jeudi, mars 21, 2019

Jésus marche sur la mer: Mt 14,23-33

Jésus marche sur la mer. Mt 14,23-33

Nous avons lu ce chapitre en groupe il y a quelques jours. Quand cet épisode est proclamé le dimanche, le prêtre parle en général de la barque de l'église qui est battue par les flots, par le mal; et en ce moment il semble bien que l'église vive quelque chose comme cela. Mais ce qui m'a intéressée, c'est que Jésus n'est pas reconnu, et que Pierre lui demande une preuve, comme Thomas le fera plus tard après la résurrection. Alors peut-être que le Christ est déjà là au milieu de ce qui se passe; encore faut-il lui faire confiance et penser à tous ceux qui, jour après jour, sont ses disciples. 

J'ai donc tout d'abord repris simplement le texte, tel qu'il se donne à lire. Ensuite j'ai laissé Thomas raconter à sa manière "ses tempêtes".

Dans l'évangile de Matthieu on trouve, après le chapitre consacré aux paraboles, un chapitre relativement "actif". Jésus, qui a appris la mise à mort de Jean-Baptiste, préfère prendre ses distances et va dans un lieu désert; mais pas si désert que ça, puisque les foules le suivent. Il enseigne, et le soir venu ses disciples lui font remarquer, en parlant de nourriture, que peut-être ça serait bien qu'il s'arrête, qu'il s'occupe un peu d'eux, et qu'il renvoie tout le monde. Mais ça, c'est mal connaître Jésus: d'abord les autres.. Et il prend le pain prévu pour les siens, et nourrit plus de cinq mille hommes. Nous connaissons bien ces textes, mais il est évident que pour ceux qui participent à cela, un nouveau Moïse est là. Et Moïse, c'est le libérateur, celui qui a fait de grands miracles. Jésus ne veut pas être le nouveau Moïse, et avant même de renvoyer la foule il renvoie ses disciples... 

La phrase "il obligea ses disciples à monter dans la barque", évoque un peu une résistance de leur part... Surtout qu'il ne les accompagne pas. Jésus les pousse à reprendre la mer, à ne pas voir ce qui se passe, et c'est lui tout seul qui renvoie la foule. J'ai un peu l'impression que les disciples ont pu se sentir lésés. Comme quoi obéir, ce n'est pas si facile. 

Là dessus, quelque chose se passe. Et là encore, tel que c'est décrit, il semble que le lac se déchaîne contre la barque, la harcèle comme dit la B.J., pour la faire chavirer, pour se débarrasser de ces hommes qui un jour continueront la lutte contre le mal. Comme ces forces savent qu'elles ne peuvent rien contre Jésus, elles s'attaquent, comme on dit, aux maillons plus faibles.

Là dessus, alors que le jour n'est pas vraiment là, Jésus décide de rejoindre la barque. On peut imaginer la stupeur de ces hommes qui sont dans un demi jour, qui voient une silhouette un peu fantomatique, dans l'écume, qui s'approche: de là à le prendre pour un fantôme, un esprit du mal sorti des profondeurs, ce n'est pas difficile. 

Mais le fantôme parle; et la phrase dite ne peut que résonner avec d'autres phrases adressées à des demandeurs de guérisons: "Confiance!…" Cela, c'est une phrase qui appartient bien à Jésus. Puis arrive: le "C'est moi, n'ayez pas peur", qui aurait dû les rassurer, mais la réaction de Pierre prouve qu'il n'en n'est rien. En fait il demande à cette silhouette de faire un miracle pour lui, pour lui prouver que justement c'est bien Lui, parce que ça Pierre en est sûr, si c'est son Maitre, il ne le laissera pas mourir. 

Alors Pierre fait confiance, il "vient", et manifestement Jésus n'est pas tout près de la barque. Un peu comme un enfant qui fait ses premiers pas, Pierre, au lieu de regarder les bras de sa maman, regarde autour de lui, et voit ce que souvent nous appelons des moutons, ces vagues couronnées d'écume qui se chevauchent, qui vont vite et qui montrent combien ça remue. Et Pierre a peur, tellement peur qu'il perd pied au sens fort, qu'il se sent aspiré par cette eau et qu'il commence à se noyer. Et de là l'appel: "Seigneur sauve moi". Et ce "sauve moi", c'est sauve-moi de la mort; là il ne se pose plus de questions, Pierre, il sait que l'autre, c'est bien Jésus. Comme quoi parfois l'expérience de la mort proche peut ouvrir les yeux.

