en venant chez des purs, des pharisiens, elle va les contaminer, surtout si elle a adopté les mœurs dévoyées des occupants, qu’ils soient grecs ou romains. Essuyer les pieds de Jésus avec ses cheveux indique qu’elle ne porte pas de voile, (signe des femmes mariées dans la bible) et en cela elle n’est pas quelqu’un de bien.

Je pense que si cette dame (pourquoi ne pas l’appeler comme cela) a su où Jésus allait manger ce jour là, et si elle s’y est présenté sans changer sa tenue pour s’adapter aux hôtes de Jésus, et avec ce cadeau : un flacon de parfum, c’est que peut être il s’était  déjà passé quelque chose entre elle et Lui. Cela peut être de la curiosité, mais si ce n’était que cela, il n’y aurait pas justement cette offrande, ce cadeau.

Dans le chapitre qui précède cet événement, il y a eu beaucoup de guérisons, beaucoup d’expulsions d’esprits mauvais, et peut être qu’elle a vu cela ? Mais peut être a t elle entendu ce que nous avons coutume d’appeler les Béatitudes, ces phrases qui chez Luc sont brèves, percutantes.

Peut-être qu’elle a entendu « malheur à vous qui riez maintenant » et que cela fait choc en elle, peut être l’a-t-elle croisé son regard, et ce regard a fait naître quelque chose en elle qu’elle ne connaissait pas et qui la bouleversée ? Cela nous ne le saurons pas, mais au fond de moi j’ai du mal à croire qu’elle s’est décidée comme cela à braver les regards noirs des bien pensant pour se mettre aux pieds de cet homme, pour lui déclarer son amour, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit. Cette femme n’est elle pas aussi la fiancée du cantique qui sort de la ville à la recherche de son  bien aimé et qui ne le lâchera plus une fois qu’elle l’aura trouvé ?

Quant au parfum, de quoi s’agit il ? Quand on va voir quelqu’un on n’arrive pas les mains vides et cette femme de la ville, il est sûr qu’elle est bien « élevée » ! Elle arrive avec quelque chose de royal pour celui qui est son Roi. A t elle acheté cela ou est ce un cadeau dont elle ne veut plus ? Est ce le cadeau d’un de ses admirateurs, de ces hommes qui étaient avec elle  et qu’elle ne veut plus porter ? Est sa manière de dire qu’elle rompt avec ce passé ? Je ne sais pas, mais ce que dira Jésus : « parce qu’elle a beaucoup aimé, il lui sera beaucoup pardonné », montre bien qu’il y a là un symbole de l’amour qui se répand ?

Peut être a-t-elle juste pris ce vase contenant ce parfum pour l’offrir et en se mettant aux pieds de Jésus, en se rendant compte qu’il se laisse toucher par elle, et les pieds de cet homme ont besoin d’être entretenus, qu’elle verse ce parfum comme une eau pour laver et à cette eau, se mêlent ses larmes. Pourquoi pas ? 

 Et la voilà qui entre dans cette maison, qui se met aux pieds de Jésus, avec certainement la peur qu’il ne la rejette, et voilà qu’il se laisse faire, il se laisse toucher ; alors les larmes montent, ce ne sont pas forcements des larmes liées à la honte, elles peuvent être des larmes de joie, des larmes de soulagement, car elle se sait aimée vraiment dans sa totalité. Il ne l’a pas repoussée, il la laisse faire, il se laisse faire et elle peut lui montrer la force de l’amour qui est maintenant en elle, un amour qui est tournée vers lui et non plus vers elle. Ce n’est plus elle qui est l’objet de l’amour des autres hommes, mais c’est lui qui accepte d’être aimée par elle et qui lui rend en quelque sorte son honneur. Est ce que cela ne fait pas pleurer de bonheur ?

Et si Jésus prend ensuite sa défense (comme il prendra cette de Marie dans l’Evangile de Jean), c’est bien pour montrer que lui, la voit dans ce qu’elle est et a toujours été: une femme remplie d’amour, qui vient enfin d’en recevoir et qui en est comblée.

La parabole qu’il raconte celle de ces deux hommes qui doivent de l’argent et qui sont libérés de leur dette, parle d’amour : lequel l’en aimera le plus ? Or curieusement  ce mot « aimer » me dérange.. Pour moi, il s’agit plutôt de reconnaissance,  pas d’amour. Maintenant si on se souvient qu’un débiteur peut être jeté en prison lui et sa famille par son créancier en cas de non payement, alors la remise de dette peut s’entendre comme un véritable salut et qui dit salut, dit être délivré d’un danger mortel et là, oui il y a amour pour son sauveur.  

