mardi, août 29, 2023

Mc 6, 23-30 MARTYRE DE Jean Baptiste.

Mc 6, 23-30.  Martyr de Jean Baptiste. 28 Août 2023

 

Un peu étonnant ces fêtes de Jean le Baptiste qui ponctuent l'année. Ce texte de ce que l'on appelait autrefois la "décollation" a déjà été raconté par deux personnes: Le garde qui assiste à la fête donnée en l'honneur d'Hérode, qui est de service et qui certainement a dû le regretter (https://giboulee.blogspot.com/2019/02/la-mort-de-jean-le-baptiser-mc-6-14-29.html); la jeune fille qui a demandé, la tête de Jean: https://giboulee.blogspot.com/2022/02/mc-6-14-29-la-jeune-fille-rentra-dans.html

Je pensais avoir fait un peu le tour de la question, mais Hérode là-dedans? Après tout, c'est quand même lui l'auteur du meurtre, même s'il s'est fait manipuler. Comment sortir de l'engrenage du mal?

 

Réflexions: le rôle du prophète.

 

Plusieurs choses m'ont frappée dans ce récit. La première étant le rôle et la place du prophète; et prendre la place de prophète, ce n'est pas une sinécure, cela engage. On peut bien voir ce qui se passe avec Jérémie, jeté dans sa citerne, ou comme le rappelle Jésus, ce qui est advenu à Zacharie. A la limite, comme on le lit au début de l'évangile de Matthieu,  appeler à la conversion c'est une chose, même si on ajoute que le royaume de Dieu est tout proche. Cela peut être entendu comme un message d'alerte: Le tout Puissant va se manifester, la fin du monde est proche, pour sauver votre peau convertissez- vous. Et Jean a été entendu. Mais passer, de là, à s'en prendre au roi, c'est autre chose. Dire à un puissant qu'il n'a pas le droit de faire ce qu'il fait, c'est plus que risqué; mais c'est aussi la fonction du prophète, comme cela sera celle des successeurs de Jésus, si je me réfère aux épitres pastorales - par exemple Ti 2,15 :

  "Dis ces choses, exhorte, reprends, avec une pleine autorité". Et faire cela c'est toujours prendre un risque. Le prophète Elie ne semble pas avoir tellement parlé au peuple, mais par contre les dialogues que nous avons sont avec le roi Achab; et là Jean fait de même. 

 

Si on relit les derniers chapitres de l'évangile de Matthieu (lecture suivie de semaine) dans le chapitre 23 on peut dire que Jésus fait de même avec les puissants de son temps, à savoir les scribes et les pharisiens. Jésus est bien, aussi, un prophète qui dénonce.

 

 Donc Jean prend un risque. Et il se retrouve en prison. Sauf que l'attitude d'Hérode est curieuse. Il s'agit de faire taire, pas de tuer; alors que pour Hérodiade il s'agit (comme c'est le cas avec Jézabel) de le faire disparaître définitivement, et pour cela tous les moyens sont bons. C'est aussi ce qui se passera avec Jésus: il faut faire taire. En ce sens on peut bien dire que Jean est le dernier des prophètes: il est un précurseur, et il n'est pas mort à cause de Jésus, mais de sa fidélité à son Dieu. 

 

Une question se pose aussi: cette arrestation n'est-elle pas plus l'œuvre d'Hérodiade que d'Hérode? Dans la mesure où ce dernier, dans ce texte, est présenté comme un être faible (il voudrait mettre à mort, mais il n'ose pas, et quand il fait venir Jean, il découvre un homme intelligent, qui lui montre ses fautes, et curieusement, il prend plaisir à l'écouter, ce qui permet de penser que ce qui va se passer ensuite est à l'opposé de son désir. 

 

Une question qui se pose à moi, est aussi la suivante: quand le mal est commis devant soi, comment s'y opposer? Est-ce que Salomé aurait pu s'opposer à sa mère? Est-ce que les convives auraient pu dire non, malgré le serment du roi? Cela reste une vraie question qui nous concerne tous. 

 

Le texte

  

17 En ce temps-là, Hérode avait donné l’ordre d’arrêter Jean le Baptiste et de l’enchaîner dans la prison, à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe, que lui-même avait prise pour épouse.

18 En effet, Jean lui disait : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère. »

 

Jean est dans son rôle de prophète; pas de témoin du Christ. On nous dit qu'il est enchaîné, entravé, lui qui prêchait la libération par la conversion. Mais il reçoit des disciples, puisque l'on sait qu'il les envoie demander à Jésus si ce dernier est bien celui qui doit venir.

 

19 Hérodiade en voulait donc à Jean, et elle cherchait à le faire mourir. Mais elle n’y arrivait pas

20 parce que Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir.

 

On peut imaginer qu'elle a essayé de le faire périr dans sa prison, mais que cela a été démasqué et déjoué. Elle fait un peu penser à Jézabel. Pourquoi Hérode a-t-il peur de Jean? Un reste de conscience? Ou peur qu'il ne lui jette une malédiction? Il y aurait aussi la réaction du peuple, de tous ceux qui ont entendu Jean et le considèrent comme le successeur d'Elie. Peut-on tuer un homme de Dieu, qui a prêché la conversion et qui y a réussi?  Est-ce que cela ne va pas provoquer une émeute? 

 

Très ambivalent, Hérode, là. Il a peur de Jean: de la parole de Jean. D'autant qu'il sait que ce qu'il a fait c'est mal. Mais en même temps, il ne rompt pas le dialogue. Peut-être veut-il lui faire comprendre le pourquoi de son choix. On peut se demander aussi si ce n'est pas le choix d'Hérodiade, qui s'est imposée à lui, par arrivisme personnel.

 

21 Or, une occasion favorable se présenta quand, le jour de son anniversaire, Hérode fit un dîner pour ses dignitaires, pour les chefs de l’armée et pour les notables de la Galilée.

22 La fille d’Hérodiade fit son entrée et dansa. Elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai. »

 

C'est un plan bien élaboré. Hérodiade attend qu'il soit bien enviné, bien gris, donc qu'il perde son contrôle. C'est alors qu'elle lui envoie une danseuse bien particulière, sa propre fille, une fille de roi. Et elle sait bien que cela va lui faire encore plus tourner la tête. Elle n'est pas une danseuse quelconque. Et cela va bien fonctionner. 

