samedi, avril 29, 2023

Jn 10, 1-11. Le bon pasteur. 4° dimanche après Pâques. Avril 2023

 SEMAINE DU 30 AVRIL AU 6 MAI. ÉVANGILES

 

DIMANCHE 30 AVRIL. Jn 10,1-10



Le texte proposé est le début de ce chapitre. Or le chapitre lui-même n'est pas du tout, du moins au premier abord, en lien avec ce qui s'est passé avant: la guérison de l'aveugle de naissance. Et il sera suivi par le dernier signe: la résurrection de Lazare. Avant de travailler le texte proposé lui-même, j'ai voulu lire et donc retravailler un peu tout le chapitre, de manière à essayer de mieux le comprendre.


        La première partie: Discours aux pharisiens qui ne comprennent pas.

 

Étonnant donc ce texte, qui semble n'avoir aucun rapport avec ce qui s'est passé avant, sauf ces clivages permanents chez les juifs (pharisiens surtout) qui ne savent pas trop s'ils veulent ou ne veulent pas suivre ce Jésus qui pose trop de problèmes: Qui est-il, au nom de qui parle-t-il, est-il un possédé? Pourquoi ne respecte-t-il pas la règle élémentaire du sabbat?

 

Je me demande si Jésus ne s'adresse pas, ici, à ceux d'entre eux qui se lamentent de perdre des disciples: et il se présente comme l'unique Pasteur; ce qui veut dire aussi qu'il est Dieu, puisque Dieu se présente comme cela, dans le livre d'Ézéchiel (Ez 34), quand Il reproche aux prêtres de ne pas s'occuper correctement du troupeau qui leur a été confié. 

 

Jésus, de fait, attaque ceux qui viennent, par derrière, dire du mal de lui à ceux qui le suivent. Et il les traite de voleurs et de bandits (lui-même sera crucifié comme un bandit). Mais cela fait aussi penser à ce qui se passera dans l'église des premiers temps, où - si on lit Paul - des juifs viennent pour ramener les nouveaux croyants sous le rituel juif (circoncision essentiellement); ou dans les épitres de Jean qui parlent d'hérésies. 

 

Il y a une nécessité, passer par la porte. 

 

Or à Jérusalem, il y a bien une porte qui se nomme ainsi. La porte des brebis, pas loin de la piscine aux 5 portiques, là où Jésus a guéri un paralysé, et ce un jour de Sabbat. Or ces brebis sont destinées au sacrifice, à la mort. Et Jésus, lui, propose que ces brebis qui le suivent soient vivantes, et surtout qu'elles soient dans la liberté: elles peuvent aller et venir, elles ont donc le choix, ce qui n'est pas le cas des brebis du troupeau des pharisiens. 

 

Si on lit le chapitre en entier, on voit qu'il se termine mal…

 

En fait dans le chapitre, il y a ce premier discours qui arrive sans préavis, puis ce qui se passe au moment de la fête de la dédicace. 

 

La première partie se termine par l'affirmation que Jésus est le maître de sa propre vie; qu'il est aimé du Père, et qu'il annonce ce qui va advenir de lui. Il donne sa vie, et il la recevra à nouveau, ce qui peut paraître bien obscur. Et c'est à nouveau la division sur qui est Jésus: un envoyé ou un possédé.

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16 J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos: celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix: il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.

17 Voici pourquoi le Père m’aime: parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau.

18 Nul ne peut me l’enlever: je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau: voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »

 

     La deuxième partie, la Fête de la Dédicace.

 

Le spectacle est assez étonnant. On voit Jésus qui marche, qui va et vient, sous la colonnade de Salomon. Le "aller et venir", c'est ce qui s'est passé lors de l'appel des premiers disciples. Et la colonnade de Salomon, c'est un lieu qui peut évoquer la Sagesse et la Royauté. 

 

Et voilà le groupe des pharisiens qui arrive, et qui fait cercle autour de lui. Jésus devient le point de mire, le centre. On ne sait pas où sont ses propres disciples. Mais c'est presque une attaque: seul au milieu de tous, seul contre tous. Et la question qui les empêche de dormir, c'est: Qui es-tu? Es-tu celui qui est attendu, le Christ? C'est la même question qui a été posée à Jean le baptiseur. Et il y a eu une réponse de ce dernier, disant que quelqu'un était là, qui était l'Oint.

 

La réponse de Jésus est désabusée. À quoi ça sert, ce que je vous dis, puisque vous ne voulez pas ouvrir les yeux; vous êtes comme cet aveugle, que j'ai guéri. Et il passe à l'attaque en le disant qu'ils ne sont pas ses disciples, que ses disciples à lui, ses brebis, elles, elles le croient, et qu'elles ont déjà la vie éternelle. Et à nouveau le conflit latent: mes brebis, vous n'arriverez pas à les enlever de ma main, de mon troupeau, quoique vous fassiez. Et l'affirmation qui va mettre le feu aux poudres: le Père et Moi, nous sommes UN. 

 

La réaction est immédiate: lui jeter des pierres et le tuer, par il se fait l'égal de Dieu, lui qui est un homme. Ce qui redonne un de ces dialogues rabbiniques (un peu énervants), où Jésus montre qu'il a parfaitement le droit de dire qu'il est divin puisque c'est ce que dit un psaume. Et cela se termine par ce qu'on pourrait appeler une clé de lecture: regardez les œuvres que je fais, et si cela ne vous oblige pas à voir en moi, le Christ, c'est cela qui vous ouvrira les yeux et vous permettra de comprendre ce que vous refusez: que je suis dans le Père et que le Père est en Moi. 

 

Seulement quand on ne veut pas voir, on ne voit pas; et à nouveau c'est le désir de le faire taire qui est là, la lapidation; et la fuite de Jésus. On peut se demander si le dernier signe, le relèvement de Lazare n'aurait pas dû leur ouvrir les yeux, sauf que cela a l'effet contraire, car cela va jeter la peur dans le grand conseil.

 

 

 

 

Le texte de ce dimanche: Jn 10, 1-11.

 

 

En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.

 

Tel que c'est rapporté, cela semble une banalité. Mais de qui Jésus veut-il parler. Au chapitre 9, il y a eu la guérison de l'aveugle, et la question des pharisiens. Est-ce que Jésus veut leur faire comprendre que eux, qui lui en veulent parce qu'il se fait plus de disciples qu'eux et qui voudraient peut-être les reprendre - surtout si des pharisiens sont partis, sont des voleurs et des bandits? 