Le texte dit alors que Jésus étend la main et le saisit, ce qui laisse à supposer que Pierre avait déjà presque atteint Jésus, et que Jésus s'est déplacé pour aider son disciple. Le geste est beau, étendre la main vers, c'est presque un geste de bénédiction. Par contre saisir c'est autrement plus fort. Si on essaye de voir l'image, c'est comme si Pierre était en train de glisser et que Jésus le retient fermement. 

Les deux montent dans la barque toujours secouée par les vagues et ce n'est qu'à ce moment là que la tempête se calme; et que ceux qui sont là se prosternent (pas facile dans une barque), et reconnaissent à ce moment là en Jésus le Fils de Dieu. 

Thomas raconte:

On venait d'apprendre qu'Hérode avait fait assassiner Jean dans sa prison et qu'il pensait que Jésus était comme une réincarnation de Jean. Alors il valait mieux prendre la fuite, au cas où il aurait eu envie de mettre Jésus en prison, comme Jean. On a pris la barque et on voulait trouver un endroit sur la rive, mais en dehors de la ville. Seulement voilà, le bouche à oreille à dû fonctionner, quand on a accosté il y avait une foule immense. Nous qui pensions avoir un peu notre maître pour nous tous seuls! Et bien sûr, il en a guéri tout plein; il leur a parlé, et parlé et encore parlé; et l'un dans l'autre le jour baissait. On s'est regardés, et on s'est dit qu'il fallait lui demander qu'il renvoie tout le monde parce qu'il allait faire nuit, et que bien sûr il n'y avait aucun endroit pour acheter à manger. 

Là, il nous a demandé ce que nous avions, nous. On n'était pas trop contents, mais on lui a dit qu'on avait avec nous 7 gros pains et curieusement deux poissons. Et il a dit aux gens de s'asseoir. On ne comprenait pas ce qu'il comptait faire.

Alors là, vous n'allez pas en croire vos oreilles: il a pris un pain, il a regardé vers le ciel, longuement, il a prononcé la bénédiction sur le pain, il l'a rompu et il nous a dit distribuer les morceaux; et là, des morceaux, il y a en a eu pour tout le monde! Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de pas qu'on a faits pour donner aux uns et aux autres. Pour les poissons c'était pareil. On avait l'impression d'une espèce de folie, mais une folie qui faisait du bien. On ne comprenait pas, on allait, on venait, on donnait encore et encore. Et au final il ya eu des restes; beaucoup de restes. On pensait pouvoir manger, nous, un peu tranquilles au lieu de grappiller un morceau par ci par là.  Mais non, il nous a ordonné de prendre la barque, et d'aller sur l'autre rive. Je dois dire qu'on n'était pas trop contents, mais on lui a obéi. Une journée comme ça, c'est usant. 

Bref on est repartis et voilà qu'à la fin de nuit, le vent s'est levé. Une vraie tempête, et on avait vraiment l'impression qu'elle était dirigée contre nous, et que les vagues qui venaient frapper la coque du bateau étaient bien plus nombreuses que les autres; et il faisait sombre. Et alors tout a coup on a vu une sorte de silhouette qui s'approchait vers nous. On a vraiment eu l'impression qu'elle sortait de l'eau, et qu'elle venait pour nous attirer dans les profondeurs. Mais le fantôme a parlé, et nous avons reconnu la voix de Jésus. Il nous disait d'être sans crainte. Pas si facile. 

Et là, Simon, celui que Jésus a appelé Pierre, a voulu faire le malin. Ça c'est bien lui. Il voulait que la silhouette qui était là, debout dans les vagues, prouve qu'elle était bien Jésus. Des fois, les mauvais esprits, ça peut prendre la voix d'un vivant. Et il lui a demandé de lui ordonner d'aller jusqu'à lui. Et l'autre l'a fait, et Pierre est sorti de la barque! 

On pensait vraiment qu'il allait se noyer. Mais non, il s'est mis à marcher vers la silhouette et puis tout d'un coup il s'est mis à hurler "au secours" et on a vu qu'il commençait à s'enfoncer. Alors Jésus, parce que là, nous avons enfin compris que c'était lui, lui a tendu la main; il s'est déplacé vers lui, et Pierre a attrapé la main, et tous deux sont arrivés au bateau et sont montés. On les a un peu aidés, mais qu'est ce qu'on avait eu peur!

Et d'un coup la tempête s'est calmée. Là, ça a été plus fort que nous, nous nous sommes inclinés devant lui, lui qui avait été capable de marcher sur les vagues, lui qui avait fait marcher Pierre, lui qui avait fait tombé le vent; et on lui a dit que nous le reconnaissions vraiment comme le Fils du Très Haut, Béni soit-il..

