samedi, janvier 04, 2020

"Nous avons trouvé le Messie" - Jn 1,41


En laissant travailler en moi l'évangile de ce jour: Jn 1, 35-42, texte que j'aime beaucoup, car j'y vois comme une naissance, est venu - ce qui n'est pas étonnant - le verbe demeurer. Il y avait eu dans l'évangile d'hier, l'esprit qui descend et qui demeure, et dans celui d'aujourd'hui, la question des deux disciples de Jean, Rabbi où demeures-tu?  Et ce verbe prendra beaucoup de place dans tout cet évangile. 

Et peu à peu est venue l'impulsion de rapporter ce qui s'est passé en ces deux premiers disciples, d'autant que l'appel est bien différent de celui des synoptiques.

Mais il me semble nécessaire de remettre un peu cette scène fondatrice, dans son contexte.

Dans l'évangile de Jean, (Jn 1,18-28), quand ce dernier est interrogé par les pharisiens qui lui demandent d'une part qui il est, et d'autre part qui lui donne l'autorité de baptiser, Jean le Baptiste se définit comme "la voix qui crie dans le désert", et parle de quelqu'un "qui est déjà là, au milieu des hommes", et qui est comme un disciple de Jean (il est derrière moi). Mais il ajoute que lui, le prophète, l'ascète, "n'est pas digne de délier la courroie de ses sandales"! Si on se souvient qu'à l'épisode du buisson ardent il est demandé à Moïse d'enlever ses sandales, on peut comprendre que prononcer ces mots c'est d'emblée montrer la divinité de Jésus.

Quand le lendemain, c'est-à-dire certainement après le départ de ceux qui sont venus de Jérusalem, Jésus en personne arrive près de Jean, ce dernier dit de lui qu'il est l'agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, et que cet homme est le Fils de Dieu. On peut imaginer le questionnement de ceux qui sont proches de Jean. 

L'auteur de l'évangile, un peu pour augmenter le suspens, laisse passer une nuit. Il met alors en scène Jésus, qui est en mouvement près du lieu où Jean baptise, et Jean qui voit Jésus et qui redit "voici l'agneau de Dieu" à deux de ses disciples (André et un disciple sans nom). Manifestement ces mots font déclic en eux, et ils quittent leur maitre pour suivre cet inconnu, qu'ils nomment quand même Rabbi. La suite, c'est André qui la raconte.

André raconte. 

Il a changé, celui que je suivais; il est devenu différent. Cela s'est produit après qu'il ait donné le baptême à un homme qui venait de Galilée. Cet homme, - Jean dit qu'il s'appelle Jésus -, a le même accent que moi: moi je suis de Bethsaïde, je suis pêcheur, lui il est de Nazareth, il est charpentier.

Jean nous a dit que celui-là il était l'agneau de Dieu, qui enlevait le péché du monde. Enlever le péché, est-ce possible? Nos prêtres, dans le Temple, offrent bien à Dieu des sacrifices d'animaux (en quelque sorte ils payent à notre place), pour que nos péchés ne retombent pas sur nous. On peut dire qu'ils portent notre péché, comme le serviteur dont parle le prophète Isaïe, mais est-ce que ce sacrifice permet d'enlever le péché, de l'effacer? Je n'en suis pas sûr. 

Ensuite, il nous a affirmé que tout ce qu'il fait depuis le début de son appel, pousser à la conversion, baptiser et encore baptiser, avec nous, presque à tour de bras, c'est pour qu'un jour apparaisse celui qu'il annonce, celui qui doit venir remettre de l'ordre. C'est un peu comme s'il avait été à la pêche de l'unique, et qu'il attendait cela depuis toujours; et que c'était une grande joie pour lui. Il a affirmé avoir vu l'esprit de Dieu descendre et demeurer sur lui, tandis qu'il sortait de l'eau. 

Moi, je n'ai rien vu, il n'y a pas eu de voix, pas de bruit, mais Jean lui, il a vu et il sait.. 

Et, aujourd'hui, le revoilà, le Jésus. 

Il marche de long en large comme s'il attendait quelque chose. Jean et lui se regardent, et Jean nous dit: "Voici l'agneau de Dieu"; ce qu'il avait déjà dit l'autre jour. L'agneau de Dieu, qui a participé à la libération de l'esclavage. Agneau de Dieu! Cela a résonné en moi. 
Il y avait aussi un autre disciple avec moi quand Jean a prononcé ces mots. On a eu l'impression que c'était comme pour nous dire: suivez-le! Alors nous avons quitté Jean pour le suivre. Mais on ne savait pas trop où il allait. Il s'est retourné et il nous a demandé ce que nous voulions. Ses mots ont été: "Que cherchez vous?"? En fait on ne savait pas trop. Nous lui avons alors demandé - parce que nous étions un peu pris de court - où il demeurait. Il nous a alors dit de venir avec lui; comme cela nous verrions où il demeurait. Nous sommes partis avec lui, c'était dans l'après-midi, le soleil n'était pas couché, c'était une belle journée, une journée qui restera à tout jamais dans mon souvenir, une journée de naissance.

Il a fait un feu, il a parlé de lui, de sa famille, de son Père, celui que nous ne voyons pas mais qui demeure en lui, et nous avons compris, comme Jean l'avait vu, qu'il était le Messie que nous attendions. Alors, au petit matin, je suis parti chercher mon frère Simon. 

Comme d'habitude, Simon a fait un peu de résistance pour me suivre, il pensait qu'une fois de plus je m'étais emballé, mais il est quand même venu. Jésus l'a regardé, et je sais par expérience que quand Jésus vous regarde, il se passe quelque chose au plus profond de soi; et il lui a parlé. Il lui a donné un nouveau nom: Képhas, comme si mon frère Simon était appelé à devenir un roc; mais un roc pour qui? Toujours est-il que mon frère est resté ce jour là, et qu'il a décidé de rester avec Lui.

Je ne sais pas dans quelle aventure il va nous embarquer, mais je pense que la pêche, c'est fini pour nous. Ce qui est certain, c'est que je veux demeurer auprès de cet homme en qui je sens palpiter la présence de l'Esprit. 




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