 

Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis.

Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.

Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix.

5Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »

 

Voilà, comment lui, il fait: il entre par la bonne porte. Mais qui est le portier? Son Père?  Il y a une relation de confiance et non de peur entre lui et les brebis (disciples?). Et la peur de l'étranger? 

 

Il y a bien le portier, mais il y a la relation, qui est une relation d'amour entre Jésus et ses disciples;

 

Jésus employa cette image pour s’adresser à eux, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. 

 

D'autres traductions disent parabole. Ce qui veut dire que Jésus s'adresse aux pharisiens, et qu'il veut leur faire comprendre quelque chose qui manifestement les dépasse. Donc, en bon pédagogue, il reprend.

 

C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis.

 

La porte des brebis (c'est une réflexion que je me suis faite) c'est la porte par laquelle on fait entrer les brebis qui vont être immolées dans le Temple. Donc elles vont à la mort; or Jésus, lui, conduit à la vie.

 

Cela évoque aussi ce que Jésus dira à Thomas: qu'il est le chemin. Une porte, cela met une limite entre un dedans et un dehors; quand on ouvre la bonne porte (par exemple quand on choisit un métier qui vous correspond) on va vers la vie. Il y a des portes qui conduisent vers la mort, la porte de la drogue, de la prostitution, etc. Choisir de suivre Jésus, c'est aller vers la vie, car lui, il donnera sa vie pour ses brebis.

 

Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.

 

Là encore de qui s'agit-il? Dans quel passé? Et une affirmation: ses brebis à lui n'ont pas écouté les discours des autres. 

 

Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer, et il pourra sortir et trouver un pâturage.

10 Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance

 

Jésus affirme que lui, il est celui qui mène les brebis vers la vie, contrairement à ceux qui viennent pour piquer les brebis de son pâturage à lui - et qui n'aiment  pas les brebis.. » La vie en abondance, c'est un rappel de la multiplication des pains, les douze corbeilles qui restent. Ce n'est pas une petite vie étriquée qu'il propose, mais une vie en abondance.

 

Si je reste juste au texte proposé ce dimanche, par qui peut-il est raconté? Je pense par un pharisien. 


 

Un pharisien raconte

 

Jésus, ce drôle de type qui fait des guérisons le jour du Sabbat, alors qu'il pourrait les faire n'importe quel autre jour de la semaine, qui vient de rendre la vue à un aveugle de naissance, et cela impossible de dire le contraire, est là, ce matin, au Temple, comme bien souvent.

 

Beaucoup sont autour de lui et boivent ses paroles comme du petit lait. 

 

Qui est-il cet homme? Autrefois, quand Jean le Baptiseur était vivant, nous étions demandés si c'était lui le Messie, mais il avait dit que non mais qu'il y avait quelqu'un qui était là, bien vivant et qui lui serait le Messie. Ce Jésus, beaucoup croient que c'est lui le Messie, mais pas nous, car le Messie, lui, respecterait vraiment la Loi et la ferait respecter. Et cela, nous ne nous privons pas de le dire et de le répéter à ceux d'entre nous qui se déclarent des disciples. 

 

Et voilà qu'il nous regarde et déclare qu'un ton péremptoire, mais curieusement avec une certaine tristesse, que ceux qui entrent dans l'enclos des brebis, sans passer par la porte, sont des voleurs et des brigands. Nous nous sommes regardés sans comprendre. 

 

Il a alors ajouté que celui qui entre par la porte, celui-là c'est le berger, qu'il est reconnu par celui qui gère l'enclos, et surtout que ses brebis le connaissent bien, qu'elles écoutent la voix; que lui connaît chacune par son nom, qu'il les guide en dehors de l'enclos, qu'il leur parle et qu'elles connaissent sa voix; et qu'elles ne suivent pas d'autres qui se feraient passer pour des bergers. Lui il est sûr que les brebis sont intelligentes, moi, je n'en suis pas si sûr.

 

Je pense qu'il s'adressait à nous, parce que comme je l'ai dit il nous regardait, et que c'est vrai que nous nous posons beaucoup de questions et que nous essayons souvent d'empêcher les nôtres de le suivre. D'ailleurs nous avons exclu de notre groupe cet aveugle-né et même ses parents, parce qu'ils disaient que cet homme était le Fils de l'homme. Je dois dire que ce qu'il disait me faisait penser au prophète Ézéchiel quand il fustige les responsables de ne pas être de bons bergers. Mais nous, nous faisons tout pour respecter la loi dans ses moindres détails, pour être des descendants de Moïse. Je ne comprends pas.

 

Il a dû se rendre compte qu'on ne le comprenait pas, et je dois dire que ce n'est pas la première fois que ça arrive; on a toujours l'impression qu'il nous prend pour des idiots, incapables de comprendre ses propos. Mais quand il dit qu'il va donner sa chair à manger et son sang à boire et que c'est cela qui nous donnera la vie éternelle, comment voulez-vous que nous puissions le croire? 

 

Bref il a recommencé à parler. Il a affirmé qu'il était la porte des brebis. Comment un homme peut-il se transformer en porte? Et moi, la seule porte que je connaisse, c'est celle de ce grand enclos où l'on parque les brebis qui vont être immolées. Alors cette porte là, elle peut faire un peu peur. Mais je dois sûrement ne pas comprendre. Une porte, cela sert à entrer quelque part. Alors peut-être qu'il veut dire que lui, il est capable de faire entrer ses brebis dans les bons pâturages, et là, cela veut dire qu'il est le Très Haut, car comme le dit le roi David, "Le Seigneur est mon berger, dans les verts pâturages il me fait reposer". 

 

Ensuite il a parlé de ceux qui étaient venus avant lui, il les a traités de voleurs, et a dit que les brebis ne les avaient pas écoutés. C'est vrai que des messies ce n'est pas cela qui manque. J'espère qu'il ne parle pas de nous, ça serait un comble. Il dit que ses brebis à lui ne les ont pas écoutés. Bon, admettons, et alors?

Puis il a dit à nouveau qu'il était la porte. Et là, ça c'est un peu éclairé pour moi. Une porte c'est un peu comme un chemin, ça peut mener vers la vie ou vers la mort. C'est un peu ce que nous disait notre Père Moïse, quand il nous demandait de choisir la vie. Mais est ce que cet homme est vraiment celui qui va donner la vie? 