Puis nous avons accosté à Génésareth. 

Au fond de moi je me demandais vraiment qui était ce Jésus, cet homme maître des éléments, et en même temps si attentif aux uns et aux autres. 

Et puis du temps a passé, et nous avons connu la pire tempête qui puisse exister: Jésus a été arrêté, et crucifié comme un malfaiteur! Après, une femme est venu nous dire qu'elle avait vu Jésus, mais les femmes... Et nous nous terrions dans une salle, parce que nous avions peur des juifs. Ce premier jour de la semaine, je n'étais pas là. Les autres m'ont raconté que Jésus leur était apparu. Comme autrefois sur la mer déchaînée, ils ont cru que c'était un fantôme. Comme autrefois, il leur a dit de ne pas avoir peur, de ne pas craindre. Puis il leur a donné sa Paix. Alors là, c'est moi qui ai fait comme Pierre: qui ai voulu qu'il prouve que c'était bien lui. J'ai dit que je ne croirais que s'il montrait les trous des clous. Et voilà qu'une semaine plus tard il est venu, il s'est adressé à moi, il a montré les trous dans son corps. Là mon incrédulité a fondu comme neige au soleil. Comme autrefois, même si ce n'est pas rapporté par l'évangile, je me suis incliné devant lui, et en Lui j'ai reconnu Le Fils du Très Haut, mais aussi celui qui était le Seigneur de ma vie: Dieu qui était présent. Et son Esprit est venu en moi, comme il était venu dans et sur les autres. Maintenant je suis vraiment son apôtre, son envoyé.

samedi, mars 16, 2019

La transfiguration. Luc 9, 28-36

Dans l'évangile de Luc il y a bien une première annonce de la passion, mais il n'y a pas la réaction de Pierre rapportée ailleurs, avec la réponse de Jésus "passe derrière moi Satan". Par contre, la péricope se termine par "Il y en parmi ceux qui sont ici présents qui ne connaîtront pas la mort avant d'avoir vu le règne de Dieu"
On peut se demander si la transfiguration n'est pas comme une réponse à ce verset. 

Dans ce récit, très proche des autres récits, Luc mentionne une torpeur (un demi-sommeil) qui s'empare des disciples, comme si cet état de semi-vigilance pouvait permettre de percevoir autrement. On trouve un peu la même chose pour Abraham qui, après avoir partagé des animaux en deux, voit une lumière passer entre les animaux, une nuée épaisse, et un Dieu qui parle, qui fait alliance. Comme si la présence, la manifestation du très Haut, ne pouvait se faire que dans ce sommeil-là. Et j'ai voulu réfléchir comment ce sommeil, qui n'est pas un sommeil, mais qui a permis de "toucher du doigt" la Présence, a été comprise et vécue par les trois disciples.

Pierre raconte la transfiguration: 

Le Maître avait eu une phrase étonnante, il avait dit que "certains ne connaîtraient pas la mort avant d'avoir vu le règne de Dieu". Une fois de plus on n'avait pas compris, mais poser des questions, souvent on n'ose pas. Et puis quelques jours ont passé et il a voulu aller prier sur une montagne. Souvent il prie tôt le matin, même très tôt, avant le lever du soleil. Et là, il nous a réveillés en pleine nuit Jacques, Jean et moi, et on est partis. On a marché pas mal de temps et ça grimpait dur. 

Puis il s'est un peu écarté de nous, et il s'est mis à prier. Moi, j'aimerais bien prier comme lui, mais je n'y arrive pas; je pense à plein de choses, à ce qu'on va faire, à ce qui va arriver s'il doit être mis à mort. Et puis, je dois dire que je n'avais qu'une envie: dormir. 

Je sentais mon corps, je sentais mes yeux, et je me sentais comme figé, collé au sol; et en même temps j'avais l'impression d'être comme sorti de mon corps. 

Mon corps était là, et moi je regardais avec des yeux neufs; j'entendais avec des oreilles neuves. Je ne sais pas comment le dire. Et je l'ai vu lui, Jésus. Je dis lui, mais ce n'était pas lui, il était rayonnant, il était nimbé de lumière, une lumière qui n'était pas celle du soleil qui se levait, mais une lumière qui sortait de lui. Et il parlait avec deux hommes que j'ai reconnus tout de suite: il y avait Moïse qui ne portait pas le voile avec lequel on le représente et qui lui aussi rayonnait, et il y avait Elie, avec son manteau en poils de chameau et sa barbe.

