samedi, septembre 08, 2018

Lc 5, 34: " Pouvez-vous faire jeuner les invités de la noce, pendant que l'Epoux est avec eux?

Lc 5, 34: " Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce, pendant que l'Epoux est avec eux?

Dans l'évangile de Luc (Lc 5, 33-39), les petites paraboles sur sur le manteau neuf que l'on ne déchire pas en en faisant des morceaux (des pièces) pour raccommoder un manteau usé (ce qui ne convient pas), et les outres anciennes qui sont impropres à contenir du vin nouveau, se trouvent après les guérisons d'un lépreux et d'un paralytique, et surtout après l'appel de Lévi, qui se termine par un repas. Or c'est juste après ce récit, terminé par un repas qui rassemble certainement tous ceux qui sont méprisés par les fidèles de la Loi, qu'arrive cette remarque insidieuse sur les disciples de Jésus qui ne respectent pas les règles.

Or peut-être que ce jour là était un jour de jeûne, donc facile pour les "bien-pensants" de faire cette remarque. Mais s'ils jeûnent, c'est pour que Dieu vienne visiter son peuple... Or en Jésus, Dieu est là, il est bien là. Alors effectivement ce n'est pas le moment de jeûner et de faire des prières. 

Seulement voilà, pour comprendre cela, il faut admettre que cet homme sorti d'on ne sait pas trop où, cet homme que les esprits impurs appellent "le Saint de Dieu", est bien celui que l'on attend, alors qu'il fait des choses pas très catholiques, comme des guérisons un jour de sabbat, manger avec des publicains, et surtout pardonner les péchés.

Il me semble que quand Jésus leur répond que "des jours viendront où l'époux leur sera enlevé et que ce jour là, ils jeûneront", ils auraient pu, ou dû entendre: "Des jours viendront, oracle du Seigneur, où… l'époux leur sera enlevé"; ce qui d'emblée montre que Jésus sait ce qui va advenir de lui. 

Peut-être auraient-ils pu comprendre que c'était maintenant le moment favorable, et que l'Epoux (Dieu) était présent. Mais encore faut-il pouvoir l'entendre, comme il faut pouvoir entendre que Jésus est l'Epoux et accepter de se laisser surprendre, de ne pas se bloquer dans son savoir. 

Les deux paraboles qui suivent - et dans cet évangile c'est la première fois que Jésus utilise ce mode de transmission, ce qui fait aussi de lui le nouveau Salomon - racontent, finalement, qu'il est lui, et le manteau neuf - et ce manteau ne pourra pas servir à raccommoder le manteau de la première alliance -, et qu'il est le vin nouveau, qui ne peut pas être contenu dans des outres qui ont déjà servi. Le vocabulaire est assez rude: déchirer, éclater: donc inutilisable. 

Peut-être espère-t-il que ses auditeurs, si critiques envers lui, comprendront que c'est leur cœur qui est à changer. Mais la dernière phrase montre qu'il sait que c'est quasiment impossible. Quand on est sûr de quelque chose, on n'en démord pas. 

Et il paraît alors assez évident que les huit paroles des Béatitudes (Lc 6,20-26), qui viennent peut-être compléter les 10 paroles données par Moïse (Ex 20, 1-17), ne pourront pas être entendues par ceux qui sont sûrs d'avoir la connaissance et qui le condamnent au nom de cette connaissance.


Mt 1, 18: " Marie fut accordée à Joseph ".



 8 septembre: nativité de la vierge. 

J'ai un peu de mal avec les fêtes de la Vierge qui ponctuent l'année (c'est vrai aussi des fêtes concernant St Jean Baptiste), parce qu'on ne sait rien du moins dans les évangiles de l'histoire telle que nous l'entendons  aujourd'hui, avec des dates.. Mais elle explique le choix de la date de la fête de l'immaculée Conception du 8 Décembre sauf que cette fête là, est très ancienne dans l'Eglise. 

J'ai essayé de réfléchir un peu sur le sens de cette fête. Dans un premier temps, je me suis dit que Septembre c'est le temps de vendanges, le temps du vin nouveau et que faire naître Marie à cette époque là, cela permettait peut-être aussi de lutter contre le culte de Dionysos et de le remplacer par autre chose de "pur" . Avec Marie c'est le vin nouveau qui va nous être donné, et la joie qui va avec. C'est un peu comme une fontaine de jouvence, un bain de fraicheur. 