 

Il a ajouté que ceux qui le choisissaient seraient sauvés, qu'ils seraient libres d'aller et de venir (or cela je reconnais que cette liberté nous l'avons perdue avec tous ces préceptes qui nous enferment), et qu'il était venu pour que les brebis aient la vie et l'aient en abondance. 

 

Et bien, tout pharisien que je sois, cette phrase a résonné en moi. Avoir la vie, la vie en abondance. C'est tellement ce que je désire? Vivre de la vie du Très Haut, vivre dans la Paix. 

Il a alors ajouté qu'il était le bon pasteur, qu'il connaissait ses brebis et que ses brebis le connaissent, et qu'il donne sa vie pour ses brebis. 

 

Alors là, je ne sais pas ce que penseront les autres - mais je dois dire que cela ne compte pas: Je comprends maintenant pour tant d'hommes le suivent sans se poser de questions! Un tel berger, un tel pasteur, ne peut être que le Messie, et celui-là je le suivrai maintenant, quoiqu'il arrive.

 

 

Quand j'ai commencé à écrire ce texte, je n'imaginais pas du tout qu'il allait en quelque sorte m'échapper et se terminer par le retournement de cet homme. Mais c'est ainsi, et cela montre bien combien la parole est transformante pour celui qui veut bien ouvrir ses oreilles et qu'elle est bien source de vie.

mercredi, avril 19, 2023

Lc 24,13-35. Les disciples d'Emmaüs. 3° dimanche après Pâques. Avril 2023. Le vestiaire..

Luc 24, 13-   Les disciples d'Emmaüs. 3°dimanche après Pâques, Avril 2023. 


 

Ce texte a déjà été proposé le mercredi de la semaine de l'octave de Pâques, semaine consacrée aux récits relatant les attitudes des disciples après la résurrection. 

 

Il s'agit donc de la rencontre de Jésus avec des disciples déçus et tristes qui rentrent chez eux ce matin-là. C'est un texte que j'ai déjà beaucoup travaillé, mais cette année, ce qui m'a travaillée, c'est cette non reconnaissance de Jésus, non reconnaissance qui peut être la nôtre.  

 

Quelques textes plus anciens qui racontent cet épisode.

https://giboulee.blogspot.com/2022/04/lc-24-35-45-clephas-raconte-ce-qui-sest.html

https://giboulee.blogspot.com/2014/03/les-disciples-demmaus-adam-et-eve.html

https://giboulee.blogspot.com/2005/04/les-disciples-demmas.html 


Certes, Luc nous dit qu'ils en étaient empêchés de le reconnaître, et ce qui se passe à la fin du texte avec cette ouverture des yeux évoque comme la sortie d'une cécité. Mais malgré tout, l'homme qui chemine avec eux est quand même très différent du Jésus qu'ils ont connu, qu'ils ont peut-être côtoyé et qu'ils ont peut-être vu sur sa croix. Alors, m'est venue une idée un peu farfelue, à savoir l'existence d'un lieu, quelque part dans le ciel, où Jésus peut choisir comment se vêtir, soit pour se faire reconnaître, soit pour passer incognito. 


Ce serait le vestiaire de Jésus (mais peut-être aussi de Marie, par la suite). C'est pour cela qu'en sous-titre, ce billet s'intitule le vestiaire de Jésus. Autrefois j'avais une rubrique dans ce blog qui s'appelait "impertinences". J'avais créé une sorte de dictionnaire des mots employés dans la Bible ou dans la liturgie, avec mes propres définitions. Une sous section porte ce titre: impertinences. On peut le retrouver dans la table des matières de ce livre de la série Porteuse d'eau, dictionnaire.


https://www.amazon.fr/Porteuse-deau-Dictionnaire-Catherine-Lestang/dp/B01FP872B6/ref=sr_1_4?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=A73E3UW3RKGH&keywords=Catherine+Lestang&qid=1681916933&sprefix=catherine+lestang%2Caps%2C70&sr=8-4&asin=B01FP872B6&revisionId=&format=4&depth=1


 

Nous savons que Jésus est mort nu sur la croix. Qu'il a été mis au tombeau rapidement après sa mort, enveloppé d'un linceul et avec un linge sur le visage. Si comme on le pense le linceul est resté sur place, Jésus ressuscité, même si comme le dit le psaume "il s'enveloppe de lumière comme d'un manteau" (Ps 104, 2), n'a pas de vêtements.,

 

Et il semble bien que cela soit différent, en fonction des personnes rencontrées ce matin-là. Pour Marie-Madeleine (Jn 20), Jésus est vêtu simplement, puisqu'elle le prend pour un jardinier. Pour Cléophas et Simon, c'est un quelqu'un qui est venu célébrer la Pâque à Jérusalem, un non résident de cette ville, et donc habillé peut-être différemment. En Jn 21, c'est un homme qui fait cuire du poisson, et si Jean le reconnaît avec les yeux du cœur, les autres ne le reconnaissent pas. Je me demande, dans les apparitions actuelles, comment cela se passe. Je crois que j'aime bien "monsieur tout le monde", mais à un moment donné, comme pour les disciples, les yeux s'ouvrent et on le voit Lui. Et Paul, Saul, sur la route de Damas, qui voit une lumière et entend une voix, qui voit-il? 

 

 

Recensement des différentes rencontres rapportées par les évangélistes

Dans l'évangile de Matthieu, après avoir entendu les paroles de l'ange, les femmes se mettent en route, et Jésus vient à leur rencontre - Mt 24,9. Et là, c'est bien le Jésus qu'elles connaissent, qu'elles reconnaissent, dont elles entendent la voix, mais pour autant, elles ne sont pas trop rassurées et ont besoin de le saisir pour être bien sûres qu'il est de chair et d'os, qu'il n'est pas un fantôme, une illusion. Plus tard en Galilée - Mt 24, 16, certes les disciples se prosternent mais le doute subsiste.

 

Dans l'évangile de Marc, les femmes voient un jeune homme vêtu de blanc. Ange ou Jésus? Mais elles ne disent rien et restent dans leur peur. 

 

Dans l''évangile de Luc, au tombeau, en Luc 24,4 les femmes voient deux hommes aux vêtements étincelants (ce qui évoque un peu la transfiguration et donc le divin, ou au livre de Daniel, l'Ange dans la fournaise) qui parlent aux femmes. Elles sont des messagères, mais ne sont pas crues. 

