lundi, septembre 30, 2013

Relecture du pauvre Lazare et du Riche sans nom

Quand Jésus raconte cette histoire, il prend tout le monde à contre sens, puisque d'une certaine manière la notion de "rétribution "existe toujours quand il enseigne. Le riche s'il est riche c'est qu'il est béni de Dieu et que logiquement c'est un juste. Quant à Lazare qu'a t il fait (lui ou son père) pour être dans cet état. Mais le prénom du pauvre n'est pas neutre: car Lazare signifie: "Dieu a secouru".

 Donc on peut bien s'attendre à quelque chose d'étonnant, comme cela arrivera lors de la résurrection de "celui que Jésus aimait" dans l'évangile de Jean.

Par ailleurs si Lazare est recouvert d'ulcères, si on se réfère au livre du Lévitique 13,  il y avait des lois très strictes concernant les maladies de peau. Certes l'ulcère n'est pas la lèpre, mais Job lorsque le malin lui inflige des ulcérations se retrouve bien hors de la ville, sur la cendre. Par certains côtés c'est déjà pas mal que le "riche" n'ait pas fait jeter "l'ulcéreux" en dehors de son domaine qui est une sorte de paradis (on y festoie tous les jours et on est vêtu de vêtements magnifiques).

Si on prend la conclusion de la parabole, on comprend que le riche qui apparemment est un "béni"est mis en terre et de là passe dans les lieux infernaux '(enfer) alors que le pauvre, le méprisé, le pécheur, monte sur les ailes des anges auprès d'Abraham, c'est à dire près de Dieu. Ce pauvre là, il évoque un peu ce qui se passera pour Jésus qui certes sera déposé dans un tombeau mais pas dans la terre et qui sera d'une certaine manière enlevé au ciel (ce qu'il dit à Marie: ne me retiens pas, je ne suis pas encore allé vers mon Père Jn 20, 17. ,

Suffit il d'être pauvre pour aller au paradis, pour y être consolé de sa vie terrestre? Je pense que ce serait un peu simpliste.

Dans un premier temps, je me suis dit que le pauvre avec ses ulcères, est un peu comme une figure de Job, le riche qui a tout perdu. Or Job et c'est cela l'important, jamais ne se détourne de Dieu. Il se met en colère, il pose des questions, mais la relation ne se coupe jamais. Alors peut être que le Lazare dont Jésus nous parle, cet homme dont les chiens lèchent les plaies, a su garder tout le  temps une relation à son créateur, ce qui n'est pas a priori le cas du riche, qui passe à côté de ce pauvre sans le voir (ce qui nous concerne tous plus où moins d'ailleurs). Si le riche est centré sur lui-même, il devient aveugle au monde, aveugle à Dieu, et c'est bien cela le problème. Il me semble aussi que l'on peut faire une sorte de parallèle entre ce pauvre et l'homme dépouillé sur la route de Jérusalem à Jéricho (le bon samaritain): les nantis, les purs passent à côté de lui sans voir sa misère et sa souffrance. or ce pauvre qui est à la grille, bien des invités devaient aussi passer devant lui sans le voir, un peu comme ces pauvres dans le métro ou aux portes de nous églises que nous regardons sans les voir.

 La phrase "il aurait bien voulu manger les miettes qui tombaient sous la table" évoque aussi le fils prodigue: il aurait bien voulu manger les caroubes que mangeaient les porcs, mais on ne les lui donnait pas Lc15,16. Les chiens de la parabole sont plus humains que les humains!

Le riche qui passe sa vie dans les festins, se remplit la panse si j'ose dire. Il ne fait que manger, il est un tube digestif, il ne dit pas merci à Dieu, il ne demande pas, et en cela, il est inhumain si l'on peut dire. Il s'est aveuglé, il s'est assourdit, il s'est coupé du monde et il s'est coupé de Dieu. C'est peut être en cela que l'argent est dangereux, quand il coupe la relation, quand il pervertit le regard.

Alors d'une certaine manière le riche est celui qui est "répugnant", et le pauvre "le sentant bon".

Que Jésus se serve de cette parabole pour faire comprendre qu'il ne faut pas juger sur les apparences, et que l'important c'est d'avoir en soi (écrit dans son coeur) la Loi et les Prophètes, cela parait évident.
Parle-t-Il de Lui en disant que "même un homme revenant de chez les morts ne sera pas entendu"? C'est une possibilité.

Mais ne peut-on pas penser que Jésus sur la croix est comme ce Lazare: couvert de plaies, répugnant, considéré comme un pécheur (Is53). Jésus ( (Dieu sauve) qui a accepté de perdre sa richesse pour devenir au regard du monde un malfaiteur, un malfaisant, un couvert de plaie, un pauvre qui pue...

Seulement lui, il a choisi cette place et du coup nous les sentant pas bons, les pleins de plaies nous pouvons entrer dans le royaume.

Et là, malgré l'apparente dureté de cette parabole (après tout le riche qui veut mettre ses frères à l'abri des tourments montre de l'amour pour eux), il y a bien de la miséricorde dans cette histoire: nous sommes tous des riches, trop centrés sur nous même, mais parce que Jésus est devenu l'un d'entre nous, et a envoyé son Esprit pour nous ouvrir les yeux et le coeur, alors nous aussi nous pourrons comme Lazare "être secourus par Dieu"

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