J'entendais ce qu'ils disaient, ils parlaient de Jérusalem et de son départ. Je ne comprends pas trop, mais ça ne me plait pas. Mais c'est sûr que Jésus doit faire ce qui est prévu pour lui depuis toute éternité. Et puis ils sont partis, enfin ils se sont dissous dans le ciel. Et moi, j'aurais voulu qu'ils restent là tous les trois, que le temps s'arrête, que le mauvais n'arrive pas. 

Et là j'ai voulu dire quelque chose, mais c'était comme dans ces rêves où on veut parler et où on n'y arrive pas. Ce que je voulais, c'était qu'ils restent, que nous puissions être tous les six, eux trois et nous trois. Alors l'idée qui était là, c'était de leur construire des tentes, un peu comme la tente de la rencontre.. Je sais que ce n'était pas possible, mais en même temps, j'étais incapable de me taire et je ne voulais pas qu'ils partent, je voulais que ça dure.

Et voilà, que c'est devenu sombre. Il y avait une sorte de nuage qui s'est abattu sur nous, un nuage comme je n'en n'ai jamais vu, un nuage qui faisait peur et qui pourtant protégeait. Et une voix est venue, une voix qui me disait, qui nous disait que nous devions écouter Jésus, que nous devions reconnaître en lui le fils qu'Il avait choisi. Sur le coup je n'ai rien compris, mais moi, je suis lent à comprendre. Puis, une certaine terreur est venue en moi, j'ai compris que nous avions entendu la voix du Tout Puissant, une voix qui s'était adaptée à nos oreilles, une voix qui s'était fait douceur et qui nous demandait de reconnaître vraiment que notre Jésus était son fils et que nous devions l'écouter comme nos pères avaient écouté les paroles retransmises par Moïse.

Et quand la voix en nous s'est tue, Jésus était à côté de nous, semblable à lui-même. Il n'a rien dit, nous non plus. Heureusement que nous étions tous les trois, parce que sinon je me serais demandé si je n'étais pas devenu un peu fou. Et cela, cette vision de lui, avec Moïse et Elie, nous l'avons gardée en nous précieusement. Et nous avions vraiment eu l'impression d'avoir vu le règne de Dieu sur notre terre. 

Nous sommes redescendus, et curieusement nous ne sentions plus la fatigue. Et dès que nous avons retrouvé le village d'où nous étions partis, il a choisi des disciples pour les envoyer au devant de lui, pour annoncer la parole. Et la vie a repris son cours.

samedi, mars 09, 2019

La complainte du diable. Luc 4, 1-13

Premier dimanche de Carême. . Les tentations rapportées par Luc. 
Il s'agit bien d'une sorte de duel entre le diable et Jésus, duel dont Jésus sort vainqueur. Alors, j'ai eu envie de laisser parler le Satan, celui qui était à la cour du Très Haut et qui avait mis une sorte de contrat sur Job. 
Et cela s'appelle "La complainte du diable qui a épuisé toutes les formes de tentations".

