samedi, août 26, 2023

Jn 1, 45-51 Fête de St Barthélémy, Nathanaël. Août 2023

 "Un véritable israélite, un homme sans ruse".

En lisant ce texte, j'ai été étonnée par ce que dit Jésus, alors que Nathanaël est manifestement en train d'arriver avec Philippe. Ceux qui sont avec Jésus ne peuvent pas savoir ce qui s'est passé entre ce dernier et Philippe. Nous, nous savons qu'il a déclaré que de Nazareth rien ne pouvait sortir de bon; mais finalement, il s'est quand même déplacé, il a fait confiance à son ami. 

 

Ce terme d'israélite, on ne le trouve que deux fois dans le nouveau testament, une fois ici, ailleurs le rédacteur parlera des juifs, et ceux-ci dans les polémiques se définissent comme descendants d'Abraham ou de Moïse. Et une autre fois sous la plume de Paul, dans l'épitre aux Romains: Rm 11, 1: moi aussi je suis israélite de la postérité d'Abraham,  de la tribu de Benjamin. 

 

Dans l'ancien testament, on le trouve: dans le livre du Lévitique, Lv 24, 10 et 11, où il définit l'origine d'un homme comme étant le fils d'une israélite, qui se dispute dans le camp avec un homme israélite; et dans le deuxième livre de Samuel: 2 Sam 17, 25 "Amasa était le fils d'un homme appelé Jithra l'Israélite, qui était allé vers Abigal, fille de Nachasch et sœur de Tserula, mère de Joab. 

 

Or le nom "Israël" est donné à Jacob lors de son combat contre l'ange de Dieu, avant sa rencontre avec son jumeau Esaü. Il me semble que l'une des signification du nom "Jacob", outre usurpateur, est aussi rusé; et rusé, il semble l'être puisque c'est par ruse qu'il obtient le droit d'aînesse et la bénédiction paternelle. Plus tard, c'est lui qui se fera avoir par la ruse de son beau-père Laban. Jacob, devenu Israël et le père des douze tribus aurait-il perdu sa ruse? Peut-être, sauf que la rencontre avec son frère montre bien qu'il a la tête sur les épaules. Alors que veut dire Jésus? 

 

Peut-être qu'il a des origines incontestables qui font de lui un descendant de Jacob, mais aussi peut-être que son franc parler montre bien qu'il dit ce qu'il pense, qu'il ne cache pas ses sentiments, mais que cela ne l'empêche pas de faire confiance. 

 

Mais si on prend la fin du texte, Jésus affirme que Nathanaël verra le fils de l'homme, les cieux ouverts avec des anges qui montent et descendent au-dessus de lui, cela évoque le songe de Jacob, ce qu'on appelle l'échelle de Jacob, Gn 28, 1-4. Or Jésus par sa mort, va bien ouvrir le ciel et désormais grâce à la mort et à la résurrection, la communication rompue redevient possible. Et c'est peut-être ce qui va commencer à se jouer lors des noces de Cana. 

 

Nathanaël, en entendant ce que lui dit Jésus, change comme on dit son fusil d'épaule, ne se soucie plus de son origine, mais reconnaît en lui le roi d'Israël. Roi d'Israël, mais pas comme Nathanaël se l'imagine. Il le voit comme le roi d'Israël, mais même si Jésus affirmera à Pilate qu'il est bien le Roi, et que ce sera marqué sur la croix; il n'est pas un roi terrestre, mais le Fils de l'Homme, ce qui est bien différent. 

 

Ce sont toutes ces réflexions qui ont nourri le petit récit de Nathanaël que je propose un peu en conclusion. Il est donc différent du billet https://giboulee.blogspot.com/2022/08/jn-1-45-51-viens-et-vois-lappel-de.html  qui était centré sur le "viens et vois".

 

 

Le texte.

 

45 En ce temps-là, Philippe trouve Nathanaël et lui dit : « Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. »

46 Nathanaël répliqua : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens, et vois. »

 

 Dialogue entre Philippe et Nathanaël. Ce qui est beau, c'est que Philippe ne baisse pas les bras, il veut vraiment pousser Nathanaël à voir par lui-même, à ne pas rester dans des lieux communs et même méprisants. Des querelles de clocher.

 

47 Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. »

48 Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. »

 

 

Il me semble que si Jean écrit au début du récit "Jésus déclare", c'est qu'il s'adresse à André et à Pierre qui sont là. Pas à Nathanaël, sauf que ça ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd et que Nathanaël, le prend mal. C'est un peu comme s'il lui rétorquait, mais qui es-tu toi, qui ne me connais pas? Est-ce que tu veux dire que je suis un grand naïf? ( Enfin je suppose que c'est quelque chose comme cela, pas de ruse, pas de méchanceté), bref c'est un bon gars qui fait confiance à son ami. 