 

Sur la route d'Emmaüs ( Lc 24,13-32) Jésus est pris pour "un étranger", ce qui montre que cet homme n'a rien à voir avec le Jésus d'avant la Passion. Il est habillé comme un homme de son temps, plus aucune marque sur son visage. Et bien entendu on ne voit ni ses mains ni ses pieds, qui semblent normaux. Peut-être est-ce au moment ou Jésus rompt le pain, que les deux hommes voient les trous laissés par les clous, mais rien n'est moins sûr

 

Par contre quand Jésus apparaît, d'un seul coup au milieu de des disciples Lc 24, 33 et suivants, il y a de quoi être dans la crainte, de quoi être bouleversé: peur que ce soit un esprit venu d'en bas, un fantôme. Heureusement qu'il demande à manger et qu'il montre son corps, même si là, personne ne le touche. 

 

Je pense qu'il faut aussi faire mention de ce qui se passe pour Saul sur la route de Damas (Ac 9). Il est question de lumière et d'une voix, mais on peut penser que Saul a bien vu le Ressuscité, dans sa Gloire. Mais il fallait bien cela pour que la conversion ait lieu. Jésus s'adapte au vécu de chacun.

 

Les écrits de Jean

 

Que Marie-Madeleine - Jn 20,15 - ne le reconnaisse pas bien qu'elle l'entende parler, qu'elle le prenne pour un employé de ce jardin où son bien-aimé a été déposé, montre bien que là Jésus est parfaitement adapté à son environnement. 

 

Marie ne s'attend pas à le voir, elle est dans son deuil, elle cherche un corps, pas quelqu'un finalement, et Jésus lui permet de faire un travail intérieur de retournement dira Jean, qui lui permet d'entendre vraiment le son de la voix, de la reconnaître enfin, et de pouvoir elle aussi avoir envie de le tenir, de le retenir. 

 

Le récit suivant, qui de fait est en deux temps (Thomas absent, Thomas présent) - Jn 20,19-29, évoque une vision de Jésus tel qu'il a été, mais avec un visage sans aucune trace. Or c'est peut-être cela qui perturbe Thomas et l'empêche de croire. Le Jésus qui se présente là porte bien les marques, mais finalement, là encore ce n'est pas tout le monde qui peut le lire, les voir.

 

Quant au dernier récit, Jn 21, sur le bord du lac, là encore Jésus vu de loin est un homme semblable à tous les hommes. Il interpelle, mais personne ne reconnaît le son de sa voix, et c'est l'ordre donné de jeter le filet à droite, qui est pour le rédacteur le signe que l'homme sur la rive, ce monsieur tout le monde, n'est pas monsieur tout le monde, mais le Seigneur. Et quand tous arrivent sur le rivage, on ne sait pas s'ils reconnaissent vraiment leur Seigneur; devant eux aussi il fait un geste semblable à ce qu'ils ont vécu (Jn 6): le pain et le poisson qu'ils avaient eux-mêmes distribués, alors que là, c'est Jésus qui partage.

 

 

Pour ma part, j'ai tendance à penser que lorsque Jésus se révèle, et d'après ce que l'on dit, les visions sont nombreuses, il le fait de manière à ce que les hommes et les femmes puissent le reconnaître. Parfois ce sera lui, parfois ce sera dans un être rencontré, un témoin comme on dit, où un de ces petits qui est présence du Seigneur.

 

 Les vêtements de Jésus. 

 

Ce qui me frappe donc dans les différents textes proposés ces derniers jours, c'est que d'une manière générale Jésus n'est pas reconnu par ses proches, même par ses très proches, ses intimes. 

 

Bien entendu, les images qui représentent les apparitions de Jésus, nous montre soit un Jésus tout de blanc vêtu avec une auréole, ou revêtu de vêtements byzantins, qui ont leur symbolique, mais qui ne correspondent pas du tout aux vêtements portés du temps de Jésus. Si personne ne reconnaît Jésus, à savoir une tunique et un manteau (enfilé au-dessus de la tunique), c'est bien qu'il se fond en quelque sorte avec ces gens qui retournent chez eux après la fête de la Pâque, ou avec les pêcheurs de Galilée.

 

Comme je l'ai déjà dit, Jésus est mort nu. Quand il reprend vie, une vie qui n'a plus rien à voir avec la vie humaine, il faut bien lui trouver un vêtement. Il y a la lumière qui peut être tissée pour faire ce vêtement entrevu lors de la transfiguration. Bon, c'est ce que je peux imaginer, revêtu de lumière. Mais quand Jésus, se manifeste, et qu'il n'est pas reconnu, il faut bien qu'il soit vêtu comme un tout à chacun. D'où l'idée d'une sorte de vestiaire, avec un ange préposé à cela, qui peut conseiller Jésus. 

 

Et voici un dialogue possible entre Jésus et l'Ange préposé au vestiaire. 

 

     °Tu veux rencontrer les femmes au sépulcre et tu veux qu'elles te reconnaissent? Alors habille toi comme tu t'habillais, mais tu n'auras plus cette tunique d'une seule pièce, parce qu'elle était unique. Mais une tunique simple et un manteau simple, peut-être de couleur. Je suis sûre qu'elles vont tomber à tes pieds et vouloir de retenir quand elles te reconnaîtront.

 

    °Tu veux que Marie de Magdala, ta disciple que tu aimes tant, ne te reconnaisse pas tout de suite? Alors fais-toi passer pour l'homme chargé de l'entretien du jardin. Quand elle te verra, elle te prendra pour le jardinier et te demandera de lui dire où tu as caché le corps. Et elle comprendra qu'il n'y a pas de corps caché; que celui qu'elle voit, c'est bien toi. Peut-être faudra-t-il que tu lui parles, parce qu'émotive comme elle, elle risque de ne rien voir, de ne rien entendre.  J'ai ce qu'il te faut. Et même de belles sandales.

 

    °Tu veux que les hommes qui retournent à Emmaüs, ne puissent pas te reconnaître? Là j'ai l'habit parfait pour que tu te fondes dans le paysage, qui tu sois comme un juif qui vient de célébrer la Pâque dans la ville sainte. Tu pourras te faire passer pour un juif de la diaspora et ouvrir petit à petit leur cœur. 

 

    °Tu veux que Simon-Pierre et ses compagnons ne te reconnaissent pas sur les bords du lac? Je vais te donner ce qu'il te faut, et aussi de quoi faire du feu, puisque tu veux leur faire la surprise de leur donner du pain et du poisson. Cela je peux aussi te le procurer. Je suis un ange très doué. 