"Pas moyen, de pas moyen! 
Et pourtant j'ai tout essayé. Il est plus fort que moi, il m'a vaincu et je lui en veux. Mais je ne m'avoue pas battu. Je vais vous raconter ce qui s'est passé entre moi et lui, alors qu'il était dans le désert, et qu'il connaissait la faim. 
Avec Eve, le coup du fruit appétissant, ça avait bien marché. Alors avec lui, comme ça faisait un bon bout de temps qu'il se prenait pour Moïse sur la montagne et qu'il n'avait rien mangé, je pensais que ça irait tout seul. Et puis il commençait à avoir des hallucinations, parce que la chaleur ça fait ça. 
Je me suis présenté avec d'abord une petite hallucination visuelle, en lui montrant des pierres qui se transformaient en pain, vous savez ces galettes qui cuisent toutes seules avec la chaleur, ces galettes que l'on met sur des pierres. Et ça sentait bon ces galettes. Et elles étaient belles à regarder. Et puis tout est redevenu comme avant, le sable, des pierres, le soleil, quelques buissons. Oh j'ai été très poli, je lui ai dit que s'il était le fils de Dieu, (ce qu'il est à mon grand désespoir, parce que moi, l'ange de lumière, c'est ce que j'aurais voulu être), il n'avait qu'à dire à ces pierres de se transformer en pain. Vous savez, ça c'est le rêve de tout homme, manger dès que la faim apparaît. C'est un reste de leur petite enfance où le sein de leur mère était là, à leur demande. Lui, il m'a répondu qu'il se nourrissait de toutes les paroles qui sortaient de la bouche de Dieu. Je n'étais pas content qu'il se serve de la Tora pour me répondre, mais il m'avait cloué le bec et il s'est remis à prier. 
J'ai laissé passé un peu de temps; Il fallait que je réfléchisse, que je trouve un truc auquel aucun être humain ne peut résister. Et j'ai pensé à la puissance, lui proposer de devenir le maître des nations. D'ailleurs il sait qu'il doit être la lumière des nations; ce que je propose c'est un peu différent, j'espère qu'il ne fera pas la différence, parce que le jeûne ça affaiblit quand même. Mais je n'aurais pas dû faire un marchandage, dire que je lui donnerais cela s'il se prosternait devant moi. Parce que là, il s'est rebiffé, il a réagi et m'a encore cité les écritures, en me disant que c'est devant Dieu seul qu'il faut se prosterner. Son peuple s'est tellement prosterné devant mes Baals que je pensais qu'il ne ferait pas trop la différence. Donc là encore, avec la tentation de la puissance, j'ai échoué. Il reste celle de l'immortalité; alors je vais la lui proposer.
Je lui ai envoyé alors une nouvelle hallucination. Il était à Jérusalem, au pinacle du temple. Il avait le Cédron en dessous, et cette vue tellement belle sur la ville. Je lui ai dit qu'il pouvait se jeter en bas, dans le vide, et qu'il ne lui arriverait rien, parce qu'il est dit que "son Père a donné ordre aux anges de le garder, et qu'ils feront ce qu'il faut pour qu'à la pierre son pied ne heurte". C'est dans un psaume. Là je le reconnaissais bien comme le Fils, mais j'espérais vraiment qu'il allait faire ce saut dans le vide pour expérimenter la présence des anges. Et bien non, il s'est encore réfugié derrière l'écriture en me disant: " Tu ne mettras pas ton Dieu à l'épreuve". 
Et il s'est retrouvé dans le désert, dans la chaleur. Et puis une brise s'est levée. Cette brise je la connais bien, c'est celle qui manifeste la présence du Tout Puissant. Alors j'ai dû céder la place, mais je ne me tiens pas pour battu. Job a su ne pas maudire parce que je l'avais privé de sa famille, et même de sa santé, mais celui là, quand il sera mis à mort, on verra bien! Et en attendant, je vais m'opposer à lui par tous les moyens. La terre est mon royaume; je ne veux pas qu'il me l'enlève"

lundi, mars 04, 2019

Alors Jésus regarda autour de lui - Mc 10, 23

C'est à partir de ce verset du chapitre 10 que s'est faite ma réflexion ce matin.
Il s'agit de la rencontre de Jésus avec l'homme riche. Celui-ci vient de partir, et l'impression que j'ai eue c'est que Jésus, dans la rencontre avec cet homme, s'est complètement abstrait de son environnement; qu'il s'est plongé dans son désir de salut. Puis il revient en quelque sorte sur terre, voit ses disciples, et finalement il les enseigne à partir de ce qui vient de se passer.

Sauf que cela les déconcerte: ils ne comprennent rien, et ne sont pas trop rassurés.

J'ai eu alors envie de raconter ce que Jésus a peut-être ressenti, mais en reprenant une grande partie de ce chapitre 10 de Marc, c'est à dire les versets 13 à 31.

Jésus raconte:

On était sur la route qui doit me conduire sur le chemin que mon Père a décidé pour moi. J'ai essayé d'en parler un peu à mes disciples, mais quand je parle de souffrance, de mort, puis de revenir à la vie, ils ne comprennent pas; ils pensent que je suis un peu fou. Ils me font penser à ma famille, qui croit que je suis fou, et qui aimerait bien m'enfermer comme si j'étais un possédé. 

Puis nous avons rencontré des parents qui voulaient que j'impose les mains à leurs enfants. Je ne sais pas trop ce qu'ils attendent; peut-être la "baraka" pour leurs enfants... Je sais bien qu'ils veulent du bon pour leurs enfants, et qu'une bénédiction c'est un peu comme une assurance contre les mauvais coups de la vie; moi, j'aime bien. Mais Pierre et les autres ne supportent pas les enfants; alors ils ont fait barrage, et ils ont renvoyé un peu brutalement les petits et leurs parents. J'ai réagi, mais je sais qu'ils n'ont pas compris que je me sois fâché; souvent ils croient bien faire, et ils se trompent.

