mardi, janvier 29, 2019

Jésus et sa proche famille: Mc 3.

Par deux fois dans ce troisième chapitre de l'évangile de Marc, Jésus semble avoir des démêlés avec sa famille. Dans un premier temps, Mc 3, 20 ils veulent le prendre car "il a perdu la tête", alors que Jésus vient de conquérir une notoriété plus que certaine en opérant autant de guérisons. Mais l'ennui c'est que des guérisons le jour du sabbat, ça risque de poser problème, de même que les polémiques avec ces pharisiens qui sont proches du pouvoir religieux de Jérusalem. Alors dire qu'il est fou, qu'il a perdu la tête, même si c'est le comportement normal d'une famille quand un de ses membres a un comportement jugé déviant et qui peut même la famille en danger, c'est dire aussi qu'il est possédé.

Or la deuxième fois où la famille intervient, c'est bien après la grosse prise de bec de Jésus avec les scribes qui le disent possédé.. Et même si on ne dit pas pourquoi à nouveau ils sont là, c'est bien pour bloquer Jésus dans sa mission, le ramener à la maison, l'enchaîner.. Et bien entendu Jésus ne peut que se séparer de cette famille qui voudrait le réduire au silence.

Alors voilà, ce que Jésus peut-être pouvait penser ce jour là...

Jésus raconte..

C'est la deuxième fois qu'ils viennent pour m'empêcher de faire ce pourquoi j'ai été envoyé. Je peux imaginer que quand j'ai commenté le livre d'Isaïe dans la synagogue de Nazareth et quand tous les hommes présents ont voulu me cogner, me faire tomber, me faire mourir, après leur avoir faire remarquer que nul n'était prophète dans son pays, et qu'ils refusaient de voir en moi celui qui avait reçu l'onction, ma famille a eu peur. 
Je peux comprendre qu'ils aient peur pour eux, avec les pharisiens qui disent que je suis possédé, qui refusent d'ouvrir leur cœur. 
Mais de là, à dire que je suis fou, que je dois stopper mon ministère, parce que peut-être je leur fais honte, moi qui suis la consolation d'Israël (et cela ma mère l'a bien entendu, puisqu'elle me l'a raconté, au Temple de Jérusalem dans la bouche de Syméon), c'est qu'ils n'ont rien compris. 
Je pense qu'ils ont demandé à ma mère de venir, parce que comme les commandements de notre Dieu qui est mon Père, demandent d'honorer son père et sa mère, ils pensent faire pression sur moi, mais je sais que ma mère, elle qui au jour le jour, fait la volonté de mon père, est là contre sa volonté. 
Alors oui, je ne me suis pas levé, je ne suis pas allé vers eux, parce que ma famille désormais, ce sont sont qui font la volonté de mon père. Et ma mère, elle comprendra qu'elle est bien plus qu'une mère pour moi, qu'elle est la mère que mon Père a choisi. Mais les cousins, les autres, ils ne comprennent pas, ils ne comprennent rien, ils sont dans la peur. 

Un jour ils comprendront, mais pour le moment, ils ont peur que je sois un possédé, que j'attire la honte sur la famille. Comme je voudrais qu'ils comprennent que je suis là pour libérer, guérir et permettre à tous de comprendre que mon Père les aime.  Et cela, ceux qui étaient avec moi, ils l'ont entendu et j'ai vu combien leur joie était grande.

dimanche, janvier 27, 2019

Jésus dans la synagogue de Nazareth: Luc 4, 14-21

La liturgie de ce jour propose le tout début de l'Evangile de Luc et fait un saut pour nous présenter Jésus dans la synagogue de Nazareth. Mais il y a eu le baptême, il y a eu le temps dans le désert, il y a le début de prédications et voilà que Jésus se retrouve dans la synagogue où il a sûrement appris à lire la Tora. Et le voilà qui devient celui qui prend la parole..

Comme souvent, il m'arrive d'avoir envie de parler à la première personne, et ce texte m'a permis de relater un peu ce que Luc a pu nous dire de Jésus avant le début de ce qu'on appelle la vie publique.

Jésus raconte...

