dimanche, janvier 27, 2019

Jésus dans la synagogue de Nazareth: Luc 4, 14-21

La liturgie de ce jour propose le tout début de l'Evangile de Luc et fait un saut pour nous présenter Jésus dans la synagogue de Nazareth. Mais il y a eu le baptême, il y a eu le temps dans le désert, il y a le début de prédications et voilà que Jésus se retrouve dans la synagogue où il a sûrement appris à lire la Tora. Et le voilà qui devient celui qui prend la parole..

Comme souvent, il m'arrive d'avoir envie de parler à la première personne, et ce texte m'a permis de relater un peu ce que Luc a pu nous dire de Jésus avant le début de ce qu'on appelle la vie publique.

Jésus raconte...

Quand je suis allé trouver Jean sur les bords du Jourdain pour recevoir son baptême, je n'avais pas à changer de vie, je n'avais pas à renoncer au Mal, mais je devais vivre un événement qui allait comme concrétiser ce que je ressentais depuis de longs mois. Et quand je me suis plongé dans les eux vives et frémissantes du Jourdain, je suis resté longtemps plongé dans l'eau, jusqu'à en perdre le souffle, jusqu'à descendre au plus profond de moi, dans les ténèbres, comme si malgré tout quelque chose devait disparaître. Et que je suis sorti de l'eau, quelque chose s'était déchiré en moi, quelque chose parlait en moi, quelque chose me disait que j'étais celui qui allait faire comprendre que le Très Haut qui était mon Père, qui me considérait comme son Fils était un Dieu qui aimait les hommes, qui leur voulait du Bien, du Bon et qui par moi, allait leur montrer un chemin de vie. 

Je sais que cela Jean l'a vu, car il m'a dit avoir vu une colombe descendre du ciel et demeurer au dessus de moi, et qu'il avait entendu la même voix que celle que j'avais entendue et qui disait qu'en moi, Dieu avait mis tout son amour. Je crois que d'autres ont aussi entendu comme une sorte de bourrasque, mais ils n'ont pas compris les paroles. 
Tout de suite après, je suis parti dans le désert, pour comprendre, pour me préparer. Durant ce temps, j'ai dû me positionner, car malgré tout en moi, ce n'était pas simple et il y a eu un combat. Car oui, j'ai eu faim, j'ai eu soif et il y avait en moi la tentation de dire aux pierres de se transformer en pain, mais en même temps, je savais que cela eut été prendre la force qui était là en moi, cette force de l'Esprit de mon Père, pour moi et que ce n'était pas ça mon appel. J'ai eu aussi l'envie de sauter dans le vide, pour voir si je pouvais être plus puissant que cette force qui nous fait tomber, pour savoir si j'étais un peu comme un ange,  mais cette idée est partie aussi vite qu'elle était venue. Il y avait aussi la tentation d'imaginer que ce pouvoir pouvait faire de moi le Messie attendu, le libérateur du joug des romains, mais ce que mon Père attend de moi, c'est que je libère les hommes, tous les hommes de l'esclavage du mal, de la convoitise, de l'adultère…

Une fois ces pensées parties, ces renoncements  accomplis, je suis allé un peu comme Jean l'avait fait, mais autrement, annoncer que le royaume de Dieu était là. Et j'ai parlé un peu partout de la Judée à la Galilée. Et aujourd'hui, me voilà à Nazareth chez moi, dans cette ville qui m'a vu grandir, où j'ai appris mon métier de charpentier, où j'ai appris à lire la Tora et à en faire mes délices. 

Alors, après avoir lu les psaumes, on m'a présenté le rouleau du prophète Isaïe, pour choisir une phrase et la commenter. Et j'ai choisi cette phrase qui dit que l'Esprit du Seigneur est sur moi, qu'il m'a consacré par l'onction (même si je ne suis pas David et que je n'ai pas été consacré par une huile versée sur ma tête), et que j'annonce la délivrance pour les malheureux, car oui, désormais les aveuglés par leur péché ouvriront les yeux, ceux qui sont captifs du mal verront leurs liens tomber, ceux qui se sentent emprisonnés dans le malheur découvriront la joie d'être sauvés. Tout cela, parce que c'est la volonté de mon Père, je vais le réaliser pour eux.

Mais le comprendront- ils? Comprendront-ils cet "aujourd'hui" qui est là pour eux? 

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