Car moi, je veux - et c'est important pour ceux qui suivront ma voie - qu'ils comprennent que ce que j'attends d'eux, c'est qu'ils soient joyeux comme ces petits enfants, confiants comme ces enfants; et pas fiers non plus. Peut-être qu'ils comprendront cela un jour, parce que moi, je suis comme ça, même si je suis leur Rabbi.

On était repartis, et voilà qu'un homme arrive et tombe à mes genoux. Je pensais qu'il voulait se faire guérir d'une maladie. Mais non c'était autre chose, sauf que moi, je voulais vraiment qu'on prenne la route. Il ne tombait pas bien du tout.

Et voilà qu'il me dit "Bon Maitre, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage". Là, je dois dire qu'il m'énervait un peu, et que je l'ai envoyé bouler, mais gentiment, à ma manière. "Bon Maître"… Bien sûr que je suis bon! Mais pas comme les hommes le souhaitent. Et puis "avoir la vie éternelle en héritage".. Quand mon Père parle d'héritage, il s'agit de la terre promise, il ne s'agit pas de la vie éternelle, comme si c'était un dû. La vie éternelle, c'est, comme je leur dirai un jour, "qu'ils te connaissent Toi, et qu'ils reconnaissent en moi ton envoyé". S'ils reconnaissent cela, alors l'Esprit leur sera donné. Et cette présence de moi en eux, de eux en moi, c'est cela la vie éternelle. 

Je lui ai rappelé les commandements de Moïse, ceux qui concernent la relation avec les autres, et il m'a dit que tout cela, il l'avait fait depuis sa jeunesse. Peut-être que c'est ce mot de "jeunesse" qui m'a ému: il ne m'énervait plus cet homme; il était là, il me regardait, et moi je le regardais et je le sentais tellement sincère. 

Et je me suis mis à l'aimer... J'ai compris alors qu'il ne voulait plus "faire pour faire", mais être... Mais pour cela il lui faudrait se débarrasser de beaucoup de choses! Je lui ai dit qu'il devait vendre tout ce qu'il avait, puis donner le résultat de cette vente aux pauvres (je n'ai pas dit qu'il devait me donner cet argent à moi et à mes amis, non, je voulais qu'il soit libre), et que cela lui donnerait un trésor au ciel. Il doit se dépouiller, comme moi je me suis dépouillé, et c'est ainsi qu'il sera riche. Puis j'ai ajouté qu'ensuite il vienne à ma suite. 

Et là, il est arrivé quelque chose d'imprévu. Il a baissé la tête, il est devenu tout triste et il est parti sans un mot. J'ai compris que j'avais touché le point sensible, ses richesses. Et je me suis senti vide, seul, abandonné. Un peu aussi comme si le temps s'était arrêté. Mais j'ai vu alors mes disciples qui me regardaient et qui ne comprenaient pas. 

Et je leur ai dit que pour celui qui possède des richesses - même si cela peut-être un signe qu'il fait la volonté de mon père, même s'il donne la dime et une partie de tout ce qu'il reçoit, ce n'est pas si simple. Il faut qu'ils comprennent qu'entrer dans le royaume - parce que le royaume ça ne s'achète pas -, c'est aussi difficile que pour un chameau de passer par la porte de l'aiguille, s'il porte sur lui tout son harnachement. En voyant leur tête j'ai compris qu'une fois de plus ils me prenaient pour un fou. Et alors ils m'ont demandé qui pouvait être sauvé. Je leur ai répondu - mais le comprennent-ils - que les hommes ne peuvent pas se sauver en "faisant", mais que mon Père, lui, lui qui m'a envoyé, peut les sauver. Ce qui est impossible aux hommes, est possible à Dieu, le Tout Puissant.

Là dessus, Pierre a pris la parole. Je m'y attendais un peu. Il m'a demandé quelle récompense ils auraient, lui et ceux qui avaient tout quitté pour marcher à ma suite. Je lui ai répondu qu'ils auraient tout au centuple, mais pas ici bas… Ici-bas ce serait, comme pour moi, les persécutions et la mort, mais là-bas, dans le royaume, ce sera cette vie à laquelle ils aspirent sans trop savoir ce qu'elle est. Et je leur ai fait remarquer que ceux qui semblent les nantis sur cette terre, ne seront pas ceux qui auront la meilleure place plus tard; et que au contraire les petits, les culs-terreux, ceux-là seront les premiers. Je ne sais pas si ça les a rassurés. Je ne crois pas, parce que quand je me suis remis en route, ils étaient en groupe derrière moi… Mais il y a quelque chose qui m'a fait un immense plaisir. L'homme de tout à l'heure, celui qui était parti tout triste, eh bien il était avec les miens, il avait du prendre sa décision et il avait fait son choix. 

