lundi, mars 31, 2014

Parfois je hais Facebook. A propos d'une folle soirée....

Je connais par le biais de Facebook un certain nombre de personnes qui ont des vécus qui quand on les connait un peu (ou quand on les devine au travers de ce que ces personnes racontent) donnent froid dans le dos.

Les événements qu'elles ont vécu restent actifs dans leur vie, ce n'est pas derrière (et je me demande d'ailleurs si c'est possible) et se traduisent aussi par des symptômes regroupés sous les initiales TCA (Troubles Alimentaires du Comportement) que ce soit l'Anorexie (impossibilité d'avaler quoique ce soit, d'une part parce que cela fait grossir, mais aussi parce que les odeurs sont insupportables) ou la Boulimie (qu'elle soit accompagnée ou non de vomissements).

Beaucoup de mes  "amies" Facebook vivent cela en ce moment et l'anorexie cela conduit à l'hospitalisation, à l'alimentation par gavage, à des prises de médicaments, etc etc. Pour chacune d'entre elle, ces troubles ont des origines différentes, mais elles renvoient toujours me semble t il à un désir de ne pas exister, parce qu'il n'y a pas eu des bras ou des regards pour vous dire "tu as du prix à mes yeux, je t'aime, tu as du poids pour moi".

Hier soir, je me suis trouvée "happée" par plusieurs personnes qui attendaient je ne sais pas quoi de moi, parce qu'elles étaient inquiète et que j'aurais dû trouver les bons mots pour les sortir de cette horreur, car c'en est une.

Le problème c'est que je n'ai pas 6 ou 8 mains, qu'il me faut du temps pour réfléchir et ne pas écrire n'importe quoi, que souvent quand j'ai plusieurs conversations à la fois j'oublie de cliquer pour envoyer et que finalement je ne suis pas la déesse hindoue aux multiples bras et que je refuse de laisser happer par ces demandes qui demandent du temps et de la réflexion.

De plus, une de mes amies avec laquelle j'ai l'habitude de passer du temps tous les soirs s'est rendue compte que j'étais bouffée par d'autres, qu'elle s'est sentie ne plus avoir de valeur pour moi puisque les autres prenaient sa place (même si c'est faux car je pense que mon coeur est assez grand pour pouvoir contenir beaucoup de personnes) et à manifester sa souffrance en me montrant une identité de petite fille en colère contre cette maman qui lui "ment" en lui ayant fait croire qu'elle comptait.

Je pense que ces amies que je connais par le biais du virtuel, ont un infini besoin de reconnaissance, que dès qu'elles ont la sensation de ne plus être reconnues, elles retrouvent ce qu'elles ont toujours vécu, à savoir être un objet que l'on jette.

Alors j'ai décidé que je mettrai des limites. Je suis ce qui je suis, je fais ce que je peux, mais je ne peux pas déshabiller Paul pour habiller Pierre. Je ne me ferai plus manger et tant pis si on pense de moi que je suis égoïste.

Après le repas, je resterai en véritable contact avec celle qui s'est mise en colère hier soir parce qu'elle a vécu un abandon et je ne mènerai pas plus de deux vraies conversations.Je ne dis pas que je ne répondrai pas aux autres, mais juste pour dire que j'ai lu.  Ce sera comme cela et pas autrement.

Dans la journée c'est différent et comme je l'ai dit aussi haut et fort, ce système de messagerie privée, c'est de la folie. Les mails permettent de faire un vrai travail, on peut avoir le temps de réfléchir, de penser, de panser, de reprendre. Les messages privés, c'est tout, tout de suite et ça je ne veux plus. Je suis tout à fait capable de savoir si parfois c'est nécessaire, mais si j'écris ce billet c'est pour mes "amies" comprennent que je peux les porter dans mon coeur, mais je ne me laisserai pas bouffer, car si je rentre dans ce jeu (et c'est facile de culpabiliser en disant que je me désintéresse ) tout le monde y perdra et cela je ne le veux pas.

Mes yeux découvrent chaque jour les ravages faits par les abus, par ces maltraitances. Cela me crève le coeur au sens fort, mais seule la relation au Tout Autre peut permettre non pas de guérir mais de vivre en reprenant le poids que l'on aurait du avoir.

Etre porteuse d'eau, c'est donner à boire à ces assoiffées d'amour et comme tout être humain, moi aussi j'ai soif d'être aimée et reconnue. Mais les limites sont indispensables et j'y veillerai.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Giboulée, j'ai lu ton "billet" et je me demande si parmi toutes ces personnes qui te "happent", te "sucent", te "pompent", il y en a l'une ou l'autre qui peut/arrive aussi à te demander "comment vas-tu", "comment récupères-tu après ton opération", "est-ce que tu as du temps pour moi maintenant"?
Apparemment c'est un dû: tu es la "pro" et bien naturellement tu dois être disponible et à l'écoute!
De tout coeur avec toi!

Giboulee, a dit…

Oui, ça arrive,mais parfois dans l'après coup et c'est déjà super/ Oui je suis la pro, mais j'ai envie de dire: "je suis trop petit pour faire de grandes choses"..; merci à oi.

Anonyme a dit…

Oui, Giboulée, je comprends tout ce que tu ressens. Ne te culpabilise pas, tu n’es pas égoïste. Les blessés de la vie sont des puits sans fond et c'est important de mettre des limites, que l’on soit "pro" ou pas, spécialement en ce qui concerne les moyens virtuels. Ils créent encore plus de vide parce qu’ils ne collent pas à la réalité. C’est valable pour tous les forums, mails, messageries privées, etc. C’est nécessaire de sortir de ce petit jeu parce que les dégâts sont bien réels.

Bien amicalement.

lirielle a dit…

Chère Giboulée, oui, j'ai pensé quelquefois que tu étais trop soucieuse de toutes ces personnes souffrantes, et pas assez de toi.Je crois qu'on ne peut donner que ce qu'on a. Mais que la limite entre don total et égoîsme est parfois difficile à voir. Je t'aime fort.

AlainX a dit…

c'est là où je mesure le gros avantage de ne pas avoir de compte Facebook…
:-))