 

     °Le jour où tu rencontreras Saul, ce pharisien qui commencera par te haïr, tu n'auras pas besoin de vêtement. Lui il doit te voir dans ta gloire, et entendre ta voix. 

 

Et je me dis que pour habiller Marie, ce doit être la même chose, car Marie est vêtue suivant la manière dont les nobles s'habillaient à certaines époques. La description que fait Catherine Labouré est très claire à ce ne niveau-là. Et il lui faut aussi s'adapter aux différents pays dans lesquels ont lieu les apparitions. 

 

Merci donc à ce ange préposé au vestiaire.

 

Travail sur le texte.. 

 

 

13 Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem,

14 et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

15 Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.

16 Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

17 Jésus leur dit: « De quoi discutez-vous en marchant?» Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.

 

Le même jour, chez Luc, il y avait eu les trois femmes qui trouvent la pierre, roulée, qui entrent mais ne trouvent pas le corps, et qui sont accueillies par deux hommes avec des vêtements étincelants, qui leur font un petit cours: "Souvenez-vous de ce qu'il avait dit"; et de fait cela sera développé avec les disciples d'Emmaüs. Il y avait eu cet ordre, ne pas chercher le Vivant parmi les morts, et de prévenir les disciples. Mais l'impression que cela donne, c'est que les femmes ne sont pas crues. Et c'est d'ailleurs ce qui sera rapporté un peu plus loin dans le texte.  

 

Eux, un peu étonnés, s'arrêtent de marcher. C'est presque étonnant cela. Dépression? On les sent abattus. A la fin du texte, ils se lèvent et n'hésitent pas une minute pour refaire deux heures de marche. 

 

18 L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit: «Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »

 

Si Jésus est pris pour un étranger, ou du moins pour quelqu'un qui ne réside pas à Jérusalem, qui peut être un juif de la diaspora, c'est bien que son vêtement est un vêtement normal, peut-être un peu différent. Ce qui me paraît certain, c'est que ce sont d'autres vêtements que les vêtements habituels, puisque personne ne le reconnaît. 

 

19 Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :

20 comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.

21 Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.

 

Ce que je trouve intéressant dans cette séquence, c'est que ce sont bien les grands-prêtres et les chefs qui ont fait crucifier Jésus. Responsabilité de ceux qui ont le pouvoir. Qui n'ont pas voulu reconnaître, ouvrir les yeux. Jésus est décrit ici comme un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant dieu, et on attendait qu'il délivre Israël.

 

22 À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,

23 elles n’ont pas trouvé son corps; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision: des anges, qui disaient qu’il est vivant.

24 Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

 

Stupeur des femmes, déplacement des apôtres, corps absent, corps pas trouvé. Et pas d'anges non plus. La pierre roulée, le tombeau ouvert et vide et les linges (je résume). Et ce mot "stupeur", que l'on retrouve au chapitre 4 de Luc, après l'expulsion d'un esprit impur (Lc 4, 36). 

 

25 Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !

26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »

27 Et, partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

 

Ils sont comme les disciples quand Jésus leur explique les paraboles. Là, il explique les Écritures, du moins ce qui le concerne. J'ai un peu l'impression d'entendre Paul dans son épitre aux Galates: "hommes sans intelligence, qui donc vous a ensorcelés?" Qu'est-ce qu'on aimerait entendre Jésus lui-même.

 

28 Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.

29 Mais ils s’efforcèrent de le retenir: «Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse.» Il entra donc pour rester avec eux.

 

Là, ce n'est pas saisir, c'est retenir et ce n'est pas violent. Il y a le désir, et ce désir Jésus l'entend. Peut-être même l'attend-il; cette soif.

 

30 Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.

 

Bénédiction du maître de maison en quelque sorte. Mais j'ai toujours une question sur cette fête de Pâque mais aussi sur la fête des azymes qui, elle, dure 8 jours et se termine par un jour de fête. Où en est-on par rapport à cette prescription?

 

31 Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.

 

Ouverture des yeux, mais disparition de Jésus, peut-être pour qu'ils ne saisissent pas de lui. Une nouvelle image de lui est dans leur cœur, et c'est cela qui va les mouvoir.

 

32 Ils se dirent l’un à l’autre: « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures? »

 

Perception de quelque chose dont ils ne s'étaient pas rendus compte; captivés par cet homme, au sens fort.

 

33 À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :

34 « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »

 

Le verbe se lever. Il s'est passé en eux quelque chose qui est de l'ordre de la résurrection. Ils ne sont plus dans le doute, dans la tristesse. Et ils comprennent en arrivant qu'ils n'ont pas eu une vision ou un songe, il y a le réellement ressuscité, il est apparu à Simon.

 

35 À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

 

Cela me semble important; c'est le Seigneur qui a décidé que c'était à ce moment-là qu'ils pouvaient le reconnaître, qu'avant ils n'en n'auraient pas été capables; il a fallu l'enseignement sur la route, l'arrêt dans le village et la préparation du repas, une sorte de temps mort, et le repas, qui est peut-être celui qui termine la fête des azymes. Mais on est normalement encore dans ce temps-là. Qu'est-ce que Jésus a dit ou a fait à ce moment où il rompt le pain? Nous ne le savons pas. Il y a deux répétitions, ce qui s'est passé pour les multiplications des pains et ce qui s'est passé le soir du dernier repas; je pense, comme pour Marie, que le timbre de la voix a fait l'ouverture et des yeux et des oreilles. 

 

 

L'ange du vestiaire raconte aux autres anges.

 

 

Il en a fait ces choses ce jour-là le Fils du Très Haut. Avant même de retourner auprès de son Père, alors qu'il était sorti vainqueur du royaume de la mort, du royaume des ténèbres qui voulait l'anéantir, il a envoyé deux d'entre nous, pour parler aux femmes qui étaient venues au tombeau pour "le faire beau", lui dont le corps avait été aussi maltraité. Elles avaient apporté tout ce qu'il fallait pour l'embaumer, même pour le vêtir, comme s'il avait besoin de cela. Ils leur ont rappelé les paroles qu'il avait dites par trois fois, qu'il devait être livré aux mains de pêcheurs, être crucifié (enfin je ne sais pas s'il l'avait dit aussi clairement, et revenir à la vie le troisième jour.

 

Elles nous ont cru, et sont allées le dire aux disciples, mais eux, ils les ont prises pour des folles et ont refusé de les croire. Je crois qu'il a alors pensé que si c'était des hommes qui pouvaient témoigner de sa présence, ils croieraient.

 

Il a alors rejoint deux hommes, deux disciples à lui, qui revenaient chez eux en ce jour de la fête des Azymes, et qui semblaient très abattus. Il a juste marché à leur pas, et au bout d'un petit moment, il leur a demandé de quoi ils discutaient en chemin. Cette question les a interloqués, à tel point qu'ils ont arrêté de marcher, qu'ils ont regardé jésus, bizarrement. Il faut dire qu'il ne ressemblait en rien à l'image de Jésus qu'ils pouvaient avoir en eux, quand ils l'avaient vu sur la croix. Et les vêtements que j'avais choisi pour lui avec soin, étaient ceux d'un juif de la diaspora, donc un peu différents des vêtements des judéens, n'aidaient pas. Ils étaient vraiment très tristes. S'ils avaient su qui était avec eux, mais ils ne le savaient pas, ils ne pouvaient pas le reconnaître et c'est ce que Jésus voulait. 

 

Ils ont exprimé leur stupéfaction devant cette question et ils lui ont expliqué que leurs chefs avaient mis à mort, enfin fait mettre à mort, comme un malfaiteur celui qu'ils croyaient être un prophète puissant, par ses paroles et par ses actes (et cela c'est rare), qui avait été livré et mis à mort par les grands-prêtres qui étaient jaloux de lui. Eux ils espéraient que cet homme serait vraiment celui qui délivrerait Israël. Ils ont dit (comme si Jésus ne le savait pas) que des femmes étaient allées au tombeau, qu'elles ne l'avaient pas trouvé, mais que deux anges leur avait dit qu'il était vivant. Cela nous a rempli de stupeur. Mais de là, à les croire? Certains sont allés vérifier que c'était bien comme elles l'avaient dit, que le tombeau était ouvert, avec la pierre roulée et pas de corps, et c'est ce qu'ils ont vu. Mais n'importe qui aurait pu le prendre le corps, le mettre ailleurs, parce que ce tombeau n'était pas pour lui. 

 

Alors là, il leur a coupé la parole. Il leur a dit, que leur esprit était sans intelligence, qu'ils étaient vraiment, vraiment lent à croire, et tout en cheminant, il leur a montré ce qui dans les écritures parlaient de lui. Et le temps a tourné. Ils écoutaient, écoutaient, écoutaient, et ce n'est que quand le soir est tombé et qu'ils sont arrivés chez eux, à Emmaüs et que Jésus a fait semblant de continuer sa route, qu'ils lui ont demandé de rester avec eux, de partager leur repas. C'est celui qui s'appelle Cléophas qui le lui a demandé.

 

Ils ont préparé le repas, et là il a pris le pain, il a prononcé la bénédiction, il l'a rompu et là… 

Là il s'est passé quelque chose, leurs yeux se sont comme ouverts, ils ont vu dans l'homme qui avait marché avec eux, le maître qui était le leur, le maître qui était vivant, mais vivant autrement, vivant totalement. Et il a disparu. Cela ça n'a pas dû être facile pour eux, je suis sûr qu'ils auraient tellement pouvoir lui poser des questions, le toucher. Mais il n'était plus là. 

 

Ils se sont regardés et moi qui les regardait, je voyais la joie qui avait remplacé leur tristesse, leur abattement. Eux aussi étaient revenus à la vie. Et ils ont tout laissé en plan, leur cœur était brulant de joie et ils sont retournés à Jérusalem annoncer que Jésus était vivant, qu'il était le Vivant. Les onze, ceux qui étaient les plus proches de Jésus, les ont accueillis avec joie, et leur ont dit que le seigneur était apparu à Simon-Pierre et eux de raconter ce qui s'était passé pour eu et comment il s'était laissé reconnaître) à la fraction du pain.

 

Juste après Jésus s'est manifesté, leur a ouvert à tous l'esprit (et ils en avaient vraiment besoin) à la compréhension des écritures, mais une autre compréhension que celle des rabbins et qu'il leur envoyer sur eux, ce que le Père avait promis. Là je pense qu'ils n'ont pas trop compris, et il a disparu à leurs regards; et maintenant, c'est nous qui pouvons-nous réjouir de sa présence et d'être attentifs à ses désirs. Que notre Dieu est Grand. Louons le et réjouissons -nous, car le Salut est en marche pour tous les hommes.

 


Jn 20, 19-31. Apparition aux disciples - 2° dimanche de Pâques. Avril 2023

Quand ce texte revient après Pâques, j'ai toujours envie de dire à Thomas, lui qui était prêt à donner sa vie pour Jésus au moment où ce dernier s'apprête à partir chez Marthe et Marie pour "réveiller" Lazare, qu'il n'est pas incrédule, mais crédule, ce qui n'est pas tout à fait pareil. Et puis c'est grâce à cela que nous avons cette béatitude, je pense la seule de l'évangile de Jean, qui nous est adressée, à nous qui n'avons pas eu la chance de regarder et de toucher. 

 

En 2019 j'avais proposé un texte où Thomas racontait sa rencontre avec Jésus, l'avant dernière puisqu'il sera au bord du lac lors de la pêche des 153 gros poissons, mais où je réfléchissais sur l'insistance d'accoler "didyme", jumeau, à son prénom.
 https://www.blogger.com/blog/post/edit/9807826/5150198278544568177

 

En réfléchissant à nouveau sur ce texte, je me suis dit que Jean utilise souvent des questions ou des attitudes de personnes pour donner un enseignement (si je puis dire les choses ainsi).  Par exemple, c'est parce que Thomas (toujours lui) fait remarquer à Jésus - qui dit que ses disciples connaissent le chemin par lequel il faut passer -  que justement "ils ne connaissent pas le chemin"  (Jn 14,5), que Jésus peut affirmer "qu'il est le chemin, la vérité et la vie". De même c'est parce que Philippe lui dit "montre nous le Père et cela nous suffit" que Jésus peut affirmer que "celui qui le voit, voit le Père".