Je sais que pour moi les jours sont comptés, mais je sais aussi que mes paroles ouvrent le chemin et c'est pour cela aussi que je suis venu.


vendredi, mars 01, 2019

"Je dois être complètement bouché..." Mc 9 et 10

Je dois être complètement bouché, mais je ne comprends plus grand chose... Mc 9, 35-50 et 10, 1-16.

Objectivement, mis à part les enseignements plus ou moins traditionnels, la fin de ce chapitre 9 et le début du chapitre 10 - qui est un chapitre important puisque Jésus est sur la route qui le mène à Jérusalem et donc à la passion - sont difficiles. D'autant qu'on a parfois l'impression que l'évangéliste fonctionne un peu avec des accroches: qui dit feu, dit saler par le feu, qui dit saler dit sel… Qui dit sel dit... 

Bien sûr, on peut parler de scandale, d'endurcissement, de sel, de l'enfer, du fait que Jésus ne demande pas des amputations mais des renoncements; mais il y a des mises en garde précises. Lire tel quel n'est pas facile, et c'est un peu ce que j'ai voulu rendre au travers du questionnement d'un disciple, puisque Jésus s'adresse à eux.


Le disciple s'exprime

Depuis qu'il a guéri cet enfant possédé, et qu'il parle ouvertement de ce qui va arriver, même si moi j'espère qu'il se trompe, qu'il ne sera pas condamné à mort mais que le peuple qu'il aime tant le défendra, je dois dire que je ne comprends pas grand chose. 

Et d'abord, comment peut-on ressusciter des morts? Si c'est redevenir vivant pour mourir ensuite, comme le soldat dont le corps a touché les os du prophète Elisée, mais qui est mort comme tout le monde ensuite, je ne vois pas. Alors c'est sûrement autre chose, mais... 
Qu'il soit emporté au ciel sur un char de feu, ça ça me plairait bien, mais ce n'est pas son genre. Mais s'il n'y avait que ça.. Il nous en dit des choses!
Il y a le prophète Ézéchiel qui a rapporté cette vision des ossements desséchés qui reprennent vie grâce au souffle de l'Esprit. Peut-être qu'il veut parler de cela: qu'un jour le souffle de Dieu le fera redevenir vivant pour l'éternité, lui qui parle de la vie éternelle; peut-être, mais que c'est difficile! 

Et là, je reviens à tout ce que je ne comprends pas. Il parle d'amputations, si on ne veut pas brûler éternellement dans la géhenne de feu, là où iront lors du jugement dernier ceux qui se détournent du Très Haut. Se couper une main, un pied ou s'éborgner, ça veut dire quoi? À quoi ça sert de se mutiler et en plus c'est interdit par la Tora.

Est ce qu'il veut dire que si je n'ai qu'une seule main, je ne pourrais plus attraper, cogner sur un autre? Peut-être. Mais je crois que je n'ai pas besoin me mutiler pour ne pas faire du mal. Depuis que je suis avec lui, petit à petit je regarde les autres comme lui les regarde et j'apprends à les aimer et à les respecter .Mais c'est vrai que la colère ça fait faire des choses pas belles. Et c'est vrai aussi que des phrases comme ça, on les retient.

 Si je n'ai qu'une seule jambe, je ne peux plus tenir debout; et si je ne tiens plus debout, je tombe et on doit me ramasser, m'aider. Peut-être qu'il veut dire que j'ai besoin que mes deux jambes soient là pour que je puisse tenir debout, marcher, me déplacer, mais pas pour faire du mal à un autre, comme lui donner des coups, le faire tomber. Peut-être qu'il veut que je reste debout, mais que je marche derrière lui, et pour ça, j'ai bien besoin de mes deux jambes. 

Et si je n'ai qu'un œil, si je suis borgne, là encore à quoi ça sert? Qu'est ce qu'il veut dire? 
Peut-être que, si je regarde avec envie ou convoitise ce que possède l'autre, et que - comme le roi Achaz qui voulait la vigne de Nabot - je cherche comment m'en emparer, et je fomente des idées de piège, de mort, c'est mal. Et que ces pensées, je dois les extirper de moi si je veux entrer dans la vie éternelle. C'est un peu comme s'il me disait que j'ai un oeil qui regarde vers Dieu et un autre qui regarde vers Satan, et que je dois me séparer de cet oeil qui veut me faire faire de mauvaises choses, qui me donne de mauvaises idées. 
Mais je peux comprendre que ce qu'il veut dire, c'est que le péché est là, et que j'ai quelque chose à faire, moi, si je veux avoir la vie éternelle! N'empêche que c'est bien compliqué.. 