Au geste de la femme dite pécheresse (car elle, elle ne dit rien, elle ne parle pas, elle ne demande rien), répond une parole de Salut : « tes péchés te sont pardonnés ». La phrase est lapidaire, mais ne peut-on pas entendre : « Tu as lavé  mes pieds, maintenant moi aussi je te dis que tu es purifiée, que ton passé ne te colle plus à la peau, comme la poussière ne colle plus à mes pieds, que tu fais partie de ma famille ».

Si Jésus se doit d'ajouter; "Va en paix, ta foi t'a sauvée" c'est certes une phrase qu'il emploie souvent, et qui renvoie à la confiance absolue qui se noue entre lui et une personne dans le besoin, mais c'est sa réponse à la question que se posent les "purs". Il est Jésus  LE Seigneur, le Fils du Père. 

Cette femme est-elle Marie que l’on appelle Madeleine, (Lc 8,1) une de ces femmes guéries par Jésus qui l’aident dans sa mission ? Il est facile de l’imaginer puisque c’est la suite du récit évangélique, mais parfois j’ai envie de voir en cette femme « pécheresse » comme une image de chacun d'entre nous.

Parce que nous nous savons aimés nous pouvons reconnaître ce qui ne va pas en nous, ce qui ne va pas autour de nous, et entendre que nous sommes pardonnés et aller de conversions en conversions. 

Regarder ce qui s’est passé pour elle, permet de ne pas rentrer dans cette logique que je peux comprendre mais qui au fond de moi me dérange qui est : reconnais ton péché, demande pardon, Dieu dans sa miséricorde au lieu de te rejeter te pardonne. Alors ce pardon te permettra de comprendre un peu la taille de son amour pour toi.

Quand j’ai rencontré Dieu (je dis Dieu pour faire simple) sur une route qui menait à Chartres, ce que j’ai ressenti, parce qu’il s’agit quand même de ressenti c’est une immense Paix, celle dont j’avais besoin. Ensuite est venue la Joie et si le lendemain je suis allée voir le prêtre responsable des premières années de fac, ce n’était pas pour m’excuser de n’avoir rien fait durant cette année là, mais pour dire que je voulais faire quelque chose, ce qui est quand même très différent. 


dimanche, septembre 08, 2013

A propos des Vierges prévoyantes et des autres. Matthieu 25.



Cette parabole nous a été proposée la semaine dernière et elle m'a plongée dans des abîmes d'incompréhension..

Il me venait une chanson datant du scoutisme: quand donc serons nous sages, quand donc serons nous sages? Jamais, jamais jamais... La terre nourrit tout (bis) les sages , les sages, la terre nourrit tout, les sages et les fous. Et moi je me suis toujours mise du côté des fous, alors cette parabole elle ne me convient pas très bien.

Il d'agit d'une comparaison: le royaume de dieu est semblable à 10 jeunes filles qui attendent la venue de l'époux, 5 sont prévoyantes, 5 sont étourdies. A qui s'adresse cette comparaison?

Si on remet cette histoire dans l'évangile de Matthieu, on est au chapitre 25 qui va se terminer par la parabole (mais en est--ce une) du jugement dernier, et qui elle-même est précédée par la parabole des talents.

Je me suis beaucoup cassée la tête à réfléchir sur ces jeunes filles qui dorment toutes après avoir fait un bout de la route, mais qui doivent attendre d'autres indications, par la conclusion de ce texte: veillez car vous ne savez ni le jour ni l'heure, qui ne va pas du tout avec l'histoire racontée, à ces jeunes filles qui gardent leur huile pour elles toutes seuls sans partager ni la lumière, ni leur provision et qui sont admises dans la salle des noce. L'huile m'a fait penser aussi au vêtement blanc qui permet d'entrer dans la salle des noces. J'ai eu aussi l'impression que le veilleur qui pousse son cri dans la nuit: "Voici l'époux, sortez à sa rencontre" c'était aussi l'époux. Mais pourquoi cette injustice puisque toutes ont leur lampe.

Et puis en remettant cette parabole dans son contexte, je me suis dit que ce chapitre 25 est d'une certaine manière le dernier de la vie publique puisqu'ensuite on bascule dans les récits de la Pâques, de la passion et de la résurrection.

Jésus d'adresse aux pharisiens (entre autres). Et que leur dit-il à eux qui "possèdent la vérité, la connaissance, le savoir"?

