mardi, février 11, 2020

"Jésus se lève de table, dépose son vêtement, prend un linge".. Jn 13,4


Nous avons lu en groupe le chapitre 13 de l'évangile de Jean, qui est le récit du dernier repas de Jésus avant la Passion, récit très différent de ce que l'on trouve dans les évangiles synoptiques.

Au moment de travailler ce texte, pour expliquer la structure et le sens de ce chapitre, j'ai ressenti une énorme difficulté à faire un "travail" que j'appellerais un peu scientifique, et un peu théologique. 

Que cette difficulté vienne de la narration, c'est plus que possible, c'est le style de Jean. Mais ce que j'ai pu lire par ailleurs sur ce chapitre complique encore plus. Dire que le lavement des pieds est une manière pour Jésus de mimer sa mort et sa résurrection, objectivement j'ai du mal.

La réaction de Pierre, quelque part je la comprends; surtout que Jésus insiste bien sur le fait qu'il est Maître (et pas rabbin, mais Maître, comme Dieu est maitre de l'univers) et Seigneur: donc qu'il est présence de Dieu aujourd'hui sur cette terre et que se laisser laver les pieds, ce n'est pas si facile. D'autant que c'est vraiment un travail d'esclave. Dans le livre de la Genèse, quand "les trois visiteurs arrivent" au chêne de Mambré, Abram, fait apporter de l'eau, mais personne ne se propose pour leur laver les pieds..

Quant à Judas, cela reste toujours compliqué. Qu'est ce qui s'est passé dans cet homme, compagnon de la première heure, pour qu'il "trahisse"? On ne trahit pas sans raison: amour, pouvoir, argent …

Et puis, il y a le disciple que Jésus aimait, qui apparaît ici pour la première fois.

Et la demande explicite de Jésus de nous aimer les uns les autres comme lui l'a fait, c'est-à-dire en allant jusqu'au bout de la volonté de son Père, car c'est ainsi que Lui a rendu Gloire et que nous nous pourrons humblement le faire, ce n'est pas si simple.

 Alors j'ai pensé à raconter des regards croisés sur ce repas, sur ce dernier repas, sur ce geste, comme pour en faire surgir quelque chose de nouveau, et j'ai laissé parler ces hommes, Judas Pierre, Jésus et le disciple que Jésus aimait, chacun à leur manière, chacun avec sa sensibilité, mais aussi avec son histoire.


Ils racontent le lavement des pieds


Judas raconte:

Je ne sais plus ce que je dois croire, je ne sais plus ce que je dois faire. Jésus, il a été mon maitre, il m'a appelé dès le début. Il m'a demandé de gérer les finances, alors qu'il aurait dû le demander à Matthieu. C'est loin d'être facile, et souvent on m'a regardé de travers. On m'a même accusé d'en mettre dans ma poche comme les publicains. Et cela, jamais je ne l'ai fait. Ils peuvent penser ce qu'ils veulent, ça m'est bien égal. 

Quand nous avons été au repas organisé pour célébrer le retour de Lazare à la vie, il y a eu ce geste stupide de Marie. Elle a versé du parfum sur les pieds de Jésus. Ce parfum, si elle nous l'avait donné, on aurait pu en tirer un bon prix.. Mais lui, il s'est laissé faire. Et ça je n'ai pas compris. C'est comme s'il était devenu une femme, avec ce parfum. Un homme parfumé, vous vous rendez compte? 

Mais qu'est-ce qu'il devient, celui que je pensais être celui qui allait prendre le pouvoir, et renverser ces prêtres à la solde des Romains. Mon nom est Judas; et des Judas célèbres, comme Judas Maccabée ou Judas le Galiléen(1), il y en a. Et moi, je veux être célèbre comme eux. Au lieu de ça, Jésus, il parle de mourir, il parle de se laisser faire. Et je ne comprends pas et je veux partir, et le faire partir. Peut-être que je pourrais prendre sa place, et ne pas échouer comme lui. Enfin je me posais des questions jusqu'à ce soir. Parce que ce soir, ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

On est tout près de la Pâque, et il a voulu faire un repas. Encore trouver l'argent.. Bon, passons. Mais voilà que pendant le repas, il se lève, il pose son manteau, il prend un linge, un grand drap blanc qui me fait penser un peu à un linceul, il se le met autour des reins, et là, il m'a fait pensé à ce que Moïse avait prescrit: vous mangerez l'agneau en grande hâte, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Un peu comme si quelque chose de la Pâque se rejouait. Et il a versé de l'eau dans une cruche et il s'est mis à nous laver les pieds. Nous laver les pieds comme le fait un esclave!