Après, il parle "d'un feu qui sale". Ce n'est plus la géhenne où ça brûle dans arrêt, c'est un autre feu, mais ça veut dire quoi? 
Du coup je pense aux feux allumés par les pécheurs sur le bord du lac, aux poissons grillés, ou fumés qui parce qu'ils sont cuits, donnent tous leurs parfums, tous leurs sucs et qui se conservent... Et là, je comprends un tout petit peu. 
Il y a un autre feu, un feu qui purifie, un feu qui transforme. 
Ce feu, j'espère qu'il nous le donnera un jour. Je pense à un feu qui qui pourrait exalter ce qu'il y a de bon en moi, ce qu'il appelle le sel. Mais quand même c'est rudement compliqué. 

Et puis, il nous dit aussi de faire attention à ce qu'on dit, et à ce qu'on fait, pour ne pas être une cause de chute pour tous ceux qui sont dans les villages: qui viennent d'abord pour être guéris, et puis qui découvrent que la guérison c'est bien, mais que vivre autrement c'est mieux; mais qui ne savent pas trop comment s'y prendre.

Ceux-là, il les appelle les petits et il les aime beaucoup, beaucoup. Et nous devons prendre soin d'eux. Mais pour le moment, c'est lui qui le fait et il le fait très bien.

C'est comme avec les enfants. Les enfants, c'est souvent sale, ça sent mauvais, ça ne comprend rien. Mais voilà que lui, il les touche, il les embrasse, il les bénit. Et il dit que si on accueille un enfant, je pense qu'il veut dire qu'on ne le chasse pas, c'est lui qu'on accueille. 
Mais il veut dire quoi le Maître? 
Il est un adulte lui, il est propre, il sait parler, il sait nous aider à discerner; et il voudrait qu'on redevienne comme ça? 
Peut-être qu'il veut parler de la confiance, et ça, c'est vrai que les enfants ils en ont de la confiance. Bon, alors ça je veux bien, n'empêche que c'est bien difficile.

Et pour compliquer encore les choses il y a eu ces éternels pharisiens, qui veulent le prendre en défaut et qui l'entrainent dans des discussions qui n'en finissent pas. Sauf que lui, il sait leur clouer le bec. Là, il s'agissait de savoir si on a le droit ou non de renvoyer sa femme, et je me sens concerné. Il leur a demandé ce que disait Moïse. Ils lui ont répondu que Moïse l'avait permis, à condition d'établir un acte de répudiation. Sauf que l'adultère est puni de mort.. Et que bien souvent ceux qui divorcent c'est pour changer de femme, pour en avoir une plus jeune, une plus belle.
D'après ce qui se dit, avec un peu d'argent on peut avoir cet acte de répudiation, et la femme se retrouve mise au ban de la société. 
Et là, Jésus leur rétorque qu'en faisant cela ils ne respectent pas la loi donnée par le Tout Puissant; et je crois qu'il veut leur faire comprendre que tout ce qui vient en plus des Dix paroles données sur la montagne, et qui sont là pour faire grandir l'amour, ça ne sert pas à grand chose. A la limite, il y a les lois (pas la Loi) et l'Amour; et lui il est venu pour nous faire comprendre ça, mais qu'est ce que c'est difficile... 

Je me suis même demandé si ce n'étaient pas eux, les purs, qui sans s'en rendre compte, commettaient cet adultère que les prophètes reprochaient à notre peuple. Certes ils ne vont pas vers des dieux étrangers, mais ils font de la loi une espèce d'idole, et ils ne voient plus que notre Maître est là pour les aider à renaître de l'Esprit. Et ça, ils ne le veulent pas, et je sens bien qu'ils veulent le lapider et ça, ça me tue.

Aujourd'hui, alors que nous avons quitté la Galilée pour aller vers la ville sainte, je sais que j'ai encore du chemin à faire pour qu'en moi s'opère une purification. Il y a du bon en moi, mais j'ai besoin de son amour à Lui, pour que mon cœur et mes oreilles s'ouvrent, et que mon vrai cœur comprenne ce qu'il veut me faire comprendre. Finalement je suis un vrai juif.. J'ai la nuque bien raide….