Quand je suis allé trouver Jean sur les bords du Jourdain pour recevoir son baptême, je n'avais pas à changer de vie, je n'avais pas à renoncer au Mal, mais je devais vivre un événement qui allait comme concrétiser ce que je ressentais depuis de longs mois. Et quand je me suis plongé dans les eux vives et frémissantes du Jourdain, je suis resté longtemps plongé dans l'eau, jusqu'à en perdre le souffle, jusqu'à descendre au plus profond de moi, dans les ténèbres, comme si malgré tout quelque chose devait disparaître. Et que je suis sorti de l'eau, quelque chose s'était déchiré en moi, quelque chose parlait en moi, quelque chose me disait que j'étais celui qui allait faire comprendre que le Très Haut qui était mon Père, qui me considérait comme son Fils était un Dieu qui aimait les hommes, qui leur voulait du Bien, du Bon et qui par moi, allait leur montrer un chemin de vie. 

Je sais que cela Jean l'a vu, car il m'a dit avoir vu une colombe descendre du ciel et demeurer au dessus de moi, et qu'il avait entendu la même voix que celle que j'avais entendue et qui disait qu'en moi, Dieu avait mis tout son amour. Je crois que d'autres ont aussi entendu comme une sorte de bourrasque, mais ils n'ont pas compris les paroles. 
Tout de suite après, je suis parti dans le désert, pour comprendre, pour me préparer. Durant ce temps, j'ai dû me positionner, car malgré tout en moi, ce n'était pas simple et il y a eu un combat. Car oui, j'ai eu faim, j'ai eu soif et il y avait en moi la tentation de dire aux pierres de se transformer en pain, mais en même temps, je savais que cela eut été prendre la force qui était là en moi, cette force de l'Esprit de mon Père, pour moi et que ce n'était pas ça mon appel. J'ai eu aussi l'envie de sauter dans le vide, pour voir si je pouvais être plus puissant que cette force qui nous fait tomber, pour savoir si j'étais un peu comme un ange,  mais cette idée est partie aussi vite qu'elle était venue. Il y avait aussi la tentation d'imaginer que ce pouvoir pouvait faire de moi le Messie attendu, le libérateur du joug des romains, mais ce que mon Père attend de moi, c'est que je libère les hommes, tous les hommes de l'esclavage du mal, de la convoitise, de l'adultère…

Une fois ces pensées parties, ces renoncements  accomplis, je suis allé un peu comme Jean l'avait fait, mais autrement, annoncer que le royaume de Dieu était là. Et j'ai parlé un peu partout de la Judée à la Galilée. Et aujourd'hui, me voilà à Nazareth chez moi, dans cette ville qui m'a vu grandir, où j'ai appris mon métier de charpentier, où j'ai appris à lire la Tora et à en faire mes délices. 

Alors, après avoir lu les psaumes, on m'a présenté le rouleau du prophète Isaïe, pour choisir une phrase et la commenter. Et j'ai choisi cette phrase qui dit que l'Esprit du Seigneur est sur moi, qu'il m'a consacré par l'onction (même si je ne suis pas David et que je n'ai pas été consacré par une huile versée sur ma tête), et que j'annonce la délivrance pour les malheureux, car oui, désormais les aveuglés par leur péché ouvriront les yeux, ceux qui sont captifs du mal verront leurs liens tomber, ceux qui se sentent emprisonnés dans le malheur découvriront la joie d'être sauvés. Tout cela, parce que c'est la volonté de mon Père, je vais le réaliser pour eux.

Mais le comprendront- ils? Comprendront-ils cet "aujourd'hui" qui est là pour eux? 

mardi, janvier 22, 2019

Jean le Baptiste.

Ce petit texte, où Jean le Baptiste prend la parole, se veut comme une conclusion du cycle qui se déroule entre le début de l'Avent et la fin du temps de Noël, temps qui se conclut par le Baptême de Jésus et ouvre la vie publique.

Le temps de Noël s'achève par le baptême de Jésus, baptême rendu possible par le ministère de Jean. Or, même si on admet que le choix des rédacteurs des évangiles est de montrer qu'il n'y a pas deux doctrines, celle de Jean avec le baptême de pénitence (ou de conversion), et le baptême de Jésus dans l' Esprit (et que c'est bien ce baptême là qui a fait de Jésus réellement le Saint de Dieu, le Fils), il n'en demeure pas moins que Jean attend celui qui doit venir, et que Jésus ne prend sa stature qu'après le baptême, comme si quelque chose s'était, non pas réveillé en Lui, mais éveillé. 