Non, ce n'est pas le Maître que j'avais choisi de suivre. Bien sûr, il a dit que c'était lui qui nous avait choisi, mais moi, je sais que si je l'ai choisi, si j'ai supporté beaucoup, c'est pour que mon pays redevienne Israël, le pays donné par Dieu à notre père Abraham, pas une province romaine. Quand il est arrivé à moi, j'ai eu l'impression qu'il passait beaucoup de temps à laver mes pieds, pourtant mes pieds ne sont pas si sales. Il me regardait, mais moi, je ne voulais pas le regarder; j'étais en colère contre lui. Avec Pierre, ça a été encore autre chose, parce que lui, il ne voulait pas que Jésus fasse ça. Une fois de plus, Jésus l'a remis à sa place, il lui a dit qu'il ne comprendrait que plus tard, comme si on allait pouvoir comprendre une telle absurdité; qu'il fallait qu'il se laisse faire, pour avoir part avec lui. Qu'est ce que ça veut dire ça? Bref, au fond de moi, j'étais en colère.  

Ensuite, il a enfoncé le clou, en disant que ce geste là, ce geste de se mettre aux pieds de l'autre, il fallait le refaire entre nous. Je sais bien que souvent on se demande qui est le plus grand entre nous, et que plus d'une fois il nous a dit que le plus grand devait se faire le plus petit, mais là.. Je trouve que ça dépasse les bornes. Et le repas a repris, mais la colère grondait en moi. Je ne comprends pas ce qu'il cherche.

J'ai vraiment l'impression qu'il veut mourir, tout abandonner; et en plus il dit que c'est son Père qui lui demande ça. S'il nous aimait, s'il nous aimait vraiment, il ne ferait pas ça. 

Et voilà que d'un coup, il dit que l'un d'entre nous va le trahir. On s'est tous regardés, moi j'avais du mal à masquer ma colère. J'ai vu Pierre qui demandait quelque chose à un des disciples qui était tout proche de Jésus; je ne sais pas ce qu'ils se sont dit, mais la colère a explosé en moi, je me sentais exclu...

Curieusement Jésus m'a donné une bouchée de pain trempée dans la sauce, je sais que c'est un geste de partage, mais ça m'a mis encore plus en colère; je me sentais comme un petit enfant à qui on donne la becquée, alors que je suis un homme moi, un vrai homme. Et c'est à ce moment que ces pensées qui étaient en moi ont pris forme: je vais aller dire aux prêtres que je sais où il est, comme cela il sera arrêté et nous pourrons repartir à la conquête du pouvoir. Je ne sais plus si c'est bien ou mal, mais je crois que c'est ce que je dois faire. Et à ce moment là, il m'a dit: "Ce que tu as à faire, fais le vite", et je suis sorti. Il faisait nuit, comme il fait nuit dans mon cœur.

(1) "Judas le Galiléen", "Judas le Gaulanite" ou "Judas de Gamala", personnage souvent identifié à Judas fils d'Ézéchias, est un chef révolutionnaire qui dirigea une révolte en Judée au moment où celle-ci devint une province romaine, en l'an 6. Associé à un pharisien nommé Sadoq, il s'oppose alors par la violence au recensement fiscal effectué par Quirinius. Il serait le fondateur d'un mouvement que Flavius Josèphe désigne sous le nom de "Quatrième philosophie" et qu'il rend responsable de la destruction du Temple de Jérusalem. Il est souvent identifié à Judas fils d'Ézéchias qui dirigea une révolte en Galilée au moment de la succession d'Hérode le Grand (mort en 4 av. J.-C.).