 

23 Et il lui fit ce serment : « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. »

24 Elle sortit alors pour dire à sa mère : « Qu’est-ce que je vais demander ? » Hérodiade répondit : « La tête de Jean, celui qui baptise. »

 

Et effectivement, il voit la jeune fille, veut la conquérir en lui donnant ce qu'elle veut (l'acheter). Enfin là c'est ce que je peux imaginer. Sauf que se faire la fille de sa femme, fille qui est aussi sa nièce, c'est interdit. Mais ce qui va lui être demandé n'est pas du tout conforme à ce qu'il avait imaginé.

 

25 Aussitôt la jeune fille s’empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que, tout de suite, tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste. »

26 Le roi fut vivement contrarié ; mais à cause du serment et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus.

 

On trouve le aussitôt chez Marc. Une fois de plus ça ne traîne pas. On est dans l'immédiat, dans le présent. On voit que la présence des convives complique les choses. Et du coup, on peut se demander si certains convives auraient pu s'y opposer? Mais ce sont pour un certain nombre des militaires, alors la vie d'un homme, que représente-t-elle pour eux?  Et s'opposer à Hérode, ce serait prendre un trop grand risque, en tous les cas pour les dignitaires.

 

27 Aussitôt il envoya un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean. Le garde s’en alla décapiter Jean dans la prison.

28 Il apporta la tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.

 

Pauvre garde qui ne devait pas s'attendre à finir la soirée de cette manière. 

Pauvre fille manipulée par sa mère, et qui ne sait pas s'opposer à elle. Recevoir la tête d'un homme mort, quelle fin de fête. 

Que le roi soit dessaoulé d'un coup, et contrarié, ça on veut bien le comprendre. Cela passe de la fête à l'horreur, de la vie à la mort. Et c'est la mort du prophète. 

 

29 Ayant appris cela, les disciples de Jean vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un tombeau.

 

On a donc normalement un corps sans tête, contrairement au corps de Jésus qui lui sera entier, et dont aucun os n'aura été brisé.

 

 

Hérode raconte.

 

Comment a-t-elle pu me faire ça? Elle, c'est Hérodiade, la femme de mon frère Philippe qui est devenue mienne. Enfin je ne sais plus trop si c'est mon choix, parce que je la trouvais trop bien pour mon frère, ou si c'est elle, qui trouve plus avantageux d'être avec moi, parce qu'avec le territoire que j'administre, je suis bien plus près du pouvoir romain que mon frère. 

 

Elle m'a poussée à faire emprisonner Jean le prophète, celui qui baptise sur les bords du Jourdain. Il faut dire qu'il vitupérait contre moi en disant que je n'avais pas le droit de faire ce que j'ai fait. Mais il peut dire ce qu'il veut, je ne changerai pas, car Hérodiade m'est précieuse. 

Je l'ai donc fait emprisonner et enchaîner dans ma prison. Mais comme je la connais, ma femme, il y a mes gardes qui veillent, car je ne veux pas qu'il soit tué par elle. Cela monterait tout le peuple contre moi, qui me détesterait encore plus; Jean est homme juste, je dois dire que certes j'aimerais bien qu'il disparaisse, mais je prends plaisir à l'écouter quand je le fais sortir de sa prison de temps en temps. 

 

Il a des disciples qui viennent le voir, cela je ne peux pas l'empêcher. Du temps a passé, il me semblait qu'Hérodiade, qui ne me parlait plus de Jean, avait pris son parti. J'aurai dû me méfier, elle ne lâche rien et tout ce qui s'oppose à elle, elle le supprime d'une manière ou d'une autre. 

 

Est arrivé le jour de mon anniversaire. Comme chaque année, je reçois tous les dignitaires, les chefs de mon armée et les notables de Galilée. Il parait qu'en Galilée il y a un jeune prophète, qui commence à faire parler de lui. Il faudra que je fasse enquêter davantage sur lui. Je sais que lui et les pharisiens ce n'est pas le grand amour et que beaucoup voient en lui comme un fils spirituel de Jean.

 

Comme tous les ans, le vin a coulé à flot et nous avons tous bu à ma santé. 

 

Alors, Salomé, la fille d'Hérodiade est entrée. Qu'elle est belle avec sa jeunesse, sa naïveté, sa candeur. Elle s'est mise à danser et tous nous n'avions d'yeux que pour elle. J'étais comblé et quand la danse s'est arrêtée, j'ai fait le serment de lui donner tout ce qu'elle me demanderait, même la moitié de mon royaume. Enfin, je ne sais plus trop ce que j'avais promis, parce que malgré tout, j'avais le cerveau bien embrumé.

 

Elle est alors sortie pour demander à sa mère ce qu'elle allait me soutirer; là j'aurais dû me méfier, pourquoi demander à sa mère. Une jeune fille, cela aime les bijoux, les pierres précieuses, les vêtements, de nouveaux esclaves. Elle n'a pas besoin de consulter sa mère pour cela. 

 

Elle est revenue et m'a dit qu'elle voulait la tête de Jean, sur un plat. 

 

Alors un silence de mort s'est abattu sur la salle. Seulement je m'étais engagé par serment et un serment est un serment. Ne raconte-t-on pas l'histoire de Jephté qui s'était engagé par serment à offrir à Dieu pour le remercier de sa victoire, le premier être vivant (animal ou homme) qui passerait le seuil de sa porte. Il ne pouvait pas imaginer que ce serait sa propre fille, et il a dû pour ne pas rompre son serment la donner au Seigneur. 

 

Si encore les hommes qui étaient là avaient osé réagir, peut-être que j'aurais pu, mais je suis assez lâche et je n'ai pas osé, et j'ai envoyé un garde trancher la tête de Jean et la donner ensuite à la jeune fille. Je n'osais pas la regarder. Comment avait-elle pu me demander cela? Et nous avons passé un certain temps tous silencieux. 

 

Le garde est revenu avec la tête de Jean. Quelle horreur et comment une jeune fille peut-elle regarder cela. Elle est sortie avec la tête, et moi je n'ai plus jamais voulu la voir; et je le lui ai fait savoir. 

 

Je sais que les disciples de Jean, sont venu prendre son corps pour lui donner une sépulture. Est-ce que la tête leur a été rendue? Je le souhaite. 

 

Mais l'amertume est en moi. J'ai fait le mal, pour une fois à mon corps défendant. 

J'espère que le prophète de Galilée ne va pas s'y mettre lui aussi, qu'il ne va pas remplacer Jean le baptiseur. Il est virulent contre les pharisiens qui lui en veulent pour son succès auprès des exclus. Mais moi, le roi, ne suis-je pas aussi un exclu, je suis tout seul avec l'héritage de mon père qui pèse sur moi, car on me compare sans cesse à lui. Bon, me voilà à m'apitoyer sur moi-même. Peut-être que ce Jésus, il faudrait que je le rencontre, pour me rendre compte par moi-même s'il est aussi dangereux que Jean le baptiseur.

 

Hérodiade a tout combiné, tout arrangé. Peut-être qu'elle a fait œuvre utile, mais me manipuler, moi le roi, ça, je ne lui pardonnerai jamais. 

 

  

samedi, août 26, 2023

Jn 1, 45-51 Fête de St Barthélémy, Nathanaël. Août 2023

 "Un véritable israélite, un homme sans ruse".

En lisant ce texte, j'ai été étonnée par ce que dit Jésus, alors que Nathanaël est manifestement en train d'arriver avec Philippe. Ceux qui sont avec Jésus ne peuvent pas savoir ce qui s'est passé entre ce dernier et Philippe. Nous, nous savons qu'il a déclaré que de Nazareth rien ne pouvait sortir de bon; mais finalement, il s'est quand même déplacé, il a fait confiance à son ami. 

 

Ce terme d'israélite, on ne le trouve que deux fois dans le nouveau testament, une fois ici, ailleurs le rédacteur parlera des juifs, et ceux-ci dans les polémiques se définissent comme descendants d'Abraham ou de Moïse. Et une autre fois sous la plume de Paul, dans l'épitre aux Romains: Rm 11, 1: moi aussi je suis israélite de la postérité d'Abraham,  de la tribu de Benjamin. 

 

Dans l'ancien testament, on le trouve: dans le livre du Lévitique, Lv 24, 10 et 11, où il définit l'origine d'un homme comme étant le fils d'une israélite, qui se dispute dans le camp avec un homme israélite; et dans le deuxième livre de Samuel: 2 Sam 17, 25 "Amasa était le fils d'un homme appelé Jithra l'Israélite, qui était allé vers Abigal, fille de Nachasch et sœur de Tserula, mère de Joab. 

 

Or le nom "Israël" est donné à Jacob lors de son combat contre l'ange de Dieu, avant sa rencontre avec son jumeau Esaü. Il me semble que l'une des signification du nom "Jacob", outre usurpateur, est aussi rusé; et rusé, il semble l'être puisque c'est par ruse qu'il obtient le droit d'aînesse et la bénédiction paternelle. Plus tard, c'est lui qui se fera avoir par la ruse de son beau-père Laban. Jacob, devenu Israël et le père des douze tribus aurait-il perdu sa ruse? Peut-être, sauf que la rencontre avec son frère montre bien qu'il a la tête sur les épaules. Alors que veut dire Jésus? 

 

Peut-être qu'il a des origines incontestables qui font de lui un descendant de Jacob, mais aussi peut-être que son franc parler montre bien qu'il dit ce qu'il pense, qu'il ne cache pas ses sentiments, mais que cela ne l'empêche pas de faire confiance. 

 

Mais si on prend la fin du texte, Jésus affirme que Nathanaël verra le fils de l'homme, les cieux ouverts avec des anges qui montent et descendent au-dessus de lui, cela évoque le songe de Jacob, ce qu'on appelle l'échelle de Jacob, Gn 28, 1-4. Or Jésus par sa mort, va bien ouvrir le ciel et désormais grâce à la mort et à la résurrection, la communication rompue redevient possible. Et c'est peut-être ce qui va commencer à se jouer lors des noces de Cana. 

 

Nathanaël, en entendant ce que lui dit Jésus, change comme on dit son fusil d'épaule, ne se soucie plus de son origine, mais reconnaît en lui le roi d'Israël. Roi d'Israël, mais pas comme Nathanaël se l'imagine. Il le voit comme le roi d'Israël, mais même si Jésus affirmera à Pilate qu'il est bien le Roi, et que ce sera marqué sur la croix; il n'est pas un roi terrestre, mais le Fils de l'Homme, ce qui est bien différent. 

 

Ce sont toutes ces réflexions qui ont nourri le petit récit de Nathanaël que je propose un peu en conclusion. Il est donc différent du billet https://giboulee.blogspot.com/2022/08/jn-1-45-51-viens-et-vois-lappel-de.html  qui était centré sur le "viens et vois".

 

 

Le texte.

 

45 En ce temps-là, Philippe trouve Nathanaël et lui dit : « Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. »

46 Nathanaël répliqua : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens, et vois. »

 

 Dialogue entre Philippe et Nathanaël. Ce qui est beau, c'est que Philippe ne baisse pas les bras, il veut vraiment pousser Nathanaël à voir par lui-même, à ne pas rester dans des lieux communs et même méprisants. Des querelles de clocher.

 

47 Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. »

48 Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. »

 

 

Il me semble que si Jean écrit au début du récit "Jésus déclare", c'est qu'il s'adresse à André et à Pierre qui sont là. Pas à Nathanaël, sauf que ça ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd et que Nathanaël, le prend mal. C'est un peu comme s'il lui rétorquait, mais qui es-tu toi, qui ne me connais pas? Est-ce que tu veux dire que je suis un grand naïf? ( Enfin je suppose que c'est quelque chose comme cela, pas de ruse, pas de méchanceté), bref c'est un bon gars qui fait confiance à son ami. 

 

Et à l'interrogation de Nathanaël, Jésus donne une réponse totalement hors norme: avant que Philippe ne t'appelle, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu. Il est donc question d'un figuier et un figuier il y en a bien un dans le livre de la Genèse. Il a donné ses feuilles pour que les couples cachent leur nudité et peut-être que c'est bien sous lui que se cache Adam et Isha (puisqu'elle n'a pas encore reçu son nom de Eve) quand le Seigneur appelle Adam.  Figuier arbre de la sagesse, figuier qui pouvait cacher Nathanaël aux regards. 

 

49 Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! »

 

Et là, la conversion est immédiate. C'est "tu sais qui je suis"... et alors moi, je sais qui tu es. Tu es le Fils de Dieu, le roi d'Israël (celui que j'attends). 

 

50 Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. »

51 Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. »

 

Commentaire un peu désabusé de Jésus; il ne te faut pas grand-chose pour changer ton fusil d'épaule;  ça ce n'est rien, mais un jour ce que tu verras sera bien moi dans ma royauté; pas une royauté terrestre, mais céleste. Les cieux seront ouverts, et la terre et le ciel seront réunis.  Il y a quelque chose de prophétique, et c'est le premier chapitre. "Roi d'Israël", c'est aussi dans le dialogue avec Pilate qui conclut un peu l'évangile de Jean. 

 

Commentaire de Nathanaël

 

Qu'est-ce que j'étais bien chez moi. J'avais du temps, je lisais les louanges et voilà que Philippe déboule comme un chien dans un jeu de quilles. J'étais dans mon jardin, à l'ombre de mon figuier. Et voilà qu'il me dit qu'il a trouvé le Messie. Je le regarde, étonné. Si on avait trouvé le Messie, ça se saurait non? Il me dit que c'est celui qui est annoncé par Moïse (enfin Moïse a juste parlé d'un prophète qui serait comme lui, pas d'un messie) et par les prophètes (là oui, eux ont annoncé la venue d'un descendant de David).

 

Philippe me dit alors, qu'il s'appelle Jésus et qu'il est le fils de Joseph de Nazareth. 

 

Alors là, les bras m'en sont tombés; tout le monde sait que le messie sera un descendant de la maison de David; et cette famille ne vient pas d'un petit trou de Galilée, mais de Bethléem de Judée; alors c'est vraiment n'importe quoi. En plus, Nazareth qui est proche d'une ville grecque, est toute pourrie, pardonnez-moi l'expression. Mais Philippe, ça ne lui a rien fait ma réaction, et il n'a pas cherché à discuter, il m'a dit de venir et de voir. Cela, ça m'a plu, je pourrai lui montrer qu'il se met vraiment le doigt dans l'œil. Et puis malgré tout Philippe c'est un ami. Lui, il a nom grec, moi mon nom signifie: Don de Dieu. 

 

Et nous avons quitté Bethsaïde. 

 

Quand nous nous sommes approchés de l'endroit où se trouvait Jésus avec Simon, André et un autre homme que je ne connaissais pas, Jésus s'est adressé à eux trois, et a dit en me montrant: voilà un véritable israélite, un homme dans lequel il n'y a pas de ruse. 

 

Cela m'a mis en colère. De quel droit parle-t-il de moi aux autres, comme si je n'étais pas. Est-ce que suivre Philippe, c'est faire preuve de naïveté? Un homme sans ruse, mais ça veut dire quoI? Un idiot? Et là je lui ai demandé, d'un ton peu aimable, d'où il me connaissait. Mais enfin, pour qui se prend il celui-là?

 

 Il m'a alors regardé bien en face et m'a dit qu'il m'avait vu quand j'étais sous mon figuier avant que Philippe n'arrive et ne gâche ma journée. Seulement ça, il ne pouvait pas le savoir, et il était affirmatif. Qui est-il, celui qui comme le dit le psaume, me sonde et me connaît, et connaît tous mes chemins? Celui-là, il ne peut -être que celui qui est choisi par le Très Haut! Et j'ai compris, pas avec des mots mais avec tout mon être, ce que Philippe avait dit en me disant qu'il avait trouvé le Messie. 

 

Et des mots ont jailli de ma bouche, des mots que je n'avais pas choisis, qui sont sortis tous seuls. J'ai affirmé qu'il était le Fils de Dieu, le Roi d'Israël. Et je le voyais déjà à Jérusalem avec la couronne de la royauté. 

 

Curieusement, il a eu l'air un peu triste, un peu désabusé. Presque comme si je l'avais déçu, comme si mon retournement avait été trop facile. Il m'a dit que peu de choses m'avaient suffi, juste d'affirmer qu'il m'avait vu; mais qu'un jour, je verrai autre chose, je verrai le Fils de l'Homme avec des anges, les cieux ouverts, avec des anges qui monteraient et descendraient tout autour. Et là, ce qu'il annonce c'est bien plus qu'une royauté, c'est le règne de Dieu et s'il y a bien quelque chose que je désire, c'est cela. 

 

J'ai alors fait comme Philippe, Simon et André: j'ai tout laissé pour le suivre, pour que royaume puisse advenir en Israël.

 

 

mardi, août 22, 2023

Mt 15, 21-28: la femme syro-phénicienne. 20° dimanche du temps ordinaire. Août 2023-

C'est cette guérison, en territoire non juif, qui est rapportée ce dimanche. Cet épisode est absent chez Luc. On le trouve donc chez Matthieu, Mt 15, 21-28 et chez Marc, Mc 7, 24-30, et comme souvent la rédaction de Marc est moins sèche que celle de Matthieu, même si celle de Matthieu est plus longue, car s'adressant essentiellement aux disciples. 

Lors de l'envoi en mission des apôtres, Jésus leur demande de ne pas aller en Samarie ni chez les nations païennes, mais de s'occuper des brebis perdues de la maison d'Israël. Cependant quand il y a des foules qui demandent des guérisons, Luc en tous les cas note qu'en plus des Galiléens, il y a des Judéens mais aussi des habitants de Tyr et de Sidon. Il semble bien que Jésus, dans cet épisode, passe d'une fin de non recevoir (il ne parle pas à la femme) à une écoute, comme si la simplicité de cette mère, qui se contentera des miettes  tombées sous la table, avait permis comme un changement en Jésus. Et c'est bien l'ouverture aux nations qui se dessine ici.


Matthieu 15, 22-28


Marc 7, 24-30

21 Partant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.

 

 

24 En partant de là, Jésus se rendit dans le territoire de Tyr. Il était entré dans une maison, et il ne voulait pas qu’on le sache. Mais il ne put rester inaperçu :

 

 

22 Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »

 

 

 

 

 

23 Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »

 

24 Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »



25 Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! »

 

 

25 une femme entendit aussitôt parler de lui ; elle avait une petite fille possédée par un esprit impur ; elle vint se jeter à ses pieds.

26 Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance, et elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille.

 

26 Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »

27 Il lui disait : « Laisse d’abord les enfants se rassasier, car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »

27 Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »

 

 

28 Mais elle lui répliqua : « Seigneur, les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants ! » Alors il lui dit :

 

 

28 Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.

29 « À cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. »

 

30 Elle rentra à la maison, et elle trouva l’enfant étendue sur le lit : le démon était sorti d’elle.

 

 



Annalyse du texte.

 

21 En ce temps-là, partant de Génésareth, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.

 

C'est au chapitre précédent Mt 14, 34, que Jésus est arrivé à Génésareth. Il est alors abordé par des pharisiens (début du chap 15), et c'est après une vive discussion sur le pur et l'impur que Jésus  se retire dans cette région, qui est au bord de la mer. Il semble bien que Jésus se mette en quelque sorte à l'abri. Il se retire, un peu comme la mer, au moment de la marée, se retire loin du rivage.

 

22 Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »

23 Mais il ne lui répondit pas un mot.

Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »

 

Très brièvement Matthieu décrit la scène, qui est une fin de non-recevoir, sauf que la femme ne lâche pas prise. 

 

24 Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »

 C'est aux disciples que Jésus s'adresse. L'envoi en mission Mt 10, se termine par: 5 « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. 6 Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël.» Le salut, du moins à ce moment-là, est seulement adressé aux juifs. 

 

25 Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! »

La femme a donc entendu, et là il me semble qu'il se passe quelque chose en elle. Car elle ne crie plus, elle se prosterne, ce qui laisse à penser qu'elle voit en Jésus, bien plus qu'un simple thaumaturge et maintenant,  elle demande pour elle (ce qui se passera aussi pour le père de l'enfant épileptique). 

 

26 Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »

27 Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »

Maintenant Jésus entend vraiment; il entre en relation avec cette femme, et lui adresse une sorte de remontrance, comme si elle volait quelque chose. Mais c'est là qu'elle raisonne autrement en lui démontrant que non, elle ne vole rien, mais que toute païenne qu'elle soit (petit chien), elle peut profiter de ce qui tombe de la table et qu'elle est prête à tout pour cela.

 

28 Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.

  Elle a vaincu le maître, qui ne peut pas refuser. Il commence par admirer sa foi, la foi d'une païenne, lui qui se heurte au manque de foi des pharisiens, lui dit simplement que ce qu'elle désire est accordé, mais il ne prononce aucun exorcisme, aucune parole, et de cela, la femme se contente. Elle part, certaine que da fille est sauvée. En cela, elle est admirable.

 En écoutant ce texte, et en essayant de faire un lien avec l'évangile du dix-neuvième dimanche du temps ordinaire, je me demandais si cette femme ne vit pas, comme nous aussi bien souvent, une tempête intérieure. Si on parle de possession c'est que cela a été brutal et que malgré tous ses efforts, malgré certainement des prières et des exorcismes, rien n'y a fait, et qu'elle ne sait plus que faire.  Et parfois ce nous arrive. En 2017, j'ai imaginé ce qui avait pu se passer pour elle, lors de cette rencontre, qui se passe mal   https://www.blogger.com/blog/post/edit/9807826/1459230267322686718   

Aujourd'hui, presque à mon corps défendant, j'ai voulu laisser parler un disciple, un de ces hommes qui va demander à Jésus de faire quelque chose pour cette femme, parce qu'elle leur casse les oreilles. Mais pour cela, il m'a fallu partir très en arrière. Cela me semblait nécessaire pour que cet épisode prenne son sens. 

 

Et si un disciple racontait… 

On en voit de toutes les couleurs avec le maître. Il y a peu il avait nourri une foule immense avec ce que nous avions prévu pour nous, qui n'était que cinq pains et deux poissons. Comment est-ce que cela a pu se faire, je ne le comprends pas, mais c'est un fait. Tous ont eu de quoi manger; de l'eau il y en avait sur place. Moi j'étais sûr que la foule allait s'emparer de lui et le proclamer roi à la place d'Hérode, mais il nous a demandé de ramasser ce qui restait, et cela faisait douze couffins remplis à ras bord, et de partir sur l'autre rive. J'aurai préféré rester avec lui, voir ce qui allait de passer, mais non, il n'a pas voulu.

  Quand il donne un ordre, on ne discute pas. Et nous nous avons passé une des pires nuits de notre vie, de ma vie. En pleine nuit, le vent s'est levé, un sale vent, un vent méchant, sournois, qui changeait sans arrêt de direction, comme pour nous narguer. Les nuages se sont amoncelés et nous ont caché la lune, et les vagues se sont mis à battre notre barque. Nous étions perdus. Si encore Jésus avait été là, il aurait pu faire quelque chose, mais non, nous étions seuls dans la tourmente. 

Et voilà que d'un coup, j'ai vu une sorte de silhouette se déplacer sur les vagues et s'approcher. J'ai bien cru que ma dernière heure était venue, que ce spectre allait nous prendre avec lui dans les eaux de la mort. Et j'ai crié. J'ai honte de le dire, mais c'est comme ça. Sauf que ce fantôme ce n'était pas un fantôme, mais notre Rabbi qui venait à notre aide. Il nous a parlé et j'ai bien reconnu le son de sa voix. Il nous a dit; confiance, c'est moi, n'ayez plus peur. Sauf que je continuais à ne pas être rassuré. 

 Si encore la tempête s'était calmée, mais non. Les vagues battaient toujours la barque. Et lui, il était à quelques encablures. Alors Pierre, notre Simon, a eu une drôle d'idée, un peu comme s'il doutait. Il lui a dit: si c'est bien toi, ordonne-moi de venir à toi, sur les flots. C'était quand même rudement risqué de demander ça. Et Jésus lui a dit de venir. Et là j'ai vu Pierre qui enjambait tant bien que mal le bord de la barque et qui se déplaçait sur l'eau. Je n'en croyais pas mes yeux, sauf que d'un coup, il a commencé à s'enfoncer. Il nous a dit que c'était arrivé parce que d'un coup en regardant à droite et à gauche et en voyant les vagues il avait été pris de panique. Je l'ai entendu crier au secours. Et Jésus l'a attrapé tant bien que mal, et ils sont montés tous les deux dans la barque. Simon n'était pas très fier de lui. Jésus, lui, n'a rien dit, mais le vent s'est calmé et là dans ce calme, nous avons compris que celui qui était avec nous était le maître du vent, le maître de la mer, le maître de la mort et nous nous sommes inclinés devant lui, lui l'homme rempli de Dieu. Et nous avons accosté. 

 Les gens nous ont reconnus et comme d'habitude le défilé des malades et des possédés a repris, et Jésus les a tous guéris. Vous vous rendez compte, tous. À aucun moment il n'a pensé à lui et à sa fatigue, et à la nuit précédente. Parce que lui, la nuit précédente, il l'avait passée à prier. Il nous l'a raconté un peu plus tard et il nous a raconté comment il avait renvoyé la foule.

 Un peu plus tard, il y a eu une attaque des pharisiens. Ils sont vraiment odieux ceux-là. Ils auraient dû être dans la barque avec nous, ils auraient compris qui est Jésus. Mais ceux-là ce sont de vrais teigneux, avec leur loi qui leur sort par les trous de leur nez.  Ils nous ont reproché de ne pas nous laver les mains avant de manger. D'une part c'est faux, et d'autre part, en quoi ça les regarde. Et Jésus ça l'a mis en colère. Enfin pas une vraie colère parce qu'il leur a quand même répondu, mais d'un ton pas aimable du tout, et il y avait de quoi. 

 Il a rétorqué qu'ils se servaient de la tradition ("les anciens" comme ils disent), pour faire dire n'importe quoi à la Loi de Moïse, la déformer à leur avantage. Il les a traités d'hypocrites, ce qu'ils sont et il a appelé ceux qui étaient là pour leur faire comprendre quelque chose que je n'ai pas trop compris, mais qui est sûrement important, sur le pur et sur l'impur. Dans notre loi, Moïse a été précis quand il parle des animaux que nous pouvons consommer et de ceux qui sont interdits, qui sont impurs. Là Jésus a dit que ce n'est pas ce qui entrait dans notre bouche, je pense qu'il veut dire ce que nous mangeons, qui rend impur. Sauf que dire cela c'est quand même énorme, mais que c'est ce qui sort de notre bouche, qui rend impur. Je pense que là ce sont les paroles méchantes, comme celles des pharisiens, la fois où ils ont osé affirmer que s'il chassait des démons c'est parce qu'il avait fait alliance avec Béelzéboul. Alors les pharisiens, contrairement à ce qu'ils imaginent, ils ne sont pas purs, eux qui passent leur temps dans des ablutions sans fin.

Naturellement les pharisiens ont été scandalisés, moi je dirais que ça les a rendus furieux. Il a ajouté qu'ils étaient comme des aveugles qui s'imaginent pouvoir guider d'autres aveugles. Pierre lui a demandé de nous expliquer ce qu'il voulait vraiment dire, parce que ça, le maître le fait toujours. Et là, j'ai été très content, parce que j'avais compris que ce qui rend impur ce sont les mauvaises pensées sortent de notre cœur, pas, les aliments. Youpi, je suis vraiment trop fort. 

 Et nous avons quitté cette région pas vraiment accueillante. L'idée, c'était de nous reposer un peu au bord de la mer, dans la région de Tyr et de Sidon. Sauf que cette région, elle est remplie de païens, et même de ces habitants qui possédaient tout le pays dans les temps lointains. Je pensais qu'on serait un peu tranquille, mais non. Une bonne femme est arrivée, une femme de ce pays impur. Elle hurlait, elle criait, elle lui demandait de guérir sa fille qui était possédée par un démon. Je crois qu'elle voulait le prendre par les sentiments en lui donnant du "Seigneur Fils de David". 

Et lui, il ne l'a pas regardée, pas écoutée, elle se répétait et lui ne disait rien. Et cela c'était très étonnant. Est-ce qu'il aurait perdu ses capacités de guérir dans ce pays qui appartient au mauvais? Moi, je n'aurais pas insisté, mais elle si. Et lui il faisait le sourd, sauf que nous, on ne supportait plus de l'entendre, surtout avec son drôle d'accent. L'un d'entre nous a même demandé à Jésus de lui dire de partir. Il a semblé nous entendre et il nous a dit qu'il n'avait été envoyé que pour les brebis perdues de la maison d'Israël. En fait il m'étonne un peu, parce que quand de grandes foules venaient se faire guérir,(1) il y avait des gens de toute la Galilée, mais aussi de Tyr et de Sidon; alors pourquoi là, faire une différence. Mais lui, il sait. Peut-être qu'il ne veut pas d'histoires, il y en a déjà bien assez ailleurs. Mais cela m'a étonné. 

 Alors là, la femme, elle m'en a bouché un coin. Je dirais même qu'elle ne manquait pas d'air, comme on dit, parce que cette phrase, qui était pour nous, elle s'en est servie pour elle. Elle a vu que Jésus nous parlait, elle s'est prosternée, comme nous dans la barque, et comme Pierre, elle lui a demandé de venir à son secours.  Je crois vraiment qu'elle était en train de se noyer, avec cette petite fille malade. 

Et là, le maître lui a adressé une remontrance: il lui a dit qu'il n'est pas bien de prendre le pain des enfants (je pense le pain que lui donne aux brebis affamées qui le suivent chez nous), et de le donner aux petits chiens. Là, petits chiens, je n'aurai pas aimé du tout qu'on me compare à un chien. C'est quand même injurieux. 

Mais ça ne lui a fait ni chaud, ni froid: il l'écoutait enfin; et elle a eu une réponse sidérante: elle lui a dit que les petits chiens, sous la table, mangent ce qui tombe de la table, et que cela ne prive personne. Jésus a été sidéré par cette réponse de bon sens, et il l'a félicitée pour sa foi, elle qui ne s'était pas laissée démonter; il lui a dit que sa foi était grande (et peut-être plus forte que la nôtre), et que tout allait se passer comme elle le voulait. 

 Ce qui est étonnant, c'est que lui n'a rien dit d'autre. Elle l'a regardé avec un sourire qui en disait long, et elle est partie. Elle est revenue un peu plus tard dire que sa fille était guérie, et dans ses yeux il y avait une lumière. Cette femme qui était comme éteinte était devenue vivante, et Jésus aussi était heureux. Cela faisait plaisir.

 Nous avons quitté le littoral et sommes revenus vers le pays qui est le nôtre. Et des guérisons il y en a eu, encore et encore. Quand comprendront-ils qu'au-delà du guérisseur, il y a cet Autre, celui qui vient au nom du Seigneur, celui qui est le Seigneur, celui qui apaise la tempête et qui donne en abondance. 

(1)  Marc 3, 8 et de la Judée, et de Jérusalem, et de l'Idumée, et d'au delà du Jourdain, et des environs de Tyr et de Sidon, une grande multitude, apprenant tout ce qu'il faisait, vint à lui.:

(2)  Lc 6, 17 Il descendit avec eux, et s'arrêta sur un plateau, où se trouvaient une foule de ses disciples et une multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus pour l'entendre, et pour être guéris de leurs maladies.

 

mercredi, août 16, 2023

Mt 18, 21-35. Le débiteur impitoyable

Impossible de retrouver ce billet dans le blog Porteuse d'eau. 


ce n'est donc pas un nouvel article, mais je le remets tel quel.


Il se trouve dans le livre: ils racontent les évangiles Tome 3.



Mt 18, 21-35. Le débiteur impitoyable.

C'était l'évangile proposé hier, mardi de la troisième semaine du temps de Carême. C'est un texte avec lequel j'ai du mal. Il a fallu presque deux jours pour que ce texte, d'un coup, prenne une autre dimension, que je sorte de ce que j'avais pu lire, pour comprendre que la "logique de Dieu" n'a rien à voir avec la logique des hommes, et qu'il se joue de nos petits calculs bien mesquins; parce que sa logique à lui, c'est celle du cœur (finale de ce texte: pardonner du fond de votre cœur). 

 

J'ai lu beaucoup de commentaires sur ce texte, sur le fait que le serviteur impitoyable a oublié que derrière le don (la remise de la dette), il y a le donateur. 

 

Il y a les commentaires qui font des parallèles avec la prière du Notre Père: "Remets-nous nos dettes, comme nous remettons leurs dettes à nos débiteurs" et "Car si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes". Mais pour pardonner, nous avons normalement quand nous étions enfants, été pardonnés par nos propres parents, et c'est cette expérience-là, qui permet la bienveillance envers les autres. On passe quand même ici du juridique (qui a des règles précises dans le Lévitique) à quelque chose de différent, la notion de faute.

 

Ce texte se trouve dans le chapitre 18 de Matthieu, qui est consacré au "vivre ensemble", donc aux règles qui doivent avoir cours dans la jeune communauté des disciples de Jésus. Se pose à partir du verset 15 la question du péché commis par un frère contre un frère, et du rôle de la communauté qui peut exclure; et ensuite celle du pardon, ce qui paraît assez logique. 

 

Analyse du texte: travail sur les versets.

 

C'est une analyse où je souligne certains mots qui me paraissent importants, et où je me laisse aller, au fil de la plume, à commenter, à laisser venir assez librement ce que cela me dit.

 

21 En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander: «Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois?»

22 Jésus lui répondit: «Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.»

 

Bien sûr, il faut faire un parallèle avec le livre de la Genèse (Gn 4,24): "Caïn sera vengé sept fois et Lamek soixante-dix -sept fois". Mais Jésus remplace vengeance par pardon, et c'est encore plus...

 

Pauvre Pierre, qui devait trouver que pardonner sept fois, c'était déjà beaucoup. Et ce que Jésus répond, c'est quasiment impossible; ce qui laisse penser qu'on est dans un autre registre. Et puis, le juste pèche sept fois par jour. Mais faute et péché, est-ce la même chose? Je ne le pense pas.

 

Il est question ici du nombre de fautes: pas du temps, ou de la durée. Je veux dire que si quelqu'un commet envers moi sept fautes dans la même journée, ce n'est pas la même chose que si c'est en une semaine ou en un mois. La faute (mais il faudrait savoir si le mot grec est différent du mot employé pour parler du péché), c'est souvent quelque chose que l'autre ne fait pas exprès, mais qui peut tout à fait insupporter, voire même faire exploser. Faut-il se laisser faire, faut-il répondre systématiquement oui à l'autre, si - conscient de sa faute - il demande pardon? 

 

La réponse de Jésus est sans équivoque: toujours pardonner. Et soixante-dix fois sept fois, c'est de la démesure. Et je crois que c'est bien là que se trouve la pointe de la parabole: ne pas rester dans le "compter", parce qu'avec Dieu, ça ne fonctionne pas comme ça.

 

 

23 Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.

24 Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).

25 Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.

26 Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”

27 Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.

 

Ce qui est étonnant, c'est qu'on est dans une scène presque banale d'un roi (d'un maître, d'un gros propriétaire) qui veut régler ses comptes, à un moment donné; s'agit-il de quelque chose qui peut évoquer la fin des temps? 

 

Avant même qu'il ne commence à "rendre justice", on lui amène un homme qui très certainement voulait prendre la fuite. Et là, ce sont les autres, les frères si on peut dire, qui ne le laissent pas faire. Il faut dire que cet homme-là, clairement, doit beaucoup plus que les autres. De qui est-il le prototype? Peut-être justement de nos dettes envers Dieu, dont nous ne nous rendons pas compte, mais que les autres comptabilisent ... 

 

La suite on la connaît: il y a la demande, la promesse; et la compassion finalement très étonnante du maître de ce serviteur. On n'est plus dans le registre du maître implacable face à son serviteur; c'est autre chose qui se passe. Il y a de la pitié, il y a de l'amour. 

 

Et là normalement le serviteur devrait être éperdu de reconnaissance et se précipiter chez lui, par raconter à sa femme, la bonté de leur maître. Et "le remettre sa dette" va s'opposer au "rembourse ta dette" du verset suivant. 

 

28 Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”

29 Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait: “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.

30 Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.

31 Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.

 

C'est donc la même scène, mais cette fois c'est le premier qui a la place du maître, et qui n'agit pas du tout comme ce dernier. C'est aussi parfaitement symétrique par rapport à la première scène. Mais, Il y a eu en plus un acte très violent, presque un désir de meurtre (l'étrangler). Cela peut jouer dans la phrase "serviteur mauvais" qui sera employée par la suite. Et "serviteur mauvais", cela renvoie aussi à la parabole des talents, où le serviteur n'a pas compris qui était ce maître qui lui confiait cette somme. 

 

32 Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.

33 Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”

34 Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

 

35 C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

 

 La "sentence" qui termine cette histoire, c'est voici ce qui vous arrivera si vous ne pardonnez pas à votre frère, du fond du cœur. Et là, c'est autre chose que pardonner du bout des lèvres. Cela montre aussi que quand Dieu pardonne, il pardonne du fond du cœur. Et de cela, Pierre fera l'expérience, bien plus tard, après la résurrection en Jn 21,15-17.

 

 La pointe de la parabole: sortir de la logique du nombre.

 

La pointe de cette histoire pour moi, c'est de ne pas s'empêtrer dans du juridique, dans de l'obsessionnel, parce qu'avec Dieu ce n'est comme cela que ça se passe. Passer de 7 fois à 70 fois 7 fois, c'est complètement fou...

 

Remettre une dette qu'on ne peut pas se représenter (comme la dette de la France en ce moment), c'est complètement fou. Cela brise toutes les références.

 

Dieu n'a pas besoin de compter. Ce qui compte pour lui, c'est justement de ne pas entrer dans une relation de compte, mais d'amour. 

 

Si ce n'est pas possible à un moment donné, parce que l'homme n'est pas prêt à ce fonctionnement-là, alors oui, le juridique pourra reprendre le dessus, mais c'est bien dommage et ce n'est pas la démarche désirée par Dieu, même si une justice doit être rendue.