En lisant ce matin le début de l'évangile de Marc, où il est dit que Jésus enseigne avec autorité, et qu'il chasse les esprits impurs, je ne peux que constater combien la différence avec Jean est manifeste. Et l'envie d'écrire m'est venue, comme pour conclure ce petit cycle de textes qui sont venus s'imposer à moi durant ce temps de Noël - enfin durant cette grande période qui s'étale sur presque un mois. 



Jean raconte

Je savais bien que ça allait arriver, qu'il allait venir, que je le reconnaîtrais. 

Lui c'est cet homme qui a presque le même âge que moi, le fils d'une petite cousine de ma mère, donc un cousin, un frère, sauf que je ne l'ai jamais rencontré. 

Il faut dire que mes parents, qui m'ont eu tardivement, qui m'ont reçu comme un cadeau - car à leur âge avoir un enfant c'était impensable, m'ont raconté pourquoi ce miracle avait eu lieu pour eux et que je serais un jour celui qui annoncerait sa venue.

Ma mère m'a raconté que quand Myriam, cette petite cousine de Bethléem, la fiancée de Joseph, est arrivée, alors que rien, mais vraiment rien, ne pouvait faire imaginer qu'elle attendait elle aussi un enfant, moi, j'avais comme tressailli en elle, qu'elle avait senti que l'Esprit tombait sur elle, tombait sur moi. Elle avait ressenti une joie intense, joie de me savoir bien vivant, mais aussi une autre joie, celle de savoir qu'une autre vie était en route, et que celui là serait le Sauveur que nous attendions; et que moi, je serai celui qui préparerait sa voie. 

Mais la vie a fait que cet enfant, je ne l'avais jamais rencontré. Je savais qu'un jour il serait là, mais c'est tout ce que je savais. J'imaginais que lorsqu'il prendrait la parole, il serait comme une faucille qui vient faire la moisson, et qu'il séparerait le bon grain du mauvais, qu'il purifierait le peuple. Et moi, la voix qui crie dans le désert, j'appelais le peuple à la conversion. 

Comme j'avais vécu dans le désert et rencontré les les Esséniens, ces hommes qui se purifient pour accueillir celui qui doit venir, j'avais compris que je devais demander à ceux qui comme moi attendaient le Messie et qui voulaient être prêts, un geste fort. Ce geste c'était de faire comme jadis Naaman le Syrien, de se plonger des eaux du Jourdain, pour que ces eaux saintes les débarrassent de la lèpre du péché; et qu'en sortant de ces eaux ils changent de vie. Très vite j'ai eu des disciples qui sont venus me rejoindre, mais ils savaient que je n'étais pas le Messie.

Un jour, pendant que je priais, j'ai eu comme une vision. J'ai vu un homme jeune, qui venait pour être plongé dans les eaux du fleuve. Et tandis qu'il remontait, je voyais comme une colombe qui venait d'en haut et qui se posait sur lui. Et cette image de la colombe, cet oiseau qui montrait à Noé que la terre portait à nouveau du fruit, était là. Et j'espérais que cela adviendrait. 

Et le temps a passé, et j'attendais.

Et voilà qu'un jour, je l'ai vue la colombe. Elle s'est posée sur cet homme qui disait se nommer Yéshoua de Nazareth; et j'ai vu les cieux qui s'ouvraient, la terre et le ciel enfin réunis, et une voix qui disait: "Celui ci est mon fils bien-aimé, celui en qui j'ai mis toute ma joie, tout mon amour". Comment un être humain peut-il être comme le réceptacle de l'Amour du Très Haut? Cela je ne le sais pas, je ne le comprends pas, mais je sais que c'est vrai. En Lui, Dieu est présent. Cette voix, je ne sais pas qui l'en entendue, mais en moi, elle a résonné. 

J'ai aussi compris en un éclair que celui-là, celui qui venait de faire comme tous les pécheurs, de se plonger dans les eaux du Jourdain, n'était pas un pécheur, et serait comme l'agneau qui en Egypte avait permis au peuple de ne pas être confronté à la mort des premiers-nés; et que son sang donnerait la vie à notre peuple. Et moi, je sais que je ne suis pas digne de toucher même la courroie de ses sandales. Il est le Saint. 

