vendredi, juillet 30, 2021

Luc 10, 38-42. Jésus est reçu dans la maison de Marthe et Marie.

Luc 10, 38-42. Jésus est reçu dans la maison de Marthe et Marie.

 

C'est un texte que nous connaissons presque par cœur, avec l'éternel "Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée" ce qui n'est pas conforme paraît-il au grec qui ne met pas de comparatif, mais qui dit "la bonne part" et pour moi, le bon renvoie toujours au bon de la Genèse: et Dieu vit que cela était bon (tov). Alors Marie a choisi ce bon, et cela c'est pour elle, et personne ne le lui enlèvera. 


Des textes à la première personne sur ce texte, il y en a déjà eu beaucoup. Le premier texte qui reprend cet évangile, est né à la suite d'un partage de la parole sur ce texte, à la chapelle des Vernettes, qui est une chapelle de montagne en Savoie, là où nous passons nos vacances. J'ai ressenti une forte envie de prendre la défense de Marthe, que l'on prend pour une petite ménagère ronchon. Et je crois que mon envie d'écrire pour donner un autre regard est née, cet été là: https://giboulee.blogspot.com/search?q=Marthe+et+MArie


 

Pour arriver à faire parler un personnage, il y a d'abord le travail sur les versets, c'est ce qui va suivre, et mon désir d'en rester au texte de Luc, sans faire de références à celui de Jean (autre texte proposé par la liturgie) mais où les deux sœurs ont des attitudes très proches de ce qu'on lit dans l'épisode lucanien. Marthe envoie prévenir Jésus que Lazare est malade, elle prend l'initiative, comme elle prend l'initiative de recevoir Jésus, comme il ne vient pas, elle le guette car elle sait bien qu'il va venir, et dès qu'elle le voit apparaître (un peu comme la mère de Tobie qui attend le retour de son fils) elle se précipite vers lui avec la phrase: "si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort." Marie, elle est restée entourée d'amis qui partagent sa tristesse dans la maison, elle est assise là et c'est Marthe qui provoquera son mouvement: "le Seigneur te demande". Mais arrêtons la  la comparaison pour revenir au texte de Luc.

 

Travail sur le texte.

 

Avant tout, j'aime bien regarder ce qui s'est passé avant dans ce chapitre 10. Et ce chapitre c'est l'envoi des disciples, et surtout quelques versets plus haut  Lc 10; 21-22: c'est "jésus tressaillant de joie soir l'action de l'Esprit qui dit 'je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange, ce que tu as  caché aux sages et au savants, tu l'as  révélé aux tout-petits; oui Père, car tel est ton bon plaisir.  Tout m'a été remis par mon Père. Personne ne connaît le Fils sinon le Père, et personne ne connaît le Père sinon le Fils et celui à qui il veut le révéler'.

 

Et peut-être que ce qui se passe entre ces deux femmes, ou pour ces deux femmes, c'est quelque chose de cet ordre.

 

38 Chemin faisant, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut.

Une femme le reçut, temps au passé simple en Français. Un peu comme si dans ce village, elle est la seule à ouvrir sa porte. Un peu si elle était comme la bien-aimée qui ouvre la porte à son aimé. Marthe le reçoit, mais sans doute, que Jésus n'est pas seul . Mais si on se fie à l'envoie des douze, il a fait reposer sa Paix sur cette maison. Donc elle le reçoit, et ensuite Jésus s'installe, et comme il le fait souvent, on peut imaginer qu'il se met à enseigner.  

39 Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.

Là, on apprend qu'il y a une sœur, qu'on imagine plus jeune, et qui décide de se mettre avec les autre, avec les disciples, aux pieds du Seigneur, que l'on imagine assise, et qui est captivée. Peut-être est –elle arrivée quand Jésus commençait à parler, et que là, elle s'est arrêtée et a décidée qu'elle voulait écouter, entendre, être remplie par la parole.  Et Marthe qui comptait sur sa sœur, se retrouve seule à tout gérer.