Pierre raconte:

Encore un repas, avant le repas pour célébrer la Pâque, mais j'ai un pressentiment, ce repas d'aujourd'hui, est ce que ça ne serait pas son dernier repas? Et puis le repas chez Lazare, il m'est resté sur l'estomac. Parce que Jésus a parlé de son enterrement, donc de sa mort, et moi, ça je ne veux pas, sauf que je sais que rien ne peut le détourner du chemin que celui qu'il appelle son Père lui a demandé de prendre.

On n'était pas très joyeux à dire vrai. Un peu comme un repas d'adieux. Et voilà que d'un coup il se lève, il dépose son vêtement, et moi j'ai pensé à ce jour où il avait dit qu'il déposait sa vie pour ses brebis, et ça m'a fait peur. Ensuite il a pris un linge qu'il a noué à sa ceinture, et moi j'avais l'impression qu'il était ceint comme on doit l'être quand on mange l'agneau pascal, sauf que l'agneau n'est pas là, sauf si c'est lui...

Puis il a mis de l'eau dans une cruche et il s'est mis à nous laver les pieds. Il dénouait nos sandales, il prenait nos pieds dans ses mains, il les touchait, il les regardait, il prenait soin de nous, comme notre mère autrefois; et moi, de le voir à genoux comme ça, c'était insupportable. Il est celui que je reconnais comme mon Seigneur et comme mon Maitre: le voir faire ce travail d'esclave, je ne veux pas, je ne peux pas. Alors, quand il est arrivé à moi, j'ai dit non. 

Mais là, il m'a regardé comme il sait le faire, avec ce regard qui fait chavirer (et moi un pêcheur, chavirer je sais ce ça veut dire), et il m'a dit que s'il ne me lavait pas les pieds, je n'aurais pas de part avec lui. Je pense qu'il veut dire que si je n'accepte pas, il me mettra dehors. Alors j'ai eu de la peine, et je lui ai demandé de me laver certes les pieds, mais aussi mes mains qui sont tellement maladroites et ma tête qui est si dure.

Il a dit que les pieds ça suffisait, que je ne pouvais pas comprendre maintenant, que tous nous avions pris un bain, que les pieds c'était suffisant. En soi, il a raison, mais je ne comprends pas bien. Il a dit qu'on était pur, propres, mais pas tous. Il veut dire quoi?

Puis il a dit que ce geste là, on devrait le refaire entre nous. Que si lui il l'avait fait, ce n'était pas pour rien. C'était nécessaire. Il avait repris son vêtement à ce moment là, et pour moi, j'ai eu l'impression qu'il était redevenu plein de puissance. Comme s'il l'avait perdue avant, sa puissance. Je ne sais pas expliquer.

Et surtout il nous a dit qu'il nous ordonnait de faire cela entre nous, faire comme lui il avait fait. Et puis le repas a continué. Il m'a semblé que quelque chose se passait, qu'il était troublé, inquiet, et voilà qu'il dit que l'un de nous va le trahir. On sait bien que sa tête est mise à prix, on a même entendu dire que la tête de Lazare l'est aussi; mais que nous on le trahisse, ce n'est pas pensable. Et pourtant..

J'ai demandé à Jean, ce disciple qui est souvent avec nous, qu'il demande, lui, à Jésus qui ce serait, et voilà que Jésus donne une bouchée à Judas et que celui-ci sort. Mais ce n'est pas possible. Il a dû se tromper, Jésus.

Puis le repas a continué, mais ce n'était plus pareil. Quand Judas est sorti, il y a eu comme du froid qui est entré dans la salle. Et Jésus s'est mis à parler, à nous parler à nous. Il nous a appelé ses petits enfants. C'était nouveau. Il nous a dit qu'il nous donnait un commandement nouveau, nous aimer les uns les autres, comme lui nous avait aimés. C'est la première fois qu'il emploie ce mot, enfin qu'il l'emploie vraiment. Nous aimer comme lui nous aime, ça veut dire quoi? Il n'y a pas longtemps, il avait dit que le berger donne sa vie pour ses brebis, alors est ce de ça dont il parle?