Cela, je l'ai transmis à mes disciples; certains m'ont quitté pour aller vers lui, et je m'en réjouis, car je suis comme l'ami de l'époux et ma joie est parfaite. Certains de ceux qui le suivent m'ont raconté qu'après son baptême il avait été conduit par l'Esprit dans le désert, qu'il avait rencontré l'Adversaire et qu'il l'avait vaincu, et qu'il annonçait que le Royaume était tout proche.

dimanche, janvier 20, 2019

Les noces de Cana: Jn 2, 1-12

Ce signe, l'eau transformée en vin, l'eau puisée qui devient vin, permet aux disciples de croire en Jésus.  J'avais d'abord pensé laisser la parole au disciple (celui qui avait suivi Jésus en même temps que le frère de Simon, André), mais vu l'insistance portée sur"ceux qui servaient", j'ai laissé la parole aux serviteurs;

Les serviteurs parlent… 

On était au deuxième jour de la noce, on commençait à en avoir plein les bottes et on s'est rendu compte qu'il n'y avait plus de vin. Par certains côtés cela nous arrangeait, mais ce n'était pas à nous de nous occuper de cela. Il y avait une jeune femme, enfin peut-être pas si jeune, mais elle le paraissait, et aussi son fils. Lui, c'était un très bel homme. Il ne buvait pas comme les autres. Il avait avec lui des amis qui s'étaient invités avec lui à la noce. Ces cinq là, ils n'étaient pas comptés, mais ces grandes fêtes là, elles sont ouvertes à tous. 

Elle, elle s'était rendue compte que nous étions soucieux, et puis nous avions un peu peur de la réaction du maître du repas. Lui, il n'est pas drôle, il contrôle tout, il est partout et pas question pour nous de ne pas être attentifs aux besoins des uns et des autres et quand les gens comment à être un peu ivres, ce n'est pas facile. 

Elle a attrapé son fils par la manche et comme on n'était pas loin on a entendu qu'il lui disait- et cela nous a surpris, parce que ce n'est pas comme cela qu'on répond à la mère qui vous a porté dans son ventre, qui vous a mis au monde, qui vous a élevé -, " femme que me veux-tu, mon heure n'est pas venue". C'était étonnant cette phrase.. Et qu'est ce qu'il voulait dire par "mon heure n'est pas encore venue"? Qui était-il ce galiléen? Et pourtant lui, il n'avait pas bu, donc il ne pouvait pas être pris par la folie des grandeurs. Bref on n'a pas compris. Elle, elle s'est approchée de nous et elle nous a dit que s'il nous demandait de faire quelque chose, nous devrions le faire. Après tout pourquoi pas. 

Et lui, il est arrivé un peu plus tard, et vraiment pour le vin, il n'en restait plus. Les outres se vidaient les unes après les autres. Il nous a demandé de remplir d'eau, les grandes cuves qui servent aux ablutions. Là on n'était pas très contents, parce que l'eau, il faut aller la chercher à la source, mais bon c'était comme ça. Et on a rempli les six cuves. On était fatigué.. On se demandait ce qui allait se passer. C'était bien gentil d'avoir de l'eau, mais ce n'était pas ça qu'on avait besoin. 

Il nous a demandé d'en puiser un peu, et de l'apporter au maître du repas et là, on a vu que l'eau limpide avait changé de couleur. On n'en croyait pas nos yeux. On avait l'impression que quelque chose avait changé en nous, autour de nous, et nous ne sentions plus la fatigue. 

Bref, on a apporté de cette eau changée en vin à celui qui était le régisseur, il l'a goûté, (nous on se demandait un peu quel goût ça allait avoir) et sans nous regarder il s'est dirigé vers le marié et on avait l'impression qu'il n'était pas content. On a su qu'il lui avait reproché d'avoir gardé ce vin qu'il trouvait excellent pour la fin de la noce, à un moment où convives n'étaient plus capables de faire la différence entre un bon vin et de la piquette. Mais bon, c'était comme ça, sauf que nous, on savait que c'était un vin mystérieux. 

La noce s'est terminée, et nous les serviteurs, nous sommes allés trouver ce Jésus et nous lui avons dit que nous voulions le suivre, et il a bien voulu. C'était le premier miracle qu'il faisait, et cela nous avait fait penser à Moïse qui transforme les eaux du Nil en sang. Et nous ne savions pas qu'un jour il donnerait son sang pour nous, mais ce jour là, nous étions dans la joie de pouvoir le suivre.

mercredi, janvier 02, 2019

Temps après Noël: la circoncision. Lc 2, 21

Dans l'Évangile de Luc, une phrase note cet évènement:Luc 2, 21: " Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l'enfant reçu le nom de Jésus, le nom que l'Ange avait donné avant sa naissance". Il s'agit donc de reprendre ce qui a été prescrit à Abraham Gn 17, de manière à ce que tout mâle porte dans la chair le signe de l'Alliance avec le Seigneur.