40 Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »

Je pense que quand Jésus parle, ça dure un certain temps, et pendant ce temps là, Marthe s'active seule, et à un moment elle n'en peut plus, elle explose et au lieu de s'adresser à sa sœur, c'est à Jésus qu'elle parle. Le "cela ne te fait rien" peut faire écho à ce qui se passe lors de la tempête apaisée: Seigneur cela ne te fait rien que nous périssions". Est ce que Marthe est en train de dire qu'elle a besoin d'aide, qu'il y a trop, qu'elle n'en peut plus? On peut aussi entendre cela, et ne pas la juger.  Et le "dis lui donc de m'aider" c'est pour moi, "dis à mon frère de partager l'héritage avec moi. Sauf que Jésus quand on l'interpelle comme cela, je ne sais pas s'il aime tellement..

41 Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. 42 Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

 Et c'est la finale. Jésus s'adresse à Marthe; il reconnaît qu'elle se donne du souci pour que tout soit bien, qu'elle part un peu dans tous les sens, et qu'elle s'est laissée un peu dépassé par les évènements, par beaucoup de choses comme il dit. Et ce qu'il dit, c'est qu'à certains moments il faut faire le tri. Si comme le dit le Père Quesnel, il n'y a pas de comparaison, que Jésus dit; Marie a choisi la bonne part, et qu'elle peut à ce moment là, continuer à écouter, et donc Marthe a œuvrer.

 

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Pour le dire autrement.

 

Marthe a ouvert sa porte, elle a donné le meilleur d'elle même, et il y a parfois un autre meilleur, apprendre à discerner aussi quand il faut s'arrêter.

 

Bien que ce 29 Juillet soit la triple fête de 'Lazare, Marthe et Marie', je voudrais rester au texte tel qu'il est donné par Luc, un village, un simple village, qui n'est pas situé, même si nous pensons que c'est à Béthanie, ce village proche de Jérusalem, et ces  deux femmes. Je dois dire que si on rajoute Lazare, cela fait quand même, surtout à cette époque là, une famille étonnante, trois adultes célibataires, sans descendance. C'est un peu étrange. Alors je pense que rester au texte de Luc, tel qu'il est donné, est peut-être plus facile pour ne pas partir dans des délires psychanalytiques.

 

Il y a donc Jésus qui arrive dans un village, et peut-être que les disciples ont préparé sa venue. Si c'est le cas, il y a donc Jésus qui arrive, et cette femme, Marthe qui a entendu parlé de lui, et qui le reçoit. Recevoir cet homme, ouvrir sa porte, ouvrir la maison. Elle le reçoit. Il entre, seul ou pas, je peux imaginer qu'il donne la Paix à cette maison, et quelle Paix, puisque c'est la sienne, et cette Paix s'en vient reposer sur cette maison et sur ceux qui y vivent.

 

Et dans cette maison, Jésus se sent bien, et il fait peut-être comme chez lui (phrase banale: faites comme chez vous),  et il s'installe et se met à enseigner, car enseigner, c'est ce qu'il aime, témoigner de l'amour de son Père.

 

Et c'est la que Marie, entre en scène. Peut-être que lorsque Jésus est entré, elle pensait aider sa sœur à préparer le repas, mais là, quand elle le voit, quand elle l'entend, et peut-être qu'il lève la tête pour regarder qui arrive, et que ce regard là, l'atteint en profondeur, alors elle prend place avec les autres, parce qu'il y a des autres, elle s'assied, elle écoute, elle écoute, et le temps passe sans qu'elle s'en rende compte.

 

Seulement pendant ce temps, Marthe qui comptait sur sa sœur, se trouve à ne plus trop savoir où donner de la tête; le souci de la perfection c'est terrible. Et une colère monte en elle, et la paix reçue quelque temps avant s'en va.

