dimanche, octobre 24, 2021

L'aveugle de Jéricho. Marc 10- 46b-51

 C'est un texte bien connu, retenu pour ce dimanche 24 octobre, texte qui qui je le suppose doit être facile à mimer, et qui dans l'évangile de Luc est suivi de la rencontre avec Zachée. 

Préalables.

Pourquoi ce texte me fait-il penser à la résurrection du fils de la veuve de Naïm? 


Peut-être parce qu'il y a ce mouvement de la foule.  Dans Lc 7, il y a les deux foules qui se croisent, celle des disciples et de la foule qui accompagnent Jésus et celle qui accompagne le mort et sa mère. 


Là, il y a une foule qui sort de la ville, et un homme assis, un homme seul, un homme un peu comme le fils de la veuve, qui est sur le chemin, qui est dans la nuit, qui est seul mais qui peut écouter, entendre, parler. Mais là aussi quelque part ça se croise.


Ce qui est étonnant c'est que finalement cet homme n'a pas vraiment une identité, il est le fils de Timée, Bartimée. Mais quelque part il n'a pas de nom et la finale du texte dira: et aussitôt l'homme retrouva la vue et le suivait sur le chemin, l'homme qui n'était que le fils. Peut-êtreque la vue retrouvée, lui permet de devenir celui qu'il est appelé à être. Il n'est  plus l'infime, le fils de Timée, il est lui-même et il décide de rester avec Jésus sur cette route qui va vers Jérusalem. 


Par ailleurs, ne peut-on pas dire qu'il vit quelque chose de l'ordre d'une résurrection?(Et c'est pour cela que le parallèle avec le fils de veuve de Naïm est présent, même si dans cette rencontre il n'y avait pas de demande, mais juste Jésus qui est pris de pitié). 


SI je je reprends les verbes qui sont utilisés par Marc il y a:

- il jette son manteau (comme on jette un linceul),  

- il bondit, comme on bondit en dehors de la tombe, 

- il se lève, 


Et pour moi, ce sont des mots de la vie, des mots de résurrection. 


Curieusement le prêtre qui commentait ce texte, disait que personne ne l'a aidé. Pour lui, c'était "tu as voulu qu'il t'entende, alors maintenant il t'appelles, alors débrouilles toi". Et cela m'a interloquée. Jamais je n'ai pu imaginer la scène comme cela. D'ailleurs dans le texte lucanien Jésus demande qu'on lui amène l'homme.


Certes jésus lui fait dire par d'autres qu'il l'appelle, et c'est à cet appel que répond l'aveugle, mais soit Jésus est tout proche, soit d'autres sont là pour le guider, lui l'homme plein de confiance, qui a crié du fond de la fosse dans laquelle il était, qui a crié jusqu'à plus soif et qui est entendu et qui a le choix de demander ce quelque chose dont il a besoin et qu'il désire. 


Ce qui est beau, c'est que Jésus ne dit pas: je le veux, vois, mais ta foi t'a sauvé, et sauvé c'est bien au-delà de retrouver la vue. 


C'est trouver ou retrouver la vue, mais aussi ouvrir les yeux du cœur et c'est bien pour cela que l'homme, qui a peut-être compris où va Jésus, et ce qui risque de se passe pour lui, se risque lui, le fils de Timée, lui l'homme, à suivre Jésus sur la route qui va de la mort à la résurrection.


Travail sur les versets.

 

46b En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin. 

 

Ce n'est pas le même évangile, mais chez Luc et c'est la rencontre avec la veuve de Naïm, parce qu'il y a aussi la rencontre de jésus et ses disciples et une foule, et de l'autre le cortège avec le corps. Là c'est les disciples, la foule et un homme seul, assis, presque dans un tombeau. Mais cet homme, qui mendie, du coup change de discours. C'est Fils de David, Jésus, prends pitié de moi.