En même temps, j'ai toujours aimé me représenter Marie comme la nouvelle Arche d'Alliance, celle à l'intérieur de laquelle reposera la Présence. 

Et de là, j'en arrive à l'évangile de ce jour, (en sautant la généalogie) qui est un évangile que j'aime simplement à cause de ce petit bout de phrase (je sais qu'il y a des divergences de traductions, mais c'est celle-là que j'aime): Mt 1, 18 "Marie fut accordée en mariage à Joseph" (TOB), mais il y a presque la même phrase dans Luc Lc 2,5 "Joseph prit avec lui, Marie qui lui avait été accordée en mariage".  Ailleurs on trouve fiancée, promise. Mais cette expression "fut accordée", qui bien sûr renvoie à "fut donnée  à Joseph", évoque pour moi tout autre chose. 

Accordée, c'est la corde qui sonne juste, c'est la bonne corde pour le bon instrument. Et Marie, c'est cette corde là, qui va sonner juste: c'est la corde qui a juste la bonne tension, la bonne longueur, le bon diamètre et qui va sonner juste. C'est la corde donnée à l'instrument qu'est Joseph. Et pourtant, ça  fabien failli se casser, se briser...

 Car cette naissance pas prévue, cette grossesse qui déboule comme cela, ça aurait pu tout casser, tout détruire. Après tout, Joseph est quand même à deux doigts de renvoyer Marie. Et pourtant  cette union va continuer à sonner juste. 

La corde qu'est Marie, s'accorde à l'instrument qu'est Joseph et à eux deux, ils vont jouer une belle musique,  parce que Joseph s'accorde lui, à ce qui lui est dit de la part d'un ange dans un songe. 

Alors c'est l'accord parfait entre ces deux là, pour que de cet accord naisse celui qui doit venir. 

Alors merci à la TOB d'avoir choisi de verbe là, ce verbe qui pour moi chante juste, sonne juste et qui me donne envie de m'accorder à celui qui est venu. 

Je peux dire aussi que j'aime le mot "épousée", que l'on doit trouver dans certaines traductions. Cela évoque pour moi la forme qui en épouse une autre, on parle souvent de gant qui épouse la forme de la main sans que la main ne soit gênée, mais qui la protège. Et là encore je me dis qu'entre ces deux là, ces deux qui sont accordés, ces deux qui se sont épousés, c'est deux qui "fonctionnent" ensemble dans l'union, liés qu'ils sont par cette confiance totale en Dieu et en ce que Dieu leur demande. 


dimanche, septembre 02, 2018

Mt 20, 16: " C'est ainsi que beaucoup de derniers seront les premiers..."

Mt 20, 16: " C'est ainsi que beaucoup de derniers seront les premiers et que les premiers seront les derniers"

Ce verset conclue l'évangile des "ouvriers embauchés à la vigne." Il semble que, même si Jésus s'adresse à ses disciples, cette parabole s'adresse aux responsables de la transmission de la foi, les grands prêtres, mais elle concerne aussi "la foule", tous ceux qui sont là et qui écoutent. Et on peut penser que cette petit histoire n'a pas du vraiment plaire!

Mais cette phrase, se retrouve à l'identique, mais inversée, à la fin du chapitre 19, chapitre centré sur la question des richesses et du pardon (être riche à ce niveau là, pardonner sans compter), et qui s'adressait surtout aux apôtres, qui eux avaient tout quitté pour suivre Jésus; le texte se termine presque par la même phrase: "beaucoup de premiers seront derniers et beaucoup de derniers seront premiers"

Il s'agit donc d'un retournement dans la manière de voir ce qui se passera dans l'Au-delà, même si les psaumes ont toujours fait l'éloge des humbles, des petits des pauvres, de ceux qui se confient en Dieu.

Finalement c'est la même phrase qui se retrouve à quelques versets d'intervalle, mais compte tenu de la pagination en chapitres, dans deux chapitres différents, ce qui fait qu'on a un peu l'impression de deux épisodes distincts, alors qu'il n'en n'est peut-être rien. SI Jésus veut enfoncer le clou, il vaut mieux dire deux fois de suite la même chose. Peut-être que pour entrer dans la bonne nouvelle, il faut parfois sortir de cette organisation en chapitres, organisation somme toute récente, puisqu'elle date du 15° siècle, pour relire ces péricopes dans une continuité, de manière à ce qu'elles nous parlent peut-être un peu autrement. 

