Dire que "leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître" c'est comme dire qu'ils étaient aveugles ou aveuglés par quelque chose. Bien sûr l'homme qu'ils rencontrent ne porte pas sur son corps les marques de la crucifixion, c'eut été trop simple.
Quand la rencontre se fait, on est en plein jour, le soleil est là, il fait clair. Mais eux, qui sont dans leur rumination, dans leur tristesse, malgré la clarté qui est là, sont tellement dans leurs pensées, que certes ils accueillent ce drôle de type qui n'est au courant de rien, certes ils cheminent avec lui, certes ils écoutent ce qu'il raconte et qui donne un sens à tout ce qui vient de se passer, mais ils ne se posent pas de question sur cet homme..C'est un homme, il n'a pas de nom. Peut être justement parce que c'est l'Homme, mais cela ils ne le savent pas. d'une certaine manière ils restent dans leur nuit alors que la clarté est avec eux.
Et le soir tombe et avec la tombée de la nuit qui est rapide en Palestine, on passé du clair obscur à la nuit. Le couple est arrivé chez lui, à Emmaüs. L'homme fait mine de continuer son chemin et de toutes les manières, il n'a jamais dit où il allait et s'il était attendu quelque part. Pourtant cet homme, pour le couple, il n'est pas question de le laisser partir sans lui offrir l'hospitalité. L'hospitalité en Orient, c'est fondamental. Et L'homme se laisse faire.
Seulement ce jour là, ce n'est pas n'importe quel jour, car si l'agneau pascal a été immolé le vendredi, on est dans le temps de la Pâques des Juifs, et dans le temps de cette semaine où l'on consomme du pain sans levain. C'est une semaine particulière. Et la nuit est tombée, les bougies sont peut être allumées et voilà que l'homme dont ils ne connaissent toujours pas le nom, prend le pain, le bénit, le rompt. Et là, dans la nuit, dans la quasi obscurité, les yeux s'ouvrent, et d'un coup ils "savent", ils comprennent que celui là, c'est le "Seigneur", et que tout ce qu'il a expliqué prend un sens.
C'est dans la nuit que les yeux s'ouvrent. Et quand les yeux s'ouvrent, quand le coeur s'ouvre, quand la brûlure de la présence se fait ressentir, alors celui dont ils savent enfin le nom, disparait, mais reste présent en eux, tellement présent qu'ils partent immédiatement prévenir les autres que ce qu'avait annoncé Jésus est bien arrivé.
Or ce couple là, qui passe d'une certaine manière de l'obscurité à la lumière, il est d'une certaine manière à l'opposé du couple primitif tel que le raconte la Genèse. Eux avaient la lumière, et ils l'ont perdue. Et c'est cet autre couple qui n'a pas la lumière et qui la trouve ou la retrouve.
C'est dans la clarté, dans la journée que les yeux du couple Adam et Eve s'ouvrent d'une certaine manière ou se ferment (si l'on voit les choses autrement). Ils comprennent qu'ils ne sont pas pas Dieux, mais des petits humains, nus, fragiles, dépendants, et qu'ils ont été aveuglés par un faux discours et que cet aveuglement il va perdurer. Ils se voient "nus" et qu'ils se rendent comptent qu'ils ont "perdu" quelque chose.
C'est à la nuit, quand Dieu qui se promène à la brise du soir que finalement ils se rendent compte qu'ils sont comme des aveugles, parce qu'ils ont perdu "la lumière", celle de Dieu qui donne un halo différent à toutes choses.
Cette cécité, (même si par ailleurs je continue à penser que cette curiosité a permis l'essort de l'humanité) qui fait de l'homme da propre recherche, ne sera vaincue que lorsque Jésus aura d'une certaine manière par la mort et sa résurrection vaincu l'ange porteur d'une épée de lumière qui empêche le passage vers l'arbre de vie.
La porte est ouverte, les yeux sont ouverts à nouveau et une alliance nouvelle peut enfin être créer, pas une alliance dans la peur, mais une alliance dans l'amour.
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