Il a dit que ce serait à cet amour qui n'est pas un amour banal, enfin je dis ça, parce que je ne sais pas le dire autrement, que nous serions reconnus comme ses disciples. Je pense qu'il parle de ce qui va advenir quand lui ne sera plus avec nous, mais je ne voulais pas y penser. Seulement il a dit que là où il allait nous ne pouvons pas venir. Cela, c'est la troisième fois qu'il le dit. 

Comme je suis un peu fanfaron, j'ai rétorqué que moi je donnerais ma vie pour lui, et que je resterai avec lui. Il m'a regardé et m'a dit qu'avant que le coq ne chante, je l'aurai renié trois fois. Et là, je n'ai pas su quoi répondre.


Jésus raconte:

Il y a eu Cana, il y a eu ces repas au bord du lac où j'ai multiplié le pain, il y a eu ce repas à Béthanie où je me suis laissé faire par Marie quand elle a oint mes pieds en vue de ma sépulture; et ce soir il y a ce repas, qui est le dernier que je vais partager avec eux. Ensuite, ce sera ma mort, et encore plus tard, ma vie dans la plénitude avec mon Père. Mais ce soir, c'est le dernier repas. Ils sont tous là, et ils ne comprennent pas. Je voudrais tant que le Paraclet soit sur eux, pour qu'ils comprennent, mais ce sera pour après.

Ce soir, je vais leur donner un commandement nouveau, même si ce commandement est déjà dans le livre du Lévitique au chapitre 19. Mais je voudrais qu'ils comprennent qu'être mes disciples, c'est être dans l'amour, c'est être prêt à donner sa vie pour que les autres vivent. Qu'ils n'ont pas à choisir qui doit ou ne doit pas être aimé. Est ce qu'ils aimeront Judas quand il aura accompli ce qui est prévu pour lui? Car je sais que Judas va me trahir, parce qu'il ne supporte pas que je ne réponde pas à ses attentes, que je ne le rende pas glorieux comme ce Judas Maccabée qu'il admire tant; mais je vais à lui aussi laver les pieds, comme aux autres. Il faut qu'ils comprennent que ce geste là est fondamental. 

Ils aiment tellement savoir qui est le premier, qui est le plus grand, qu'en refaisant ce geste ils comprendront que se mettre au pied de l'autre, le soigner, le regarder, être avec lui sans vouloir faire autre chose que de le respecter et peut-être même de me voir en lui, c'est cela la marque du disciple, la marque de ceux qui m'aiment et qui un jour donneront leur vie pour que ma parole donne la vie au monde.

Et puis, quand j'ai fait ce service, en quelque sorte en ôtant mon vêtement, en ayant juste ce linge noué autour de ma taille, c'est un peu comme si je leur disais que dans quelques heures je serai ainsi, allongé nu sur une croix, puis allongé dans mon tombeau; que j'allais tout perdre; que comme le dit le prophète Isaïe, je serai l'agneau qui se laisse conduire à l'abattoir, je n'ouvrirai pas la bouche.

En faisant cela, c'est un peu comme si je leur faisais, comme autrefois Josué, traverser les eaux du Jourdain ou comme Moïse les eaux de la mer. Passer par l'eau, être baptisé dans la mort, en sortir lavé, en sortir purifié. Comprendront-ils?

Mais là, j'ai encore beaucoup de choses à leur dire, sauf qu'ils ne vont pas retenir.

Comme je pouvais m'y attendre, Pierre a fait sa forte tête. Alors j'ai insisté et il a laissé faire, mais je sais qu'il n'a pas compris. Un jour il comprendra, quand le Paraclet sera venu sur eux, mais pour cela, il faut que moi je parte, et même si je le sais, même si j'attends ce moment, le trouble en moi est grand. Comment leur faire comprendre qu'il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l'on aime. 