Alors qui sont les premiers, qui sont les derniers? Et les premiers au regard de qui, les derniers pour qui? 

Et on peut bien penser que ce petit groupe d'hommes, venant pour la majorité d'entre eux de cette Galilée qui n'a pas trop bonne réputation, avec dans son sein un publicain (Matthieu), devait être considéré par les "bien pensants" (les premiers) comme les derniers (ceux qui ne valent rien aux yeux de Dieu). 

Alors ce que Jésus fait comprendre tout d'abord avec cet homme qui vient demander ce qu'il "faut faire pour avoir la vie éternelle en héritage", cet homme qui finalement est une sorte de bon élève si on fait référence à ce qui devait être prêché par les pharisiens, c'est tout autre chose. Malgré sa richesse qui est quand même un signe de bénédiction, malgré son côté "bon élève, voire premier de la classe", s'il fait passer ses richesses avant le service, il ne sera pas reçu dans les premiers. En d'autres termes, ceux qui pensent être les meilleurs, les premiers de la classe, risquent fort d'être très déçus dans le futur et de voir que ceux qu'ils ont méprisé seront bien mieux placés qu'eux dans le Royaume. Jésus le dira autrement en parlant du publicain et du pharisien qui montent au Temple pour "prier". 

Le royaume est quand même revendiqué par les bons, par les pharisiens, par tous ceux qui travaillent sans cesse à faire la volonté, à suivre les commandements et les préceptes, à ceux qui font, mais qui ne sont pas dans l'être, car ils méprisent bien souvent les autres et qui plus est, ce Jésus, cet homme prophète et guérisseur qui leur vole des disciples et qui leur dit bien leurs quatre vérités. Comment cet homme-là pourrait il être le Sauveur attendu, alors qu'il refuse de leur donner "un signe venant du ciel", même si par ailleurs il expulse à tour de bras les démons.. Eux seront dans le royaume, parce que eux, ils savent comment ça doit se passer, mais Lui et ses disciples, sûrement pas..

Mais revenons aux textes des chapitres 19 et 20. 

La fin du chapitre 19, concerne donc ce jeune homme qui voudrait bien "avoir la vie éternelle", mais qui ne peut pas s'alléger suffisamment pour suivre Jésus. Or la richesse est un peu synonyme de bénédiction. Ce qui permet de penser que cet homme qui semble faire tout bien, qui est un "premier de la classe", finalement ne passera pas brillamment l'examen de passage pour entrer dans le royaume, contrairement à ceux qui suivent Jésus dès aujourd'hui et qui seront reçus dans un bien meilleur rang. La question qui se pose, et à laquelle Jésus répond - et c'est bien cela la bonne nouvelle, c'est que le Royaume est déjà là, et qu'il n'est pas réservé aux "meilleurs", mais aux pauvres types, à ceux qui ne trouvent pas de travail, à ceux qui semblent louper leur vie, mais qui espèrent. Et c'est bien ce que raconte cette parabole.

Ce qui est étonnant c'est que le maître passe quatre fois sur la place, et que finalement à chaque fois, il rencontre d'autres hommes en quête de travail; qu'il embauche à tour de bras pour un salaire "juste". Sembler reprocher lors du cinquième passage, à ceux qu'il voit, de ne pas avoir trouvé une embauche paraît curieux. D'un point de vue logique, mais les paraboles ne sont pas logiques, ces hommes se retrouvent là en désespoir de cause et la journée étant finie, ils vont encore rentrer chez eux sans avoir de quoi donner à leur famille. Et voilà qu'on leur offre un travail et qu'ils sautent sur l'occasion, à mon avis sans trop se demander ce qu'ils vont gagner.

Travailler à la vigne, dans le langage biblique, c'est travailler pour le Seigneur, car les textes qui comparent Israël à une vigne sont nombreux, une vigne qui donne du fruit, ou une vigne désespérante ou une vigne mise à mal par des bêtes sauvages (les assaillants). 

Or ceux qui travaillent à la vigne, ce sont ceux que Jésus appelle, et c'est aussi Jésus qui arrive après tout le monde et qui prend la première place pour beaucoup. Maintenant c'est lui qui embauche, qui embauche les bonnes volontés qui jusque là étaient méprisés par les bien pensants, et c'est Lui qui rémunère non pas en fonction du nombre de grappes cueillies, mais à mon avis de l'amour et du respect avec lequel cela a été accompli.