jeudi, septembre 01, 2016

La pêche de Pierre: Luc 5, 1-11. Pierre raconte.

On avait passé la nuit à pêcher, mais rien de rien. Il y a des jours comme ça. On a ramené les barques, il faisait déjà un peu chaud, les hangars à bateaux n'étaient pas loin. Sur le port il commençait à y avoir un peu de monde; nous on lavait les filets pour les remettre dans la barque pour la prochaine pêche.

Et on a vu qu'il y avait plus de monde que d'habitude à cette heure là. Il y avait Jésus et ceux qui le suivaient pour l'écouter. Jésus, je l'avais vu se faire baptiser par Jean, et surtout je l'avais vu et entendu chasser un démon l'autre samedi dans notre synagogue. Et là, il m'avait fait penser à David qui avait su chasser ce mauvais esprit qui était dans le coeur du roi Saul. Mais lui il n'a pas eu besoin d'instrument de musique, il a menacé le démon qui est sorti, après avoir dit que ce Jésus de Nazareth était le Messie. Bon cette phrase là, elle m'avait  quand même étonné.

Et puis il était venu chez moi, il avait guéri la mère de ma femme qui était fiévreuse. Ensuite  il avait  guéri après le coucher du soleil plein de malades. Ma maison ne désemplissait pas. J'avais l'impression d'avoir un filet de pêche, plein de poissons malades! Je ne savais pas qu'il y a avait tant de malades et de possédés dans ma ville. Mais c'est comme ça. Et puis il est sorti de chez moi, et il n'y est pas revenu, parce qu'il voulait comme il le disait "annoncer la bonne nouvelle" dans les autres villes et qu'il n'était pas la propriété de Capharnaüm. Il ne disait pas qu'il était le Messie, il disait que le royaume de Dieu était là, mais le royaume de Dieu, moi, je ne sais pas trop ce que c'est. Peut-être avoir tout en abondance, peut-être ne plus attendre que le poisson morde, peut-être ne plus être malade ou possédé? Moi je ne sais pas trop.

Bref, quand il nous a vu mon frère et moi et que la foule commençait à grossir, il nous a fait signe de remettre la barque à l'eau, pour qu'il puisse comme il le dit "enseigner". Et c'est ce qu'il a fait. Nous,  nous étions occupés à maintenir la barque stable. On n'a pas trop écouté.

Il s'est tu, et il nous a dit d'aller en eau profonde et de jeter les filets. Alors là, j'ai pensé qu'il était un peu fou, qu'il n'y connaissait rien à la pêche ce qui est normal pour un homme de l'intérieur, pour un charpentier. Mais il avait guéri ma belle-mère, alors j'ai haussé les épaules et j'ai obéi. J'ai même eu une jolie phrase dont j'étais très fier: " Maitre nous avons pêché toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole je vais jeter les filets". Mais je n'y croyais pas. Et encore heureux d'avoir eu le temps de remettre des filets dans la barque après la pêche nulle de cette nuit.

Et j'ai jeté les filets et j'ai vu les filets qui s'enfonçaient et j'ai vu les poissons qui se prenaient dans les mailles. Heureusement qu'on n'était pas trop loin du bord, parce que j'ai pu appeler les fils de Zébédée à l'aide, pour qu'ils prennent une partie de la pêche. Et il y avait des poissons plein les deux barques, je n'avais jamais vu ça de ma vie.

Et là, j'ai ressenti quelque chose en moi. Ce n'était pas de la peur, c'était autre chose. Oui, il y avait bien de la peur, de la crainte, parce que ce Jésus, il n'avait de fait rien dit, pas menacé le lac, pas ordonné aux poissons de se faire prendre. Il nous avait juste dit de jeter les filets et moi, je l'avais pris pour un fada.

 C'était la certitude que cet homme qui commandait aux poissons, il était celui que nous attendions tous, celui qui nous délivrerait du joug des romains, qui aurait puissance sur eux. Mais il n'y avait pas que ça. Je me sentais tellement différent de lui tellement petit... Je ressentais la puissance de Dieu en lui, et je pensais à IsaIe qui lorsqu'il avait vu Dieu dans son Temple Saint s'était senti petit et misérable. Et je me suis entendu dire: "éloigne toi de moi parce que je suis un homme rempli de péché". Et en même temps, je ne voulais pas qu'il s'éloigne parce que cet homme, je sentais son amour et je sentais aussi mon amour pour lui.

Il m'a répondu, que désormais ce serait des hommes que je prendrais. Là je n'ai pas compris, mais cela n'avait pus d'importance. Et moi, André, Jacques et Jean on a laissé nos barques, on a laissé tout notre poisson et on l'a suivi, sans nous poser trop de questions. C'était notre appel.


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