Il leur dit que avoir une lampe (qui est le symbole de la connaissance de la parole de Dieu donnée dans les livres) c'est bien mais que si c'est connaître pour connaître ce n'est pas suffisant. Il est nécessaire d'avoir l'huile (qui fait briller le visage de l'homme comme est brillant le visage de Dieu) l'huile qui nourrit est comme un symbole de l'amour et c'est cela l'important; la connaissance ou mais mais connaissance sans l'amour ça ne sert à rien ( Paul ne dira t il pas cela avec ses mots à lui en 1Cor 15).

Il leur dit qu'avoir la connaissance du livre c'est bien, car c'est ainsi que l'on peut entendre la parabole des talents. Dieu confie à son peuple sa parole, à lui de la faire fructifier. S'il la met en terre, s'il l'enterre,  il ne répond pas à l'attente du maître. La peur (fausse image de Dieu)  bloque, enferme dans des rites ou des rituels qui  privent de toute créativité et qui étouffe l'amour. Car faire fructifier c'est aimer.

Quant à la dernière parabole de ce chapitre, nous l'aimons bien parce que malgré nous nous nous mettons du côté des "bénis" et les bénis sont ceux qui ont laissé l'amour diriger leur vie.

Alors être sage c'est souvent être très fou, parce que aimer c'est être un peu fou, et c'est pour cela qu'il y aura beaucoup plus de fous dans l'au delà que de sages.

Bref je pense avoir enfin pu mettre un peu de sens dans cette parabole, du moins aujourd'hui, car comme l'huile donnée par Eli à la veuve de Sarepta, elle ne s'épuise pas et devrait me permettre un jour après l'autre de trouver quand je frappe. Car l'huile de la provision c'est peut être une représentation de l'Esprit Saint, lui qui sera donné en abondance.

"Etre disciple" Luc

Plus le temps passe et plus je trouve qu'il est difficile de commenter un passage de l'évangile sans regarder ce qu'il y a avant et après.

Là il s'agit de Luc 14, 25-33. Jésus est en train d'aller vers Jérusalem, donc vers sa mort. On nous dit qu'il y a de grandes foules qui le suivent. On sait aussi qu'il vient de dire que le royaume va prendre une direction universelle: ceux pour lesquels le repas avait été préparé n'y prendront pas part. On peut penser que les foules qui entendent cela peuvent se réjouir et si dire que cette ouverture les concerne, d'autant que dans le chapitre suivant il sera question de la miséricorde.

Et pourtant là, le discours semble un peu rude. Que dit Jésus: Il dit qu'il faut réfléchir avant d'agir et que dire que l'on est son  disciple (comme on est disciple des pharisiens ou de Jean) cela ne se fait pas sur un coup de tête, que ce n'est pas donner une étiquette, non ça va bien au-delà. Et il me semble qu'il se donne des prérogatives divines qui ne devaient pas plaire aux pharisiens certainement de plus en plus nombreux à l'approche de Jérusalem.

Alors que dit-Il?

Tout d'abord la phrase "si quelqu'un veut être mon disciple " est prononcée trois fois et la dernière incise "renoncer à tout ce qu'il possède" résume les deux autres phrases: il s'agit de se décentrer, de ne plus être son centre, et passer de l'avoir (ne plus posséder la vie éternelle comme le demande le jeune homme riche) mais être dans la vie éternelle, ce qui est différent. Et pour cela il donne les moyens: le préférer Lui et marcher derrière Lui, avec ce que l'on est, tel que l'on est.

Le premier ordre (si je peux employer ce mot) demande de préférer Jésus à tout autre. Or cela me fait penser à Dt,6, 5: "aimer Dieu de tout son coeur, de tout son être et pardessus toute chose". En d'autres termes Jésus de présente là comme Fils de Dieu et c'est à ce titre là qu'il doit être préféré. Mais il est évident que cette prérogative a dû faire grincer pas mal de dents, car qui est Il celui là pour parler ainsi? Je crois aussi qu'il y a derrière cela une autre approche. Notre amour de nos proches est un amour très charnel, et souvent très possessif (même si nous sommes capables de faire pour eux énormément de choses, de ous sacrifier comme on dit). Or l'amour que Jésus nous demande n'est pas uniquement de cet ordre là: il s'agit de remplacer des liens trop forts par des liens que faute de mieux j'appelle spirituels mais qui sont des liens de souplesse, de douceur, ce qui n'annule pas le lien en tant que tel, mais le fait évoluer.  Quand Paul parle du  charnel (qui renvoie au possessif) et du spirituel (qui renvoie à une relation réelle mais non dans la captation) quand il  parle du vieil homme et de l'homme nouveau, il dit autrement ce que Jésus demande (et ce qui n'est pas facile de réaliser sans l'aide de l'Esprit Saint). En d'autre termes apprendre petit à petit à se décentrer de soi et ne pas oublier que faire quelque chose pour "ces petits qui croient en lui" c'est faire pour lui, ce qui en soi est rassurant. Cela ne veut pas dire annuler les liens, mais les remplacer par d'autres.

