samedi, février 02, 2019

Dans la synagogue de Nazareth: fin. Lc 4, 21-30

La liturgie propose, pour ce dimanche, la fin de la péricope racontant la venue de Jésus à Nazareth. J'ai souvent eu l'impression qu'il y avait deux épisodes raboutés l'un à l'autre, parce qu'il est difficile de comprendre ce revirement et ce désir de mort; mais j'ai voulu respecter le texte proposé par Luc.

Donc, au début, tout est dans le meilleur des mondes possibles. L'enfant du pays est accueilli dignement; on le respecte, on comprend qu'il a un appel précis. Et puis, brusquement, comme si un ou des mauvais esprits étaient tombés sur l'assemblée, ça se gâte. On peut imaginer qu'on lui demande pour qui il se prend, qu'il n'est que le fils du charpentier; et puis, pourquoi est-ce qu'il n'arrive que maintenant, comme si Nazareth n'était pas digne de lui. Si je dis cela, c'est que, pour avoir un comportement aussi violent, les hommes de cette communauté ont du se sentir jaloux, mais jaloux de qui? De ne pas avoir été choisis comme Capharnaüm, par exemple.

Je me suis dit aussi que dans cette assemblée, Marie et les frères de Jésus pouvaient être là. Alors j'ai laissé la parole à Marie.

Marie raconte...


Mais quelle mouche les a piqués les uns et les autres. Aussi bien les présents à la synagogue, le jour du Sabbat, que mon fils.  Tout se passait très bien : il avait choisi un verset du livre du prophète Esaïe, il avait dit que c'était aujourd'hui que cela se réalisait, et donc qu'il était rempli d'Esprit Saint, et qu'il allait apporter le salut.Tous semblaient dans la joie. Et tout à coup, comme si un esprit impur était tombé sur eux, ils ont refuser de l'écouter,  ils se sont fermés. Ils ne voyaient en lui que le fils de Joseph, donc quelqu'un de quelconque, qui est frappé de la folie des grandeurs. Ils lui ont même reproché de ne pas avoir fait de guérisons, de ne pas avoir fait de miracles, comme si Capharnaüm valait mieux qu'eux. J'ai eu l'impression qu'ils lui en voulaient de ne pas avoir commencé sa nouvelle vie, là, à Nazareth. 
Seulement lui, il ne s'est pas laissé faire; il a cité la Torah, pour leur rappeler que les prophètes du temps de jadis, leurs miracles, ils ne les ont pas accomplis en Israël: que le prophète Elie, ce grand prophète qui est monté vivant auprès du Seigneur, c'est en terre étrangère qu'il a permis à une veuve et à son fils d'avoir de quoi manger tous les jours en période de famine. Que le prophète Elisée, c'est un étranger, un Syrien, un homme doublement impur finalement, qu'il a guéri de sa lèpre. 
Alors, ça les a rendus encore plus furieux. J'ai vu le moment où ils allaient le tuer, en le bousculant et en lui marchant sur le corps. Mais là, il a été le plus fort. Je ne sais pas comment il a réalisé cela, mais j'ai eu l'impression qu'il y avait une sorte de couloir qui s'ouvrait dans cette masse de gens en colère, un peu comme le couloir dans la mer rouge du temps de Moïse, et qu'il était passé au milieu d'eux; et même s'il a quitté la ville de son enfance, j'étais rassurée.. Il poursuivra sa mission, et je suis fière de lui.

Aucun commentaire: