mercredi, novembre 13, 2013

Les dix lépreux Luc 17, 11-19

Encore un texte bien connu.

J'ai été frappé par la phrase: l'un deux voyant qu'il était guéri....

Comme si les autres, dans leur obéissance à l'ordre: "allez vous montrer aux prêtres" étaient centrés sur la route, sur le chemin, sur l'ordre et qu'ils avaient comme oublié de "regarder" et "voir" que leur peau était devenue nette. J'imagine cet homme calfeutré dans ses vêtements qui regarde sa main et qui la voit guérie... Et qui comprend ce qui s'est passé.

Bien sûr, point n'est besoin pour lui qui est un samaritain d'aller se montrer aux prêtres de Jérusalem, mais lui il a vu...

Alors je me dis que bien souvent quand nous demandons, il nous arrive ensuite de ne pas regarder, de ne pas voir que nous avons été exaucés parce que nous ne regardons pas où il faut, parce que nous sommes obnubilés par notre manière de voir.

Car Jésus ne leur a pas dit qu'ils sont guéris... Mais là aussi peut être faut il apprendre petit à petit à décoder sous les mots ce qui se passe. Ecouter et voir, voir et écouter et rendre grâces.

La parabole des serviteurs "quelconques" luc 17, 7-10

Nous avons réentendu hier ce qu'on appelle la parabole des serviteurs quelconques (on disait inutile). Le personne qui commentait a insisté sur la notion de quelconque (peut être dans le sens de ne pas se glorifier, ce qui pour moi renvoie à être un parmi d'autres, sans se croire être au dessus ou au dessous d'ailleurs).

Mais en l'écoutant je pensais à la notion de serviteur que nous écoutons avec nos oreilles d'aujourd'hui. Pour moi, un homme qui a  un serviteur, est un homme qui devrait aussi avoir une femme (qui prépare à manger) et le serviteur est là pour les travaux difficiles comme les travaux des champs. Or là il n'en n'est rien. On a un maître unique qui a un serviteur unique. Et de fait ce serviteur qui est une sorte d'homme à tout faire est pour moi beaucoup plus proche d'un disciple.

Je veux dire que le disciple pour moi est celui qui fait tout ce qui est en son possible pour que son maître puisse justement être son maître, être le maître. Et à son contact le disciple peu à peu évolue, change se transforme.

Si on remet cette "parabole" mais je ne pense pas qu'il s'agisse d'une parabole,dans son contexte (le chapitre 17) on peut lire que les apôtres ont demandé à Jésus d'augmenter leur foi, et peut être que s'ils demandent cela ce n'est pas tant pour pouvoir pardonner au frère qui a offensé que parce que cette montée vers Jérusalem leur demande une sacrée foi et que ces attaques des saducéens, des pharisiens, ces déplacements permanents ne sont pas si faciles que cela à vivre.

Etait ce cela qu'ils attendaient en suivant Jésus? Si on repense à ces questionnements pour savoir qui sera le plus grand d'entre eux, qui aura une place de choix dans le royaume, on peut bien comprendre qu'ils sont fatigués, qu'ils voudraient souffler eux qui portent quand même beaucoup de la chaleur de la journée.

C'est peut être cela que Jésus veut faire comprendre. Si nous le choisissons comme maître (ou s'il nous choisit) pour être à son service, de même que lui est sans arrêt sur la brèche pour être au service de son Père, il en est de même pour nous, nous devons faire ce qui est nécessaire pour qu'il puisse être "soigné" comme il le mérite. Cela c'est le travail du serviteur (ou du disciple) et ce dernier n'a pas à en tirer d'orgueil. Il fait ce qu'il a faire et c'est son travail et c'est normal.

mardi, novembre 05, 2013

Zachée, Jéricho. Luc 19, 1-10

La liturgie nous a fait relire le passage de Jésus dans la ville de Jéricho. Il va interpeller Zachée le chef des percepteurs d'impôts pour demeurer chez lui, et il va guérir l'aveugle Bartimée. D'une certaine manière on peut dire qu'il va faire tomber des murailles. Zachée ne devient pas pauvre, mais son regard change; quant à Bartimée lui il sort de son statut de handicapé pour devenir un homme témoin.

