samedi, août 11, 2018

Mt 17, 17: " Génération incroyante et dévoyée..."

Mt 17, 17: "Génération incroyante et dévoyée, combien de temps devrai-je rester avec vous? Combien de temps devrai-je vous supporter?

En lisant le texte de la guérison de l'enfant épileptique, cette phrase m'a un peu interloquée. Pourquoi Jésus est-il aussi brutal avec homme qui vient demander une guérison que les disciples ont été incapables de réaliser? On a l'impression que cette phrase s'adresse plus à ceux qui regardent qu'à ce père qui se prosterne devant Jésus et qui l'appelle à l'aide. Mais il n'en demeure pas moins que la phrase est plus que sèche.

   - Dire génération incroyante, cela renvoie à la foi, et c'est ce que Jésus va reprocher à ses disciples. Mais quelle foi demande-t-il?   

  -  Dire génération dévoyée, cela renvoie un peu à ce qu'il a dit aux pharisiens qui lui demandent de donner un signe qui vient du ciel, Mt 16,4: "Génération mauvaise et adultère", c'est à dire génération qui se détourne de Dieu, qui ne comprend pas ce qui lui est donné et qui cherche ailleurs ou qui cherche un toujours plus. 

   - Mais la question "combien de temps devrai-je vous rester avec vous, combien de temps devrai-je supporter" fait penser à ce que disent parfois des parents excédés par leurs enfants, et je pense que quand Jésus dit cela, il est dans la lignée de prophètes. Mais surtout Jésus est peut-être à un tournant: il va vers sa passion, et le temps des miracles est peut-être terminé. 

On peut faire un lien entre ces deux invectives: "génération mauvaise et adultère", et "génération incroyante et dévoyée". Jésus sait que cette génération va le condamner à mort, ne va pas le reconnaître, ne va pas croire en lui, et là, avec cette guérison, on peut dire qu'il donne un signe: cet enfant qui d'une certaine manière était mort, revient à la vie, comme lui-même reviendra à la vie.

L'épisode de la guérison de l'enfant épileptique est comme encadré par deux annonces de la passion. Certes celle-ci a été annoncée au chapitre 16, Mt 16,21: " À partir de ce moment, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter", mais il y a au sein du chapitre 17 deux annonces qui encadrent la guérison. Je parle du verset 9: "En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. " et des versets 22 et 23: "Comme ils étaient réunis en Galilée, Jésus leur dit : « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ;23 ils le tueront et, le troisième jour, il ressuscitera. »

Quand les pharisiens ont demandé un signe, Jésus leur parle de Jonas. Or le signe de Jonas, c'est rester trois jours dans le ventre de la baleine (ou de la terre) ou être recraché vivant sur le rivage, donc mort, disparition et résurrection. 

Et le signe qui va être donné là, car Jésus menace le démon comme il menace la mer, comme il menace la fièvre, est bien en redonnant la vie à cet enfant qui tombe dans l'eau et dans le feu une nouvelle vie. il le sort si je puis dire du ventre de la maladie, pour le mettre sur le rivage de la bonne santé.

En lisant la description de cette maladie je me disais que l'eau est symbole de mort (ce qui était le cas pour cet enfant) mais aussi de purification et de vie, et que le feu, qui peut tuer, est aussi la source de la vie. Et la guérison sort l'enfant des espaces de mort pour aller vers des espaces de vie; et c'est aussi ce qui nous est proposé par le baptême et la confirmation.

C'est aussi ce que Jésus va devoir vivre. La guérison de cet enfant peut être entendue ou lue comme une annonce de sa propre mort et de son retour. 

Alors plutôt que me centrer sur le reproche du manque de foi, je préfère penser au feu de la Pentecôte qui permet de déplacer des montagnes.



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