 

Et à l'interrogation de Nathanaël, Jésus donne une réponse totalement hors norme: avant que Philippe ne t'appelle, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu. Il est donc question d'un figuier et un figuier il y en a bien un dans le livre de la Genèse. Il a donné ses feuilles pour que les couples cachent leur nudité et peut-être que c'est bien sous lui que se cache Adam et Isha (puisqu'elle n'a pas encore reçu son nom de Eve) quand le Seigneur appelle Adam.  Figuier arbre de la sagesse, figuier qui pouvait cacher Nathanaël aux regards. 

 

49 Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! »

 

Et là, la conversion est immédiate. C'est "tu sais qui je suis"... et alors moi, je sais qui tu es. Tu es le Fils de Dieu, le roi d'Israël (celui que j'attends). 

 

50 Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. »

51 Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. »

 

Commentaire un peu désabusé de Jésus; il ne te faut pas grand-chose pour changer ton fusil d'épaule;  ça ce n'est rien, mais un jour ce que tu verras sera bien moi dans ma royauté; pas une royauté terrestre, mais céleste. Les cieux seront ouverts, et la terre et le ciel seront réunis.  Il y a quelque chose de prophétique, et c'est le premier chapitre. "Roi d'Israël", c'est aussi dans le dialogue avec Pilate qui conclut un peu l'évangile de Jean. 

 

Commentaire de Nathanaël

 

Qu'est-ce que j'étais bien chez moi. J'avais du temps, je lisais les louanges et voilà que Philippe déboule comme un chien dans un jeu de quilles. J'étais dans mon jardin, à l'ombre de mon figuier. Et voilà qu'il me dit qu'il a trouvé le Messie. Je le regarde, étonné. Si on avait trouvé le Messie, ça se saurait non? Il me dit que c'est celui qui est annoncé par Moïse (enfin Moïse a juste parlé d'un prophète qui serait comme lui, pas d'un messie) et par les prophètes (là oui, eux ont annoncé la venue d'un descendant de David).

 

Philippe me dit alors, qu'il s'appelle Jésus et qu'il est le fils de Joseph de Nazareth. 

 

Alors là, les bras m'en sont tombés; tout le monde sait que le messie sera un descendant de la maison de David; et cette famille ne vient pas d'un petit trou de Galilée, mais de Bethléem de Judée; alors c'est vraiment n'importe quoi. En plus, Nazareth qui est proche d'une ville grecque, est toute pourrie, pardonnez-moi l'expression. Mais Philippe, ça ne lui a rien fait ma réaction, et il n'a pas cherché à discuter, il m'a dit de venir et de voir. Cela, ça m'a plu, je pourrai lui montrer qu'il se met vraiment le doigt dans l'œil. Et puis malgré tout Philippe c'est un ami. Lui, il a nom grec, moi mon nom signifie: Don de Dieu. 

 

Et nous avons quitté Bethsaïde. 

 

Quand nous nous sommes approchés de l'endroit où se trouvait Jésus avec Simon, André et un autre homme que je ne connaissais pas, Jésus s'est adressé à eux trois, et a dit en me montrant: voilà un véritable israélite, un homme dans lequel il n'y a pas de ruse. 

 

Cela m'a mis en colère. De quel droit parle-t-il de moi aux autres, comme si je n'étais pas. Est-ce que suivre Philippe, c'est faire preuve de naïveté? Un homme sans ruse, mais ça veut dire quoI? Un idiot? Et là je lui ai demandé, d'un ton peu aimable, d'où il me connaissait. Mais enfin, pour qui se prend il celui-là?

 

 Il m'a alors regardé bien en face et m'a dit qu'il m'avait vu quand j'étais sous mon figuier avant que Philippe n'arrive et ne gâche ma journée. Seulement ça, il ne pouvait pas le savoir, et il était affirmatif. Qui est-il, celui qui comme le dit le psaume, me sonde et me connaît, et connaît tous mes chemins? Celui-là, il ne peut -être que celui qui est choisi par le Très Haut! Et j'ai compris, pas avec des mots mais avec tout mon être, ce que Philippe avait dit en me disant qu'il avait trouvé le Messie. 

 

Et des mots ont jailli de ma bouche, des mots que je n'avais pas choisis, qui sont sortis tous seuls. J'ai affirmé qu'il était le Fils de Dieu, le Roi d'Israël. Et je le voyais déjà à Jérusalem avec la couronne de la royauté. 

 

Curieusement, il a eu l'air un peu triste, un peu désabusé. Presque comme si je l'avais déçu, comme si mon retournement avait été trop facile. Il m'a dit que peu de choses m'avaient suffi, juste d'affirmer qu'il m'avait vu; mais qu'un jour, je verrai autre chose, je verrai le Fils de l'Homme avec des anges, les cieux ouverts, avec des anges qui monteraient et descendraient tout autour. Et là, ce qu'il annonce c'est bien plus qu'une royauté, c'est le règne de Dieu et s'il y a bien quelque chose que je désire, c'est cela. 

 

J'ai alors fait comme Philippe, Simon et André: j'ai tout laissé pour le suivre, pour que royaume puisse advenir en Israël.

 

 

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