lundi, mars 14, 2016

"Comme j'ai moi-même été saisi par le Christ" Ph 3,



Le prêtre qui commentait ce magnifique de texte de l'épitre aux Philippiens, disait que Paul avait été saisi sur la route de Damas, comme on est pris par la main de quelqu'un sui vient pour vous attraper, pour vous sauver.

Pour ma part, je pense à un autre sens de ce verbe. Il arrive quand on voit par exemple un coucher ou un lever de soleil que l'on soit saisi par ce que l'on voit.

On est alors saisi par quelque chose qui vous dessaisit de vous-même, durant un certain temps. On est soi mais on est plus soi et cet émerveillement, ce dessaisissement laisse en soi une trace qui ne s'efface pas.

Je pense que c'est plutôt de cela qu'il s'agit. Paul n'avait rien demandé, il n'avait pas conscience de faire quelque chose de mal, il n'avait pas besoin d'une main qui le saisisse et le sauve des grandes eaux, non il avait besoin que quelque chose vienne le déloger de lui-même, de ses certitudes, de son savoir, le mette en quelque sorte à côté de lui pour que celui qui le saisissait puisse avoir toute la place.

J'ai souvenir d'un livre: "laissez vous saisir par le Christ". C'était un livre que j'ai bien aimé, mais le souvenir que j'en ai, c'est un certain volontarisme: tendre sa main pour attraper la main tendu de Jésus. Le saisissement dont parle Paul n'est pas volontaire. Paul ne demande pas la foi, il vit quelque chose qui le dessaisit de lui-même, de ses certitudes, peut être même de ce qu'il est à ce moment là. Ce dessaisissement, cette expérience, est donné une fois pour toute. Il vous transforme (il vous transfigure), même si par la suite, il est nécessaire de poursuivre sa course.


3 commentaires:

Ph.L a dit…

Evidemment!
En tout cas pas pris par la main; peut-être pris à bras le corps, par un être plus grand qui vous aime infiniment.

AlainX a dit…

Lorsque l'on considère l'ensemble de ce texte, cela peut laisser le sentiment d'une sorte de « tue l'amour de Jésus »...
Parce que le : j'ai tout perdu, je veux souffrir comme lui, reproduire en moi sa mort,
tout cela pour espérer de ressusciter d'entre les morts…
comme disait Cyrano : « c'est un peu court jeune homme ! »
Quand cela ne passe pas pour une sorte de sommet de l'orgueil…

On l'aura compris, Paul n'est pas vraiment ma tasse de thé !

J'aime bien ce que tu dis sur le côté volontariste de « se laisser saisir ». De là à penser que, quand on sera saisi on sera secoué comme un prunier ! Le pas est vite franchi…
je ne vis absolument pas ma relation à Jésus de cette manière.

Alors sans doute, il peut exister un « saisissement ». Mais il n'est pas de cette nature. Pour moi il est plutôt dans la fréquentation de cet homme, à la fois par l'Évangile et par la relation intime. Et là, il peut se passer des choses de l'ordre du saisissement par le dedans. Mais c'est un saisissement d'amour, pas un truc machin pour encore plus souffrir !
Ça c'est de la connerie en branche…
positionnement tout personnel, évidemment !…

Else a dit…

Selon moi, on ne se laisse pas saisir par volontarisme. J'y vois plutôt un éblouissement, ou...une com-préhension...