Or, cet acte, quoiqu'on en dise, est loin d'être un acte anodin et on peut penser qu'i pouvait surtout à cette époque là, ne pas se passer bien. Alors j'ai eu envie de mettre des mots sur ce qu'une maman peut ressentir quand on doit faire vivre à son tout petit, une opération qui peut quand même mettre en jeu sa vie.


Marie raconte.

Oui, il a été bien courageux, il n'a pas trop bougé, mais il a pleuré bien fort mon petit garçon.. Il a eu mal,  et même si Joseph le tenait fermement sur ses genoux, et même si ça a été rapide, il a donné des ruades. Nous avions cherché un prêtre dans Bethléem qui aurait pu faire cela, mais nous n'en n'avons pas trouvé. Alors j'ai pensé au mari de ma cousine Elisabeth qui est prêtre et qui est habilité à accomplir ce geste, puisqu'il met à mort les agneaux pour la Pâque et qu'il est réputé pour faire ce geste dans les faire souffrir. J'ai demandé à la famille qui nous avait accueillis de bien vouloir le chercher.

 Il faut dire que les bergers qui sont venus nous voir, n'ont pas tenu leur langue et qu'ils sont allés dire à ceux qui leur achetaient des  fromages et du lait de brebis, qu'il y avait un couple qui venait de donner naissance à un petit et qui étaient dans une étable. Du coup, une des familles est venue nous chercher pour nous prendre chez eux. Et la première semaine a passé très vite et le temps de "nommer" notre enfant est arrivé. 

Donc, il était sur les genoux de Joseph. Bien sûr on a bien nettoyé la lame, on l'a aussi passé à la flamme du feu qui était dans l'âtre, on a fait tout ce qu'il fallait pour que ça se passe bien, mais c'est mon bébé, et voir son sang couler pour moi, c'était très dur. Zacharie a très bien fait, mais mon petit a eu mal, il s'est un peu débattu, il a pleuré et moi, j'ai eu mal pour lui, mal en lui, mal en moi.

Je sais qu'une alliance ça doit se sceller dans le sang, mais pourquoi pas le sang des animaux? Pourquoi le sang des petits garçons? Pourquoi cette mutilation? Oui je sais tout l'enfant mâle appartient au Seigneur et là c'est juste un petit morceau de peau qui en quelque sorte évoque le tout, qui est donné en signe d'alliance,  mais quand même.

 Le sang versé est du sang versé, la douleur est la douleur. N'allez n'allez pas me dire que les bébés ne sentent rien? J'ai entendu ces petits pleurs, j'ai vu qu'il essayait de se tortiller, j'ai vu, qu'il avait mal très mal et je sais qu'il aura mal encore un bon bout de temps, qu'uriner sera douloureux, et que je devrais veiller sur lui, sur mon petit garçon qui a aujourd'hui reçu son nom bien à lui, celui de Joshua, Dieu sauve et que c'est tout un programme. Heureusement il a pris mon sein après, il s'est calmé, et il s'est endormi et ii m'a semblait que lorsqu'on l'appelait par son prénom tout neuf, il souriait.

Ce rite qui a été donné à Abraham, est un rite d'alliance et je sais que mon Fils sera celui qui établira une nouvelle alliance entre Dieu, béni soit-il et notre peuple, et que nous serons enfin sauvés, délivrés du mal, délivré de l'esclavage du péché. 


J'espère qu'il  trouvera un autre type d'alliance, une alliance qui ne sera pas scellée dans le sang, cette alliance dont parle prophète Jérémie, qui nous demandait la circoncision du cœur. Mais quelque chose en moi me dit que ça ne se passera pas ainsi, qu'un jour il donnera sa vie, son sang, tout son sang  pour que la nouvelle alliance puisse advenir, cette alliance dont nous rêvons tous, nous les petits, nous les pauvres, nous les dépendants, nous les humbles. Et ce jour là, il portera vraiment son nom: Dieu sauve.