 

Si Jésus parle du cœur, pardonner de tout son cœur, c'est que si on pardonne avec son cœur, on ne compte plus. On sort de la logique du donnant-donnant, de la rétribution, pour entrer dans la logique de l'amour qui sera la logique de Jésus: logique de la Croix.. 

 

Ce que je veux dire, c'est que quand Pierre pose la question du pardon en termes juridiques, Jésus, par la démesure, fait sauter cette conception étriquée. Et il enfonce le clou en montrant que Dieu (le roi, le maître) ne rentre pas dans cette manière de fonctionner. Peu importe la somme, il ne se place pas dans le juridique, mais s'il fait grâce, s'il a pitié, c'est que cela change d'ordre. 

 

J'ai envie de dire que cela se passe dans l'affectif, et que ce qui est demandé aux disciples, c'est de sortir d'une logique de rétribution pour entrer dans une logique de l'amour. C'est ce que le serviteur mauvais, au cœur fermé, n'a pas été capable de comprendre.

 

On peut noter que les mots rembourser, dettes, sont omniprésents, ce qui renvoie presque à du juridique, comme dans le passage précédent (Mt 18, 15-18) qui est centré sur le péché. 

J'ai lu récemment que ce qui explique l'impossible reconnaissance, c'est que ce serviteur s'est mis dans la tête qu'il devait rembourser (ce qui explique son comportement inadmissible, avec son compagnon, alors que la dette lui a été remise. C'est comme s'il n'avait pas pu croire que c'était possible. Il a entendu délai, il n'a pas entendu que la dette était apurée). 

 

Je vais dans un premier temps laisser ce débiteur qui ne se laisse pas fléchir raconter ce qui s'est passé, puis j'analyserai le texte à ma manière.

 

 

L'homme raconte

 

Il paraît que le maître est revenu d'une longue absence et qu'il va voir avec chacun d'entre nous ce que nous lui devons. L'ennui, c'est que moi, ça fait des années et des années que j'emprunte, parce que je suis un joueur et que je perds et je perds; et je gagne et je reperds. Peut-être qu'il n'aurait pas dû me laisser emprunter autant. Alors je vais essayer de m'enfuir, parce que c'est sûr que je vais être vendu moi et ma famille, je vais perdre les quelques biens que ma femme a réussi à garder, et ce sera pour toute notre vie. C'est de sa faute à lui, d'abord, il n'aurait pas dû me laisser m'endetter à ce point-là. 

 

Seulement je n'ai pas pu prendre la fuite, parce que les autres employés, à qui je dois aussi des sous, même si certains m'en doivent, m'ont rattrapé. Ils m'ont conduit manu militari devant lui. Et Là j'ai peur, très peur. 

 

Il ne me reste qu'une chose à faire: jouer le tout pour le tout, lui demander de prendre patience, prendre un air contrit, me jeter à ses pieds. C'est ce que j'ai fait, et curieusement ça a marché. Il est étonnant ce maître, et maintenant je ne suis pas en prison; ma dette est remise, et je peux reprendre ma vie. Que ma femme va être contente!

 

En sortant, j'étais sur un petit nuage! Mais j'ai croisé un de mes amis qui me doit de l'argent. Ce n'est pas énorme à côté de ce que moi je devais, mais je n'ai aucune ressource. Alors mon sang n'a fait qu'un tour, je lui ai sauté à la gorge en lui demandant de me rembourser sur le champ. Il m'a supplié d'être patient, mais j'ai trop besoin de cet argent alors je l'ai fait mettre en prison, lui et sa famille. Quelques jours ont passé, et je coulais des jours assez heureux; seulement j'avais oublié que dans une ville, finalement tout se sait. Les autres ont su ce que j'avais fait et ils m'ont dénoncé au maître. Celui-ci m'a convoqué, et là, je savais que ça sentait mauvais pour moi. Je ne sais pas pourquoi je me suis conduit ainsi, mais quand la colère me prend, rien ne m'arrête. Et après tout, cet argent il me le devait. 

 

Le maître lui, était très en colère, je n'ai rien pu dire. Il criait en me disant que lui avait eu pitié de moi et moi j'aurais dû faire pareil. Et il m'a livré à la justice et me voilà mis en esclavage moi, ma femme et mes enfants pour un nombre d'années que je ne peux même pas calculer. Pourtant ma dette, il me l'avait bien remise, pourquoi ai-je été aussi stupide? 

 

Raconté comme cela, c'est l'histoire d'un type mauvais, qui ne pense qu'à lui, qui ne sait pas ouvrir les yeux, qui ne se rend pas compte de la chance qu'il a d'avoir quelqu'un qui lui remet sa dette - pourtant énorme, et qui au final est obligé de subir sa peine. 

 

 

Un compagnon de ce serviteur raconte. 

 

Il y a quelques jours, l'intendant du domaine est venu nous prévenir que le maître était revenu de son grand voyage et qu'il allait nous demander des comptes. De mon côté je n'ai rien à me reprocher, mais je n'aime pas, mais pas du tout. Nous étions les uns derrière les autres, à attendre et nous avons vu que l'intendant conduisait Onésime. Onésime, c'est un joueur, et il a des dettes faramineuses. Il est bien évident que jamais il ne pourra rembourser quoique ce soit. 

 

Et on sait tous, ce que cela veut dire: prison a vie pour lui et toute sa famille. Mais lui, il s'est jeté aux pieds de notre maître, il lui a juré qu'il rembourserait tout. Et là, le maître lui a dit que sa dette était annulée. Vous vous rendez compte, lui qui devait une fortune, il ne devait plus rien, il était libéré, sa famille avait échappé à l'emprisonnement. Et il est rentré chez lui. 

 

Cela aurait pu en rester là, mais quelques jours plus tard, nous avons su qu'il, avait fait mettre en prison un de nos amis qui lui devait cent pièces d'argent alors que lui, il en devait dix mille talents.  Vous vous rendez compte, il l'a fait jeter en prison lui et toute sa famille alors qu'il était en liberté. 

 

Alors, nous avons trouvé cela tellement injuste, malhonnête, méchant, qui nous sommes allés voir l'intendant qui a prévenu le maître. Et il s'est retrouve en prison, lui et toute sa famille. Et cela ce n'est que justice. Le maître a fait sortir l'autre de prison. Et cela nous a rendu heureux. 

 

Quand on a fait l'expérience de la compassion, n'est-il pas normal d'en faire autant?