 

Elle décide alors de cherchez sa sœur, (je me suis toujours demandée s'il n'y avait pas des serviteurs dans cette maison qui auraient pu faire, mais là encore la perfection c'est terrible, ne pas faire confiance. Et ce n'est pas sœur qu'elle interpelle, mais Jésus, et elle fait appel à son bon cœur (enfin tout est relatif). Il faut dire que la phrase est curieuse: cela ne te fait donc rien (toi qui est si bon, qui guérit tout le monde) de me laisser faire tout le travail? Dis lui donc de m'aider.

 

Or cette injonction évoque quelque chose qui se passe plus tard (Lc 12, 13-20), cet homme qui interpelle Jésus en lui disant: 'Maître, dis à mon frère de partager avec moi l'héritage que notre Père nous a laissé' à quoi Jésus répond, qui suis-je pour m'ériger en juge. Et il me semble que lorsqu'on demande à Jésus de donner un ordre à la place d'une autre personne, il ne le fait pas, et il refuse catégoriquement.

 

Et là c'est ce qui se passe. Il renvoie Marthe non pas dans ses fourneaux, mais à regarder ce qui se passe vraiment en elle.

 

Oui, elle  a du souci, comme toute maîtresse femme et elle s'agite pour bien de choses (et là peut-être y a t il un reproche sur le trop, sur tu te crées de obligations qui n'ont pas de sens, tu veux trop bien faire, tu es sans mesure et du coup, comme on dit le mieux est l'ennemi du bien, et tu te noies dans ce que tu fais, dans ces choses qui tu as choisies de faire, mais qui ne sont pas utiles. Et c'est la tempête en toi, mais cette tempête tu l'as créée.

 

Et surtout il ne demande pas à Marie, d'aider sa sœur, elle est là, elle écoute, elle se nourrit, et c'est bon et un jour elle nourrira les autres; sa part est bonne (et non pas la meilleure) et c'est sa part en ce jour là.

 

Alors j'ai laissé Marie raconter, mais je ne l'appelle pas Marie de Béthanie, parce que ce n'est pas dit dans le texte. Elle est juste la sœur de Marthe.

 

Marie, la sœur de Marthe, raconte.

 

Cela fait plusieurs semaines que des amis nous parlent de ce Jésus de Nazareth, ce prophète, détesté par les pharisiens, aimé par les petits, par les pauvres, par les pécheurs, par ceux qui sont si souvent méprisés et nous avons très très envie de le voir, de le recevoir chez nous, de l'écouter. Et voilà que le petit Moshelé toque à la porte pour nous dire que Jésus arrive avec quelques hommes. Aussitôt, ma sœur va à sa rencontre, pour le recevoir chez nous, un  peu comme si elle voulait être la première pour l'accueillir, mais en même temps, elle me fait un peu penser à la femme du cantique des cantiques qui cherche son bien-aimé. Ne me demander pas pourquoi, mais je crois que ma sœur, sans le connaître, elle l'aime déjà.

 

Et il est entré dans la maison. Il a donné la Paix à notre maison, et cette paix, je l'ai sentie comme un doux oiseau qui se posait sur nous. Naturellement après lui avoir donné de l'eau pour qu'il puisse se rafraichir, il s'est assis pour enseigner; et plein de personnes sont arrivées pour l'écouter; la maison était pleine. Bien sûr, moi j'avais pensé aider ma sœur; seulement après avoir entendu quelques mots, je n'ai eu qu'un désir, rester là en silence, l'écouter, me gorger de sa voix, de sa parole, de tout lui. Et j'ai perdu la notion du temps.

 

Mais d'un coup Marthe est arrivée dans la salle avec son air des mauvais jours. Je pensais qu'elle allait me sermonner devant tout le monde, mais ça a été pire. Elle s'est adressée directement à Jésus, un peu comme s'ils se connaissaient depuis toujours en lui demandant s'il trouvait normal que je ne fasse rien et qu'il devait lui dire de l'aider.

