jeudi, septembre 17, 2015

La femme pécheresse: Luc 7,36-50

L'évangile, de Luc, cet évangile de la miséricorde, se penche sur une femme dont on ne connait pas le nom, et peut être que cela est important, car elle peut être n'importe qui d'entre nous, qui a des gestes plus que curieux quand Jésus est attablé chez un pharisien dont on connait le nom.

Ces gestes nous y sommes tellement habitués qu'ils nous semblent normaux, mais le sont ils?

Que fait cette femme?

Elle sait que jésus est invité (vive le bouche à oreille), elle veut le voir ou le revoir. On a beaucoup écrit la dessus, pour ma part, je suppose qu'elle (nous) a déjà vu cet homme et qu'elle a pressenti qu'il était autre, différents de ceux qu'elle connaissait, que ce soit ses amis ou que ce soient ces hommes si religieux.

Elle a un projet, puisqu'elle arrive avec un flacon de parfum. Parfumer, donner une bonne odeur mais aussi changer l'odeur... Car si c'est un parfum qu'elle aime, c'est son odeur à elle qu'elle va mettre sur lui, ils vont partager comme une même enveloppe. Envelopper, c'est ce que font plus ou moins tous les gestes qu'elle va faire sur les pieds de l'homme invité.

Personne ne l'empêche de faire ce qu'elle va faire, et ce qu'elle fait est curieux.

Je cite le texte: Tout en pleurs elle se tenait derrière lui, elle se mit à lui mouiller les pieds de ses larmes, elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.

Il me semble (avec mon bon sens) que pour mouiller les pieds d'un adulte avec des larmes, il en faut beaucoup, que les cheveux n'essuient pas grand chose...

Alors je me suis dit que ces gestes, sont des gestes qu'une femme fait avec son bébé. Son bébé, on le lave, on l'essuie et on l'enveloppe pour qu'il se sent sec, et enveloppé de douceur, on aime bien bien embrasser les pieds de son bébé, et on aime qu'il sente bon, qu'il sente un odeur que l'on a choisi pour lui.

Bien sur, on embrasse ou on embrassait les pieds d'un roi pour lui demander une faveur. C'est censé être un geste d'humilité, mais est ce cela que faisait cette femme? Je ne sais pas. Car ce que je ressens aujourd'hui en lisant ce texte, ce sont des gestes d'une grande tendresse.

Si Jean le Baptiste dit qu'il n'est pas digne de dénouer le lacet de la sandale de Jésus,  c'est que Jésus n'est pas un va nu pied, que ses pieds sont protégés des pierres du chemin, mais pas de la poussière. Laver les pieds est un geste d'accueil (Abraham donne de l'eau aux personnages qui viennent prendre le repas chez lui, pour qu'ils puissent se rafraîchir en se lavant le pieds). Bien sur on peut voir dans ce "lavement des pieds" un geste d'hospitalité, mais je crois que cela va bien au de la.

Alors l'idée qui m'est venue, c'est que cette femme, elle s'est retrouvée à Bethléem, qu'elle a en quelque sorte donné naissance à ce bébé, alors que des bébés elle n'en n'avait jamais eu, et que ce faisant, avec ses soins (laver, sécher, envelopper) elle s'est mise au monde elle-même, parce que Jésus a accepté d'être touché, d'être lavé avec amour, d'être enveloppé dans la douceur des cheveux, d'être frictionné avec l'huile du parfum et de recevoir la tendresse d'un baiser.

Personne ne sait ce qu'elle demandait à Jésus, puisque en quelque sorte les échanges verbaux se font au dessus d'elle, entre Jésus et Simon (que l'on imagine debout, drapé dans sa respectabilité), mais les deux phrases: tes péchés te sont pardonnés, et ta foi t'a sauvée, va en paix, montrent  bien qu'il y a eu chez cette personne un désir profond de changement,  et que cette mise au monde d'elle même, elle est possible pour chacun d'entre nous. Jésus se laisse toucher. Peut-être que parfois les gestes sont plus importants que les discours...


2 commentaires:

TOURNESOL a dit…

En effet les gestes sont plus importants que les discours.... Matthieu 25, ... jugement dernier.

Ce passage me fait aussi penser au lavement des pieds lors de la dernière Cène.(elle essuie les pieds avec ses larmes)
Par son geste elle épouse à l'avance les gestes de service de Jésus.
Nous vivons à une époque dans laquelle les sacrements sont un peu délaissés SAUF LE SACREMENT DU FRERE , LE SERVICE DU FRERE QUE JESUS INAUGURE PAR LE LAVEMENT DES PIEDS A LA DERNIERE CENE
Celui qui rend service gratuitement est dans l'esprit de Jésus

TOURNESOL a dit…

En effet les gestes sont plus importants que les discours.... Matthieu 25, ... jugement dernier.

Ce passage me fait aussi penser au lavement des pieds lors de la dernière Cène.(elle essuie les pieds avec ses larmes)
Par son geste elle épouse à l'avance les gestes de service de Jésus.
Nous vivons à une époque dans laquelle les sacrements sont un peu délaissés SAUF LE SACREMENT DU FRERE , LE SERVICE DU FRERE QUE JESUS INAUGURE PAR LE LAVEMENT DES PIEDS A LA DERNIERE CENE
Celui qui rend service gratuitement est dans l'esprit de Jésus