lundi, juillet 28, 2014

"Prenez et mangez ceci est mon corps".

Dimanche le prêtre qui "donnait" la communion, -comme on dit ou comme on disait- semblait préoccupé par une seule chose: bien poser dans la main pour que "ça " ne tombe pas, du moins c'est que j'ai pensé, car pas le moindre regard de ce prêtre, simplement que ça ne tombe pas (ou que ce soit bien centré dans les mains).

En repensant à cela, je me suis dit que quand Jésus a institué ce rituel, il n'a pas demandé à ses disciples d'ouvrir le bec et de se faire nourrir par Lui. Non une fois de plus Il leur a demandé d'être actifs, de prendre puis de manger et qui dit manger dit quand même mastiquer, et non pas avaler.

Il en a été de même pour le vin partagé et que l'on se passe l'un à l'autre.

Alors je me suis dit que normalement, si on essaye de faire ce que Jésus a demandé, , le prêtre devrait tenir le plat contenant le pain consacré et nous, nous devrions avec nos petites patounes pas toujours bien propres, le prendre et le mettre nous même dans  bouche, pour que ce pain soit réellement nourriture..

J'ai lu quelque part que les rites de purifications qui existaient et qui existent chez les juifs, ne servent pas à nettoyer, (ce qui peut laisser à supposer que Jésus n'avait peut être pas les mains si propres que cela) mais à faire une espèce de coupure entre ce que l'on peut appeler le profane (le travail) et le sacré. il s'agit en quelque sorte de faire tomber ce qui se colle à  nous pour être réceptif au Dieu.

C'est quand on se décentre de soi pour se centrer vers Dieu que les mots peuvent prendre corps et le le pain et le vin deviennent signes de la présence de celui qui n'ayant aucune richesse a donné la seule chose qu'il avait: sa vie.

mardi, juillet 22, 2014

Dialogue avec mon corps.

Un certain nombre de mes lecteurs savent que je me suis fait poser une prothèse totale de hanche au mois de mars. Cette intervention a été un échec car la prothèse a glissé et j'ai été réopérée en mai. Depuis, quand je suis debout mes deux jambes appuient bien sur le sol, mais quand je les regarde, je ne peux que constater qu'il y a une différence de longueur entre les membres. Ma kiné parle du port d'une talonnette pour rééquilibrer le bassin.

Hier, au cours d'une promenade en montagne, je me suis rendue compte que cette jambe qui tire à gauche, qui a tendance à faucher c'est à dire à faire un mouvement non voulu qui la ramène de l'extérieur vers l'intérieur et qui me fait mal au genou, je ne l'aime pas. En quelque sorte je m'en veux, mais je lui en veux de ne pas répondre à mes attentes concernant cette prothèse qui devait me libérer des douleurs arthrosiques et d'une certaine manière reculer l'entrée dans la vieillesse.

Et puis d'un coup m'est venue l'idée que ma jambe, ce membre qui est à moi, si elle a mal au genou, c'est qu'elle aussi est en souffrance et que d'une certaine manière, j'avais à lui demander pardon de lui avoir fait subir ce qu'elle a subi. Après tout ce n'est pas rien que d'avoir une partie de soi sciée (la tête fémorale), d'avoir une partie meulée (le cotyle), et une espèce d'effraction par la tige fémorale qui est rentrée à la force. Alors pas étonnant qu'elle ait mal cette jambe, surtout si elle n'a rien compris, puisque finalement je ne lui ai rien expliqué.

Je sais que cela peut paraitre un peu débile, mais un membre c'est aussi un peu comme un enfant, et il a besoin de comprendre ce qu'on lui fait et pourquoi on lui demande de vivre cette violence, car cette intervention, elle est violente.

Alors oui, j'ai demandé pardon à ma jambe de lui avoir vivre ça. Avec l'idée que bien sûr elle allait comprendre et me pardonner; c'est un peu la position de l'adulte qui a puni injustement son enfant. C'est à lui de faire les premiers pas.