 

Seulement, il m'a regardée et je me suis sentie fondre, comme s'il me disait de ne pas m'inquiéter, que tout allait s'arranger, et il a dit à ma sœur qu'elle s'en faisait du soucis (et ça c'est bien vrai) et qu'elle en faisait des choses, et ça, c'est quand même son problème à ma sœur de vouloir en faire trop pour être la femme parfaite du livre des proverbes. Il a dit que pour cette fois, j'avais choisi la bonne place et que je ne devais pas la perdre, que je pouvais rester là, et que peut-être (mais ça il ne l'a pas dit) qu'elle pouvait en faire moins, parce que lui, ça lui était égal, qu'il n'était pas exigeant et que ce que pouvaient penser les voisins, ce n'était pas son problème.

 

Marthe est ressorti, un peu mortifiée je crois, sans me regarder, mais certains de ceux qui étaient là se sont levés pour l'aider et moi je suis restée à l'écouter parler et j'aurais tant voulu que ce moment soit éternel.

 

 Mais il est parti celui que mon cœur aime. Quand le reverrons-nous?

 

 


mardi, juillet 20, 2021

Mt 12,46-50: "Étendant la main vers ses disciples, il dit ... "

L'évangile de ce mardi 20 juillet, c'est la fin du chapitre 12 dans l'évangile de Matthieu. C'est l'épisode où Marie et les frères de Jésus viennent pour lui parler, mais certainement aussi pour le ramener manu militari à la maison, si on en croit l'évangile de Marc. En lisant hier le texte, je suis un peu tombée comme en arrêt devant ce geste de Jésus. C'est un beau geste, un très beau geste. 

Certes c'est montrer, mais c'est plus que cela. Et la phrase qui suit est réconfortante, pour nous. Sauf qu'en général, dans les homélies qui commentent ce texte, on parle de frères et sœurs, pas de mère... Et pourtant, c'est ce que dit Jésus. Il y a donc des personnes qui l'ont choisi, Lui, et avec les quelles il pourrait être lui, comme un fils.
Cela me fait un peu penser à des prêtres africains que je connais, qui voient en une de mes amies leur mère, et qui disent maman! Un autre lien que celui de la fraternité. Un lien plus intime, plus proche, plus affectueux aussi, mais qui dit aussi que Jésus a besoin de cette affection, et je trouve cela très important. 

Par ailleurs, même si on dit toujours que Marie, qui a fait la volonté du Père, est "la disciple parfaite", je ne peux m'empêcher de penser que cette phrase a dû être très douloureuse pour elle: cet enfant, elle l'a porté 9 mois en elle, elle l'a mis au monde! Et là, c'est quand même le groupe familial qui est comme mis à l'écart, comme mis dehors. Certes elle a pu le comprendre, mais pour moi, cette phrase là a bien dû lui transpercer le cœur. 

Bien entendu, comme c'est Matthieu, qui est très bref, on ne sait pas ce que sa famille souhaite; mais il y a bien ici une scission, une rupture. Jésus ne se laisse pas distraire de son chemin: qui ne passe pas, qui ne passe plus par Nazareth. 

Comme souvent, je travaille le texte verset par verset, et aujourd’hui cela a permis la naissance d'un petit texte qui essaie de laisser parler Marie, celle qui est Sa Mère et notre mère.

   
 Travail sur les versets. 


46 En ce temps-là, comme Jésus parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler.

 

Si on lit bien c'est très étonnant ce qui est décrit là. On peut imaginer que si Jésus parle "aux foules", c'est qu'il est dehors. Et Matthieu nous parle de la famille qui se tient "au-dehors", qui cherche à lui parler. Comme s'il y avait un autre au-dehors. Il y a le au dehors de ceux qui entourent Jésus, avec les disciples, et de ceux qui viennent l'écouter, et cela fait comme une sorte de corps. Et à l'extérieur, il y a la famille, qui "cherche" à lui parler, et qui ne sait pas comment faire, comment s'y prendre. Et pourtant… Et on peut imaginer qu'ils demandent à ceux de "l'enveloppe" de prévenir Jésus, que sa mère et famille sont là.