Le deuxième ordre est encore plus complexe: "Celui qui ne porte sa croix pour me suivre ne peut pas être mon disciple". Il y a d'autres traductions de ce verset, mais on a toujours beaucoup glosé sur le mot croix. Il me semble que Jésus dit que des croix nous en avons tous, et qu'il nous prend avec nos croix, tels que nous sommes. En d'autres termes pas besoin d'être parfait (pas pêcheur) pour suivre. Mais cette croix c'est la notre et il ne dit pas qu'il va la porter à notre place, de même qu'il ne vous demande pas de porter la sienne.. Et puis porter c'est un acte positif, ce n'est pas subir sa croix ni se laisser écraser par elle. Non jésus nous voit comme des hommes debouts, lucides, et c'est cette lucidité là qui fait que nous choisissons de marcher derrière lui.

Et là aussi ce "marcher derrière lui" renvoie à ce qu'Il est. Le peuple dans le désert marchait derrière Moïse qui lui même suivait la nuée qui indiquait le chemin qui disait là où il fallait s'arrêter, là où il fallait repartir Ex 40,36. Marcher derrière Jésus, c'est suivre Dieu, c'est le faire partie intégrante de sa vie et se laisser diriger par Lui, un jour après l'autre.

Alors finalement ce texte qui semble si difficile, il me semble qu'il est occasion de contempler en cet homme qui sera bientôt mis sur une croix comme un malfaiteur, celui qui est l'image visible du Dieu invisible. Trop insister sur la croix comme cela se fait si souvent c'est oublier qu'il s'agit de "porter" et donc de reconnaître sa faiblesse, puis de se mettre en route, ce que malheureusement un bon nombre de pharisiens trop surs de leurs connaissances ne pouvaient pas faire.

jeudi, septembre 05, 2013

Une histoire de barques

C'est à propos de l'appel de Simon en Luc 5.

VIDE/PLEIN.....

Il y a des hommes qui ont pêché toute le nuit sans rien prendre et qui abandonnent les barques le matin au bord du lac. Elles n'ont servi à rien ces barques. Elles sont vides.

Et voilà Jésus qui arrive et que demande à Simon de monter dans sa barque pour qu'il puisse enseigner (donner la nourriture) à ceux qui le pressent. La barque est vide de poisson mais  pleine de la présence de celui qui se dit "nourriture".

Puis quand d'une certaine manière la parole se tarit, Jésus demande à Simon de lancer ses filets ailleurs, en eau profonde et là, la mer donne ses poissons, elle donne tout...

Simon appelle à l'aide pour relever les filets (importance de ne pas être seul). Il est saisi d'effroi (quel est cet homme qui peut obliger la mer à donner son fruit).

Il revient au rivage, abandonne sa barque, ses filets et les poissons qu'il a sorti du lac.

Ceux qui sont restés sur le rivage, ceux qui ont écouté la parole ont de la nourriture (les poissons en surabondance). Certes Jésus est parti ailleurs, mais ceux qui l'ont entendu ne manquent de rien.



Autrement dit.....

2 barques vides amarrées au bord de la rive.

Une barque près du rivage avec Jésus, Simon, des hommes d'équipage. Une barque remplie de paroles.

Puis une barque  loin du rivage, là où on n'a pas pieds avec Jésus, Pierre et ses hommes. Pierre jette les filets et ceux ci se remplissent comme si on avait donné ordre à la mer de se vider de ses habitants.

2 barques pleines à ras bord...

Une barque qui risque de chavirer quand Pierre se prosterne devant Jésus.

Une barque pleine de poissons sur le rivage avec Jésus et Pierre.
Une autre barque pleine de poissons sur le rivage avec Jacques et Jean,

2 barques vides d'hommes, mais pleines de poisson pour ceux qui sont venus écouter la parole.
2x2 hommes qui laissent leurs poissons pour suivre Jésus.

Une barque pleine de parole, une barque pleine de poissons, une barque d'abondance pour ceux qui ont écouté l'Absent.