Et je me suis aussi rendue compte que cette jambe que je ne maîtrise pas, qui vit sa propre vie si on peut dire, je lui en veux et que je la considère un peu comme "méchante". Or un enfant qui est "méchant", il vit dans la peur et il est tout le temps sur la défensive. Que va t il lui arriver, et de ce fait il est dans un contraction permanente. Alors j'imagine que le fait de parler à ma jambe, d'entendre se douleur sans lui en vouloir, de comprendre que les mouvements qu'elle fait ne sont pas là pour m'ennuyer mais pour l'aider elle, cela ne peut que produire de la détente. Elle a le droit d'être comme elle, et peut être que la détente pourra changer quelque chose.

Alors durant cette balade qui a quand même l'un dans l'autre duré près de 2 heures, j'ai parlé à ma jambe. Quand elle avait mal, j'essayé de changer de trajectoire. En fait c'était presque drôle parce que comme je marche à un rythme assez lent, il y avait la prière de Jésus qui rythmait en quelque sorte la marche, et puis des paroles à ma jambe, pour lui dire merci de me porter, d'être là, et de faire ce qu'elle peut.

Je suis rentrée fatiguée mais contente et curieusement la cicatrice s'est mise à parler, comme si quelque chose se passait enfin à ce niveau là. Comme si le creux allait pouvoir se combler un peu, bref comme s'il se passait quelque chose, comme si ça dialoguait entre la jambe et moi, un vrai dialogue.

Il m'a semblé que l'écart entre les deux jambes (qui se voit quand je suis couchée ou assise)s'était partiellement comblé et surtout que quelque chose s'était passé au niveau su dos, comme si une contraction permanente avait cédé et que l'écart était plus dû à une posture de contraction qu'à une réelle inégalité.

Si je pousse ma réflexion un peu plus loin, et là je parle uniquement pour moi, quand j'étais petite, quand j'avais mal quelque part, cela entraînait presque toujours un déni de la part de ma mère, et j'en ai déduit que je n'avais pas le droit d'avoir mal, et que avoir mal c'était être méchant.

Et cela influe sur mon comportement vis à vis de la douleur, vis à vis de mon corps quand une partie de lui est douloureuse.

Alors je crois que au lieu de s'en vouloir d'avoir quelque chose qui dysfonctionne dans son corps, il est impératif de ne pas s'en vouloir, de ne pas considérer cette partie de soir comme méchante, mauvaise, parce que cela ne fait que renforcer la contraction et la donc la douleur.

Apprendre à aimer cette partie là, lui expliquer ce qui se passe (quand on le sait ce qui n'est pas toujours le cas), la considérer comme un petit enfant qui besoin de réconfort et non d'injures (il est déjà assez injurié au sens anglais du mot, offensé par ce qui lui arrive), me semble être aujourd'hui la meilleure chose possible pour une guérison.

Car hier en rentrant, pour la première fois j'ai eu la sensation que ma jambe était guérie, que je sortais enfin de la  maladie pour entrer réellement dans la convalescence.

Bien sûr je ne suis pas plus royaliste que le roi et je vais continuer à prendre des anti inflammatoires, parce que malgré tout la marche en montagne est autrement plus difficile que la marche dans le petit bois derrière chez moi, mais je sais que je vais tenir compte des réactions de ma jambe et la regarder comme partie à part entière de moi. Ce n'est pas parce qu'on a mal quelque part, que l'on est incapable, nul, méchant et bon à mettre à la poubelle. Cela ce sont des fausses croyances dont il est nécessaire de se débarrasser pour que le corps même malade puisse accepter ce qui se passe sans se contracter sans se mettre quelque part en boule au fond de lui.

Il est alors possible de le bénir ce corps, c'est à dire de le considérer comme bon et d'appeler du bon sur lui et de cesser au fond se soi de le maudire, parce que spontanément c'est bien ce que je (nous) faisons, compte tenu bien souvent de notre enfance.