 

47 Quelqu’un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler. »

48 Jésus lui répondit : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » 

 

La transmission est faite et la réponse est pour le moins étonnante. 

 

49 Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères.

50 Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »

 

Il y a donc ce geste, que la famille doit voir… Et qui a peut-être été un crève-cœur pour Marie, parce que certes la volonté du Père, elle l'a faite, mais ça a dû être dur. 

Et cette annonce, pour nous, "celui qui fait la volonté de mon Père", c'est cela peut-être l'important: le "mon", qui montre bien que Jésus n'est plus dans la logique de la famille biologique, mais dans une logique autre.
Créer cette église d'amoureux.

 

 

    Marie raconte

 

Depuis que mon fils a quitté la maison pour se faire baptiser par Jean, il a pris son envol, son envergure. On nous a raconté tout ce qu'il fait, tout ce qu'il dit, mais aussi ses querelles avec les pharisiens. Et puis on a aussi appris que Jean avait été emprisonné et tué par Hérode; alors, nous avons peur pour lui. Nous voudrions qu'il arrête, qu'il s'arrête, qu'il ne se mette pas tout le monde à dos, bref qu'il rentre...

 

Je sais bien que cela il ne le fera pas, parce que le nom qui est le sien, "Dieu Sauve", c'est son destin, son rôle; mais la famille a tellement insisté, et insisté aussi pour que je vienne avec eux, parce que fils se doit d'honorer ses parents, et donc d'écouter sa mère, que je suis partie avec eux, sans trop y croire.

 

Nous sommes arrivés à Capharnaüm. Il était dehors, assis, avec tellement de gens autour de lui qu'on ne le voyait pas; on entendait juste sa voix. Et cette foule, il fallait la traverser, et elle était tellement dense que cela faisait comme un mur qui le séparait de nous. Nous, sa famille, nous étions comme dehors, à la porte. On a demandé à un homme, qui nous regardait avec une certaine curiosité, de lui faire dire que sa mère et ses frères voulaient lui parler. Et cela a été transmis de bouche à oreille et certains se sont un peu déplacés pour que nous puissions passer.

 

Mais le temps que nous arrivions, il avait déjà été prévenu et là, rien ne s'est passé comme la famille l'avait prévu, et ça ne m'a pas étonnée; sauf que malgré tout ça m'a fait mal.

 

 À celui qui lui transmettait le fait que nous étions là, il a montré ses disciples qui étaient proches de lui, ses disciples qui - nous l'avions entendu dire - avaient en son nom expulsé des esprits impurs, guéri des malades et proclamé que le royaume était tout proche; et il a dit que ceux-là, qui faisaient la volonté de son Père qui est dans les cieux, ceux-là étaient pour lui une mère, des frères, des sœurs.

 

Alors j'ai repensé à cette fête de la Pâque, alors qu'il venait d'avoir 13 ans, où après l'avoir cherché trois jours, nous l'avions retrouvé parmi les docteurs, discutant avec eux, et nous disant "pourquoi me cherchiez vous, ne saviez vous qu'il me faut être chez 'mon' Père? ".

 

Et là, c'était la même chose: et c'était à nous aussi de laisser faire, pour que la volonté de son Père puisse s'accomplir.

 

Je sais que ses frères étaient très en colère, mais nous avons pris le chemin du retour. En moi, il y avait à la fois une grande fierté, mais aussi une certaine tristesse, de ne pas avoir pu rester auprès de lui. Mais, quand il a parlé 'd'être pour lui une mère,' son regard s'était posé sur moi, et j'ai senti son amour, cet amour qu'il donne sans compter. Et au fond de moi, je me suis réjouie.

 

Merci Seigneur de nous accepter dans ta famille, de faire de nous tes mères, tes frères, tes sœurs; et apprends-nous à faire toujours plus la volonté de Ton Père qui est dans les cieux.