mercredi, février 06, 2019

Jésus dans la synagogue de Nazareth. Mc 6, 1-6

Dimanche dernier, on lisait dans l'évangile de Luc la manière dont Jésus se fait "sortir" de la synagogue de Nazareth, et échappe à la mort. Dans le récit lucanien, cet épisode est l'un des premiers de la prédication de Jésus. On sait qu'il a fait des "choses" à Capharnaüm, mais Luc n'entre pas dans les détails. Peut-être que ce qu'il rapporte est une manière de parler de ce qui se passera plus tard à Jérusalem, à savoir sa mort.

Dans le récit de Marc, beaucoup de miracles ont été racontés, et Nazareth est une étape sur la route de Jésus, sauf que Nazareth n'est pas n'importe quelle ville, et que Jésus pouvait s'attendre à être accueilli comme l'enfant du pays, donc avec de la joie. Or ce n'est pas ce qui s'est passé...

J'ai donc essayé de laisser Jésus parler de cette déconvenue.

Jésus raconte…

Je suis passé dans beaucoup de villes et de villages de Galilée, mais jusque là je n'étais pas allé à Nazareth, où je suis né, où j'ai grandi; là où j'ai appris à lire la Tora; là où j'ai appris le métier de charpentier. Un charpentier aide à la construction des maisons, c'est lui qui fait les toitures, et moi, c'est à une autre construction que j'ai été appelé finalement: c'est de construire la maison de mon Père, dans le pays qu'il s'est choisi; cette maison où aimer est le maître mot. 

Ma mère était heureuse de m'avoir un peu à la maison, avec mes disciples, même si cela faisait du travail pour elle; du pain à pétrir. Et quand je la voyais faire, je me disais que je pourrais faire comprendre que le royaume, c'était comme ce levain qu'elle mettait dans trois mesures de farine, donc beaucoup de farine; et pourtant ce levain (la Parole) ferait tout lever, et permettrait d'avoir ce pain qui restaure le corps et le cœur. Elle a aussi remis des pièces sur nos affaires, et j'ai vu qu'elle ne prenait pas du tissu neuf; elle m'a expliqué que du tissu neuf tirerait sur le vieux, et que ça serait pire qu'avant. Et je me disais que je pourrais utiliser cela pour faire comprendre que mon enseignement était neuf, et qu'il était peut-être explosif.  

Quand je suis allé avec tous ceux du village à la synagogue, comme j'étais finalement un hôte de passage, c'est moi qui ai lu et qui ai enseigné. Ils avaient tous les yeux fixés sur moi. Et j'ai parlé du royaume et j'ai parlé de la conversion, et j'ai parlé de l'amour. Mais si au début j'avais l'impression que mes paroles étaient bien accueillies, très vite il s'est passé quelque chose. J'ai vu qu'ils se regardaient, qu'ils attendaient autre chose, qu'ils étaient déçus. Ils ont commencé à s'agiter, à parler entre eux; et ils ne comprenaient pas d'où venait ce qui m'animait. Ils ne comprenaient pas que c'était l'Esprit Saint qui me poussait à leur parler. Pour eux, j'étais devenu un homme qui se croit au-dessus des autres, et comme ils me connaissaient depuis toujours, ils m'ont même méprisé. Et ce mépris, c'est violent. C'est comme si je ne valais rien, comme si je n'étais pas digne d'eux. 

Peut-être qu'ils auraient voulu que je fasse des guérisons, mais je ne fais pas des guérisons pour faire des guérisons. Je guéris parce que au delà du corps, c'est le cœur que je veux changer, que je veux sauver. Et leur cœur à eux était dur comme de la pierre. 

Alors certes, j'ai guéri quelques personnes qui avaient de vieilles douleurs, qui avaient du mal à marcher, mais c'est tout.

Et je suis parti, un peu triste, même très triste; en me disant que nul n'est prophète dans son pays, mais que le royaume, je continuerai à l'annoncer dans tous les lieux où je passerai. Mais peut-être que j'aurais besoin d'aide, pour que les endroits où j'annoncerai la Parole soient comme préparés à ma venue.



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