 

47 Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! » 

48 Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » 


La phrase de cet homme sert de base à la prière du coeur: Jésus Fils de Dieu, aie pitié de moi. Ce qui est certain c'est que lui l'aveugle, il a compris que ce jésus c'est le Messie promis, le messie attendu, pas juste un faiseur de miracles. 

 

49 Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » 



50 L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.

 

Et là, c'est presque une scène de relèvement, de résurrection. Lève-toi, il t'appelle. Comme pour Lazare. Et la réponse, il jette son manteau, il bondit et il court. Ce n'est plus le mendiant assis, c'est déjà un autre homme. 

 

51 Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » 

 

52 Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.



Un disciple raconte. 

 

Nous sommes à Jéricho, cette ville qui est en dessous du niveau de la mer, de cette mer remplie de sel, cette mer morte. Ici il y a une oasis, et j'aurais bien aimé séjourner un peu ici, mais Jésus veut aller à Jérusalem, et nous le suivons. Il y a beaucoup d'autres, des inconnus qui sont là, qui suivent. Pourquoi sont-ils là? Qu'attendent-ils? Je ne sais pas. 

 

A un moment Jésus s'est arrêté. Dans ce cas-là, ça fait un peu de bousculade, et on se demande ce qui se passe. On a vu Jésus qui parlait à un homme, qui lui posait une question, et que l'homme qui se mettait à hurler de joie, s'est joint à ceux qui suivaient Jésus. Mais moi, je n'ai pas compris, j'étais trop loin, je ne voyais rien.

 

Et l'homme, qui était connu sous le nom de fils de Timée, m'a raconté lors d'une halte ce qui lui tait arrivé.


 Il était, comme tous les jours, assis à la sortie de la ville pour mendier. Il a entendu un bruit de pas, et il a eu un peu peur, lui qui était là à attendre le bon vouloir des passants, mais qui ne peut pas se défendre.Il avait peur d'être bousculé, écrasé. 


Ceux qui passaient lui ont dit que c'était Jésus qui prenait la route de Jérusalem, alors lui qui se sentait comme écrasé par le bruit des pas, s'est mis à crier très fort, parce qu'il voulait être entendu par Jésus quand il passerait à sa hauteur. Et il m'a dit qu'une phrase s'est imposée à lui, et la répétait sans cesse: "Fils de David, Jésus aie pitié de moi". 


Et cette phrase, il la répétait sans cesse, si bien que ceux qui étaient à son niveau voulaient qu'il se taise. Mais il ne pouvait pas se taire, il ne voulait pas se taire, il savait que le Maître, s'il l'entendait ferait quelque chose pour lui. Et le Maître est arrivé à son niveau, il a entendu et il s'est arrêté. C'est là que moi, j'ai commencé à me demander ce qui se passait. 

 

Il a demandé qu'on appelle la personne qui criait aussi fort; quelques mains secourables ont voulu l'aider, mais lui, il a jeté son manteau sur le sol pour aller plus vite, un peu comme on se débarrasse d'un poids trop lourd,  il a bondi sur ses pieds, il a été comme poussé devant Jésus. Il ne sait pas expliquer ce qui s'est passé, mais il sentait la présence de Jésus et il a entendu sa voix qui lui demandait ce qu'il pouvait pour lui. 

 

La question l'a un peu interloqué. Ce n'était une aumône qu'il voulait, mais bien que Jésus lui rende la vue, le guérisse de son infirmité. 


Et c'est ce qui s'est passé, mais lui, quand il en parle, il dit que c'est bien plus que cela qui s'est passé. Il est devenu certes un voyant comme tout le monde, mais il est sorti de la mendicité, il est devenu libre, et pour lui, il dit même qu'il est devenu vivant. 


Que la vie est en lui, que la vie est devant lui, mais que cette vie donnée (ou rendue) par Jésus, il ne veut pas la garder pour lui, il veut aller avec lui, avec nous à Jérusalem pour proclamer les merveilles de Dieu en Jésus, son Envoyé.