J'ai découvert en 1963 la ville de Jéricho. Nous y avons passé l'après midi avant de commencer notre montée à pied vers Jérusalem. Pour moi cette ville, la ville des roses, me renvoie à une sieste dans un jardin, ce qui après la mer morte était un vrai paradis.. Elle me renvoie à la découverte que l'eau qui coule d'un robinet n'est pas une eau fraîche car au mois d'Aout la température est bien élevée, mais l'eau même si elle est chaude est précieuse. J'ai passé dans cette ville un moment de paix et curieusement j'ai découvert le prix d'une vraie sieste.

Ensuite j'ai découvert ce merveilleux désert qui existait à l'époque entre Jéricho et le lieu que l'on appelait l'auberge du bon samaritain. J'ai ensuite découvert que des petits scorpions pouvaient se glisser dans les duvets et qu'il fallait être sur ses gardes. Mais revenons à Jéricho.

Le livre de Josué, qui raconte la conquête du pays de Canaan après la mort de Moïse, a en lui quelque chose d'épique. Josué réédite d'une certaine manière le passage de la mer des joncs puisque le Jourdain se fend et cesse de couler vers la mer morte, c'est à dire qu'il s'ouvre devant le peuple et permet le passage. Puis c'est l'arrivée devant Jéricho. Si l'on se réfère aux passages antérieurs de ce livre, on peut se souvenir que Josué a envoyé des espions qui ont été sauvés par Rahab qui avait une maison dans la muraille qui entoure Jéricho.

 Certes les murailles originaires ont été détruites plusieurs siècles auparavant, certes la population n'est pas très nombreuse, mais il s'agit bien d'une ville qui est là comme un verrou, comme un obstacle et qu'il faut faire sauter. Si Rahab peut être sauvée, on a du mal à imaginer que les murailles se sont toutes effondrées, mais il s'agit de montrer qu'une parole tenue doit être respectée et que quelque chose s'est passé: la puissance de Dieu permet de briser les obstacles.

Jésus, lui, ne va pas s'y prendre de la même manière. Peut être que les deux qui sont là sont un peu des prototypes de ceux que Jésus veut sauver. Pour l'aveugle, c'est peut être plus facile à comprendre car la cécité, qui d'entre nous peut affirmer qu'il n'en souffre pas, mais pour Zachée l'identification est peut être un peu plus difficile. Au fond de nous nous ne nous voulons pas riches de la richesse des autres, nous ne voulons pas être pris pour des profiteurs, et pourtant...

Il y a chez Zachée (comme chez Bartimée) le désir de voir, et cela c'est déjà un moteur, quelque chose qui pousse, qui met en route. L'un comme l'autre n'y arrivent pas à cause de la foule ou à cause de ceux qui veulent les réduire au silence, la foule c'est un peu comme une muraille et là d'une certaine manière l'un comme l'autre trouvent moyen de la détruire, ils ne se laissent pas faire. Peut-on dire que l'Esprit est déjà en oeuvre en eux?

Je ne sais pas si Zachée (lui dont le nom signifie peut être Dieu fait grâce, si on admet que Zachée et Zacharie ont la même origine) en haut de son sycomore s'attendait à être vu, mais c'est pourtant ce qui se passe (même si je me cache dans les hauteurs, tu le sais)...

Ce qui est peut-être amusant c'est de penser que s'il a dû mettre un certain temps pour grimper dans l'arbre, il en descendu vite, peut être même en sautant, car Jésus lui dit: "descend vite car je veux demeurer chez toi" et l'évangéliste note "et vite il descendit", peut être que Marc aurait écrit "et aussitôt".

Bref si Zachée a su vaincre une première muraille, d'autres vont continuer à tomber. Zachée ouvre ses yeux (comme l'aveugle): il regarde les autres autrement. Les pauvres ne sont plus ceux qui ne peuvent pas payer l'impôt, non ils deviennent ceux qui doivent être aidés. Quant aux autres, ils ne sont plus des machines à donner de l'argent (cet argent qui est prélevé par les précepteurs qui sont sous ses ordres), non ils sont des hommes qui ont peut être été injustement pressurisés et il est nécessaire de les entendre et de leur faire justice.

Le regard de Zachée est changé, le regard de Bartimée est ouvert, alors Jésus peut entamer sa montée vers Jérusalem, lui qui va changer le regard des uns sur les autres, qui va permettre de passer de l'indifférence à l'amour. Abattre la muraille de l'indifférence ce n'est pas rien.