 

Le questionnement des disciples, qui est aussi le questionnement de celui qui veut ou qui essaie de suivre Jésus, permet à l'auteur de donner des réponses précises. J'ai alors pensé qu'il en allait de même pour ce chapitre 20. L'attitude de Thomas représente notre attitude, notre questionnement. Et la réponse de Jésus nous concerne tous, à deux niveaux. Le premier niveau, c'est de faire confiance à ceux qui témoignent de ce qu'ils ont vécu, de la rencontre et de la reconnaissance de Jésus Fils de Dieu; et le second, c'est cette béatitude qui nous concerne tous: si nous croyons alors que nos yeux de chair n'ont ni vu ni contemplé, alors oui, Jésus nous déclare heureux.

 

Et alors l'importance de ce chapitre n'est peut-être pas tant ce qui se passe avec Thomas, mais bien ce que fait Jésus avec ceux qui sont là, ce premier jour de la semaine, ce premier jour fondateur de son église. Il leur donne sa paix, cette paix différente de celle donnée par les hommes, il leur donne son Esprit Saint en soufflant sur eux, et il leur donne ce pouvoir de remettre le péché ou de le maintenir, ce qui revient à mettre fin à tous les sacrifices qui étaient nécessaires pour avoir la faveur Dieu (voir les livres de l'Exode et du Lévitique) . Son sacrifice à lui met fin aux anciens rituels.

 

Ce qui est aussi étonnant, c'est que dans l'épisode ci-dessus c'est le soir, mais qu'il ne semble pas que Jésus partage le repas de ses disciples; et c'est peut-être pour cela que le chapitre 21, chapitre ajouté, est aussi important, puisqu'il y a là un repas partagé, qui fait écho au repas du chapitre 6; et que les deux postures, celle de de Simon-Pierre, qui témoignera en donnant sa vie, et celle du disciple que Jésus aime, à savoir demeurer en attendant le retour, sont les attitudes fondamentales de celui qui connait Jésus et le reconnaît comme son Seigneur et son Dieu.

 

Travail sur le texte

 

19 C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »

20 Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.

 

Tel que Jean le rapporte, cela parait simple. Mais quand quelqu'un arrive dans un lieu clos, pas par la porte puisqu'elle est verrouillée, donc on ne sait comment il est là, il y a de quoi avoir peur, même si la personne vous dit "Shalom" et ressemble à quelqu'un que l'on connaît. Sauf que cette personne est morte de mort violente et que son corps a disparu. Or Jean ne parle pas du tout de peur ou de crainte, mais de joie, du moins après que Jésus ait montré ses mains et son côté. Et cela, c'est très différent de ce qui est rapporté par les synoptiques. Cependant, si on revient un peu en arrière, que ce soit dans les synoptiques ou dans l'écrit johannique, on sait que Jésus s'est montré à Marie-Madeleine et qu'elle est allée le dire aux frères - mais on ne sait pas comment .

 

Donc, là, tout se passe bien. Jésus a prouvé que c'est bien lui. La phrase "remplis de joie", évoque ce qui se passera le jour de la Pentecôte: "ils furent rempli d'Esprit"

Peut-on dire que l'évangile de Jean est l'évangile de la JOIE? 

 

21 Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous !

De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »

 

Le "de nouveau" est étonnant. N'aurait-il dit que Shalom en se manifestant? Mais maintenant, il y a eu reconnaissance de qui il est, et lui les envoie en mission. 

 

C'est comme s'il disait: "Vous m'avez reconnu, vous savez qui je suis, vous êtes comme d'autres Moi. Alors, soyez comme moi, soyez mes envoyés, comme j'ai été l'envoyé de mon Père. 

 

22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.

Mais pour cela, pour être envoyé, pour devenir ses figures, il faut que l'Esprit soit en nous, cet Esprit qu'il avait promis, défenseur; et qui fera que l'on se souvient.

 

"Et de même que j'ai reçu l'Esprit Saint, recevez ce même Esprit, celui que je vous ai promis, celui qui peut vous être donné, parce que moi, je pars et que je vous l'avais promis. Devenir d'autres Lui.

 

 Ce n'est plus "suivez-moi", c'est "je vous envoie". Il y a aussi le pouvoir transmis: si le Père m'a envoyé, aujourd'hui, c'est moi en qui le Père demeure, qui ai le pouvoir de vous envoyer.

 

  

23 À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

 

Et là, le pouvoir qui est donné, était aussi le pouvoir de Jésus: pas venu pour condamner, mais pour sauver. C'est certainement une fonction ecclésiale qui est affirmée d'emblée, mais qui n'est pas explicitée du tout. Fonction de délier donc de permettre le salut, ou au contraire de refuser de délier ( est ce qu'il s'agit de lier?) et donc de bloquer le salut donné par Jésus. Je vois ici un acte fondateur de l'ecclésia, telle que la veut Jésus: le pouvoir de libérer du péché, constitution de l'Église. Et là, ça prend la place de tout le Pentateuque et surtout du Lévitique. Au nom de qui les péchés sont-ils maintenus ou ôtés? Certainement au nom de Jésus. 

 

Il y a là un changement énorme par rapport au premier testament. Ce ne sont plus les sacrifices offerts au Temple par les prêtres qui délient du péché. Ce sont les hommes qui sont emplis de l'Esprit du Fils, qui ont désormais ce pouvoir. Cela dit, est ce que délier est la même chose que pardonner? Je n'en suis pas sûre.

 

24 Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.

 

Si je pense à l'envoi de l'Esprit Saint sur les anciens dans le livre de l'Exode, je me demande si Thomas qui est dehors, le reçoit aussi. Mais vu, sa réaction, ce n'est pas sûr dur tout. 

 

25 Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

 

Thomas n'arrive pas à croire; on lui dit "nous avons vu", et il peut penser que c'est une sorte d'hallucination qu'ils ont eue. Lui, il veut voir, et surtout il veut toucher; il a besoin de cela pour pouvoir croire en la résurrection. Voir n'est pas suffisant pour lui. Cela le sera pour Paul; mais c'est Jésus dans la Gloire qu'il lui sera donné d'apercevoir.

 

26 Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »

 

Même scénario que la semaine précédente. Là, il s'adresse à tous. 

 

27 Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »

 

Et c'est l'ordre. Fais le geste que tu voulais faire. Regarde mes mains, et tu peux constater que c'est un vrai trou. Tu peux toucher. Et ta main, tu peux la mettre dans le trou laissé par la lance. Et cette finale, qu'on répète sans cesse: ne sois plus incrédule, c'est-à-dire, ne te laisse pas abuser par ce que tu penses être vrai, fais confiance aussi à tes frères, et crois que je suis le Vivant. 