Eux je les aime, mon Père je l'aime, mon Père m'aime, et cet amour là, cet amour qui nous relie l'un à l'autre, je veux le leur donner. Seulement le don passe par ma mort; et j'ai peur, parce que je suis un être de chair et de sang. Le chemin est là devant moi, et ils ne vont pas comprendre. Mais un jour, un jour très proche ils comprendront que je suis l'agneau qui se donne pour que la vie soit en eux, qu'elle soit en abondance, et qu'ils soient libérés du mauvais.


Le disciple que Jésus aimait raconte:

Quand j'ai rencontré Jésus la première fois, c'était sur les bords du Jourdain. Jean le Baptiseur a dit de lui qu'il était l'agneau de Dieu, qui portait, "enlevait" le péché du monde, ce péché qui fait que souvent Dieu nous rejette, nous humilie, nous fait comprendre que malgré les sacrifices dans le temple nous ne savons pas aimer. Il a dit l'agneau de Dieu, comme si celui là, comme l'agneau mangé juste avant de sortir d'Egypte, serait pour nous libération, libération du mal, libération des ténèbres, passage vers la lumière. Mais aujourd'hui, il me semble que les jours, les heures lui sont comptées.

Quand Marie, la sœur de Lazare, a versé sur ses pieds ce parfum de grand prix, j'ai bien vu que Judas tremblait de rage. Il a dit qu'au lieu de faire ça, il aurait mieux valu donner l'argent aux pauvres, mais je sais bien que ce n'est pas ça, surtout qu'au fond de nous, on pensait un peu la même chose. 

La Pâque est proche, toute proche, demain les agneaux seront immolés.

On avait commencé à partager le repas, et le voilà qui se lève, qui se dévêt presque entièrement, on l'a regardé comme s'il était un peu fou; qui prend un linge et le noue à sa ceinture, moi je pensais à la Pâque, à manger les reins ceints, les sandales aux pieds.

Il prend une grande cruche d'eau, et il se plie devant moi, il se met à genoux devant moi, et il me lave les pieds. Il prend son temps, tout son temps. Et moi j'aurais voulu que ça dure, l'eau qui s'écoule sur mes pieds, qui les lave, qui les purifie, parce que c'est cela que je ressentais, comme si toute la saleté accumulée s'en allait. Et c'était son cadeau à lui, pour moi et pour nous tous. Lui le Seigneur, il nous donnait ça. 

Ensuite il a lavé les pieds de Judas, les pieds de Thomas, les pieds de Philippe et il est arrivé à Pierre. Pierre, une fois de plus, il a fallu qu'il soit celui à la nuque raide. Enfin je le comprends quand même, parce que le Maître, en faisant cela, prend la place de l'esclave. Mais en ne se laissant pas faire, il n'a pas pu ressentir que ce lavement est purification. Alors Jésus lui a dit que s'il ne se laissait pas faire, il serait comme exclu, comme mis dehors. Pierre naturellement a forcé la dose: pas les pieds mais les mains et la tête. Sacré Pierre.

Ensuite Jésus a continué, puis il a remis ses vêtements et le repas a repris. Il nous a demandé quelque chose d'étonnant, de faire entre nous ce geste qu'il venait de faire. Eh bien ça ne sera pas facile du tout.. En même temps, nous mettre comme cela devant un frère, devenir son serviteur, ne pas être plus grand que lui, le reconnaître plus grand que moi, je pense que cela va empêcher bien des disputes pour savoir qui est le plus grand.

À un moment, un peu après, il a eu son sourire crispé, son sourire qui dit que ça va mal et il a dit que l'un d'entre nous allait le trahir. Moi, je sais bien qui ça sera, mais je ne le dis pas. Pierre m'a fait signe de demander à Jésus qui allait le trahir. Alors Jésus a pris un peu de pain, ce bon pain, et l'a trempé dans la sauce et l'a donné à Judas, qui n'a pas compris, qui n'a pas aimé et qui est sorti pour faire ce qu'il devait faire. Que va-t-il faire? Je m'en doute un peu, mais quel malheur que d'être le traître.. Comment pourrais-je me mettre à ses pieds et lui laver les pieds s'il revient parmi nous?

Et le repas s'est achevé, dans une certaine tristesse.

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