 

28 Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

29 Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

 

Il y a eu une demande de Jésus, et Thomas répond à cette demande. Maintenant, il reconnaît en cet homme celui qui est son Seigneur, celui à qui il obéit; celui qui est son patron et aussi celui qui est son Dieu, et cela, c'est plus compliqué. C'est dire qu'il voit en Lui, Celui qui est Est, qui était et qui vient. Il est reconnu comme le Fils. Enfin c'est ce que je crois en ce jour, où j'écris ce que moi je ressens en lisant ce texte. 

 

Et c'est la finale, avec la béatitude qui s'adresse à nous. Nous qui n'avons pas vu, pas touché. 

 

30 Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.

31 Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyantvous ayez la vie en son nom.

 

Cette phrase est peut-être la plus importante. Ce que le rédacteur a écrit, sous l'inspiration et la présence de l'Esprit, c'est pour que nous puissions à la fois voir en Jésus celui qui est Oint de la puissance de Dieu - qui est comme il l'a dit le Fils de Dieu, et, en croyant cela, avoir la vie, la vraie vie. 

 

Jean l'évangéliste raconte. 

 

C'était la fin de ce premier jour de la semaine. Quand je dis premier jour de la semaine, c'est une manière de dire, de vous dire que ce jour-là, c'est comme le commencement. Non pas le recommencement, mais l'aube du Nouveau. Ce fut un jour étrange, un jour où nous sommes passés de la mort à la vie, du deuil à la joie. 

 

Au petit matin, Marie Madeleine était venue nous réveiller toute en pleurs. Elle a juste pu nous dire qu'en allant au sépulcre elle avait trouvé la pierre roulée, et que le corps de Jésus n'était plus là. Avec Simon nous l'avons suivie et nous avons vu qu'elle avait raison. Simon-Pierre est entré le premier, et il avait l'air perplexe en sortant. Puis je suis entré. A ma grande surprise le linceul était posé là où le corps avait été déposé par Joseph et Nicodème, bien à plat, il y avait les bandelettes, et le linge qui avait recouvert son visage était roulé; Tout était en ordre. Il y avait l'odeur des aromates. Il y avait le silence. Et j'ai su que personne ne l'avait enlevé, qu'il était revenu à la vie, l'autre vie, celle dont il nous avait parlé, cette vie qui donne la vie au monde. Puis nous avons rejoint les autres. 

 

Un peu plus tard, Marie est revenue; elle avait vu le Seigneur Elle l'avait pris pour le jardinier, et il l'avait appelée par son nom et l'avait envoyée nous dire qu'il était vivant. Moi je l'ai crue, mais les autres l'ont prise pour une folle. Et comme nous ne savions pas trop ce qui se passerait, puisque le corps avait disparu, nous nous sommes enfermés. Nous avions peur d'être accusés par les autorités d'avoir volé le corps pour faire croire qu'il était revenu à la vie; Thomas, en fin de journée, est sorti, écouter un peu ce qui se disait en ville et rapporter des aliments. Ce dernier jour de la fête des Azymes, il faut bien faire ce qui est prescrit. 

 

Et tout à coup, Jésus était là, présent, bien présent au milieu de nous. Il nous a regardés et nous a dit: "La paix soit avec vous". Nous n'osions pas trop le regarder, pour dire ce qui est. Il était Lui, mais ce n'étais plus lui. Il nous a montré ses mains, ses pieds, les trous laissés par les clous, le trou laissé par le coup de lance; là nous ne pouvions plus douter. Il n'était pas le maître qui était venu en marchant sur les vagues de la mer de Tibériade et que nous avions pris pour un fantôme - il nous avait alors dit de ne pas avoir peur. Ensuite il nous a redit qu'il nous donnait la paix. Et cette paix, c'était celle qu'il nous avait promise, après ce repas où il nous avait lavé les pieds; il avait dit alors que sa paix n'était pas comme celle que le monde donne. Que c'était quelque chose d'autre. Il a ajouté qu'il nous envoyait, comme le Père l'avait envoyé. Je dois dire que nous n'avons pas vraiment compris à ce moment-là ce qu'il voulait dire. Mais il nous envoyait, pour être lui. Enfin c'est ce que je crois. 

 

Il a alors soufflé sur nous, en nous disant: "Recevez l'Esprit Saint". Et le souffle était Esprit, et le souffle s'est posé en nous et sur nous. Et le souffle a fait de nous ses envoyés. Il nous a alors donné le pouvoir de remettre les péchés, et le pouvoir de ne pas les remettre; et là encore je n'ai pas compris, mais maintenant je sais que tous les sacrifices pour les péchés, ces sacrifices d'animaux, sont révolus, parce que lui a donné sa vie et que nous avons à faire ce que lui a fait. Et il a disparu. 

 

C'est à ce moment-là que Thomas est revenu. Nous lui avons raconté ce qui venait de se passer. Il ne nous a pas ri au nez, mais il n'arrivait pas à nous croire. En ville, ce n'était pas facile. Il a dit qu'il croirait, lui, s'il touchait les trous laissés par les clous et par la lance. Nous, nous les avions vus, lui, il voulait les toucher. 

 

Une semaine s'est écoulée, et Jésus est revenu, comme la première fois. Mais cette fois-là nous étions tous ensemble. Comme la dernière fois, la porte était verrouillée, parce que nous avions toujours peur des Juifs. Comme la dernière fois, il nous a dit: "La paix soit avec vous", et comme la dernière fois, nous l'avons sentie, cette paix. Puis il s'est adressé à Thomas. Il lui a dit d'avancer son doigt, de voir le trou laissé par le clou et de poser son doigt; et pareil pour le trou de son côté. Et il a ajouté: "Cesse d'être incrédule, sois croyant"; Thomas l'a regardé, lui a regardé Thomas, il y a eu un silence. Et Thomas a regardé Jésus les yeux dans les yeux, mais dans ses yeux à lui, il y avait des larmes, et il a dit: "Mon Seigneur et mon Dieu". Je ne peux pas savoir ce que s'est passé pour lui, mais il était transformé.

 

Jésus semblait heureux. Et il a regardé son Thomas, en lui disant qu'il était heureux parce qu'il avait eu la chance de le voir pour croire vraiment en lui, mais que désormais ceux qui croiraient en lui, seraient eux aussi heureux, car ils seraient passés de la mort à la vie.
Enfin cela il ne l'a pas dit.